BD, Tome I, Rapport sur l’excursion archéologique faite par la société La diana à Saint-Bonnet-le-Chateau et lieux circonvoisins du 2 au 4 juillet 1877, pages 103 à 129, La Diana, 1878.
Rapport sur l’excursion archéologique faite par la société La diana à Saint-Bonnet-le-Chateau et lieux circonvoisins du 2 au 4 juillet 1877.
Par M. William Poidebard.
SAINT-BONNET-LE-CHATEAU.
Le 2 juillet 1877, quarante membres de notre Société se mettaient en route pour St Bonnet le Château. Quelques uns allaient pour la première fois visiter cette bonne ville du Forez ; plusieurs se faisaient une fête de revoir, d’une façon plus instructive, les belles choses qu’ils connaissaient déjà.St Bonnet avec son église couronnant la colline, ses vestiges de remparts, (1) ses vieilles maisons étagées, son hospice au campanile carré, a de loin un aspect tout méridional. Cette impression ne se dément pas quand on pénètre dans l’intérieur et qu’on parcourt ces rues souvent tortueuses et étroites, mais bordées d’élégantes maisons des XVe,, et XVIe siècles, et l’on ne peut s’empêcher de croire à une véritable affinité de mœurs, en présence de cette chapelle en plein air, si religieusement conservée, au dessus d’une des vieilles portes de la ville. Des cierges y brûlent sans cesse devant une statue de la Vierge, et les habitants ont encore la touchante coutume de se réunir le soir, dans la belle saison, au pied de cette image vénérée, pour y prier à haute voix.
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(1) En 1821, écrit M. 0. de là Bâtie, existait encore un fragment de rempart avec des tours aujourd’hui détruites.
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Le monument le plus remarquable de St Bonnet est sans contredit l’église paroissiale. Quoique de dimensions médiocres, grâce à son heureuse position, à ses deux clochers, au bel élan des murs de son abside,, qui s’avance si fièrement sur la croupe de la montagne, elle fait à distance l’effet d’une cathédrale. «.Ses hautes (1) et magnifiques rampes d’accès, ses préaux garnis de vieux tilleuls et jusqu’à la teinte grise de ses granits et des horizons lui donnent un aspect extérieur saisissant, très artistique, qu’on ne rencontre guère qu’en basse Normandie et en Bretagne. »
« Les ornements (2) de la façade appartiennent à la fin de la période ogivale, mais le portail lui même, d’ailleurs assez simple, est une œuvre de la renaissance d’un goût exquis.
« En arrière de la façade et environ à la hauteur du tiers inférieur de la nef, s’élèvent deux clochers d’un bel effet Celui du nord, flanqué de puissants contreforts rappelle ce ceux de N. D. de Montbrison et de Sury. Ces contreforts qui montent jusqu’au niveau de la balustrade supérieure, semblent indiquer que ce clocher devait être complété par une flèche, qui néanmoins est absente. Au contraire, le clocher méridional, dépourvu de contreforts extérieurs, est surmonté d’une flèche, ou plutôt d’une aiguille trapue à base polygonale, construite en pierre. Cette tour avec ses larges fenêtres divisées par des meneaux, avec sa pyramide de pierre terminale représente un type souvent reproduit en Forez particulièrement aux environs de St Bonnet. Les clochers de Pérignieu, de Luriec, de St Maurice-en Gourgois appartiennent à ce type. On le retrouve à St Didier sur Rochefort.
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(1) Note de M. E. Jeannez.
(2) Note.de M. V. Durand.
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« Les deux clochers de l’église se de Saint Bonnet, bien que d’une ordonnance différente, produisent cependant un bon effet. Leur position insolite, en arrière de la façade, indique que l’église était primitivement moins longue. C’est ce qui résulte d’une analyse attentive de la construction ; maïs ce raccord a été habilement fait, et à l’intériéur l’église paraît d’un seul jet ; les travées et les arcs doubleaux se succèdent avec régularité : rien ne décèle un allongement opéré après coup.
« L’église a trois nefs que séparent des piliers octogones fort simples. Les proportions ne manquent pas d’ampleur, mais on pourrait désirer plus de lumière et plus d’élévation dans les voûtes. »
« En pénétrant dans l’édilfice (1) on est frappé de l’analogie de ses dispositions. architecturales avec celles d’une autre égIise Forézienne de la même époque, celle de St Galmier, cité rivale de Saint-Bonnet. Ce sont les mêmes proportions assez peu élégantes des voûtes trop surbaissées pour leur largeur, le même système surtout de jets prismatiques, à bases presque nulles, sans chapiteaux ni aucune saillie jusqu’à la naissance des voûtes, où les faces du prisme s’épanouissent toutes à la fois pour devenir arcs d’ogive, arcs dotibleau ou archivoltes. Cette disposition., à St Galmier surtout, fait ressemble ces colonnes à autant de hauts palmiers de pierre qui, malgré l’absence de toute ornementation, ne manquent ni d’originalité, ni d’élégance. »
« Un. rang (2) de chapelles latérales s’ouvre sur le bas côté méridional. L’une d’elles, dédiée à Saint-Eloi, (1) renferme un beau rétable de bois doré, encadrant une peinture plus ancienne qui attire vivement l’attention de la Société. Ce panneau représente Saint Eloi, revêtu d’une chasuble ronde et des insignes épiscopaux, assis sur un trône que surmonte un baldaquin flanqué de deux colonnes corinthiennes dont les chapiteaux ont des dimensions anormales. Une foule de personnages sont groupés des deux côtés de la figure du Saint et animent le paysage qui sert de fond. Le style est celui de. la fin du XVe siècle ; un membre fait remarquer l’analogie qu’il présente avec celui des miniatures de Jean Fouquet.
