BD, Tome III, Marché à prix-fait pour la construction d’une maison en 1496, communication de M. Vincent Durand, pages 267 à 269, Montbrison, 1885.

 

Marché à prix-fait pour la construction d’une maison en 1496, communication de M. Vincent Durand.

 

M. Vincent Durand s’exprime ainsi :

Les archives de la Diana possèdent plusieurs volumes de protocoles anciens provenant des Piarre ou Petri, notaires à Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmitte. En parcourant ces protocoles, j’y ai rencontré un acte assez curieux que je vous demande la permission de mettre sous vos yeux. C’est un prix-fait pour la construction d’une maison, passé en 1496. Le bâtiment à édifier est fort modeste : il se compose d’un rez-de-chaussée et d’un étage, formant chacun une vaste pièce de 4 toises d’homme sur 3, dans oeuvre. Au rez-de-chaussée, une porte en pierre de taille et une demi-croisée, c’est-à-dire une fenêtre divisée en deux compartiments par une traverse horizontale. Une fenêtre semblable éclaire l’étage. Le plancher de celui-ci doit être assemblé à feuillures ; on ne prévoit pas de lambris sous le toit; quant au rez-de-chaussée, le sol en était probablement de terre battue. La hauteur totale du bâtiment n’est pas indiquée : on risque peu de se tromper en l’estimant à 6m 30, fondations comprises. L’entrepreneur doit ménager un placard dans la muraille et construire un four à cuire le pain, ce qui suppose une cheminée. Il doit évidemment aussi, et l’article relatif aux fournitures de bois et planches pour ouvertures semble l’impliquer, faire et poser le vantail de la porte et les volets qui, à cette époque, composaient souvent l’unique clôture des fenêtres. Il doit de plus tirer la pierre nécessaire pour les angles des murs et les ouvertures, toutefois avec l’aide de manoeuvres qui seront mis à sa disposition. Enfin, aucune fourniture de matériaux ni de transports n’est à sa charge. Il doit être défrayé, c’est-à-dire nourri, pendant la durée de son travail et le prix de ce dernier, fixé à 12 livres tournois, doit se compenser avec celui d’une jument à lui vendue. Voici la pièce :

15 janvier 1495, 1496 n. st.
Pro Glaudio Pancerii de Chasaletz, et Johanne Boriaa de Croso.
Quod anno Domini m° iiijc nonagesimo quinto, et die xvta mensis januarii, etc., constitutus personaliter et existens Johannes Boria alias Morini, loci de Croso, perrochie de Merle, Aniciensis diocesis, qui gratis, etc., pro se et suis etc., manucepit ad precium factum a Glaudjo Pancerii, loci de Chasaletz, perrochie Bassii, dicte diocesis, presenti et dictum precium factum tradenti, pro seque et suis, etc., stipulanti, ad faciendum et construendum unam domum in codem loco de Chasaletz hinc ad proximum festum beati Bartholomei appostoli, et ultra ad requestam dicti Pancerii, et hoc pro precio duodecim lîbrarum turonensium, quod precium dictus Boria constituens confessus est et confitetur se habuisse et recepisse ab eodem Pancerii, in una equa sibi vendita et tradita pro dicto precio, de quo quictavit, etc., cum pacto de non petendo, etc. Quam quidem domum idem constituens hedifficare promisit expensis ejusdem Pancerji, cum pactis et retentionibus inter eosdem Boria constituentem et Pancerii ad invicem factis et accordatis. Videlicet, primo, quod dicta domus habebit de largitudine infra muros tres tesias hominis, et erit longitudinis quatuor tesiarum ; et in eadem domo fient una porta de talhia et una fenestra, videlicet dimidia croseyra in istagio basso, et una alia dymidia croseyra in istagio de super. – Item, unum armarium et unus furnus panis fient in basso istagio ; et fiet sollium folhatum inter dicta duo istagia, more solito, et copertum ejusdem domus. – Item, fuit dictum quod dictus Boria tenebitur et debebit evellere lapides cadrorum et talhie dicte domus, tantos quantos fuerint neccessarii, proviso quod dictus Pancerii teneat eidem Boria juvamen sive manoperas neccessarias prestare. – Item, fuit actum quod dictus Pancerji tenebitur adducere seu adduci facere, totum et quotcunque pertrait (pertrahj), in pede operis sive murorum Domus construende. – Et fuit etiam dîctum, quod idem Pancerii tradere et adducere tenebitur trabes, fustes, et postes neccessarias sollio et tecto, ac portîs et fenestris predictis. Que predicta, etc., promiserunt dicte partes et earum quelibet, etc., per juramenta, etc., et sub obligatione bonorum, etc., tenere, actendere, etc. ; curjis ressortorum Forensis et Ruppisbaronis supponendo, etc.; renunciando, etc.; de quibus, etc.. Actum in sancto Yllario, in appotheca mis (sic) notarji, presentibus Petro Daurati, Johanne Morini dicti loci de Crosonomas, testibus, et me, PETRI
(Archives de la Diana. – Protocole de Bonnet-Francois Petri, notaire royal de Saint-Hilaire, f° 92 verso).

La simplicité des travaux qui font l’objet de ce marché permet d’établir sans trop de peine ce qu’il en coûterait approximativement aujourd’hui pour bâtir une maison de même grandeur et dans les mêmes conditions, À savoir non-compris la fourniture des matériaux, leur transport à pied d’oeuvre et la nourriture des ouvriers. En appliquant les prix en usage dans les environs de Saint-Bonnet, il semble difficile de faire descendre la dépense au-dessous de 400 fr. D’autre part, cette somme est bien ce que peut valoir une jument de prix médiocre. On en déduirait, pour la livre tournois, une valeur relative d’une trentaine de francs de notre monnaie actuelle.

La séance est levée.

Le président en l’absence,

Testenoire-Lafayette.

Le membre faisant fonction de Secrétaire,

Eleuthère Brassart.