BD, Tome V, Inscriptions campanaires de Bard et de Chandieu.- Communication de M. Rochigneux., pages 344 à 348, La Diana, 1890.

 

Inscriptions campanaires de Bard et de Chandieu. – Communication de M. Rochigneux.

 

M. Rochigneux s’exprime ainsi :

Le Bulletin de la Diana, tomes I, II et III, renferme quelques inscriptions de cloches fondues par les Mosnier, de Viverols, ou attribuées à ces fondeurs. Voici la description d’une autre cloche signée de ce nom ; elle pourra aider à déterminer par voie d’analogie, celles anonymes pouvant appartenir à la même famille d’artistes.

Il s’agit de la maîtresse cloche de Bard, dont M. Brassart a bien voulu m’aider à relever l’inscription.

1re ligne en grandes capitales : (Croix pattée) SIT (rinceau renaissance) NOMEN (fleur de lys) DOMINI (étoile à huit rais) IESV (étoile) BENEDICTV (fleur de lys) ET (mascaron entre deux cornes d’abondance) LIBERET (étoile) NOS (fleur de lys) A (étoile) FVLGVRE (rinceau et croix pattée) Il 2e ligne: (rinceau) GELV (rinceau) ET (étoile) TEMPESTATE (rose) 1647 (rose) REGNANT (rinceau) LOVIS (rinceau) XIIII mascaron et cornes d’abondance) Mre (rinceau) ANTHOINE (rinceau) BRVNEL (rinceau) CVRE (rinceau). (1). A la troisième ligne, sont distribués douze cartouches historiés rangés deux et un ; en voici le détail : Saint Michel terrassant le dragon; – Sainte Catherine, Sainte Barbe, avec leurs attributs; – Annonciation ; Vierge-mère debout; – Saint Jean l’évangéliste; – monogramme du Christ avec les trois clous, dans une gloire ovale ; – pape; – Saint Jacques le Majeur ; – Saint évêque bénissant; – Saint Jean-Baptiste tenant l’agneau dans une auréole ; – et enfin Saint Antoine avec son compagnon et le tau.

Un petit nombre de ces cartouches sont bien venus. La plupart des matrices sont d’une bonne exécution et appartiennent à la dernière période ogivale ; les autres, d’un travail médiocre, paraissent dater du commencement du XVIIe siècle.

4e ligne: MSRE LAVRENS TALARV CHALMAZEL COMTE DE LION ET PRIEVR DE BARD PARRIN (lion ailé de Saint Marc) (2) ET D (pour dame) ANTHOINETTE GEROFFIER (3) FEMME A ME ANDRE DE Il 5e ligne : LA PIERRE DE ST HILAIRE ADVOCAT (blanc) EZ COVRS DE MONTBRIZON MARRAINE L’AN 1647 (croix pattée couchée avec pied et degrés, entre deux fleurs de lys penchées) PARDON MOSNYER DE VIVEROLX MA FAICT (lion de Saint Marc) (4).

_______________

(1) Les noms et titres de personnages sont en petites capitales
(2) Laurent de Talaru-Chalmazel, chanoine et comte de Lyon, était fils de Christophe, baron d’Écotay, seigneurie dont relevait la paroisse de Bard.

(3) Elle était fille d’Antoine Géroffier, « enquesteur examinateur au bailliage de Forez, à présent demeurant au village de Celles, paroisse de Bard, au subjet de la malladie contagieuse dont a plû à Dieu affliger la ville de Montbrison, et de dame Magdaleyne Chirat, » dit le testament de cette dernière, reçu Simon, notaire royal, le 6 février 1630). ( Archives de la Diana).
On voit encore dans le village de Celle l’habitation des Géroffier, qui échut plus tard aux La Pierre de Saint-Hilaire. Cette maison et sa chapelle à demi-ruinées sont intéresssantes à visiter. On distingue, encastré au-dessus de la porte d’entrée, un cartouche découpé et blasonné d’un chevron accompagné de trois trèfles ou quintefeuilles au chef chargé de trois croisettes ou roses, Cet écusson, daté de 1627, est probablement celui des Géroffier.
(4) Jusqu’à la date, chaque mot est séparé par un ornement en forme d’S ponctué au milieu ; deux points séparent tous les mots dans le reste de la ligne.