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(1) Note de M. E. Jeannez.
(2) Note de M. Vincent Durand.
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« Dans le pavé de la chapelle St Joseph est encastrée une remarquable pierre tombale du XVIe siècle. Deux personnages, le mari et la femme, y sont figurés en relief très plat, au moyen d’une sorte de taille en épargne. L’inscription, fruste, aujourd’hui, est donnée par M. Gras dans ses Inscriptions Foréziennes :
[JE]AN [D] ORVN
[JEA]NNE GIRANT
SA [FE]MME 1568. »
Dans le milieu, un écusson sculpté portant un cœur surmonté de deux besans et une étoile en chef. (2)
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(1) Revue Forézienne 1870.
(2) Voir, M. Gras pour plusieurs autres écussons qui se trouvent sculptés dans l’église.
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Mais sans nous attarder davantage, descendons dans la crypte de l’église. Les magnifiques peintures murales qui s’y trouvent ont été décrites pour la première fois en 1845, par le savant M. Guillien dans les Annales archéologiques de Didron (t. III, p. 311 ) et plus tard par M. André Barban, dans les Annales des belles lettres, arts, sciences, etc, de St Etienne, année 1857, (1) M. Lucien Bégule, auquel nous devons déjà la magnifique monographie de Saint Jean de Lyon, en cours de publication, se propose de faire celle des peintures de Saint Bonnet. Ce travail, enrichi de la reproduction des meilleures parties de cette œuvre d’art, sera pour notre Forez un précieux témoignage du passé et nous ne voulons ici, par une courte description, qu’éveiller la fibre artistique de ceux qui s’intéressent aux belles choses.
« La composition (2) principale qui occupe tout le fond de la chapelle représente le couronnement de la Vierge. La couleur a beaucoup souffert, mais reste encore riche et harmonieuse. Elle est appliquée sur un enduit très fin d’un sable mêlé de parcelles de mica qui communiquent un brillant particulier à la peinture. La tête de la Vierge, très-belle et très bien conservée, est exécutée par un procédé dont on se rend difficilement compte : ce sont des empâtements, qui ont produit un relief sensible sur la muraille, et qui donnent l’idée d’un travail du mortier frais exécuté, plutôt avec la truelle qu’avec le pinceau. Le résultat rappelle celui qu’on obtient par l’emploi des émaux ou de la couleur à l’huile, bien que très certainement, ce dernier mode de peindre n’intervienne pas ici.
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(1) Le Mémoire de M. Barban a été tiré à part sous ce titre : Notice sur la Crypte de St-Bonnet-le-Château. St Etienne, Théolier aîné, 1858, in-8° de, 14 pages.
(2) Note de, M. Vincent Durand.
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Plusieurs personnages, Saint Michel tenant ses balances d’or, Saint Pierre à 1a porte du Paradis figuré par une enceinte fortifiée, diverses têtes d’anges, sont particulièrement remarqués ; ainsi que le groupe des donateurs. Ce groupe se corriposë de trois personnages agenouillés à la suite les uns des autres. Le premier, placé aux pieds de Saint Pierre, est un homme âgé, vêtu d’une robe blanchâtre et d’un mianteau de couleur foncée. Il porte une escarce1le suspendue à la ceinture. À la suite est, un homme, âgé ausssi, et dont la tête est traitée d’une manière très réaliste. Sa robe grisàtre est ornée de revers rouges ; un chapeau noir et un ceinturon garni d’anneaux en applicatïon et fermé par une plaque à boucle complètent son costume. Derrière lui Sainte Catherine, qui lui pose une main sur la tête.
« Vient enfin à l’angle gauche extrème de la peinture, une femme les mains jointes, vêtue d’une coiffe blanche sous une résille, d’une guimpe et d’une robe rouge. Aurait elle eu pour patronne: la sainte qui la précède ? »
La première pensée qui vient à l’esprit, après la lecture de l’inscription contemporaine, des fresques peintes sur la paroi septentrionale, est de donner à ces pieux personnages. les noms de Guillaume Taillefer et Bonnet Grayset. Cependant, malgré d’importants documents récemment découverts, la question est enoore:loin d’ètre éclaircie. Espérons que de nouvelles recherches permettront à d’autres de se prononcer.
La (1) paroi méridionale de la crypte est couverte par une grande fresque reprësentant l’adoration des Mages. Cette peinture, contemporaine de celle du fond, est malheureusement un peu altérée. On y voit,.à gauche, Saint Joseph trempant la soupe qu’il puise dans une marmite placée sur le feu : cette figure est d’une naïveté charmante. Au centre, la Vierge assise sous un appenti couvert en chaume et tenant sur ses genoux l’enfant Jésus ; à ses pieds un berceau. À sa gauche une femme, de proportions intentionnellement réduites, lève ses mains vers elle. À droite, les rois Mages présentent leurs hommages à l’enfant Jésus qui s’incline vers eux. Balthazar offre de l’or dans un calice à couvercle. Sur son vêtement, les lettres gothiques B. T. qui forment comme la charpente de so nom. Melchior, debout, en souliers à la poulaine et éperonnné, tient une pyxide à pied, couverte ; ses vêtements portent les lettres M. CH. pIusieurs fois répétées. Le nègre Gaspard tient une autre pyxide couverte, au pied fiché. Le collet de son pourpoint est relevé et. orné de broderies; une chaine d’or, disposée en sautoir, qui n’est autre que l’écharpe si célèbre dans les écrits du temps, est aussi brodée sur.le corsage et les pans de ce vêtement, qui est marqué aux lettres G. P.
