BD, Tome III, Procès-verbal de la réunion du 10 novembre 1885, pages 167 à 175, Montbrison, 1885.

 

OCTOBRE 1885 – JANVIER 1886

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BULLETIN DE LA DIANA

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I.

Procès-verbal de la réunion du 10 novembre 1885

 

PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE DE CHARPIN-FEUGEROLLES, VICE-PRÉ5IDENT..

La séance est ouverte à deux heures et demie.

Sont présents MM. Achalme, abbé Bartholin, Brassart, comte de Charpin-Feugerolles, Desjoyaux, Vincent Durand, Gonnard, Joulin, Miolane, Rochigneux, J. Rony, L. Rony, baron de Rostaing, abbé Trabucco, de Turge, baron de Vazelhes, abbé Versanne.

M. le Président, en ouvrant la séance, exprime le regret qu’un grave accident arrivé à M. le comte de Poncins le tienne éloigné de cette réunion. Il est heureux d’apprendre à la Société que l’état de son Président est aussi satisfaisant que possible et que tout permet d’espérer sa prompte guérison.

Dons d’objets antiques découverts à Moind et à Feurs.

M. Bernaud, propriétaire à Moind, a donné à la Société une portion de base de pilastre antique en marbre blanc trouvée chez lui en creusant une cave. Un autre fragment de cette base existait déjà au musée de la Diana et provient de fouilles faites antérieurement dans le môme terrain.

Des remerciements sont votés à M. Bernaud.

M Achalme offre pour le musée de la Diana quatre vases gallo-romains en terre rouge commune, découverts dernièrement à Feurs le long de la voie ferrée de Saint-Etienne à Roanne. Ce sont : une ampulla, un pot ordinaire à anse, une olla et un guttus dont le col est brisé.

M.Achalme communique ensuite la lettre suivante de M.Favre, receveur de l’enregistrement à Feurs, indiquant dans quelles conditions ces poteries ont été trouvées :

Mon cher sous-inspecteur,
Voici les renseignements que j’ai pu réunir au sujet des poteries gallo-romaines que nous avons trouvées chez le sieur Guerre, garde-barrière du chemin de fer, passage à niveau n0 231 de la route de Fours à Cottance.
Ces poteries ont été trouvées au mois de mars dernier dans le jardin attenant à la maisonnette du garde.
Cette maison et le jardin qui en dépend sont situés sur la commune de Civens, lieu de Charbonnel.
Les vases ont été trouvés à un mètre de profondeur, placés les uns près des autres, les uns debout, les autres renversés.
Treize vases ont été trouvés, en y comprenant ceux que nous avons achetés et un que le garde-barrière a donné. Il en reste huit. Le sieur Guerre a été invité à ne pas s’en dessaisir.
La barrière de Charbonnel est environ à l500 mètres au nord de la gare de Feurs.
Avec les poteries, le sieur Guerre a trouvé quelques médailles qu’il n’a pu me montrer. Ce brave homme a remis ces pièces à un tiers. Je l’ai engagé à les redemander s’il en obtient la remise, je vous les ferai parvenir pour que vous les soumettiez à la Société de la Diana.
Autre renseignement qui peut être de quelque utilité à la Société.
En 1854, lors de la construction de la seconde voie du chemin de fer, qui, en cet endroit, passe dans une tranchée de 4 mètres de profondeur environ, les déblais ont mis au jour une certaine quantité de poteries et même un four à cuire dont l’origine gallo-romaine ne serait pas douteuse.
Il a été envoyé à Paris un certain nombre d’objets trouvés, dont l’authenticité et l’état de conservation ont paru mériter les honneurs de l’un de nos musées. Voilà ce qui m’a été dit, mais je ne puis rien vous affirmer sur ce point.
Dans une terre labourable contigue au jardin du sieur Guerre et dépendant d’une ferme appartenant à madame la marquise do Vivens, certaines particularités, observées depuis longtemps par le fermier, seraient peut-être de nature à appeler l’attention des archéologues. La teinte particulière du sol, le son qu’il rend sous le choc des instruments aratoires font supposer qu’il existe, à une faible profondeur, des constructions pouvant présenter quelque intérêt. La terre en cet endroit n’offre pas la fertilité des terrains voisins ; la couche de terre végétale serait donc moins profonde.
Je crois pouvoir vous affirmer qu’à part les travaux faits pour le chemin de fer, aucune fouille n’a été jusqu’ici pratiquée dans les terrains en question (1).

