RAPPORT CONCERNANT LE MUSEE ARCHEOLOGIQUE DE LA DIANA

Présenté par M. Robert Périchon

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Origine du Musée

Rappel

La création d’un musée lapidaire et d’ “antiques” remonte au siècle dernier. Elle avait été décidée par la Société de la Diana lors de l’assemblée du 2 février 1881, sous la Présidence de M. de Poncins, dans le but de conserver les dépôts de fouilles et autres vestiges découverts en Forez.

Les travaux commencèrent en 1884 et bénéficièrent, de la part du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, d’une subvention de 1000 francs, permettant ainsi les premiers aménagements.

L’inauguration eut lieu le 25 juin 1885, lors de la 52ème session du Congrès de la Société Française d’Archéo-logie.

Après la Seconde Guerre Mondiale, les présentations furent renouvelées par Henri Delporte en 1958, par Robert Périchon et Colette Granjon en 1973 et, en 1992-1993, par une équipe de l’Université de Lyon III et quelques élèves du collège Honoré d’Urfé de Saint-Etienne, sous la direction de Robert Périchon. Cette dernière rénovation a demandé environ 800 heures de travail.

Ainsi depuis sa fondation, la Société de la Diana a recueilli, grâce à ses sociétaires, une importante quantité de vestiges archéologiques, témoins de la richesse et souvent de l’originalité du passé de notre région.

Les Collections

Les périodes les plus anciennes de la Préhistoire, en particulier la Paléolithique, sont rarement représentées, soit que l’homme ait négligé le Forez, soit encore, ce qui est plus probable, que les recherches dans ce domaine aient été insuffisantes… Seuls nous sont parvenus quelques outils du Paléolithique supérieur provenant de la Grotte des Fées de Sail-sous-Couzan et quelques outils épars provenant de la plaine.

En revanche, le musée possède de belles découvertes liées à la présence des premiers cultivateurs de nos régions : les Néolithiques. Pointes de flèches céramiques, poids à pêche, fusaïoles sont les éléments de toute une activité il y a quelque 4000 ans; tout récemment (1992), le musée vient de s’enrichir d’une importante série de vestiges provenant de la fouille d’un habitat de cette époque découvert lors des travaux d’aménagement de l’autoroute Saint-Etienne – Clermont-Ferrand. Quelques dépôts ou trouvailles isolées de l’Age du Bronze, entre 1800 et 1100 av. J.C., figurent également dans les présentations du musée.

La période suivante, l’Age du Fer, que les archéologues divisent en deux grandes séquences : le 1er Age du Fer, de 750 environ, jusque vers 450, et le Deuxième Age du Fer, de 450 jusqu’au début de notre ère, est diversement représentée. En effet, la première période n’a, jusqu’à ce jour, livré que peu de vestiges. La seconde, le Deuxième Age du Fer, est, en revanche, exceptionnellemnt riche, avec des occupations de plaine et de hauteur. Les sites de hauteur, les oppida, sont des forteresses naturelles, renforcées par des remparts. Les oppida ont servi d’habitat, de lieu de culte, de lieu de marché, parfois pour un commerce lointain, de centre d’artisanat. Le musée présente les découvertes effectuées sur deux de ces sites : l’oppidum d’Essalois et celui du Crêt-Châtelard, situés respectivement aux extrémités sud et nord de la plaine du Forez. Le Crêt-Châtelard, étudié au siècle dernier par un érudit forézien, Vincent Durand, vient de faire l’objet d’une analyse récente permettant de présenter les découvertes anciennes sous un aspect original. Ces découvertes et leur présentation constituent d’importants témoins de la vie quotidienne, matérielle et spirituelle d’un peuple gaulois, les Ségusiaves, battant monnaie… et favorable à Rome.

la Conquête de la Gaule par Rome n’a laissé, en ses débuts, que peu de traces; ce n’est que dans la première moitié du 1er siècle de notre ère que la romanisation se fait évidente. Feurs, FORUM SEGUSIAVORUM, devient la capitale de la région. Le bourg actuel de Moingt (AQUAE SEGETAE dans l’Antiquité), petite ville d’eau voisine, considérée par certains comme le “Vichy” des Ségusiaves, a livré thermes, temple, théâtre et habitations dont quelques éléments sont conservés et présentés dans le musée. Des exploitations agricoles nombreuses s’installent dans la plaine, certaines sont importantes et pourraient avoir un caractère princier. Lors de leur abandon, sous les pressions barbares de la fin de l’Empire, les propriétaires ont enfoui quelques richesses… retrouvées au hasard des labours : vaisselle métallique, bijoux… Ce fut le cas à Saint-Sixte et à Chalain d’Uzore, entre plaine et montagne. Ces “trésors” attendent une plus grande mise en valeur.