« Derrière les personnages principaux, des chevaux et, des suivants occupent le second plan.
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(1) Note de M. Vincent Durand.
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« Sur le mur en face, celui du nord, est peinte la mise du Christ au tombeau. Comparée aux précédentes, cette fresque offre une partie, le groupe de soldats, qui pourrait être attribuée à la même main. Un de ces soldats est vêtu d’une cotte parsemée de la lettre Y. Il est très probable, d’après ce qui a été observé au sujet des rois Mages, que cette lettre est l’initiale du nom de celui qui la porte : mais nous ignorons de quel personnage historique ou légendaire il s’agit ici. Quant au groupe de l’ensevelissement du Christ, qui occupe le côté droit de la fresque, sa facture plus large et plus savante dénote un art beaucoup plus avancé. Il y a là une entente de la mise en scène, une science de dessin et de couleur, qui ne peuvent appartenir à une œuvre antérieure au XVIe siècle. Sur le bord du sépulcre, M. Vincent Durand découvre la signature du peintre, un I et un G enlacés et suivi du mot pinxi, écrit en minuscules italiques cursives:
« Le plan contigu de, l’abside, est rempli par un calvaire. Quoique le bas ait souffert de l’humidité du mur, cette fresque, aujourd’hui lavée avec intelligence et précaution par les soins de M. Bégule, (1) apparaît comme le morceau capital de l’œuvre, surtout par son esprit robuste et par la foule et la variété des costumes des personnages qui s’y pressent.
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(1) M. Bégule a eu aussi l’heureuse chance de découvrir, au fond de l’abside, sous un. affreux badigeon, une belle et intacte composition représentant l’apparition de N. S. à Sainte Magdeleine après la résurrection.
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« Quelques uns sont montés sur des chevaux curieusement enharnachés, et d’un dessin et d’un mouvement tout à fait remarquables. Le fond d’or sur lequel s’enlève la composition est natté.
« En face est l’Annonciation. Cette peinture, bien conservée et bien visible maintenant, est divisée en deux parties par la fenêtre méridionale de la crypte. A gauche, la Vierge devant un pupitre sur lequel est ouvert un livre portant ces mots : Ecce ancilla Domini fiat mihi. A droite, l’ange Gabriel portant de grandes ailes garnies de plumes de paon, et sur une banderolle ces mots : Ave Maria gracia plena. Le fond d’or est natté, comme dans la fresque du calvaire. »
Dans les voûtes qui se trouvent au dessus de ces dernières peintures, sont représentés les quatre évangélistes. Le Saint Marc est le seul jusqu’ici dont on puisse juger, étant débarrassé de l’épaisse couche de poussière et de moisissure qui le couvrait. Il est surtout intéressant à cause du mobilier et des nombreux outils de calligraphie qui sont étalés sur sa table de travail.
Les deux petites voûtes des couloirs d’entrée sont aussi ornées de peintures. Au nord l’enfer, représenté par l’immense gueule d’un monstre engloutissant les damnés de toute condition. Au midi l’apparition de l’ange aux bergers, avec cette légende en caractères gothiques :
Cette dernière composition avait entièrement disparu sous le badigeon M. Bégule l’a rendue à lumière.
Enfin, pour terminer cette rapide description il nous reste à parler de la grande voûte centrale ou l’artiste a peint l’Assomption. « Travail (1) remarquable par la manière harmonieuse et éminemment décorative dont ses parties se balancent. La mère de Dieu y apparaît soutenue et entourée par des anges, dont plusieurs jouent de différents instruments de musique. De grandes étoiles en relief et des ceintures de l’ordre de l’Espérance fondé, vers 1367, par Louis II, duc de Bourbon et comte de Forez, se mêlent à cette décoration (2). »
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(1) Note de M. Vincent Duand.
(2) « C’est ici le lieu de faire remarquer que l’existence à la voûte de la crypte de Saint Bonnet des emblèmes, de l’ordre de l’Espérance ne suffit point à prouver que la décoration de cette crypte soit contemporaine du duc Louis II , cet emblème s’étant perpétué dans la maison ducale de Bourbon jusqu’en plein XVIe slècle. En 1515, à l’occasion de l’entrée du connétable dé Bourbon à Lyon, une fille parut, tenant une ceinture portant le mot Espérance, devise du duc. [La Mure, Chantelauze, Il. p. 533]. En 1523. dans des couplets faits à l’occasion de sa fuite à l’étranger, on lit :
Mais la ceinture escripte d’Espérance
Rompue il a par son crisme et mespris.
