BD, Tome V, Compte d’un voyage fait de Saint-Bonnet-le-Château à Paris en 1728 et 1729 par l’abbé Benoit Dumas. – Communication de M. l’abbé Langlois., pages 238 à 243, La Diana, 1890.

 

Compte d’un voyage fait de Saint-Bonnet-le-Château à Paris en 1728 et 1729 par l’abbé Benoit Dumas. – Communication de M. l’abbé Langlois.

 

M. Vincent Durand au nom de M. l’abbé Langlois, archiprêtre de Saint-Bonnet-le-Château, met sous les yeux de la Société le compte d’un voyage fait à Paris en 1728 et 1729 par l’abbé Benoît Dumas, prêtre de Saint-Bonnet, voici à quelle occasion :

Jean Michel, écuyer, conseiller secrétaire du Roi, maison et couronne de France et de ses finances, résidant à Saint-Bonnet où il est mort le 30 janvier 1715, avait épousé (contrat du 7 janvier 1657) Claudine Veyrier de May qui mourut, aussi à Saint-Bonnet, le 9 avril 1717. De ce mariage étaient issus six enfants : 1° Anne-Marie, baptisée le 4 février 1658, épouse en premières noces de N. Dumas, dont elle eut un fils, Benoît Dumas, prêtre et sociétaire de l’église de Saint-Bonnet, et en secondes noces de Pierre Violier, receveur des traites au bureau de Moind ; 2° Pierre, marié (contrat du 16 septembre 1692, au Puy) à MarieAntoinette Barry de Bayet d’Enderouse, décédé le 12 octobre 1701, laissant trois fils: Jean-François, écuyer, sieur de la Brosse, demeurant ordinairement à Saint-Bonnet, autre Jean-François, sieur de Valeille, confrère de l’Oratoire, demeurant à Montbrison, et Pierre, écuyer, sieur du Lac; 3° Bonnet-François, écuyer, sieur des Fourneaux, conseiller du Roi et commissaire d’une compagnie de ses gardes à Paris; 4° Jean-François, sieur de la Brosse, écuyer, conseiller du Roi, receveur général des domaines et bois de Blois, mort le 12 mai 1709, ne laissant qu’un fils, Louis-Paul Michel de la Brosse, de son mariage (contrat du 5 décembre 1704, à Paris) avec Anne-Elisabeth de Gruel de la. Frette qui convola en secondes noces avec très haut et puissant seigneur Armand Nompar de Caumont, duc de la Force, pair de France ; 5° Benoît; 6° Jean-Baptiste.

Louis-Paul Michel de la Brosse mourut jeune, le 17 octobre 1709, et Jean Michel et Claudine Veyrier, ses grand-père et grand-mère paternels, furent appelés à son hérédité qu’ils cédèrent contre une pension viagère à Bonnet-François, leur deuxième fils. Mais auparavant Jean Michel donna, sur sa part en la succession, 4000 livres à Marie-Anne sa fille aînée, mère de l’abbé Dumas.

C’est pour retirer cette somme et des arrérages de pension des mains du sieur des Fourneaux et de la duchesse de la Force, que l’abbé Dumas fut envoyé à Paris par sa mère, et il lui rendit compte de son voyage comme il suit :

VOYAGE DE PARIS FAIT PAR LE Sr DUMAS, PRESTRE DE SAINT-BONNET-LE-CHATEAU EN FOREZ, PAR ORDRE DE MADelle VIOLIER SA MÈRE.
Le 10e juillet 1728. Parti dud. Saint-Bonnet, disner à Montbrison et coucher à Saint-Germain Laval.
Le 11e. Disner à Lantini (1) et coucher à Roüane.
Le 12e. Couchée à Igrande (2).
Le 13e. Disner à Digoin, couchée à la Bource (3).
Le 14e. Disner à Cefont (4), passer à Fourneau (5) (bon vin). La couchée au Chambon (6).

_______________

(1) Lentigny (Loire).

(2) Iguerande (Saône-et-Loire).

(3) La Bourse, commune de Perrigny (Saône et Loire).

(4) Septfonts, commune de Diou (Allier).

(5) Le Fourneau, commune de Bourbon-Lancy (Saône-etLoire).

(6) Le Chambon, commune de Trizy (Saône-et-Loire).

_______________

Le 15e. [Disner?] à Deciz (1), la couchée au Port des Bois, paroisse de Ouin (2).
Le 16e.La disnée à Nevers, et la couchée à la Charité.
Le 17e.Le disner à Sancerre, passé à Cosne et couché à Neuvi (3).
Le 18e.Disner à Osson (4), couchée à Ozoüel (5).
Le 19e. Passé à Sulli (6), disner à Château-Neuf (7) et coucher à Orléans, où coucher 2 nuits.
Le 21e. Disner à (8) et couché à Etampes.
Le 22e. Disné à Chastres (9), arresté un moment à Antoni (10) et coucher à Paris jusqu’au 30e mars 1729.
RETOUR DE PARIS A CHEVAL.
Le 30e mars 1729, arresté pour boire à Ris (11) et couché à Essone (12).
Le 31e. Disner à Fontainebleau, et couché à Nemours.
Le 1er avril. Le disner à Montargis, et la couchée à Nogent (13).
Le 2e. Le disner à Briare, et la couchée à Neuvy (14).

_______________

(1) Decize (Nièvre).

(2) Le Port des Bois, commune de Saint-Oaen (Nièvre).

(3) Neuvy (Nièvre).

(4) Ousson (Loiret).