Quelques vestiges d’époque mérovingienne, sous la forme de sarcophages en pierre, christianisés, bénéficient d’une présentation originale. Quant aux époques suivantes, le Moyen Age et la Renaissance, représentées essentiellement par des éléments lapidaires, elles disposent d’un large panneau montrant chapiteaux, croix et bas-reliefs provenant de divers sites de la région ainsi qu’une série de statues et de panneaux en bois, certains d’origine médiévale, dont la restauration devient nécessaire.

Les projets

A court terme

Nouvelles présentations. L’acquisition de nouvelles vitrines et la “restauration” d’une petite salle voûtée devraient permettre, dans un délai d’une année environ, de présenter les objets métalliques dans une sorte d’écrin… Cette installation ne serait pas définitive. Il a été évoqué, à ce propos la présentation d’objets précieux provenant du trésor de Chalain d’Uzore, actuellement en coffre. Il n’est pas possible de présenter ces objets autrement que dans une vitrine blindée dont le coût est particulièrement élevé.

Les nouvelles vitrines sont – pour le moment- placées dans la première alvéole (en entrant dans le musée, à droite) et contiennent des objets se rapportant aux vitrines murales.

Aménagement des réserves. M. Desfonds a préparé l’aménagement de ces réserves et le travail est presque achevé. Nous avons fait rentrer 200 cartons permettant un rangement rationnel. Parallèlement, un inventaire informatique est établi, incluant l’inventaire dressé par H. Delporte en 1960. On estime à environ quatre années le temps nécessaire à la réalisation complète de l’inventaire. Il est important de noter que le système d’enregistrement informatique est le même que celui utilisé par le Musée des Antiquités Nationales (et nombre d’autres musées en Europe), avec l’aide des conseils de M. Alain Duval, Conservateur en Chef. Nous avons également été conseillés par le personnel du Louvre et notre collègue Jean Gran-Aymrich, en ce qui concerne les mêmes problèmes, ainsi que pour certaines présentations à venir.

L’inventaire des réserves est lié à l’activité du laboratoire. Dans l’état actuel des travaux, interrompus par les aménagements et trop souvent par le froid, il a tout de même été possible d’effectuer l’ensemble des dessins (pour publication) de la série Boissier, en provenance de l’oppidum d’Essalois. Nous rappelons qu’un programme d’analyse concernant les premières métallurgies du fer dans la région est en cours en collaboration avec l’Ecole des Mines de Saint-Etienne (M. Le Coze) et le laboratoire de Protohistoire de l’Université de Lyon III. Un nouveau programme vient d’être élaboré concernant les analyses céramiques avec MM. Guy et Gruffard pour l’Ecole des Mines. Dans le même temps, nous avons effectué quelques restaurations de céramiques dans le propre laboratoire de la Diana. Un travail est en cours sur les objets en bois, et sur les “traces” de bois découvertes par Vincent Durand au Crêt-Châtelard. Sont également en cours d’étude des séries de monnaies d’Essalois et du Crêt-Chatelard.

Contributions diverses. Sollicité par le Conseil Général du département, le musée a participé, lors de la présentation de la Carte Archéologique à Saint-Etienne, à une exposition archéologique organisée à la Maison de la Loire du 9 au 20 mai dernier. Il est nécessaire de remercuier Mlle Catherine Ferret, Isabelle Fontvieille, MM. E Crozier et Y Dubois, S. Pèrichon, qui d’une manière ou d’une autre, ont permis le bon déroulement de cette exposition, sans oublier l’accueil sympathique et efficace du personnel de la Préfecture.