_______________

Au dessous sont deux croix fleurdelysées, à branches égales ; la plus grande porte au centre le monogramme gothique du Christ. Elles alternent avec deux cartouches Renaissance ; l’un est chargé des armes et de la couronne de France, avec le collier de Saint-Michel, l’autre, découpé et relevé de figures humaines, encadre un médaillon monogramme semblable à celui de la troisième ligne.

Cette cloche, décorée vers sa base d’une guirlande de fleurs de lys, a ses anses de suspension travaillées en forme de figures grimaçantes. Elle mesure 1 mètre 10 de hauteur sur 1 mètre 30 de diamètre et donne la note mi.

J’ai vu aussi dans le clocher qui surmonte le porche de Chandieu une très petite cloche (0m 38 de hauteur sur 0m 44 de diamètre ; poids 50 kil.) qui paraît provenir du même atelier que la maîtresse cloche de Bard, mais appartient à une meilleure époque. Son bronze, sa forme et son ornementation rappellent, toutes proportions gardées, la cloche Sauveterre de Notre-Dame de Montbrison, que l’on croit également l’oeuvre des Mosnier.

Elle porte sur le vase supérieur, disposés sur une seule ligne, les ornements suivants: une croix pattée (1), les mots TE DEUM LAUDAMUS, un rinceau formé d’une branche de vigne feuillée et fruitée, quatre fleurs crucifères reliées par un motif filiforme, un dauphin, une coquille, une hermine, et enfin, TE DOMINON CONFITEMUR FAIT LAN MIL V L VII, en gothique serrée.

_______________

(1) D’après les remarques de M. Brassart, la croix pattée est une des figures qui distinguent, dans notre pays, les oeuvres des Mosnier de celles d’autres fondeurs. Nous croyons pouvoir y joindre le lion de saint Marc.

_______________

Elle n’offre que deux cartouches gothiques d’une bonne exécution et fort bien venus d’ailleurs : l’un représente une Vierge couronnée à mi-corps, portant l’Enfant Jésus ; l’autre, Saint Jean-Baptiste tenant un agneau auréolé.

Je saisis cette occasion de donner aussi l’inscription de la maîtresse cloche de Chandieu, bien qu’elle n’ait aucun rapport avec celles des Mosnier et ne présente à mon avis qu’un faible intérêt artistique :

JESUS MARIE JOSEPH SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM L’AN 1727 J’AI ETE BENIE AVEC NOM DE SAINT SEBASTIEN, PATRON DE CETTE EGLISE PAR MRE JEAN DE MONTMAIN CURE ASSISTE DE MRS GEORGES DE LA COTE, BERNARDIN DE LA MURE, ECUYER, ET ETIENNE PASSEL PRETRE, CLAUDE LAFFAY.

PER MERITA ET INTERCESSIONEM BLœ MARIAE VIRGINIS S » SEBASTIANI ET OMNIUM SANCTORUM A GELU FULGURE GRANDINE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE. MRE CLAUDE FYOT DE VAUGIMOIS, DOCTEUR DE SORBONNE, ABBÉ DE N.-D. DU TRONCHET SUPERIEUR DU SEMINAIRE DE LYON ET EN CETTE QUALITE PRIEUR ET SEIGNEUR DE CHANDIEU (1).

_______________

(1) Je dois communication du texte de cette inscription à l’obligeance de notre zélé collègue M. l’abbé Marsanne, curé de Chandieu.

_______________

Grande croix et degrés semés de fleur de lys : à l’opposé 3 médaillons ovales accouplés et ornés de figures; sur les côtés, personnages dans deux médaillons rectangulaires.

Sur le pourtour: C. BONBON F. L. COCHOIS F. I.L.F. I.E.IEANNY F. C. PROCUREUR F.

Et au bas ces mots : I AVONS ETE FAITE CY-DEVANT EN 1678.

Cette cloche mesure 1 mètre 39 de diamètre sur 1 mètre 11 de hauteur ; elle donne un fort beau son et passe pour peser 6000 livres.