BD, Tome V, Jean et André Desbruns, sculpteurs et peintres à Montbrison. – Communication de M. J. Déchelette., pages 99 à 101, La Diana, 1889.

 

Jean et André Desbruns, sculpteurs et peintres à Montbrison. – Communication de M. J. Déchelette.

 

M. Monery, au nom de M. Déchelette, communique la note suivante:

Dans la dernière réunion de la Diana, M. le lieutenant Jannesson a de nouveau appelé l’attention de nos confrères sur un artiste forézien nommé Desbrun, appartenant à une famille de peintres et de sculpteurs fixée à Montbrison, qui nous était dejà connue, gràce à M. Gonnard.
La communication de M. Jannesson me porte à signaler en quelques mots une oeuvre d’un artiste de ce même nom, conservée dans l’église de Souternon : c’est une peinture ornant le grand rétable du maître-autel, signée DES BRVNS PINXIT 1759. Son auteur est sans doute Jean des Bruns ou Desbrun, peintre, sculpteur et doreur à Montbrison en 1760, cité par M. Gonnard. ou encore André des Bruns le jeune, qui vivait à Montbrison vers 1775, et se trouve mentionné dans un registre audiencier du bailliage du Forez, aux archives de la Loire : “ Procès à la requête d’André des Bruns, peintre et sculpteur à Montbrison, contre Louis Deville, cabaretier à St-Galmier, pour peinture d’une enseigne en lettres d’or à l’église de SaintVincent. » (1)

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(1) Invent. des archives de la Loire, tome 1er, série B. 82, page 15.

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Cette toile, cintrée par le haut, mesure 2m 15 de hauteur sur 1m 65 de largeur ; elle représente le Baptême du Christ. Jésus, descendu dans le Jourdain, reçoit l’eau baptismale versée par saint Jean ; des anges soutiennent le manteau dont le Christ s’est dépouillé ; au dessus du groupe plane la colombe divine dans une gloire d’anges. L’ouvrage est, à dire vrai, d’une exécution médiocre : le coloris manque d’éclat et de chaleur ; quant au dessin des figures, il dénote une main très familiarisée avec l’étude du nu. En examinant les anciens tableaux d’autel de nos églises, il est facile de reconnaître que pour les oeuvres de décoration religieuse, les artistes du XVIIIe siècle sont bien inférieurs à leurs prédécesseurs immédiats. La supériorité de nos peintres provinciaux du XVIIe siècle eut certainement pour cause l’heureuse influence exercée par Le Brun. C’est en l’imitant que de modestes artistes parvinrent à communiquer à des oeuvres même médiocres un caractère de grandeur et de noblesse qui suffit souvent à dissimuler bien des défauts. Les contemporains de Jean et d’André des Bruns oublièrent trop vite cette saine tradition et leurs tableaux d’autel sont en général peu estimables.
Jean et André étant tout à la fois peintres, sculpteurs et doreurs, se chargeaient sans doute de l’exécution complète des rétables d’églises, mais celui de Souternon passe pour avoir été donné à cette paroisse par le P. La Chaize ; si cette tradition est fondée, l’ouvrage de menuiserie serait un peu plus ancien que la toile de l’entre-oolonnement.
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