BD, Tome V, Les prébendes dans l’archidiocèse de Lyon. – Etat des prébendes de l’église collégiale de NotreDame d’Espérance de Montbrison en 1760. – Communication de M. l’abbé Prajoux., pages 246 à 256, La Diana, 1890.

 

Les prébendes dans l’archidiocèse de Lyon. – Etat des prébendes de l’église collégiale de NotreDame d’Espérance de Montbrison en 1760. – Communication de M. l’abbé Prajoux.

M. Eleuthère Brassart, au nom de M. l’abbé Prajoux, fait à la Société la communication suivante :

« Dans les premiers siècles de l’Église, les prêtres menaient la vie commune dans les villes, dont ils ne s’écartaient guère ; ils formaient comme un collège et vivaient en commun dans le presbyterium (2).

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(2) L’Abbé Sicard publie actuellement dans le Correspondant une étude remarquable sur les curés avant 1789. (Correspondant des 10 et 25 février 1890).

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Ce ne fut que beaucoup plus tard, vers le Ve siècle, qu’ils commencèrent à se répandre dans les campagnes et à se fixer dans les villas pour y faire le service religieux (1). Ces villas, qui comprenaient une vaste étendue de terre, possession d’un seul propriétaire, formaient de véritables villages, et on a dit très bien que l’église paroissiale dérivait très souvent de la chapelle privée d’un grand propriétaire (2). Tant que la villa, ou domaine rural, demeura au pouvoir d’un seul, le prêtre chargé d’en desservir la chapelle fut à sa charge. Plus tard, lorsqu’il dut ajouter aux frais du culte ceux nécessités par l’entretien d’une école presbytérale (3), il fit appel à la générosité des habitants de la villa et reçut des dons en nature qui, dans la suite, devinrent la dîme.

Lorsque la villa eut fait place au village, il fallut aviser à l’entretien du prêtre ; on donna alors une redevance convenue pour subvenir à ses besoins. Cette redevance est la première prébende, car le mot prébende signifie, dans son acception la plus générale, une portion de biens assignée à un ecclésiastique à la charge par lui de remplir certaines fonctions (4).

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(1) Longnon, Géographie de la Gaule.
(2) Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l’ancienne France. La monarchie franque, 1888, p. 518-519.
(3) Presque tous les conciles des VIle et VIIIe siècles (Vaison, Agde, Tours, Châlons, etc…) ordonnent aux prétres des bourgs d’élever de jeunes clercs dans leur maison et de leur apprendre le Psautier et les Saintes Écritures. – Correspondant du 10 février 1890, p. 392, note 3.
(4) Sur les Prébendes en général on peut consulter Durand de Maillane, Dictionnaire de droit canonique, tome IV, mot Prébende (Lyon, chez Joseph Duplain, rue Buisson, 1776) ; le Dictionnaire de droit canonique de l’Encyclopédie théologique de Migne, passim; et surtout un volume devenu fort rare et qui a pour titre : Traité des matières bénéficiales, dixmales et décimales où est contenu le privilège des ecclésiastiques, l’ordre des résignations, droits de patronage de l’Eglise, des dismes grosses, verdes et menues, etc., par A. Forget, avocat, (Rouen, chez An. thoine Ferrand, aux degrés du Palais, 1653).

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Le mot prébende ne tarda pas cependant à se généraliser et à changer de signification : c’est ainsi que par extension, on comprit bientôt sous ce nom toutes les fondations ecclésiastiques et, plus particulièrement, les commissions de messes établies dans une église moyennant un revenu annuel et fixe. Ce sens parait avoir été le seul connu et accepté dans le diocèse de Lyon (1).

Le fondateur d’une prébende jouissait du droit de désigner le prêtre qui devait en acquitter le service et toucher les revenus de sa fondation. Or ce droit, il pouvait à son gré en user et alors, outre le titre de fondateur, il avait aussi celui de patron ou collateur ; ou bien le déléguer à un membre de sa famille, un étranger ou une personne morale, qui portait alors le titre de collateur.

Le clerc ou le prêtre nommé par le collateur était appelé titulaire; s’il acquittait lui-même et personnellement le service, il était désigné aussi sous le nom de prébendier, sinon ce titre appartenait à celui auquel il abandonnait ce soin moyennant une légère redevance.