[T.111 page 609]. Enfin l’étendard. général de son armée, au siège de Rome, en 1527, portait aussi la même devise, [Ibid. p. 711, note] »
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La plupart de ceux qui ont étudié ces précieuses peintures les attribuent aux premières années du XVe siècle et il est évident qu’elles ne peuvent être antérieures. La composition centrale qui a pour sujet la glorification de la Vierge Marie, paraît à M. Ed. Jeannez ne remonter qu’aux dernières années du XVe siècle ou même aux premières heures du XVIe. « Il y là, nous écrit il, un Saint Michel, une Vierge, des têtes d’anges d’un trop grand style, d’un dessin trop remarqtiable, trop plein de noblesse et de suavité, pour ne pas y reconnaître l’influence de la tradition et de linspiration ombriennes. Et ces longues robes flottantes aux plis cassés ! Et cette présence du plein cintre, si accusée, pour ne pas dire exclusive ! Tout cela donne à l’œuvre sa date ; tout y respire le souffle de la Renaissance (1). »
Mais quoiqu’il en soit de l’origine de ces admirables peintures, leur beauté seule suffit pour attirer l’attention de tout homme intelligent et instruit. Espérons donc que la ville de St Bonnet ne reculera pas devant de légers sacrifices d’argent, pour sauver d’une destruction prochaine une œuvre unique en Forez, et l’on pourrait dire sans rivale en France. Nous avons tout lieu de croire d’ailleurs que nos vœux seront réalisés, car ils sont aussi ceux de M. le curé, du Conseil de fabrique, et du maire de St Bonnet, M. L. Bouchetal.
En quittant la crypte pour le passage voûté qui la fait communiquer avec l’extérieur, on remarque sur la paroi de droite une peinture murale extrêmement altérée. « On y (2) distingue pourtant à gauche une figure de femme debout, nimbée, voilée, vêtue d’une robe blanche et d’un scapulaire et à droite des restes de draperies qui pourraient avoir appartenu à un autre personnage. Voici ce qu’on peut lire de l’inscription peinte au bas :
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(1) A ce propos, M. Jeannez fait, remarquer que Benedetto Ghirlandajo, le frère et l’élève de l’illustre Dominique, vint en France, où il fut chargé de nombreux travaux de 1495 à 1503. On lui attribue le tryptique de la cathédrale de Moulins, peint pour le duc Pierre de Bourbon et Anne de France sa femme. Seraït il l’auteur de notre tableau de la Glorrification ce la Vierge ?
(2) Note de M. Vincent Durand.
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Cette lecture diffère un peu de celle donnée par M. Gras (Insc. For. p. 18).
Sur la porte extérieure du couloir est cette inscription peinte en caractères romains majuscules :
SI LE NOM DE MARIE
DANS TON CŒVR EST GRAVE
PASSANT IE TE SVPLIE
DE LVI DIRE VN AVE
Après avoir admiré dans une première sacristie un calice et un encensoir en argent, de la Renaissance, et quelques ornements anciens, nous nous hâtons d’aller visiter la précieuse bibliothèque de l’église, si riche en anciennes éditions. La plupart de ces livres sont dans leurs reliures primitives dont plusieurs sont fort belles.
On remarque surtout :
1° Une Bible incunable dite Bible de Louis XI. (1) Paris, Ulric. Gering, Mart. Krantz et Mich. Friburger, 1476 ; 2 vol. in fol. goth. à 2 col de 48 lignes.
2° Une Bible publiée par Michel Servet, sous le pseudonyme de Michael Villanovanus. Lugd. Hugo a Porta, un vol. in fol. 1542.
Michel Servet, qui a exercé la médecine à Charlieu pendant trois ans, était né à Villanueva, dans le royaume d’Aragon. Le commentaire qui accompagne cette Bible fut une des. causes de la condamnation de Michel Servet au supplice du feu.
3° La première Bible en Françoys. Lyon, Pierre Bailly, 1492, 2 vol. in fol. goth. gravures sur bois.
4° Missale Lugdunense, 1524. in-fol. goth.
5° Le roman de la Table Ronde, de Lancelot du Lac. Paris ; Michel Lenoir, 1520, in 4. goth.
6° Les chroniques de Froissart. Paris, Ant. Verard, 1495, 2 vol. in fol. goth. de la bibliothèque de Claude d’Urfé, dont les armes sont sur les plats.
7° Tractatus de potestate Romani Pontificis. – Eneœ Sylvii Piccolomini epistolæ. – Tulii Ciceronis orationes pro. Cn. Poinpeio. Rome, Jean Schurener, 1475.
8° Stultifera navis Sebast. Brant per Jacob. Zachoni de Romano. ( voir Brunet 1448. art.: Brandt.)
Deux manuscrits attirent aussi l’attention : 1° un missel du XVe siècle avec guirlandes de fleurs et de fruits encadrant les pages. Sur le premier folio on lit : A donné ce present Missel Jean Fouchier prestre de l’Eglise de St Bonnet l’an 1525. 2• : Officium novo solemnitatis Corporis Jesu Christi. XVe siècle, ornements de fleurs et de fruits.. A la fin du volume est transcrit l’acte de. mariage de Jacques Reymond avec Claudine de Vinolz, du 20 octobre 1591.
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(1) M. A. Blanc a bien voulu nous donner sur ces livres d’intéressants détails.
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Cette bibliothèque, composée exclusivement d’œuvres antérieures au XVIIIe siècle, appartenait à la société des Prestres natifs de St-Bonnet. Elle comprend encore aujourd’hui 2270 volumes. Les meilleurs typographes des XVe et XVIe Siècles, les Verard, Lenoir, Petit, Etienne, Elzevir, et les Lyonnais Bailly, Vincent, Gryphe, de Tournes, etc. y sont largement représentés.
Les amateurs de phénomènes scientifIques vont ensuite étudier les momies, (1) et les ascensionnistes montent au clocher pour jouir de la belle vue, admirant au passage la magnifique cloche, du poids de dix mille livres, coulée en 1683 aux frais des habitants de St-Bonnet et nommée Camille, du nom de son parrain Mgr de Neuvïlle, archevêque de Lyon.
