BD, Tome III, Charte inédite de Jean II, duc de Bourbon, contenant donation de divers biens au cardinal de Bourbon son frère, ommunication de M. Bertrand, vice-président de la Société d’Emulation de l’Allier., pages 381 à 384, Montbrison, 1886.

 

Charte inédite de Jean II, duc de Bourbon, contenant donation de divers biens au cardinal de Bourbon son frère, ommunication de M. Bertrand, vice-président de la Société d’Emulation de l’Allier.

 

M. Vincent Durand s’exprime ainsi :

M. Bertrand, vice-président de la Société d’émulation de l’Allier, dont vous n’avez pas oublié les savantes communications, veut bien m’adresser, pour être placée sous les yeux de la Société, une curieuse charte de Jean II, duc de Bourbonnais et comte de Forez, qu’il a cru de nature a vous intéresser et qui n’intéressera pas moins, j’en suis sûr, nos confrères lyonnais.

Par cette charte, en date du mois de février 1485 (1486 n. st.), le duc donne au cardinal Charles de Bourbon, archevêque de Lyon, son frère, la seigneurie du Bois d’Oingt en Lyonnais et les dîmes de Cbambéon, Saint-Héand et Saint-Marcellin en Forez. Bien que l’instrument original de cette donation n’eût pas encore été retrouvé, elle n’était cependant point restée complètement inconnue. Plusieurs chartes faisant partie des titres de Forez et de Bourbonnais s’y rapportent et prouvent qu’elle fut suivie d’exécution (1). Mais ce que l’on ne savait pas, ou du moins moins ce que personne n’a signalé à ma connaissance, c’est que la libéralité du duc eut pour objet d’aider son frère à construire dans sa cathédrale la magnifique chapelle de Bourbon, commencée cette même année 1456 (2).

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(1) 1486, 24 juillet. – Procuration du cardinal de Bourbon pour passer un accord avec le duc son frère, au sujet de la terre du Bois d’Oingt. – Huillard-Bréholles ét Lecoy de la Marche, Titres de la maison ducale de Bourbon, n° 6957.
1486, 3 août. – Accord entre les mêmes; contenant remise au duc de la terre du Bois d’Oingt contre une rente de 400 livres tournois. – H.-Bréh., n° 6961.
1487, 27 octobre. – Le duc de Bourbon ayant cédé par acte de la veille (n0 7003), l’usufruit des terre et dîmes de Saint Marcellin à Antoine de Lévis, mande à ses officiers de mettre celui-ci en possession de la terre, et de lui payer une somme annuelle équivalente au revenu des dîmes, actuellement engagées au cardinal de Bourbon. – H.-Bréh., n° 7004.
1488 (après le 1er avril). – « Déclaration de l’accense des dismes » (dîmes des blés de Saint-Héand, Saint-Marcellin et Chambéon) « qui par cy devant avoient esté baillez par feu Monseigneur le duc Jehan à Monsr le cardinal ». – H.-Bréh., n° 7016. Cf. n° 7025.
(2) La Mure-Chantelauze, t. II, p. 406.

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Voici la charte communiquée par M. Bertrand :