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(1) Depuis l’envoi de cette lettre, M. Favre a eu communication d’une des monnaies trouvées par le sieur Guerre. Cette pièce est ainsi décrite par notre confrère M. Philippe Testenoire

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Moyen bronze de Domicien. Le revers complètement fruste ne peut être déterminé ; on ne peut rétablir de la légende du droit que ces mots :
……DOMIT AVG GERM COS…….
Les chiffres du consulat et de la puissance tribunitienne, qui sont effacés à la fin de la légende, auraient donné la date précise ; mais l’attribution à Domitien empereur est certaine. La durée de son règne s’étend de 81 à 96 de J -C.
M.Favre avait joint à son envoi une autre monnaie trouvée à Cottance. Voici la description de cette pièce par M.. Philippe Testenoire :
Grand bronze d’Antonin le Pieux frappé comme César à la fin du règne d’Adrien (138 de J.- C).
Le Président remercie M. Achalme et le prie de transmettre à M. Favre les félicitations de la Société pour les constatations, si précises et si intéressantes, dont il a bien voulu faire connaître le résultat.

Le Grand Cartulaire d’Ainay.

Don de M .le comte de Charpin-Feugerolles.

M. le comte de charpin-Feugerolles dépose sur le bureau un exemplaire du Grand Cartulaire d’Ainay publié par lui, dont il fait hommage à la Société.
M. Vincent Durand se fait l’interprète de tous ses confrères en priant M. le comte de charpin-Feugerolles d’agréer les remerciments de la Société. Cette publication, digne en tout point de ses aînées, fait le plus grand honneur à l’érudition forézienne. C’est un nouveau et éminent service rendu à tous les travailleurs.

Congrès de la Sorbonne en 1886.

M. le Président donne lecture de la lettre suivante de M. le Ministre de l’instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes :

Paris, le 7 septembre 1885.
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de vous adresser le programme du Congrès des Sociétés savantes en 1886, en vous priant de lui donner toute la publicité désirable. Comme les années précédentes, il comprend cinq parties distinctes, afférentes aux cinq sections du Comité des travaux historiques et scientifiques.
IMP T AELIVS CA£SAR ANTONINVS. Tête nue d’Antonin à droite.
Revers : PIETAS (à l’exergue) TRIB POT COS (à l’entour) ; S C (dans le champ).. La Piété debout à droite auprès d’un autel paré et allumé, levant la main droite et tenant une boite à parfums.
Les sociétés savantes ont collaboré dans une large mesure à l’ensemble de ce programme; en réponse à ma circulaire du 12 mai dernier, elles m’ont transmis un grand nombre de sujets qu’elles jugeaient dignes de figurer à l’ordre du jour du Congrès, et le Comité, en arrêtant la rédaction définitive, a essayé de tenir compte de tous les voeux, s’attachant seulement à généraliser les termes de certaines questions quand elles ne semblaient viser qu’un intérêt local.
Un assez grand nombre de sujets d’études, surtout ceux qui intéressent les historiens et les archéologues, vous avaient été déjà soumis dans des sessions antérieures ; vos sociétés ont compris que les nombreuses et intéressantes communications auxquelles ils ont donné lieu n’avaient fait qu’en accentuer l’intérêt, et, devant les voeux émis, le comité a cru devoir, cette année encore, les maintenir au programme.
L’initiative prise par vos sociétés et que je tiendrai toujours à leur laisser, m’est une garantie précieuse pour l’avenir j’ai la confiance que l’an prochain, sur tous les points qui constituent ce programme et que j’ai choisis d’accord avec vous, MM. les délégués apporteront les résultats de leurs travaux et seront prêts à soutenir des discussions qui assureront l’éclat de votre Congrès et en démontreront de plus en plus la haute importance scientifique.
Agréez, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
Le ministre de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes,
Signé RENÉ GOBLET.


Voici les questions du programme qui se rapportent à l’ordre d’études dont s’occupe la Société.