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(1) En 1352, Alix de la Perrière dame de St-Haon et de Roanne, fonde à l’autel de Saint-Clair, dans le prieuré de Beaulieu en Roannais, une prébende ou commission de messes. (La Mure, Le dévot prieuré de Reaulieu en Roannais).
Au XVIIIe siècle, François du Bourg, bourgeois de Roanne, fonde dans l’église de Villerais (sic), sous le vocable de NotreDame de la Pitié, une prébende ou commission de messes.
Jean Bayot, demeurant au lieu de Renaison, fonde dans l’église dudit lieu une prébende de messes et, pour le revenu, laisse une vigne et une maison sise au bourg de Renaison le tout d’un revenu annuel d’environ 80 livres; il nomme pour prébendier le sieur Beauchant, curé de Saint-Rirand. (Acte de 1737). – Nous citons ces fondations uniquement à titre d’exemple : les actes analogues peuvent être citées par centaines.

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Cette faculté qu’avait le titulaire de pouvoir déléguer, en quelque sorte au moins offrant, le soin d’acquitter le service dont il touchait payement, fut cause d’une foule d’abus.

En 1749, Pierre Barrieu, titulaire de la prébende des Maniliers ou Magniliers, fondée à Notre-Dame de Montbrison, dans la chapelle appelée des Paparins, sous le vocable de Tous les Saints, et dont était collateur le chapitre de Montbrison, déclare que les collateurs touchent la meilleure partie des revenus de sa prébende; c’est pourquoi il leur laisse le soin de faire acquitter le service, s lequel il ne sait même en quoi il consiste, de même que de toutes les autres prébendes qu’il possède ».

Cette déclaration de Me Pierre Barrieu et l’indifférence avec laquelle il déclare ignorer quel est le service requis nous montrent assez combien d’abus s’étaient introduits dans le fonctionnement des fondations. Dès le XVIIB siècle, la sollicitude des archevêques et évêques de France avait été appelée sur ce point parles Papes, et on voit dans les visites pastorales de Mgr de Marquemont, qu’il ne manquait jamais de s’enquérir auprès des curés comment étaient acquittées les fondations faites dans leur église. Ses successeurs suivirent son exemple, et en 1760 Mgr de Montazet, désireux de régulariser le service des prébendes, réclama des curés et desservants de son diocèse un état des fondations, dont un petit nombre seulement sont parvenus jusqu’à nous.

Nous avons été assez heureux pour découvrir la déclaration faite à cette occasion, au mois d’août 1760, par le doyen et les chanoines de l’église collégiale de Notre-Dame d’Espérance. Cet état renferme le nom des collateurs et prébendiers, avec l’indication en livres du revenu de chacune des prébendes (1). »

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(1) Dom Renon, dans son étude sur la collégiale de Montbrison, a déjà publié une liste à peu près complète des fondations dont le service se faisait dans cette église.

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ÉTAT DES PRÉBENDES DE L’ÉGLISE COLLÉGIALE NOTRE-DAME D’ESPÉRANCE.

Il y a cinq prébendes royales à résidence, elles sont dites royales. Collateur, le Roi. Les prébendiers ou titulaires sont pour la Oie le sr Punctis de Cindrieux ; pour la 2e le sr d’Origny ; pour la 3e le Sr Jacquemont ; pour la 4e le s• Dumas; pour la 5e le sr Bourg. Le revenu de chacune desdites. prébendes se monte à ………. 127l 12s

Prébendes livrées à résidence

Prébende dite de Pierre Albert. Collateur Laurent Charles de Gayardon, titulaire ou prébendier le sieur François Bongran depuis 1747.

 

Le revenu est de

180

Prébende dite de Crusillat [Crusilia], dont est colla teur le sr Punctis de la Tour, titulaire ou prébendier M. Punctis, chanoine, depuis 1746.

 

Le revenu est de

60

Prébende dite de Jean du Poyet. Collateur le Chapitre dudit Notre-Dame, prébendier M. de Chantelauze.

