BD, Tome LIV, Une statue veauchoise de Saint Pierre, pages 413 à 416, 1994-1995.

 

UNE STATUE VEAUCHOISE DE SAINT PIERRE

Communication de MM. Roger Briand et Robert Périchon

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Une statue veauchoise de saint Pierre existe ; nous l’avons retrouvée.

Au printemps de 1928, le dianiste Eugène Chazy dépose au musée de la Diana : “Une statue de saint, autrefois dans l’église de Veauche. Bois vermoulu, hauteur actuelle 0,90 mètre”(1). A ce don est associé Marcel Lyonnet, facteur des Postes bien connu des anciens veauchois pour ses facéties (2).

Gravement endommagée par la vermine et par l’humidité, son embase littéralement rongée, la statue léguée sera abandon-née, sans identité. En 1932, Chazy la suppose représenter saint Jacques le Majeur (3). Mieux avisé, Maurice Valla, autre dianiste, l’identifie à saint Pierre (4).

Premier évêque de Rome, premier pape de la Chrétienté, patron de vingt-deux paroisses du département de la Loire, Pierre est l’un des saints les plus représentés de la “légende dorée forézienne”(5). Le chef de file des apôtres “est constamment montré en personnage massif, relativement âgé, à la barbe courte et drue, souvent le crâne tonsuré car, selon un récit apocryphe, il aurait eut les cheveux tondus dans sa prison à Rome”. L’image veauchoise de Pierre ressemble bien à cet archétype. Il est dans la force de l’âge, svelte, drapé dans une tunique étroite, légèrement plissée, tombant jusqu’à terre. Bordé d’un large galon, le col est ras du cou, les manches sont longues et amples. De son bras gauche, il ne reste que la partie de l’élément métallique qui, au niveau de l’épaule, en assurait la fixation. On peut le supposer étendu vers l’avant, brandissant la clé symbole de son pouvoir céleste. Le bras droit est replié au niveau de la taille, il manque la main. Tenait-elle un livre ou un rouleau de parchemin, expression du Nouveau Testament dont l’apôtre est le dépositaire ?

Le Saint-Pierre de Veauche est en noyer. Le bois est raviné, érodé, rongé, tellement abîmé qu’il est bien difficile d’en déceler les détails. Cette importante dégradation est due à l’exposition de la statue, non abritée, sur la façade d’une maison du bourg de Veauche, peut-être celle formant l’angle de la rue Michel Laval avec la place Abbé Blard et qui, au moment de la donation, appartenait à la famille Boiron. Auparavant, elle était à l’intérieur de l’église à une place oubliée. Cette statue pourrait remonter au XVIIème siècle. A l’origine, comme le montrent des traces dorsales, parties protégées des intempéries, elle était polychrome.

Quand et pourquoi a-t-elle quitté l’église, Est-ce à l’époque révolutionnaire qu’un admirateur veauchois, craignant qu’elle soit profanée, sinon brûlée, l’a pieusement enlevée et soigneusement cachée ? Puis, la tourmente passée, oubliée, l’un de ses descendants qui, peut-être, ignorait tout de sa provenance, a-t-il voulu l’honorer et aussi se protéger en la plaçant sur la façade de sa maison ? Ce geste, si respectueux qu’il fût, a été bien néfaste pour la conservation du Saint-Pierre de Veauche!

Au musée de la Diana, à Montbrison, enfin sauvegardée des outrages du temps, la statue veauchoise pourra, à nouveau être livrée à la contemplation, voire à la méditation et à la prière.

Notes
1. Bulletin de la Diana – “Mouvement de la bibliothèque et du musée”, p. 263, 1928, t. XXIII, n° 5.
2. Ainsi, Marcel Lyonnet prit l’initiative de l’édification d’une croix monumentale, la “croix borne”, en ouvrant une souscription publique au long de ses tournées. Et de parier que le “Crucifié” qui l’ornerait serait plus imposant que le bedonnant cafetier qui lui servait quotidiennement à boire…(Propos recueillis par l’un de nous R.B.).
3. La Région illustrée – “Notice historique sur Veauche”, Saint-Etienne, 1932, n°78.
4. Bulletin de la Diana, “Le bras reliquaire de Veauche et le culte de saint Pancrace dans le diocèse de Lyon”, communication de M. Maurice Valla, t. XXXVII, n° 7 p. 223 (20), 1962.
5. Anne Carcel, Robert Bouiller : “La légende dorée forézienne”, musée Alice Taverne, Ambierle, 1994, p. 46-47.
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