BD, Tome IV, Découvertes d’antiquités romaines au Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard. Communication de M. Vincent Durand, pages 318 à 320, Montbrison, 1887.

 

Découvertes d’antiquités romaines au Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard. Communication de M. Vincent Durand

 

M. Jeannez, au nom de M. Vincent Durand, lit la note suivante :

« Des substructions romaines d’une étendue considérable ont été mises au jour dans le courant de l’année passée au lieu du Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard, dans des terres dites les Varennes et portant les numéros B. 1035, 1036 et 1036 bis du cadastre, à 650 mètres à l’ouest très peu nord du clocher de Saint-Etienne. Les personnes qui connaissent l’ancien cuvage du château de la Bastie, célèbre par son magnifique écho, se feront une idée exacte du site de ce territoire, quand J’aurai dit qu’il est placé à 300 mètres au nord-est, au delà du chemin conduisant de Saint-Etienne à Sainte-Agathe.

Un défoncement exécuté par le sieur Latour, propriétaire, en vue de la création d’une vigne, a amené la découverte des antiquités dont il s’agit. Malheureusement, M. Latour n’a attaché aucune espèce d’importance à ce qu’il rencontrait. Non seulement il n’a pas été relevé do plan des substructions, mais les objets trouvés ont été brisés, abandonnés sur place, ou livrés aux enfants, qui les ont perdus.

J’ai visité les lieux au mois de janvier dernier, en compagnie de nos confrères MM. l’abbé Peyron et Brassart. Le sol, sur une étendue de plusieurs milliers de mètres carrés, était encore jonché de débris de toute sorte. Au milieu d’une grande quantité de tuiles à rebords, nous avons remarqué :

Des blocs de maçonnerie provenant des substructions détruites, quelques-uns ayant conservé leur parement appareillé assez grossièrement en petits matériaux. Le mortier nous a paru renfermer une certaine proportion de brique pilée. Le blocage intérieur renfermait des morceaux de tuiles à rebords et de briques arrondies provenant de colonnes. On pourrait inférer de cette circonstance qu’il y aurait eu, dans l’antiquité, reconstruction sur ce point de tout ou partie d’un établissement antérieur.

Des briques en moitié et en quart de rond, ayant servi à monter des colonnes, et correspondant à des diamètres de 0m 215, 0m 26, 0m 27 et 0m 36.

Des morceaux de grands carreaux d’hypocauste, épais de 0m 07.

Des carreaux de 0m 20 de côté, sur 0m 04 d’épaisseur, employés probablement à construire les piliers sur lesquels ces grands carreaux s’assemblaient quatre à quatre par leurs angles.

Des portions de briques épaisses de 0m 03, à la tranche façonnée on arc de cercle concave d’un assez grand diamètre, comme si elles avaient épousé la courbure d’une cavité cylindrique.

Des morceaux de calcaire blanc coquillier.

Des portions d’enduits peints en rouge.

Une très grande quantité de débris de vases tant fins que grossiers, parmi lesquels des poteries guillochées, des bols ornés de zones rouges et blanches, et des vases de formes diverses en terre rouge sigillée, quelques-uns décorés de reliefs, cordons d’oves, oiseaux, personnages, etc., d’un style assez médiocre. Il a été trouvé des vases entiers ; on les a mis en pièces.

Au nombre des objets les plus intéressants ramenés par la pioche, figurent quatre fers de javelot, dont un seul a pu être sauvé par M. Coiffet, négociant à Leignieu. Cette arme, bien conservée, a dans son état actuel 0m 225 de long et ne devait guère avoir plus de 0m 23 dans son état primitif. La lame, en feuille de saule, avait 0m 12 de longueur sur 0m 026 de large, et 0m 007 d’épaisseur à l’arête médiane.

La douille, percée d’un trou latéral donnant passage au clou qui la fixait au bois, n’a que 0m 019 de diamètre. Cela prouve qu’il s’agit bien d’une arme de jet et non d’une lance, car, dans cette dernière hypothèse, la force du bois eût été complètement insuffisante.

M.Coiffet conserve aussi un peson de terre cuite en forme de pyramide, à usage de tisserand, qu’il a trouvé sur place.

Il y a quelque raison de supposer que les fouilles n’ont pas atteint le fond de la couche archéologique. Mais la plantation de vigne étant aujourd’hui chose faite, on ne pourra de longtemps porter de nouvelles recherches dans le terrain défoncé. »

La séance est levée à 4 h. 40.

Les Présidents de la séance,

Cte DE PONCINS, JEANNEZ.

Le membre faisant fonction de secrétaire,

PAUL JOULIN.

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