 

Le revenu est de

162

Prébende dite de Pierre du Vernet, sous le vocable de Sainte Madeleine. Collateur ledit chapitre, prébendier Pierre Bernard depuis 1759.

 

Le revenu est de

130

Prébende dite d’André Gayet. Collateur le Chapitre de Notre-Dame, prébendier Joseph Bouchet depuis 1759.

 

Le revenu est de

118

Prébende de Valentine Manillier (1). Collateur le Chapitre de Notre-Dame, prébendier Pierre Barrieu depuis 1710.

 

Le revenu est de

141

Prébende dite de Marescally [Mar•escalci]. Collateur le Chapitre de Notre-Dame, prébendier Claude Rose.

 

Le revenu est de

282

Prébende dite de la Garde. Collateur le sr Durand Puy, prébendier le sr Esprit-Thomas Chabrenat depuis 1754.

 

Le revenu est de

80

Prébende dite de Fulcher Guerric. Collateur M. le doyen, prébendier le sieur Puy, chanoine. [Fut] récemment nommé le sr Melchior Thomas.

 

Le revenu est de

70

Prébende dite de Germanieux. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Rival de la Thuillière depuis 1756.

 

Le revenu est de

56

Prébende dite de Geoffroy de Messillieux. Collateur le Chapitre, prébendier le Sr Pierre Barrieux depuis 1710.

 

Le revenu est de

87

Prébende dite de Giraud Renaud. Collateur le Chapitre, prébendier le sieur Pierre Barrieux.

 

Le revenu est de

5

Prébende dite de Guyonnet de Randans. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Rival de la Thuillière.

 

Le revenu est de

30

Prébende dite de Mathieu Guyonnet. Collateur M. d’Albon seigneur de Greysieux, prébendier M. Puy, chanoine.

 

Le revenu est de

120

Prébende dite de Joelly. Collateur lo Chapitre, prébendier M.. Jacquemont.

 

Le revenu est de

5

Prébende dite de Jacques Manillier. Collateur Marie Aymard, prébendier le sr Rival de la Thuillière.

 

Le revenu est de

140

Prébende dite de Pierre Marsillieux. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Chantelauze.

 

Le revenu est de

10

Prébende de Saint-Mathieu. Collateur M. dela Mure, prébendier le sr de la Mure.

 

Le revenu est de

300

Prébende de Michaud dit Pramol. Collateur le sr Léonard Gravier, prébendier Potot, chanoine de Forvières, depuis 1753.

 

Le revenu est de

110

Prébende dite la première d’Artaud Payen. Collateur M. Grange Lamberton, prébendier le sr Jacques Verdier.

 

Le revenu est de

218

Prébende dite la deuxième d’Artaud Payen. Collateur M. Grange Lamberton, prébendier le Sr Claude Marie Gaudin depuis 1754.

 

Le revenu est de

230

Prébende dite de Jean Payen. Collateur le sr Grange Lamberton, prébendier le sr Blettery, curé de la Chaux, depuis 1725.

 

Le revenu est de

60

Prébende dite de Pierre de Sala. Collateur M. Jacques-Antoine de Romans, prébendier le Sr Thinet, curé de St-Romain-le-Puy.

 

Le revenu est de

130

Prébendes mi livrées, à résidence

Prébende dite de Jean Manillier. Collateur (manque), prébendier le sr Bouchet, clerc.

 

Le revenu est de

55

Prébende dite de Jeanne [de] Montfort. Collateur (manque), prébendier le sr Jacquemont.

 

Le revenu est de

36

Prébende dite de Guillaume de Montverdun. Collateur le Chapitre, prébendier le Sr Bongrand.

 

Le revenu est de

33

Prébende dite de Pierre de Montverdun. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Verdier.

 

Le revenu est de

15

Prébende dite do Jean Ogier. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Melchior Dumas depuis 1719.

 

Le revenu est de

20

Prébende dite de Germaine Perrain. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Barrieux.

 

Le revenu est de

43

Prébende dite d’Antoine Picard. Collateur le si Durand Puy, prébendier le sr Bourboulon, curé de Joux.

 

Le revenu est de

40

Prébende dite de Thomas Calmy. Collateur le Chapitre, prébendier Melchior Dumas depuis 1754.