Il est question d’une nouvelle exposition, dans le même esprit, prévue aux archives départementales.

La Diana a également pris part au cinquième Colloque sur la céramique de Saint-Bonnet-les-Oules, le 15 mai dernier, tout d’abord par la fidèle présence de son Président, Monsieur de Meaux et celle de notre ami Henri Delporte. Deux communications touchaient la Diana : Les amphores du Crêt Châtelard, présentées par L. Orengo et H. Petiot et Utilisation de la céramique dans la métallurgie du Crêt-Châtelard (L.O). Notons qu’à l’occasion de ce colloque, la Diana a reçu la visite d’une archéologue et céramologue autrichienne, Mme Schlinder, de Graz.

Par l’intermédiaire de l’Ecole des Mines, nous avons été sollicités pour effectuer un dépôt (en bonne et due forme) d’un ou deux clous en fer provenant des remparts de l’oppidum du Crêt-Châtelard et destinés à un musée japonais consacré à l’histoire mondiale de la métallurgie du fer. Il nous a été, en même temps demandé, pour le même musée, une notice sur la Diana et sur le site du Châtelard.

Températures. Il est impératif que le laboratoire soit chauffé l’hiver et il faut sans délai prendre les mesures nécessaires. Il va devenir indispensable d’élever – pour les mêmes périodes- la température du musée, même de quelques degrés !

Sécurité (rappel). Si le musée devient de plus en plus fréquenté, les risques encourus deviennent, en ce qui concerne certaines pièces, importants. Là encore, des mesures sont à prendre.

A long terme

Le musée. En fonction des locaux disponibles et en fonction de la place, dans le cadre des aménagements futurs, nous pouvons prévoir une réorganisation complète des présentations, avec des spécialisations de salles. Par exemple, il serait nécessaire de réserver une salle complète à la présentation des vestiges en bois. Le Moyen Age devrait avoir une place de choix avec des possibilités de présentations originales. Nous pourrions grâce au lapidaire, consacrer une salle entière à la Renaissance. Il serait nécessaire de réserver une place importante à l’histoire de l’archéologie, à laquelle plusieurs de nos sociétaires ont largement contribué, en citant pour mémoire Joseph Déchelette et Vincent Durand. Des contacts intéressants ont été établis avec Mme le Conservateur du Musée de Lons-le-Saunier, spécialiste des présentations destinées aux plus jeunes. Avec quelques étudiants, nous avons constitué un groupe de réflexion sur ce thème, sans perdre de vue que le musée archéologique de la Diana est, avant tout, un outil pour spécialistes et personnes averties, d’où l’importance des classements et de l’accès aux réserves (sous contrôle).

Les activités. Colloque sur l’histoire de l’Archéologie. Prévu pour octobre 1995, ce colloque est en bonne voie. Le nombre de communications prévu fait envisager cette réunion sur deux jours. Une mise au point définitive sera présentée lors de la réunion de novembre prochain. On peut rappeler que l’égyptologue et académicien Jean Leclant devrait présider et présenter une conférence dans le cadre de ce colloque. Toujours à cette occasion, une importante exposition sera consacrée à Vincent Durand, Jacques de Morgan et Joseph Déchelette.

Publications. Il sera intéressant de réunir, en ce qui concerne l’archéologie, les publications relatives à un même site, ou à plusieurs sites semblables, ou encore à une même époque et réaliser ainsi de nouveaux volumes de mémoires.

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Le signataire de ce document tient à remercier en tout premier Monsieur Maurice de Meaux pour son appui constant et ses encouragements sans réserve. Pour ce qui concerne la tenue du musée, les aménagements des salles ou des réserves, mes remerciements chaleureux vont au Dr. Giroux, à MM. E. Desfonds, E. Crozier, Y. Boiron et aux plus jeunes : Mlle I. Fontvieille, MM. H. Petiot, L. Orengo (étudiants à l’Université de Lyon III), A. Berger, F. Piazzon, S. Charbonnier et D. Lecoeur (enseignement secondaire).

Un grand merci également doit-être adressé à Mlle Pegon, dont le dévouement et la gentillesse sont sans limites.

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