BD, Tome V, Cloches de l’église de Clépé. – Communication de M., Vincent Durand., pages 5 à 8, La Diana, 1889.

 

Cloches de l’église de Clépé. – Communication de M., Vincent Durand.

 

M. Vincent Durand s’exprime ainsi :

Nous avons eu récemment occasion, M. Eleuthère Brassart et moi, de voir et d’estamper à Clépé une cloche des plus intéressantes par sa date et par le nouveau nom de fondeur qu’elle fait connaître.

Cette cloche, de grandeur médiocre, est en revanche d’une exécution magnifique ; elle porte l’inscription suivante :

+ IHS + MARIA + GRACIA + PLENA + FUFAYT
+ LAN M CCCC LXUI + P + RAUART TE: DEU :
LAUDAM || LAUDAMUS TE : DEUM LAUDAMUS TE : DEUM : LAUDAMUS

Caractères gothiques de la forme la plus élégante. Les mots répétés, Te Deum laudamus, sont en lettres plus petites et dont plusieurs sont liées. Les croix initiale et séparatives, toutes semblables, sont patées, à branches égales et élevées sur un pied mordu par une autruche. D’autres autruches dressées sur leurs pieds remplissent l’intérieur des C. Entre la première et la seconde ligne règne une suite de cinq médaillons rectangulaires représentant 1° la Vierge assise tenant l’Enfant Jésus ; 2° un évêque bénissant (S. Bonnet?); 3° la Résurrection; 4° S. Michel terrassant le dragon ; 5° un personnage agenouillé et revêtu d’un long manteau ; il tient un phylactère sur lequel on semble distinguer l’invocation Misere[re] mei d[omi]ne. Ce dernier médaillon est signé en bas, en petits caractères gothiques, du nom du fondeur P. (Pierre) Ravart.

Cet artiste est, je crois, inconnu. D’autre part, il n’a pas été signalé jusqu’à présent, en Forez, d’autre cloche remontant au deuxième tiers du XVe siècle. Celle-ci serait donc l’aînée des cloches de la province.

Elle a pour compagne dans le clocher de Clépé une cloche notablement plus grosse, mais d’une fonte infiniment moins belle, qui mérite à un autre titre de vous être signalée. Elle porte cette inscription :

+ SANCTA TRINITAS VNVS DEVS MISERERE NOBIS SANCTE CLEMENS ORA PRO NOBIS || AVDITVI MEO DABIS GAVDIVM ET LETIAM (sic pour lcetiliam) PARRAIN ALEXANDRE EMMANVEL DE || CASSANHE DE BEAVFORT MARQVIS DE MIRAMON MARRAINE MARIE CHARLOTTE FIACRE || DE MIRAMON ME LOVIS PRIVAT CURE DE St CLEMENT 1752

I Bt SOYER FONDEVR

Sur une des faces, Christ en croix avec la Vierge au pied, entre deux fleurs de lys ; sur l’autre, pape bénissant (saint Clément) aussi entre deux fleurs de lys.

Sur le mouton : 1806 THERY M’A RÉPARÉ. – CURA GARDON PASTOR ET
GABRIEL MARGUILLER.

Le nom de Saint-Clément qu’on lit sur cette cloche fait voir qu’elle n’a pas été fondue pour l’église de Clépé dont le patron ancien est saint Martin, remplacé aujourd’hui par Notre-Dame. De plus, aucun des autres noms qui figurent dans le texte n’est du pays, ni même forézien. Celui des Cassanhe de Beaufort, marquis de Miramon, est au contraire fort connu dans la Haute-Auvergne, où ils étaient possessionnés aux environs de Saint-Clément, canton de Vic-sur-Cère (Cantal). Il y avait donc lieu de penser que la cloche en provenait, quelque étonnant qu’il fût de la retrouver aussi loin de son pays d’origine. J’ai tenu à en avoir le coeur net et ai écrit à M. l’abbé Vala, curé de Saint-Clément, qui a bien voulu m’apprendre qu’en effet son prédécesseur en 1752 était messire Louis Privat, docteur en théologie, et qu’Alexandre Emmanuel de Cassanhe de Beaufort, marquis de Miramon, était à la même époque propriétaire à Saint-Clément, bienfaiteur de son église et très probablement donateur de la cloche dont il s’agit, enlevée avec deux autres du clocher pendant la Révolution.

Comment est-elle venue prendre place dans celui de Clépé au lieu d’être convertie en canons ou en gros sous? C’est sur quoi ni M. l’abbé Vala, ni M. l’abbé Gay, curé de Clépé, n’ont pu me donner aucun éclaircissement.

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