 

Le revenu est de

80

Prébende dite de Carcavel du Merle. Collateur (manque), prébendier (id.), revenu (id).

Prébende dite d’Henry de Chambéon. Collateur le doyen du Chapitre, prébendier le sr F avre de Saint-Bonnet.

 

Le revenu est de

120

Prébende dite de Cremeaux. Collateur la veuve de Louis-César de Cremeaux, prébendier le Sr Ant. Trecourt depuis 1743.

 

Le revenu est de

40

Prébende dite de Crepelly. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Grandon.

 

Le revenu est de

50

Prébende dite de Barthélemy du Vernet. Collateur (manque), prébendier le sr Grandon.

 

Le revenu est de

2

Prébende dite de Renaud de Langes. Collateur le Chapitre de Montbrison, prébendier le sr Bonnefoy.

 

Le revenu est de

60

Prébende dite des Rogations. Collateur M. le doyen du Chapitre, prébendier le sr Lafond depuis 1756.

 

Le revenu est de

311

Prébendes simples

Les trois prébendes dites d’Alby. Collateur (manque), prébendier le sr Grandon.

 

Le revenu est de

40

Prébende dite de Sainte-Anne. Collateur le Chapitre de Notre-Dame, prébendier J.-Baptiste Punctis depuis 1750.

 

Le revenu est de

30

Prébende dite de Saint-Aubrin. Collateur Dlle Gay, prébendier Besset, curé de Cusieu.

 

Le revenu est de

10

Prébende dite de Bellion et d’Antragues. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Chantelauze.

 

Le revenu est de

34

Prébende dite de Bollier ou Taillefer. Collateur (manque), prebendier (id.), revenu (id.).

Prébende dite de Thomas Bonjour. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Jacquemont.

 

Le revenu est de

26

Prébende dite de Thomas Boëty. Collateur le Cha. pitre, prébendier le sieur Punctis de Cindrieux.

 

Le revenu est de

140

Prébende dite de Bonnevat [Bonneval]. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Arnaud, curé de Grandris, depuis 1713.

 

Le revenu est de

45

Prébende dite première des Brochely [Brocheti]. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Jacquemont depuis 1738.

 

Le revenu est de

94

Prébende dite deuxième des Brochely [Brocheti]. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Rose depuis 1748.

 

Le revenu est de

94

Prébende dite de Philippe Puy. Collateur le sr Durand Puy, prébendier le sr Grandon.

 

Le revenu est de

12

Prébende dite de Clément Rousset. Collateur le Chapitre, prébendier le sr Chantelauze.

 

Le revenu est de

74

Prébende dite la première de Salvetate. Collateur le Chapitre, prébendier le sr J.-Baptiste Moret.

 

Le revenu est de

95

Prébende dite la deuxième de Salvetate. Collateur le Chapitre, prébendier le sieur J.-Baptiste Moret.

 

Le revenu est de

95

Prébende dite de Mathieu Sapientis. Collateur M. le doyen ou le Chapitre, prébendier M. de la Thuillière.

 

Le revenu est de

47

Prébende de Soleillan ou Dumas. Collateur. Arnaud Armand et Louise Bouteille ou les héritiers Dumas, prébendier le sr Bongrand depuis 1746.

 

Le revenu est de

72

Prébende dite de Tailloux. Collateur (manque), prébendier le sr-Paturet, chanoine, depuis 1741.

 

Le revenu est de

60

Prébende dite de Trollio sous le vocable de SaintDenys. Collateur le Chapitre, prébendier Claude Grandon depuis 1741.

 

Le revenu est de

51

(Archives de l’Archevêché de Lyon).

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(1) La prébende des Magniliers, dont le service se faisait dans la chapelle des Paparins, jouissait de 141 livres de revenu annuel qui se décomposait ainsi :
1° 2 sols 6 deniers par jour, soit 45 livres annuellement.
2° 32 bichets froment à 1 1. 18 sols – 60l, 16s
3° argent et poule – 26
40 une terre de 3 cartonnées – 10
« Exige résidence ».
Déclaration du prébendier Mire Pierre Barrieu au bureau diocésain des décimes. (Archives de l’archevêché et notes particulières).
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