D’autres, pendant ce temps, examinent les vieilles constructions de la ville, qui offrent des spécimens curieux d’architecture, depuis l’art militaire du XIIIe siècle, avec ses massives et larges arcatures ogivales, portées sur des pieds courts et trapus, jusqu’aux élégantes façades Renaissance rappelant les plus belles maisons d’Orléans et de Blois. (2)
La chapelle de l’Hospice obtient aussi une longue visite. « Sa vaste salle rectangulaire (3) est couverte d’un lambris plat qui se raccorde aux murailles par des portions cylindriques.
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(1) M. Eleuthère Brassart fait remarquer à la Société combien ce phénomène de momification a d’analogie avec celui qui s’est produit au cimetière St-Michel à Bordeaux.
(2) Nous réservons pour une monographie de l’église 1es précieux documents de M. A. Coste, sur les troubles de. Saint-Bonnet en 1650 et ceux de M. de Viry, sur le même sujet, et sur la famille Dupuy.
(3) M. Vincent Durand.
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Ce lambris est divisé en caissons ornés de peintures, aux couleurs vives, représentant des fleurs et des feuillages. Des compartiments, plus grands et polylobés, sont remplis par des panneaux à personnages. L’effet est chaud, riche et harmonieux. L’autel est. surmonté d’un rétable en bois, de grandes proportions et entièrement doré, dont le style accuse la fin du XVIIe siècle. Ce rétable, orné de colonnes, de niches et de statuettes, est un des. plus remarquables qui existent en Forez, où il en reste encore de si beaux, surtout dans les paroisses de campagne, trop peu riches pour échanger ces merveilles d’art contre, de lourds et vulgaires autels de marbre. Mais le morceau le plus digne d’attirer l’attention est un bas-relief sculpté sur noyer, qui orne le devant de l’autel. Le bois est coupé avec une franchise et une aisance admirables. Les figures ont du mouvement et sont bien groupées, les draperies traitées avec soin, les tètes vraiment belles et expressives. Tout annonce un artiste passé maître dans les difficultés du métier. Il y a surtout, à gauche, une figure d’apôtre qui se penche vers le spectateur, en se. soulevant sur un de ses bras ramené en arrière ce raccourci est rendu avec une vérité qui étonne lorsqu’on se rend compte du peu de saillie avec lequel il est obtenu. (1)
« On conserve aussi dans la chapelle une Vierge noire, probablement fort ancienne, mais qui a malheureusement subi une restauration complète. Cette Vierge élevée sur un piédestal à une certaine hauteur au dessus du sol, est assise dans une attitude hiératique ; elle tient du côté gauche l’enfant Jésus ; l’un et l’autre portent sur la tête une couronne fermée. La coiffure de la Vierge, en forme de casque, est surtout singulière ; le vêtement, doré en p1ein simule une étoffe de brocart.
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[1] Ce bas relief est attribué au sculpteur Vaneau.
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On ne peut quitter la chapelle sans jeter un coup d’œil sur la belle grille de fer forgé qui ferme le chœur des religieuses. Deux assez bons tableaux se voient aussi dans une salle de l’hospice. »
Ainsi fut employée cette première journée ; le 3 juillet, les survivants se comptèrent, et au nombre de 17 seulement, se mirent en route pour Saint-Nizier et Rosiers.
SAINT-NIZIER-DE-FORNAS.
« Saint Nizier de Fornas, (1) est la paroisse mère de Saint Bonnet. L’église a été fort remaniée : la façade et les piliers de la nef semblent dater du Xle ou XIle siècle, mais les voûtes, le chœur et le clocher appartiennent à la dernière période ogivale.
« La porte principale s’ouvre sous un arceau immense qui pénètre dans le pignon du toit et semble avoir été ménagé, dès l’origine, en vue d’un allongement possible de l’édifice. Cette porte et la fenêtre placée au dessus sont flanquées de colonnettes. dont l’astragale fait corps avec le fût, et non avec le chapiteau ; particularité que nous retrouverons à Rosiers.
« A gauche de la porte, une encoignure grillée sert de charnier, chose rare en Forez. L’intérieur de l’église est peu intéressant au point de vue architectural, mais deux tableaux placés dans le chœur méritent d’attirer l’attention.
« Le premier représente l’Adoration des Mages. Il est d’un beau style ; mais les vêtements et peut-être les fîgures de la Vierge et de Saint Joseph ont été repeints par un artiste des plus médiocres. En bas, tracées en blanc et ombrées d’un côté, les initiales I. G. Un peu plus haut et à une certaine distance à droite, le millésime 1622, peint en chiffres d’un blanc plus clair et non ombrés.
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(1) Note de M. Vincent Durand.
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« La signature I. G. rapelle immédiatement à l’esprit le monogramme dont est signée la fresque de l’ensevelissement du Christ, dans la crypte de Saint Bonnet. Mais la date de 1622 s’applique t elle ici à l’œuvre du maître primitif ou à la prétendue restauration dont elle a été l’objet ?
« Pour résoudre cette question, il faut examiner le tableau placé à côté qui représente en pied Saint Nizier, .Saint Loup et Sainte.Madelaine. C’est une fort mauvaise peinture, non signée, dont le travail rappelle celui des vêtements de la Vierge dans le premier tableau. Elle, porte cette inscription :
EN LANNEE 1624 || BARTHELEMI
PAYET ET IAN || PAYET FRERES ET
ROYS DE STE || MARIE MAGDELAINE
ONT || DONNE CE TABLEAV
« La presque identité de date et la ressemblance de facture.portent donc à croire que le millésime de 1622 est celui des maladroites retouches qu’a subies l’Adoration des Mages, et qu’elles sont l’œuvre du barbouilleur qui a peint la seconde toile.
