BD, Tome VI, Sceau du bourg d’Amplepuis. Communication de M. E. Brassart., pages 117 à 120, La Diana, 1891.

 

Sceau du bourg d’Amplepuis. Communication de M. E. Brassart.

M. E. Brassart s’exprime ainsi :

J’ai l’honneur de. vous présenter un petit sceau matrice du moyen âge, dont je dois la communication à notre confrère, M, H. Matagrin.

Ce sceau est ovale et mesure 0 031 sur 0 020. Il est formé d’une plaque de bronze de 0 0025 d’épaisseur gravée d’un côté au burin et, de l’autre, renforcée par une arête médiane de 0 m 0005 de saillie, sur 0 m 003 de largeur, qui se relève dans le tiers supérieur de manière à donner passage à un trou de suspension.

La partie gravée représente, au centre, la sainte Vierge assise, couronnée, portant l’Enfant Jésus sur ses genoux. Autour on lit cette légende :

+ S: bORGII: DE AMPLOPVTEO

Sceau du bourg d’Amplepuis.

Le travail est assez sommaire; les figures sont traitées avec raideur. La forme des lettres et le costume de la Vierge indiquent la fin du XIVe siècle.

Le sceau est pour ainsi dire à fleur de coin, il n’a presque pas servi. Il a subi une seule détérioration : un coup donné, probablement avec la pointe d’un marteau, au milieu du revers, comme pour le briser, et qui a rendu la surface gravée légèrement convexe. Il offre aussi une particularité à signaler, c’est sa forme ovale. Cette forme était adoptée par les communautés religieuses, les femmes ; mais généralement les villes avaient, comme les seigneurs, des sceaux ronds.

Le propriétaire actuel de cet objet, M. l’abbé Rey, curé de Pomeys (Rhône), le trouva, en 1875, dans la sacristie de l’église de Saint Loup, près Tarare. Il lui fut donné par le curé qui ignorait comment il se trouvait là.

Il paraît avoir séjourné, longtemps en terre : la patine vert foncé qui le recouvre entièrement est fort épaisse et, en le nettoyant à la brosse, j’ai fait sortir du creux de la gravure des parcelles d’une terre argileuse très adhérente.

Ce rare petit monument – il me serait difficile d’en citer un similaire dans notre région – peut à bon droit être considéré, comme forézien. En effet, Amplepuis, ville du Beaujolais et maintenant du département du Rhône, faisait partie du Roannais au Xle siècle. J’en trouve la preuve dans la charte 756 de Savigny, par laquelle Hugo Fredelannus donne, en 1086, à cette abbaye, une église sous le vocable de la sainte Vierge, charte ainsi datée : Actum in pago Rodanensi., in villa de Ainploputeo (1).

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(1) L’ancienne église d’Amplepuis était sous le vocable de l’Assomption de Notre Dame. C’est probablement en 1811, lors de la construction de l’église actuelle, que saint Philibert a été choisi pour nouveau patron. V. Aug. Bernard, Cartulaire de Savigny et d’Ainay, p. 393 et 1028. Cochard, Topographie du Lyonnais, Forez et Beaujolais, mss. à la Bibliothèque de la Diana.

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Au XIIIe siècle, en 1222, par le traité de paix entre Guy IV, comte de Forez, et Humbert V, sire de Beaujeu, qui mit fin à une guerre entre ces deux seigneurs, Amplepuis, quoique compris déjà dans les limites du Beaujolais, fut déclaré relever comme fief du Forez et ses divers possesseurs en rendirent par la suite hommage à nos comtes (1).

Amplepuis sur notre sceau est qualifié de bourg, c’est à dire de localité fortifiée : c’est généralement le sens donné à ce mot. Cependant l’Almanach du Lyonnais, Forez et Beaujolais pour l’année 1760 dit: « D’anciens titres donnent à Amplepuis le nom de ville, quoiqu’il n’y ait aucun vestige de fortification ». Ne faudrait il pas alors supposer, de la part des habitants, une tentative de se constituer en commune, dans le but de se fortifier, au moment de la guerre de Cent Ans et particulièrement vers la fin du XIVe siècle, pendant les courses des Tardvenus (2) ? Tentative que les seigneurs, les Beaujeu-Amplepuis, auraient fait avorter, mais dont un vague souvenir se serait pourtant conservé.

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(1) Huillard Bréholles, Titres de la maison ducale de Bourbon, n° 39 et 93. Barban, Recueil d’hommages de fiefs, p. 130 et suiv.

(2) Vers 1365, les bandes de Seguin de Badefol auraient incendié la cure d’Amplepuis. Guigue, Les Tard-venus, p. 111.

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M. Vincent Durand dit qu’au moyen âge le mot bourg paraît s’être parfois appliqué à des lieux défendus par un simple fossé. Il cite à l’appui une charte de l’an 1045 donnée par Robert, duc de Bourgogne, en faveur de l’abbaye de Saint Bénigne de Dijon. On y lit : « Adierunt presentiam meam Halinardus abbas cœnobit Divionensis, cum quibusdam ejusdem loci fratribus, humiliter postulantes quatinus cessare facerem homines nostros a quibusdam torturis, quibus eum familiamque suarn gravabant …..Quorurn petitionibus ……….libenter favens ……… promitto deinceps intra ambitum fossati qui Burgus vulgo claustrum vocatur neque me infracturam aut rapinam facturum, neque meis hominibus, aut alii cuiquam hoc consensurum (1).

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(1) B. Petit, Histoire des dues de Bourgogne de la race Capétienne, t. I, p. 375.