BD, Tome VI, Notes extraites du registre de catholicité, pour l’année 1723, de la paroisse de Saint Rambert sur Loire. Communication de M. Achalme., pages 52 à 55, La Diana, 1891.

 

Notes extraites du registre de catholicité, pour l’année 1723, de la paroisse de Saint Rambert sur Loire. Communication de M. Achalme.

M. Achalme dit que le registre des mariages, naissances et décès, pour 1723, de la paroisse de, Saint Rambert sur Loire contient à la fin, avec une. nomenclature d’inventions faites depuis le commencement du XVIle siècle, des remarques curieuses sur des évènements et des usages contemporains. Ces notes sont de la main du curé d’alors, M. de Lévy. En voici la copie :

Remarques du temps du siècle 1600.

Anciennement Saint-Rambert s’appelait Occiaccum, depuis le christianisme Saint-André des Hormes, et depuis la translation des reliques de Saint Rambert le lieu a porté son nom.

Les sciences ont été en France dans le siècle 1600 au plus haut degré qu’elles n’aient été en France et ont surpassé le reste du monde.

Comme aussi dans le long règne de Louis XIV, la France au fait de la guerre a surpassé tout autre état du monde, les historiens le feront voir.

Les bombes ont été inventées à Munster environ vers 1660. Munster s’en est servi le premier, la France quelques temps après en a pris l’usage.

Les chaises roulantes ont été inventées en France en 1650 ; peu de temps après on s’en est servi dans les postes pour courre aisément.

Au commencement du siècle 1600, quelques personnes prirent l’habitude de tirer aux oiseaux en volant : les maladroits les croyaient des sorciers. A présent tous les chasseurs en ont l’habitude.

On ne porte plus des piques à la guerre depuis 1702, autrefois c’était le tiers des troupes.

L’usage de se servir en France du café, du thé et du chocolat est depuis environ 1660, qui n’était regardé que presque un amusement.

Comme aussi le tabac est venu à un excès en France environ 1680. Auparavant ce temps-là, j’ai vu que si une femme, moine et gens un peu sérieux [en avaient pris, ils] auraient scandalisé leur prochain, le tabac n’étant en usage que parmi les libertins. Une personne un peu sérieuse n’osait pas porter des tabatières; ce n’était que quelques débauchés ou quelques personnes qui avaient mauvaise haleine.

L’usage des perruques est depuis environ 1650 ; auparavant les personnes âgées et incommodées ne portaient que des calottes. Depuis ce temps-là l’usage en a si fort accru, que je vois que c’est un usage pour tous ceux qui en peuvent avoir.

On a rendu navigable la rivière de Loire plus haut que Roanne jusqu’à Saint Rambert en l’année 1700, 1701, 1702 1703, 1704. Un nommé Bernard Robelin, de Yguerande, a fait le premier bateau à Saint Rambert, qui a descendu à Roanne au mois d’octobre 1704 avec un, nommé Mago, Lièvre et Giron.

On a rendu navigable la rivière de Loire en coupant quelques roches qui étaient dans le cours de la rivière, depuis Villerest jusqu’au commencement de la plaine de Forez, par les soins de M. Foineau, de Pouilly sur Loire, qui a bâti la maison que M. Sarrain tient à présent.

La mode des couverts coupés que l’on appelle mansardes a été inventée par un nommé Mansard, charpentier du Roi, environ l’an 1640.

L’an 1709, dimanche 6 janvier, à une heure après midi, il s’éleva un vent du Nord qui dura 17 jours, si violent pendant tout ce temps qu’il gela tous les blés dans la terre. On ne cueillit pas la centième partie de ce qu’on devait cueillir, principalement du froment. Ceux qui se trouvaient avoir des grains qui se sèment aux mois de mars et avril, ils vinrent avec abondance ; ils rapportèrent jusqu’au 30e grain et le moins 20. Les plus mauvaises terres furent les meilleures, si bien que le temps se trouva favorable pour ces sortes de grains. On regardait cette récolte comme un miracle de la bonté de Dieu.

Il n’y eut presque point de vin, l’année valut 26 livres et le boisseau de froment 10 livres. La livre c’est 20 sols, le sol 12 deniers.

Plus des 314 des arbres fruitiers moururent, les perdrix rouges moururent avec une grande quantité d’autres oiseaux; il fit un si violent froid sans neige que les blés en moururent.

Auparavant le temps dit de ce grand vent du Nord, l’hiver avait été très doux, la neige qui se tenait sur les hautes montagnes conserva les blés. Quantité d’arbres moururent.

Un marchand de Marseille alla en Barbarie au mois de juin 1720 dans une ville où la peste était. En arrivant proche cette ville on lui dit que la peste y était : [cela lui donna] l’envie de gagner et d’avoir des marchandises à bon marché dans un endroit où la peste désolait. Il eut des marchandises comme il lui plut, comme pour rien. De là il alla à Smyrne où il prit un faux passeport. En déchargeant son vaisseau, un ballot de coton se rompit. Le portefaix mourut sur le champ. Il y envoya ses enfants pour avoir soin des marchandises qui étaient dans son vaisseau: ils moururent dans son vaisseau, le marchand mourut aussi.

À cette heure la ville fut infestée. La peste a fait un ravage horrible pendant plus de 2 ans dans la ville de Marseille et presque toute la Provence. En ce temps, il s’échappa un forçat qui vint dans le Gévodan : plusieurs prirent la peste.

La France, par les soins de M. le due d’Orléans, régent de France, a été exempte de ladite peste: empêchant dans le moment que le reste de la France eût aucune communication avec la Provence que par quelques lettres trempées dans du vinaigre. Bon ordre et bonne garde pour cet effet que la peste s’est terminée à Marseille.