« Dans le retour du pilier qui forme l’angle du chœur du côté du midi, on remarque une excavation carrée, profonde, fermée par une grille de fer et par une porte, aussi de fer, dans laquelle est pratiquée une étroite lucarne garnie d’un croisillon.
« L’ouverture de cette espèce d’armoire est ornée dans le goût de la fin du XVe siècle. On a dû y conserver des reliques ; la châsse de St Porcaire, à Montverdun, est enfermée. dans une armoire grilIée du même genre.
Mentionnons encore, dans la chapelle de droite, une statue en carton rembourré, représentant Saint Isidore avec des culottes bouffantes, des bas. et un riche justaucorps brodé, à poches, dans le genre de: ceux à la mode sous le règne de Louis XIV. »
ROSIERS-CÔTES-D’AUREC.
« L’église de Rosiers n’a qu’une seule et large nef, de bonnes proportions, bien que de hauteur médiocre. Elle est voùtée en berceau des demi colonnes appliquées à des pilastres carrés reçoivent la retombée des arcs doubleaux. Plusieurs de ces colonnes ont les angles de leurs bases garnis de petites baguettes. Les joints de mortier font saillie en beaucoup d’endroits sur la pierre ; les détails et le style général du monument, portent à le classer vers la fin du Xle siècle ou le commencement du XlIe.
« L’église se termine par une abside en cul de four, ornée à l’intérieur d’arcatures supportées par des pilastres cannelés, flanqués chacun de deux colonnes. Les chapiteaux, qui les couronnent sont des plus curieux.
« L’édifice offre, en outre, plusieurs chapelles latéraies. Dans l’une d’elles, au midi, une Piété, de grande proportion, surmonte l’autel. C’est une œuvrae pleine de raideur, mais.non sans caractère, de la, fin du moyen âge.
« L’addition d’une tribune a malheureusement altéré la belle simplicité de la nef de Rosiers. Cependant on doit rendre cette justice aux constructeurs que l’on a touché le moins possible au monument.
« A l’extérieur l’édifice se recommande surtout par ses belles masses et son aspect de solidité. Le portail est surmonté d’un bas relief d’un travail assez barbare représentant l’Adoration des Mages et d’une effigie de Saint Blaise. Une charmante corniche règne le long du pignon et de la nef, et le clocher, placé sur le transept, présente un double étage de fenètres accouplées, que séparent d’élégantes colonnettes d’un fort beau granit gris.
« Les chapiteaux cubiques, largement évidés par le bas, de certaines colonnettes de l’étage supérieur, produisent, malgré leur extrême simplicité, un excellent effet, parce qu’ils ont été conçus pour être vus précisément à la distance où ils sont placés.
« A propos des colonnes de l’église de Rosiers, le secrétaire de la Société fait observer qu’il n’y a pas lieu de tenir un compte trop absolu, dans notre pays et pour l’époque romane, de cette remarque de certains auteurs, que l’astragale, partie intégrante du fût dans l’antiquité, a été, au moyen âge rattaché au chapiteau. La tradition antique s’est perpétuée en Forez, comme on peut le voir à Rosiers, à Saint Nizier, à Ste Foy lès Bussy, à l’Hôpital de Rochefort, etc. Il est possible que dans ces édifices il ait été mis en œuvre quelques colonnes tirées de constructions romaines ; mais il en est d’autres qui paraissent bien contemporaines des églises actuelles et dont J’astragale est taillé dans le même bloc que le fût.
« Au midi de l’église se trouve l’ancien Prieuré aujourd’hui converti en couvent de religieuses. On y voit encore. de vastes salles du XVe ou XVIe siècle. Dans l’une d’elles est un beau portrait, daté de 1626, représentant un vieux prieur. Cet excellent homme, probablement bibliophile et horticulteur, tient de la main gauche un livre doré sur tranche et armorié sur le plat, et de la droite il pose une énorme poire sur une table où sont écrits ces mots: BON CRH EN D’HYVER P I †† ÷ »
Annonçons en quittant Rosiers que M. Vachez prépare pour les Mémoires de la Société une notice plus complète sur cette intéressante localité.
En rentrant à St-Bonnet, nous passons devant le château de, Montagnac et nous admirons de loin. la belle position du bourg de Legniec (1), et la flèche moderne de l’église de St-Hilaire.
MIRIBEL ET PÉRIGNIEU.
« Quelques membres de la Société (2) utilisent la fin de la journée en allant visiter le château de Miribel, commune de Pérignieu.
« Le château et l’agglomération fortifiée de Miribel sont assis sur un promontoire élevé qui domine le cours de la rivière d’Ecolèze et qu’un isthme étroit rattache seul à la montagne voisine. Au centre de l’éminence, et sur un rocher aplani, escarpé et régularisé de main d’homme, s’élevait le château proprement dit. Il formait un massif quadrangulaire dont l’angle N.0. subsiste seul aujourd’hui.
« Une modeste croix de pierre a été érigée au sommet du monticule : elle, est datée de 1654 et porte, sculpté sur sa base, un écusson pallé, au franc quartier chargé d’une croix pattée, qui est de St-Paul.
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(1) Prononcez Legniet, conformément au dialecte local, et non Legniecque, comme le font les étrangers, et généralement 1es personnes qui craignent de paraître ignorer l’orthographe. C’est là un travers trop commun en Forez et qui tend à défigurer le nom de beaucoup de nos villages. Note de M. V. Durand.
