BD, Tome III, L’Espinasse en Roannais, communication de Mgr Poyet, pages 374 à 377, Montbrison, 1886.

 

L’Espinasse en Roannais, communication de Mgr Poyet

 

M. le Président donne lecture d’une lettre adressée de Jérusalem par Mgr Poyet, protonotaire apostolique, chanoine du Saint-Sépulcre, et contenant d’intéressants renseignements sur l’Espinasse-en Roannais.

Après avoir rappelé que ce nom est aujourd’hui porté par une réunion de quelques maisons et un assez vaste territoire, couvert en majeure partie de bois de haute futaie et de taillis, que se partagent les communes de Saint-Forgeux et Saint-Germain l’Espinasse, deux villages jadis situés à la limite de la Bourgogne et du Forez, et dont M. Terray du Rosier, procureur général en la Cour des Aides de Paris, fut le dernier seigneur, Mgr Poyet ajoute :

Dans les registres de la nouvelle municipalité de Saint-Forgeux, 1793, 6 novembre, il est dit : « le maire et les citoyens municipaux ont requis le citoyen Antoine Bailly d’apporter tous les papiers et titres qu’il peut avoir concernant le terrier de Lespinasse du ci-devant Terray. »
Il n’y est pas dit qu’ils les livrèrent aux flammes comme on le fit partout ailleurs pour les terriers des seigneuries et des cures, comme on le fit pour le terrier de la cure de SaintForgeux, le 3 novembre 1793, d’après les registres de la nouvelle municipalité : « L’an deux de la République Française une et indivisible, le maire de Saint-Forgeux et les municipaux assemblés sur la place publique de la commune ont brûlé, conformément à la loi, le terrier de la cure dudit Saint-Forgeux. »
On peut donc croire que le terrier de la seigneurie de l’Espinasse existe quelque part et qu’on aura la bonne fortune de le découvrir un jour.
Dans les anciens actes de baptêmes, de mariages et décès rédigés par les curés de St-Forgeux (aujourd’hui à la mairie), il est fait mention plusieurs fois de la baronnie de l’Espinasse: « 1675, 23 février, baptême de Antoine Bouleton. Parrain messire Anthoine Perroy, greffier de la baronnie de l’Espinasse de Saint-Germain. – 1676, 20 novembre, baptême d’Antoine fils de Jean Gontier, notaire royal. Parrain Antoine Perroy, greffier des terres et juridiction de l’Espinasse (cette famille existe encore à Saint-Germain). »
1683, mention de Me Claude Beauvoir, juge des terres de la baronnie de l’Espinasse. Les conséquences de ces dénominations, juge de la baronie de l’Espinasse, greffier etc. sont faciles à déduire. Pourquoi dans ce petit hameau, un tribunal, le droit de justice ?
En 1790, deux foires importantes se tenaient chaque année au hameau de l’Espinasse. Un arrêté du Directoire du 4 germinal an deux de la République Française autorise à transporter à Saint-Forgeux les foires et les halles du hameau de l’Espinasse.
Il y avait aussi à cette époque dans ce hameau une chapelle dédiée à saint Michel. Le curé de Saint-Forgeux y allait célébrer la messe quelques fois et surtout le 29 septembre, fête de l’Archange. Saint-Germain a hérité de cette fête religieuse.
La plus grande partie des biens de l’ancienne seigneurie de l’Espinasse, passés des Terray du Rosier au marquis de Lévis, étaient naguères possédés par M. le marquis de la Ferté-Meun. Celui-ci a vendu les terres, le petit château antique, la vieille tour carrée qui se trouve dans le hameau même. Le très-antique moulin en a été détaché il y a au moins deux cents ans et vendu à une famille Bailly, dont les descendants l’exploitent encore.
Cette famille possède l’inscription de l’ancienne cloche de la chapelle Saint-Michel, de l’an 1500, chapelle démolie après la révolution ; des médailles romaines trouvées dans les ruines du hameau, etc.
Le petit château actuel, en briques disposées avec symétrie, ne doit pas remonter bien haut dans sa plus grande partie; mais il s’y trouve sur une porte une ancienne inscription, au rez-de-chaussée une salle voûtée avec arcs aigus quoique un peu surbaissés, une large cheminée comme on les faisait au moyen-âge.
En creusant des excavations aux alentours on a découvert des murs de fondations antiques, très larges, très solides.
Tout indique qu’il y a eu là, dès la plus haute antiquité, sinon une ville, au moins un castellurn, comme Saint-Haon-le-Châtel.

Au sujet de l’ancienne famille de l’Espinasse, M. le vicomte O. de Poli dit que le cabinet des titres de la Bibliothèque nationale possède une généalogie de cette famille depuis le XIe siècle.

M. Vincent Durand ajoute que l’Espinasse étant en Bourgogne et non on Forez, il faudrait, pour être complètement renseigné sur la seigneurie dont il s’agit, consulter les archives du duché de Bourgogne. Ces archives contiennent de nombreuses indications sur la partie du département de la Loire qui dépendait de cette province. Comme exemple, M.Durand cite le curieux document relatif à l’arrière-ban de Bourgogne en 1474, publié par M. Gabriel Dumay dans les Mémoires de la Société Eduenne (1).

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(1) Nouvelle série, t. XI, p. 75 et suiv.