BD, Tome LIX, Valfleury : enquête sur une vierge, pages 161 à 164, La Diana, 2000.
VALFLEURY: ENQUÊTE SUR UNE VIERGE
Note de Mlle Bernadette Carcel
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A l’occasion d’un livre dont je suis le co-auteur (1) j’ai été amenée à prendre contact avec la paroisse de Valfleury (Loire), lieu d’un pèlerinage réputé dans la région…
Et, à partir de là, je suis allée de surprise en surprise : ce pèlerinage était sous la responsabilité de Lazaristes ; il remontait au IXe siècle, alors que je le croyais relativement récent ; il était le résultat d’une découverte “merveilleuse”, celle d’une statue de la Vierge, près d’une source et sous un genêt fleuri en plein hiver.
Mais ce passé était connu de manière superficielle et, allié à la magie du site, dégageait un parfum de mystère.
Me sentant intéressée, le Recteur du sanctuaire, frère Bernard – qui, par ailleurs, désirait une publication pour le Jubilé de l’an 2000 — donna l’impulsion nécessaire pour que je me décide à faire un livre “scientifique” sur Valfleury. L’enquête pouvait commencer … et s’avérait, dès l’abord, presque impossible !…
En effet, comme en beaucoup d’endroits, la plupart des archives avaient été brûlées à la Révolution et les archives restantes, ainsi que les archives du XIXe siècle, avaient été déposées à Paris à la Maison-Mère de la Congrégation de La Mission (Lazaristes), à la suite de la loi de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 – donc difficiles à consulter.
Sur l’instant, je me rabattai sur tout ce qui avait été écrit sur ce pèlerinage. Parmi plusieurs livrets ou livres, deux ouvrages seulement révélaient des recherches historiques, dûs à deux lazaristes : le premier, poète, très imaginatif et lyrique, mais citant textuellement, en parallèle à ses propos, des pièces d’archives, malheureusement sans indiquer leur lieu de dépôt ; le second, plus historien, mais utilisant les archives sans les citer textuellement et sans les référencer.
Parallèlement il fut procédé à l’inventaire des papiers paroissiaux. Cela permit d’abord de découvrir les péripéties révolutionnaires et certains aspects de l’église ancienne remplacée par l’actuelle (de Pierre Bossan) à partir de 1853. De plus ces papiers contiennent les cahiers de travail du “second auteur”, qui sont des recueils de notations des archives repérées, avec parfois leurs références : cependant, il ne parvint pas à retrouver la trace de toutes les pièces citées par “le premier auteur”.
ll ressortait de tout cela qu’il me fallait chercher et travailler dans des directions très variées.
Pour les archives lazaristes, le recteur de Valfleury me mit en contact à Paris avec l’archiviste de la Congrégation pour la France, le Père Henzmann. Serviable, ouvert, compréhensif et intéressé, celui-ci fit alors un énorme travail d’inventaire, puis … de photocopies ! En particulier toutes les pièces appuyant et justifiant le passage de Valfleury, en 1687, aux mains des Lazaristes étaient là, dont les copies de pièces officielles déposées aux Archives Nationales.
Avant cette donation, Valfleury était un prieuré bénedictin dépendant de la Chaise-Dieu, le sanctuaire ayant été donné à saint Robert lui-même au XIe siècle. Il me fallait alors consulter les archives de cette abbaye aux Archives Départementales de Haute-Loire. J’avais des extraits et des références de plusieurs pièces ; mais, outre que les références dataient du début du siècle, je souhaitais connaître les textes originaux et complets. Je m’adressai donc au Conservateur des Archives du Puy, lui demandant par courrier des photocopies de quelques pièces, ainsi que l’actualisation des références. Je ne pus obtenir ni les unes, ni les autres : ne pouvant me déplacer au Puy, je dus me contenter de mes extraits et à indiquer des références obsolètes dans l’édition …
La Bibliothèque Nationale, elle, n’hésita pas à m’envoyer les confirmations des références et les reproductions de textes que je lui demandais sur les archives qu’elle possédait. De même, bien sûr, aucun problème aux Archives Départementales de la Loire – même si une pièce signalée n’a pu être retrouvée.
Quant à la Société de la Diana, non seulement je découvrai dans son fonds d’archives quelques papiers intéressants, mais M. Gardon, alors son secrétaire, me rendit un “signalé service”, dont je ne saurais jamais assez le remercier: il me communiqua, tiré d’un registre notarial non répertorié qu’il me transcrivit, un inventaire du prieuré de Valfleury au XVIe siècle, particulièrement riche en informations.
Après avoir fait “parler” les papiers, je devais encore faire parler les pierres. Je suis donc allée “consulter” le village ( et certains de ses habitants, intéressés et coopératifs ). Son existence est signalée dès le XIe siècle, on y voit aujourd’hui plusieurs maisons des XVIIe et XVIIIe siècles. Quant à la Maison des Missionnaires, elle aussi du XVIIIe siècle, elle se révéla construite sur les bases du prieuré bénédictin avec des remplois de constructions du XIe et du début du XVIIe siècle.
L’église du XIXe siècle est très intéressante par son programme iconographique, en partie tronqué cependant dans les années 1960. Mais deux choses intriguent à l’intérieur : la présence de la source légendaire vers l’entrée, autrefois visible, maintenant canalisée en sous-sol vers la crypte (ce qui m’incita à faire des recherches sur le culte gaulois des sources) et la statue de la Vierge, centre et raison d’être de tout ce qui précède. Son style particulier, très byzantin, est différent de celui des vierges romanes et permet d’accepter la tradition qui veut qu’elle ait été trouvée au XIe siècle ; mais comment est-elle venue -là ?.. qui l’a créée, l’a commandée, l’a apportée ?…
Trop de zones d’ombres subsistantes m’incitaient à poursuivre mon enquête, mais l’édition ne pouvait plus attendre.. et je me résolus à “boucler le dossier” (2)
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1 – Jeanne Pousset-Carcel, Bernadette Carcel : Deo soli, La vie d’un prêtre Pierre Pousset, 1794-1883. Autoédition (voir Bull. Diana, T 58, n°3).
2 – Valfleury. « La Vallée Fleurie » – de l’an 800 à l’an 2000, parution en mai 2000.