(5) Ouzouer-sur-Loire (Loiret).

(6) Sully (Loiret)

(7) Châteauneuf (Loiret).

(8) Probablement à Toury (Eure-et-Loir).

(9) Aujourd’hui Arpajon, nom qui a remplacé celui de Chastres à la suite de l’érection de ce lieu en marquisat, l’an 1720, en faveur d’une famille originaire d’Arpaghon dans la Haute-Auvergne.

(10) Antony (Seine).

(11) Ris (Seine-et-Oise).

(12) Essonnes (Seine-et-Oise).

(13) Nogent-sur-Vernisson (Loiret).

(14) Neuvy (Nièvre).

_______________

Le 3e. Le disner à Cosne, et la couchée à la Charité.
Le 4e. Le disner à Nevers, et la couchée à Saint-Pierre-leMoustier (1).
Le 5e. Le disner à Villeneuve (2), et la couchée à Moulins (sejour).
Le 7°. Le disner à Saint-Loup (3), et la couchée à Saint-Geran. ou Saint-Germain (4).
Le 8e. Le disner à Saint-Martin (5) et la couchée à Saint-Haon (6).
Le 9°, Le disner à Saint-Germain-Laval et la couchée à Moind.
Le 10e. Le disner à Saint-Jean-de-Soleymieux et enfin la couchée à Saint-Bonnet-le-Château.
ESTAT DE CE QUE LE Sr DUMAS, PRESTRE DE SAINT-BONNET, A DEPENCÉ AU VOYAGE DE PARIS OU IL EST ALLÉ PAR ORDRE DE MADelle VIOLIER SA MÈRE.
Les 2 3°, 4°, et 5° juillet 1728. Depencé au voyage de Lion fait à l’occasion de celuy de Paris
15l 12s 6d

Plus, aud. Lion pour un Exeat
3
Le 6e. Donné pour le controolle et papier de deux procurations
1 12

Le 7e. Donné à M. de Montorcier (7) pour avoir
 
A reporter
20l l 4s 6d

_______________

(1) Saint-Pierre-le-Moutier (Nièvre).

(2) Villeneuve (Allier)

(3) Saint-Loup (Allier).

(4) L’abbé Dumas hésite ici sur le nom du lieu où il a couché, qu’il n’avait probablement pas noté le jour même. La suite fait voir qu’il s’agit de Saint-Géran-le-Puy (Allier), ce qui était bien sa route pour aller le lendemain à Saint-Martin d’Estreaux et Saint-Haon.

(5) Saint-Martin d’Estreaux (Loire)

(6) Saint-Haon-le-Châtel (Loire).
(7) Raymond Boyer de Montorcier, conseiller du roi au bailliage de Forez.

_______________

Report
20l
4s
6d
dressé lesd. procurations et autres ecritures
3
 
 
Les 10e et 11e. Depencé depuis Saint-Bonnet jusqu’à l’embarquement sur la Loire à Roanne
(y compris 15 l pour la cabane)
25
8
3
Le 12e et suivants, depuis Roanne jusqu’à Orleans depencé pour nourriture ou couchées
pendant 8 jours
20
8
9
Les 21 et 22e. Depuis Orleans jusqu’à Paris pour le carrosse
12
 
 
Pour nourriture
10
16
3
Le 23e mars 1729, acheté à Paris une jument blanche pour le retour
110
 
 
Etraines pour lad. jument.
1
16
 
Le 26e. Acheté une selle et une bride
17
 
 
Led. Donné à une femme pour porter à l’écurie lesd. bride et selle
 
5
 
Le 30e. Donné pour nourriture de lad. jument pendant sept jours
10
10
 
Led. Donné au valet d’ecurie 15s, pour un fer 15s, pour un fouet 12s, un eperon 8s. Total
2
10
 
Depuis le 23e juillet 1728, jusqu’au 30e mars 1729, ce qui fait 252 jours,
de sejour dans Paris, depencé pour nourriture, chambre, bois, chandelles, blanchissage
et autres choses absolument nécessaires
466
17
6
Led. 30 mars 1729 et suivants jusques au 10e avril, depencé au retour de lad. ville de
Paris
57
18
6

Plus, pendant led. retour, pour racommoder la selle de la jument, ou pour des fers
en divers lieux
3
5
9
Total de la depence faitte au susd. voyage en allant, pendant le sejour, et au retour
762l
0s
6d


Nota que dans le susd. compte il n’y a pas pour un sol d’emplettes, lesquelles led sr Dumas a fait en particulier à ses frais.

.J’ay leu, essaminé et treuvé juste le conte cy-dessus et de l’autre part. A Saint-Bonnet, ce dise huit avril mille cept cent vinte neuf.

MICHEL veüe VIOLIER.

M. Vincent Durand dit qu’il est curieux de mettre en regard le total des frais de route proprement dits de l’abbé Dumas, de Saint -Bonnet à Paris, et ce que le même voyage coûterait aujourd’hui. Ces frais se sont élevés à 68′ 13s 3d pour l’aller, en 13 jours, par la Loire et le carrosse, et à 73′ 4s 3d pour le retour à cheval en 12 jours. C’est à peu près 70′ chaque fois.

Le même trajet fait en chemin de fer et en première classe s’accomplirait en un jour et coûterait 641 15, soit, en comptant les repas pris en route, environ la même somme nominale qu’en 1728. Il est à peine besoin de dire que cette égalité n’est qu’apparente, la valeur de l’argent ayant depuis cette époque diminué, comme l’on sait, dans une forte proportion.

X