JEHAN, duc de Bourbonnois et d’Auvergne, comte de Clermont, de Forest, de l’Isle-Jourdain et des Villars, seigneur de Chastel-Chinon, de Nonnay et de Roche-en-Rinier, Per et Chamberier de France, savoir faisons à tous presents et à venir que, pour la grande singulière amour que nous avons de nostre très chier et très amé frère messire Charles, cardinal de Bourbon, archevesque de Lyon, et considerant la grande et fervente devotion que notre dit frère a à son eglise de Lyon, en laquelle il a deliberé faire bastir et ediffier une belle et devote chapelle, et en icelle faire certaine fondation pour le salut des ames de ses predecesseurs et nostres, laquelle fondation il ne peut bonnement faire sans nostre aide, pour ce principallement qu’il ne tienne pas rentes, dixmes et autres choses à vendre pour y employer, ainsi qu’il nous a fàit remonstrer, à cause de quoy nous voulons et desirons lui subvenir en ce, affin aussy d’estre participans ès oraisons et bien faiz qui seront celebrez en lad. chapelle, avons deliberé de luy bailler aucunes pieces aptes et propices pour convenir et employer à ladite fondation ; et à ceste fin avons fait visiter le fait de nostre domaine et, entre autre chose, avons trouvé que, pour le plus seant et opportun, lui pouvons bailler la place, terre et seigneurie du Bois d’Yoin au pays de Lyonnois, qui est hors de nos pays, terres et seigneuries, et les dixmes de Chambeon, St-Huyan (1) et St-Marcellin, qui autrefoiz ont eté de ladite Eglize de Lyon. Pour ces causes et autres à ce nous mouvans, de nostre certaine science et propre mouvement, avons donné, octroyé et transporté, donnons, octroyons, cedons et transportons par ces presentes à nostre frère le cardinal nostre dite place, terre et seigneurie du Bois d’loin, avec la justice, hommes, rentes, domaines et autres droitz et appartenance quelconque, et pareillement lesdites dixmes à nous deuz esdits lieux, mandemens et dismeries de Chambeon, St-Hugan et St-Marcellin, tout ainsy que nous et nos predecesseurs avons accoustumé de les prendre et percevoir esdits lieux et chacun d’iceux, soient bledz, vins ou charnaiges, pour les avoir par luy et les convertir en la fondation dessusdite, tout ainsy que nous mesme eussions pu faire avant ce present transport, lequel nous voulons et declarons estre et demourer à tousjours mais vallable, et amortissant quant à nous, et dès maintenant consentant à l’amortissement desd. rentes, cens et dismes, en temps qu’il en est et seroit besoing qu’elles soient amorties par Monseigneur le Roy, pour les convertir irreceveablement (irrévocablement ?) à lad. fondation ; promettant en parolle de prince non jamais venir ou contraire. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, à noz amez et feaulx gens de nos Comptes et à tous noz autres justiciers et officiers et chacun d’eulx, si comme à luy appartiendra, que nostredit frère et ceulx qui de luy auront cause ilz laissent et souffrent joir et user de ladite terre, place et seigneurie du Bois d’Ioin et desdites dixmes de Chambeon, St-Hayan et St-Marcellin, et chacun d’iceulx, orez et pour le temps advenir, plainement et paisiblement, sans leur faire ne souffrir estre faite, orez ne pour le temps avenir, aucun destourbier ou empeschement au contraire. Et affin que ce soit chose ferme et stable à toujours maiz, nous avons fait mettre et apposer notre scel à sesdites présentes. Donné en nostre chastel de Molins, au mois de fevrier, l’an de grace 1485. Et au reply desdites lettres est escript: Par Monseigneur le duc, les evesques de St-Pons et d’Orange, le sr de Culant et autres presens, et signé BERRY; et sont scellés à lacz de soie et cire verte, et au dos d’icelles est escript ce qui s’ensuit, c’est assavoir :

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(1) Ici et plus loin il faut lire Saint-Hayan.

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Viso quodam instrumento eri passato concordata (concordati?) coram Johanne Bergier et Antonino de Rozay, notariis regiis, per Aimonem Saulnier, scutifferum, procurat[or]io nomine reverendissimi in Christo patris et domini domini Karoli de Borbonio cardinalis, presentium impetratoris, super recuperacione domus [et terre du Bois] d’Yoin, nec non decimarum de Chambeon, Sancti Hayam et Sancti Marcellini in comitatu Forezii (1), expedite et registrate fuerunt presentes littere in camera compotorum domini nostri ducis Molinis, de precepto dominorum dicte camere, die quarta mensis Augusti, anno Domini millesimo 4o octagesimo sexto. Sic signatum.

E. CORVILLIER (2).

(Bibliothèque nationale. Clairambault, vol. XXI. Copie, papier).

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(1) Cet accord est sans doute celui signalé en note ci-dessus. Huillard-Bréh., n° 6961.
(2) Il est probable que ce nom doit être lu Cornillier. Voir Titres de la maison-ducale de Bourbon, à la Table.
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