I. – SECTION D’HISTOIRE ET DE PHILOLOGIE.
1° Mode d’élection et étendue des pouvoirs des députés aux États provinciaux.
2° Les esclaves sur les bords de la Méditerranée au moyen age.
3° Recherche des documents d’après lesquels on pont déterminer les modifications successives du servage.
4° Origine et organisation des anciennes corporations d’arts et métiers.
5° Origine, importance et durée des anciennes foires.
6° Anciens livres de raison et de comptes et journaux de famille.
7° Liturgies locales antérieures au XV1Ie siècle.
8° Origine et règlements des confréries et charités antérieures au XVlIe siècle.
9° Étude des anciens calendriers.
10° Indiquer les modifications que les recherches les plus récentes permettent d’introduire dans le tableau des constitutions communales tracé par M. Augustin Thierry.
11° Des livres qui ont servi à l’enseignement du grec en France, depuis la Renaissance jusqu’au XVllIe siècle.
12° Les exercices publics dans les collèges (distributions de prix, académies, représentations théàtrales, etc.), avant la Révolution.
13° Anciennes démarcations des diocèses et des. cités de la Gaule, servant encore aujourd’hui de limites aux départements et aux diocèses.
14° Étude des documents antérieurs à la. Révolution pouvant fournir des renseignements sur le chiffre de la population dans une ancienne circonscription civile ou ecclésiastique.
15° L’histoire des mines en France avant le XVIIe siècle.
16° De la signification des préfixes EN et NA devant les noms propres dans les chartes et les inscriptions en langue romane.
17° Objet,. division et plan d’une bibliographie départementale.
II. – SECTION D’ARCHÉOLOGIE.
1° Quelles sont les contrées de la Gaule ou ont été signalés des cimetières à incinération remontant à une époque antérieure à la conquéte romaine ? – Quels sont les caractères distinctifs de ces cimetières ?
2° Dresser la liste, faire la description et rechercher l’origine des oeuvres d’art hellénique, des inscriptions et des marbres grecs, qui existent dans les collections publiques ou privées des divers départements. Distinguer ceux de ces monuments qui sont de provenance locale de ceux qui ont été importés dans les temps modernes.
3° Dresser la liste des sarcophages païens sculptés de la Gaule. En étudier les sujets, rechercher les données historiques et les légendes qui s’y rattachent et indiquer leur provenance.
4° Signaler les nouvelles découvertes de bornes milliaires ou les constatations de chaussées antiques qui peuvent servir à déterminer le tracé des voies romaines en Gaule ou en Afrique.
5° Grouper les renseignements que les noms de lieux-dits peuvent fournir à l’archéologie et à la géographie antique.
6° Signaler dans une région déterminée les édifices antiques de I’Afrique tels que arcs de triomphe,. temples, théâtres, cirques, portes de ville, tombeaux monumentaux, aqueducs. Ponts, etc., et dresser le plan des ruines romaines les plus intéressantes.
7° Etudier les caractères qui distinguent les diverses écoles d’Architecture religieuse à l’époque romane, en s’attachant a mettre en relief les éléments constitutifs des monuments (plans, voutes, etc.).
8° Rechercher, dans chaque département ou arrondissement. les monuments de l’architecture militaire en France aux différents siècles du moyen age. En donner des statistiques, signaler les documents historiques qui peuvent servir à on déterminer la date.
9° 5ignaIer Ies constructions rurales élevées par les abbayes, telles que granges, moulins, étables, colombiers. En donner, autant que possible, les coupes et pIans.
10° Etudier les tissus anciens, les tapisseries et les broderies qui existent dans les trésors des églises, dans les anciens hopitaux, dans les musées et dans les collections particulières.
I1° Signaler les actes notariés du XIVe au XVIe siècle, contenant des renseignements sur la biographie des artistes et particulièrement les marchés relatifs aux peintures, sculptures et autres oeuvres d’art commandées soit par des particuliers, soit par des municipalités ou dos communautés.
12° Etudier les produits des principaux centres de fabrication de l’orfèvrerie en France pendant le moyen âge et signaler les caractères qui permettent de les distinguer.
13° Quelles mesures pourraient être prises pour améliorer l’organisation des musées archéologiques de province, leurs installations, leur mode de classement et pour en faire dresser ou perfectionner les catalogues ?
III. – SECTION DES SCIENCES ÉCONOMIQUE5 ET SOCIALES.
1° Des procédés de mobilisation de la propriété foncière expérimentés ou proposés en France ou à l’étranger (cédules hypothécaires, dettes foncières, billets de banque fonciers. etc.).
3° Analyse des dispositions prises, depuis le XVI e siècle jusqu’à nos jours, pour créer et développer la vicinalité. Avantages et inconvénients de la prestation on nature ; appréciation des conditions actuelles de la législation sur les chemins vicinaux.
4° Historique de la législation ayant eu pour but de conserver les forêts sous l’ancien régime et de nos jours. Indication de quelques mesures à prendre pour prévenir les défrichements et les exploitations abusives de bois et forêts des particuliers.
6° Quelles étaient les données générales de l’organisation des anciennes universités françaises ? Y aurait-il avantage à créer des universités régionales ? Quels services pourraient-elles rendre ?
8° Ouvrages anciens et tentatives diverses pour la réforme et l’amélioration des prisons avant 1789.
9° Messagers, messageries, courriers, poste dans une région donnée, du moyen âge à la Révolution.
10° La diminution de la population rurale.
11° Etudier la valeur vénale de la propriété non bâtie au XVIIIe siècle dans une province, et comparer cette valeur avec la valeur vénale actuelle.
IV. – SECTION DES SCIENCES MATHÉMATIQUES, PHYSIQUES, CHIMIQUES ET METEOROLOGIQUES.
8° Etude de la gamme musicale, au point de vue historique.
SECTION DES SCIENCES NATURELLES ET DES SCIENCES GEOGRAPHIQUES.
7° Etudier au point de vue de l’anthropologie les différentes populations qui, depuis les temps les plus reculés, ont occupé, en totalité ou en partie, une région déterminée de la France.
8° Epoque, marche et durée des grandes épidémies au moyen age et dans les temps modernes.
15° Exposer les découvertes archéologiques qui ont servi à déterminer le site de villes de l’antiquité ou du moyen age, soit en Europe, soit en Asie, soit dans le nord de l’ Afrique.
16° Signaler les documents géographiques curieux (textes et cartes manuscrits) qui peuvent exister dans les bibliothèques et les archives des départements et des communes.