BD, Tome VI, Jean Baptiste Smits, peintre Montbrisonnais.- Communication de M. Henri Gonnard., pages 14 à 16, La Diana, 1891.

 

Jean Baptiste Smits, peintre Montbrisonnais.- Communication de M. Henri Gonnard.

Dans de précédentes réunions, j’ai eu l’honneur de communiquer à la Diana quelques notes sur un certain nombre d’artistes foréziens, parmi lesquels figurait un peintre, du nom de Jean Baptiste Smits, dont notre collègue, M. Vincent Durand, avait relevé la signature, avec la date de 1687, sur un tableau déposé actuellement dans la sacristie de Saint Martin la Sauveté. Cette même signature, je l’avais remarquée, accompagnée de la date de 1677, sur un tableau ayant orné autrefois la petite chapelle du château de Curraize, et j’avais eu le pressentiment que son auteur devait être Montbrisonnais. Un document, qui m’est tombé dernièrement sous la main, vient confirmer ma supposition. C’est un procès verbal d’inventaire mobilier dressé, le 4 décembre 1670, après le décès de feu Mre Jean Puy, curé de la paroisse de Sainte Marie Magdeleine. Parmi les objets à inventorier figuraient plusieurs tableaux, et le magistrat chargé de procéder à la confection de cet inventaire avait désigné comme expert pour en faire l’estimation, maître Jean Baptiste Semixte paintre. Malgré l’orthographe, évidemment fautive, de ce nom, je crois qu’il s’agit bien ici de l’auteur des deux tableaux que je viens de mentionner.

Un heureux hasard m’a fait retrouver récemment le tableau provenant du château de, Curraize et dont j’avais perdu la trace depuis quinze ans. C’est un Ecce homo peint sur un panneau de noyer d’une épaisseur de 0 m 02 et mesurant en hauteur 0 m 42, sur 0 m 34 de largeur. Le dessin ne manque ni de correction ni d’élégance; le modelé de la figure du Christ me paraît excellent et l’impression de douleur parfaitement rendue. Le coloris, d’une tonalité un peu sombre, S’harmonise bien avec le sujet.

Cette peinture avait subi des restaurations maladroites et inutiles dont j’ai eu beaucoup de peine à la débarrasser. Jy suis cependant parvenu. Sous les diverses couches de crasse et de mauvais vernis plus ou moins colorés qui la voilait, j’ai eu la satisfaction de retrouver intacte l’œuvre primitive de notre peintre. Tout en lui reconnaissant une incontestable valeur artistique, je ne prétends pas vous donner ce tableau comme un chef d’œuvre de haut vol, mais je suis heureux de pouvoir le mettre sous vos yeux comme un témoignage du niveau artistique de la ville de Montbrison il y a deux siècles.

Le nom de J. B. Smits peut faire supposer que cet artiste n’est pas originaire du Forez, mais le document que je viens de mentionner démontre qu’il habitait Montbrison en 1670. Les deux tableaux de Curraize et de Saint Martin la Sauveté affirment son existence en 1677 et 1687. Enfin il se mariait en 1691 (1).

Voilà des jalons qui nous aideront peut être un jour à recueillir de nouveaux détails sur la carrière de ce peintre que nous avons le droit de considérer comme notre compatriote et que nous pouvons inscrire, je crois, à la suite de Barthélemy Parrocel, sur la liste de nos artistes foréziens

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(1) Cejourd’huy , unziesme jour du mois de novembre mil six cent quatre vingt et unze, apres les publications de bans, ne s’estant decouvert aucun empeschement, par remise de monsieur Boyer curé de Saint André dattée dudixiesme jour desdicts mois et an, sieur Jean Baptiste Semiste, peintre habitant de cette ville de Montbrison, a pris en vray et legitime mariage Damoiselle Catherine Jacquemot, fille naturelle et legitime de deffund sieur Claude Jacquemot, marchand libraire dudict Montbrison, et de vivante Damoiselle Catherine Montillon, pardevant moy vicaire soubsigné qui leur ay donné la benediction nuptialle dans l’Eglise parroissialle de Sainte Anne dudict Montbrison, en presence de ladicte damoiselle Catherine Montillon, de sieur Benoist Montillon, oncle maternel de ladicte epouse, de Jean Marie De la Roche et de Me Noel Barrieu, notaire royal, qui ont tous signés avec les parties.

J. B. SMITS. Catherine. JACQUEMOT. Catherine MONTILLON. MONTILLON, LA ROCHE. BARRIEU.

– ANDRÉ, vicaire.

(Registres de la paroisse de Sainte Anne, de Montbrison).

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