(2) Note de, M. V. Durand.
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Autour du château se pressent les maisons de Miribel séparées par d’étroites ruelles et qu’enveloppe une enceinte fortiflée assez vaste. Beaucoup de ces maisons sont anciennes. C’est là un curieux spécimen de l’aspect que présentait l’intérieur d’une citadelle féodale, avec les nombreuses habitations particulières où venaient s’entasser en temps de guerre, les vassaux du seigneur, et dont chaque étage donnait asile à une famille entière. Il est arrivé souvent que ces maisons ont disparu et que les débris de l’habitation seigneuriale et de l’enceinte extérieure sont seuls restés debout. L’inverse s’est produit à Miribel.
« On pénètre dans l’intérieur de la place du côté du midi, le seul accessible, par une belle porte, en ogive à peine sensible, que flanque une tour d’assez bon appareil. Une autre tour s’élève à quelque distance, du côté du soir ; le reste de l’enceinte affecte la forme d’un polygone qui ne présente qu’un petit nombre d’angles rentrants. Il en résulte que les différentes parties de la muraille ne se flanquent que très imparfaitement. Sans doute on a jugé que l’escarpement des pentes qui descendent vers l’Ecolèze et un vallon voisin mettait la place à l’abri de toute attaque venant de ce côté.
« Une chapelle tournée au levant, et dont le chevet rectangulaire fait partie du mur d’enceinte, semble accuser par son style le XIe ou. le XIIe siècle.
L’église de Pérignieu, qui est ensuite visitée, a trois nefs. Son portail, d’un assez bon dessin, a la date de 1574 gravée sur l’un de ses montants. Le tympan est notablement en retraite sur. le linteau, ce qui porte à croire que ce dernier supportait une ou plusieurs statues qui ont disparu.
« L’intérieur est d’un aspect lourd et n’a rien de remarquable. Citons cependant la clef de voûte de l’abside. qui porte les armes suivantes :
« Ecartelé au 1er et 4e de.. à 3 étoiles disposées en orle sur le bord de l’écu, au 2e et 3e chevronné en barre de… et de.., et sur le tout de… au lion léopardé de….
Dans la nef centrale, du côté, Nord, devant la table de communion, une. dalle funéraire porte ces mots :
M. MICHEL
CHABANNES
1673
« Et au dessus, en caractères plus récents :
MR ANDRE
GOUBIER
MISSIONNAIRE.
« Le clocher, flanqué de lourds contreforts, percé de fenêtres à meneaux, couronné d’une balustrade à jour et surmonté d’une flèche en pierre, semble une imitation de ceux de St Bonnet. Sur sa façade méridionale, à quelques mètres du sol, est encastrée une inscription en lettres gothiques, faisant saillie sur le fond et dont les mots sont séparés par des. signes en forme de S retournés, Elle est ainsi déchiffrée par MM. Révérend du Mesnil et Vincent Durand :
« Le gros valant 15 deniers, et le bichet ancien de Pérignieu 19 litres 44, ce prix correspond à celui de 11 sous 7 deniers environ le doubIe décalïtre. C’était, pour l’époque, et en tenant compte de la valeur relative des monnaies, un prix excessif. L’histoire a conservé le souvenir de la disette qui régna en Forez l’an 1505, et des aumônes faites par Anne de France à cette occasion, ( Lam. Chant. t. IL p. 501, note).
« La maîtresse cloche porte l’inscription suivante :
« 1ère ligne : LAVDATE DNM IN CINBALIS BENE – SONANTIBVS OIS SPIRITVS LAVDET DNM – 1586.
2e ligne : TEDEVM Ici deux cartouches renferment les figures de Sain Jean Baptiste et de Saint Jean I’Evangéliste. LAVDAMVS. Le reste de la ligne est rempli par une suite de cartouches où sont représentés Sainte Anne tenant la Sainte Vierge, ou peut être Notre Dame du Saint Rosaire, – Sainte Barbe, – Sainte tenant une palme, Saint Michel, la Sainte Vierge et l’enfant Jésus, en buste sous une arcature, – Saint Antoine, avec son suivant et le Tau, Evêque crossé et bénissant, Saint Paul, Saint Pierre, la Résurrection ; ce dernier sujet est surmonté de la lettre M, qui parait être initiale du fondeur Mosnier.
« Plusieurs de, ces poinçons sont les mêmes que ceux mis en usage dans la décoration des cloches de Rosiers.
« 3e ligne : EGO – SVM – VOX – CLAMANS – AFVLGVRE – GELV – ET – TEMPESTATE DEFENDE – NOS DNE IHS M SANCTE IHOANNES BAPTISTA ORA PRO NOBIS DE (sic)
« Sur une face, superbe croix galonnée portant au centre un médaillon rond avec l’agneau symbolique. Sur les flancs, d’un côté, les armes de France, de l’aiutre, un cartouche carré portant les lettres IHS.gracieusement entrelacées en forme de monogramme. »
MONTARCHER.
Le troisième jour, 4 juillet, Montarcher fut. le but de l’excursion. Mais, hélas, les membres de la Société étaient de moins en moins nombreux.
« Le voyage, bien que fait d’une traite, (1) donne lieu à des observations intéressantes. Tout près de Saint-Bonnet, le hameau d’Estra (mal à propos orthographié Les Tras) conserve le souvenir du passage d’une route antique. Plusieurs chemins se croisent en ce lieu. Auquel doit il son nom ? Peut être à celui qui, laissant de côté St Bonnet, ville relativement moderne, sert de limite méridionale à la commune de Luriec et se divisant aux Baraques, se prolonge d’une part sur Nus et le Pont; près St Marcellin, et, d’autre part, sur Marieu, l’Hospitalet et St Rambert. Le chemin venait de Bolène, en passant par Estivareilles.
« A 2 kilomètres d’Estra, une ferme modeste porte le nom du Chauffour. C’est l’ancien chef lieu d’un bailliage souvent, nommé dans les annales foréziennes. Sic transit gloria mundi.
« A la hauteur du hameau du Vivier, on traverse la voie Bolène, vieille chaussée romaine qui mettait en communication Rodez et Feurs, en passant par St Paulien et Usson. Resserrée entre deux murs en pierres sèches, elle gravit rapidement la crête de la montagne, se dirigeant toujours, en ligne droite, comme un voyageur qui vient de loin et qui est pressé d’arriver.
« Montarcher nous apparaît enfin avec ses maisons entremêlées de ruines féodales et sa vieille église ombragée de tilleuls séculaires.
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(1) Note de M. Vincent Durand.
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« Au dessous du village sont entassés en désordre, les uns sur les autres, d’immenses blocs de granit. On dirait les ruines de quelque. gigantesque rempart. Et comme, pour confirmer cette première impression, on découvre, au milieu de ce chaos, les bases de murailles, construites en énormes matériaux mis en œuvre sans qu’il ait été fait usage de mortier de chaux.
« On a vu là les ruines d’un oppidum gaulois. Mais un examen assez court porte à écarter d’abord l’idée que ces pierres éparses proviennent de l’écroulement d’une enceinte construite de main d’homme. Il n’y a là, ce semble, qu’un fait géologique qui n’est pas sans analogues dans les montagnes du. Forez, et dont l’explication n’est. point du ressort des antiquaires. Cette conclusion paraît surtout évidente, lorsqu’on remarque: que le versant occidental de la montagne, bien qu’offrant une pente relativement très douce, sur laquelle des blocs de grand volume ne pourraient rouler par leur, propre poids, est cependant couverte d’énormes pierres sur une superficie de plusieurs milliers de mètres carrés.
« C’était, dans tous les cas, pour la forteresse féodale, un excellent moyen de défense, et c’est peut-être pour ajouter à la valeur de ces obstacles naturels qu’ont été construites les murailles cyclopéennes dont on voit les restes. Cette supposition n’a rien d’invraisemblable, encore que la distribution de ces ruines en cases isolées ou contigües permette de croire qu’ elles ont servi aussi d’habitations.
« Rien du reste n’autorise à attribuer spécialement ces constructions à la période gauloise : à toutes les époques on a pu bâtir ainsi. Il ne paraît pas qu’on ait jamais rencontré à Montarcher d’outils en silex, ni d’instruments de bronze. Une forge dont on a reconnu l’emplacement sur le versant oriental a dû simplement servir à des carriers, car ces blocs sont encore aujourd’hui exploités comme pierres de taille.
« D’assez nombreux, mais trop petits débris céramiques sont recueillis aux abords des murailles ; les uns, recouverts d’un épais vernis à base de plomb, ne peuvent remonter plus haut que le XIIe ou même le XIIIe siècle ; les autres sont des fragments d’une poterie gris de plomb, très cuite, un peu rugueuse à l’éxtérieur, qui rappelle bien que de loin certaines poteries gauloises, mais dont le moyen âge présente aussi, des spécimens tout à fait identiques.
« En résumé, Ies preuves de l’origine gauloise de Montarcher font défaut, et en attendant que des fouilles régulières ou le hasard d’une trouvaille en décide autrement, il paraît sage de n’y voir que des bâtisses du moyen âge.
« L’église de Montarcher possède une abside qui peut remonter au XIe ou XIle siècle. Le reste de l’édifice est du XVe. On remarque les armes des Rochebaron (de gueules, au chef échiqueté d’argent et. d’azur) sculptées sur une clef de voûte. Dans une chapelle latérale, du côté nord, une pierre tombale porte, gravée au trait, une figure de prêtre debout, revêtu d’une chasuble ronde, les mains jointes et la tête largement tonsurée. Au dessous est cette. inscription :
M.
G; FERRIER
P.
« Sur le côté gauche et dans la bordure qui circonscrit la dalle :
HIC JACET DNI P BRI R IM (sic) PACE
« A droite et aussi dans la bordure :
1497.
« Au soir de l’église s’élevait le château des Rochebaron, réduit aujourd’hui à un monceau informe de ruines. Il y a peu d’années une tour restait encore debout, semblable à une sentinelle que l’on n’a pas relevée de son poste et qui continue à surveiller l’immense horizon. Elle a été renversée, et peut être la valeur des matériaux n’a pas compensé les frais de démolition. Mais ce que l’on n’a pu ravir à Montarcher, c’est la vue magnifique dont on jouit du sommet de la butte que surmontait le vieux manoir des Rochebaron. La vallée de l’Andrable, les montagnes couvertes de pins qui l’encadrent et, dans le lointain, les cimes capricieusement découpées du Velay et du Vivarais forment, un tableau dont l’œil se plaît à suivre les lignes grandioses et ne se. détache qu’à regret. »
Aussi, après ces trois charmantes journées passées ensemble, les membres de la Société se quittent avec peine, se promettant bien de faire partie de l’excursion prochaine.
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