BD, Tome VI, Visite pastorale de Mgr Camille de Neuville à l’église de Montverdun. – Communication de M. l’abbé Prajoux., pages 277 à 280, La Diana, 1892.

Visite pastorale de Mgr Camille de Neuville à l’église de Montverdun. – Communication de M. l’abbé Prajoux.

M. l’abbé Prajoux envoie l’extrait suivant d’une visite pastorale faite à Montverdun, le 21 juin 1662, par l’archevêque de Lyon. Ce document renferme d’intéressants détails sur les reliques de saint Porcaire et fait connaître dans quelles circonstances Mgr Camille de Neuville ordonna l’exécution de la magnifique chasse qui les renferme aujourd’hui.

À Montverdun il y a un prieuré de l’ordre de saint Benoît dépendant de la collation de l’abbé de la Chaise-Dieu, qui est un prieuré conventuel et dont nous sommes pourveu en commende; mais parce qu’il y a aussi tine paroisse et un curé, nous nous sommes transportés audit lieu pour en faire la visite.

Il n’y a qu’une seule église qui sert pour le prieuré et pour la paroisse.

Par un traité que nous avons fait avec les religieux de la Chaise-Dieu, tous les religieux dudit prieuré ont été transférés à la Chaise-Dieu, à la réserve d’un seul.

Autrefois, lorsqu’il y avait des religieux, on faisoit les fonctions curiales à l’autel de saint Pierre, au milieu presque de l’église, mais comme il n’y a plus de conventualité, on se sert du grand autel pour les fonctions paroissiales.

Nous y avons trouvé le Saint Sacrement sous un tabernacle de bois peint sur ledit grand autel ; le ciboire où il repose est d’argent, mais fort petit; il y a aussi un soleil d’argent.

Les saintes huiles nous ont été montrées dans un coffret d’estain fort propre; l’eau pour les baptesmes est aussy tenue nettement et les saints fonds ferment à clef.

Il n’y a aucune confrérie dans l’église.

Le luminaire n’a rien d’asseuré et consiste tout au casuel il y a un luminier qui recueille les offrandes ; la lampe qui brusle devant le Saint Sacrement est entretenue à nos dépens.

Outre le grand autel, il y en a quatre: il est vray que celuy de saint Blaise qui est à main gauche du chœur est profané; les autres sont dédiés, l’un à Notre-Dame, qui est à main droite du chœur; plus bas, de mesme costé, est celuy de sainte Anne et le troisième est l’ancien autel de la paroisse dédié à saint Pierre ; il n’y a nulle fondation ni aux uns, ni aux autres.

Nous estant enquis des ornemens, nous avons trouvé deux calices d’argent, une croix et une custode pour les malades, d’argent aussi. Il y a aussi quelques chandeliers; mais pour le linge, chasubles et paremens, il y en a fort peu qui puisse servir, le reste estant usé et déchiré.

Le toit du chœur, celuy de la chapelle Saint-Blaise et de partie de la nef joignant, est en mauvais état et a besoin de réparations et le dedans d’être reblanchi.

Le cimetière est clos. Il n’y a aucune maison curiale, et le curé loge dans la maison de l’ancien sacristain par notre concession.

Le nombre des communiants est d’environ 300. La cure est de notre nomination à cause de notre prieuré; le revenu de la cure est de 400 livres environ et de 8 asnées de vin, 4 sestiers de seigle, 20 escus d’argent, une vigne près du chasteau, de sept œuvrées, un pré et quelques petites terres ; le prieur est chargé d’y tenir un prestre pour acquitter les fondations et services et doit la première messe (I).

Messire Daim, prestre du diocèse du Puy, est pourvu depuis huit mois sur notre nomination en qualité de prieur, et institution en qualité d’archevêque. Les registres curiaux sont en bon estat.

Au derrière du grand autel, nous avons trouvé dans une grande pierre carrée, couverte d’une autre grande pierre fermant à clef de deux costés, une relique fort considérable, c’est de saint Prochaire, ancien abbé de Saint-Honorat, qui fut martyrisé à Marcilly : ses ossements sont en cette pierre que nous avons fait ouvrir et trouvé revestue au-dedans d’une châsse de bois vermoulu où sont les reliques avec la lance dont ce saint fut blessé et qui fust teinte de son sang. (2) Nous avons vénéré la relique et donné ordre qu’on fist une châsse nouvelle pour exposer lesdites reliques sur le grand autel et avons pour en faire la translation commis le sieur archiprestre et le curé dudit lieu.

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(1) Voici quelles étaient les prébendes dont le service se faisait dans l’église de Montverdun, en 1760.

La prébende dite de Saint-Antoine : le revenu en était si minime qu’elle n’avait pas de prébendier et que depuis dix ans on en faisait plus le service.

La prébende des Coiffet appelée aussi quelquefois prébende de Notre-Dame et de Saint-Michel: le nominateur en était Mre Pierre Coiffet et le prébendier Pierre Vaurette ; il jouissait de 60 livres de revenu. (Renseignements donnés obligeamment par M. A. Ferras).

(2) Nous ignorons pour quelles raisons Monseigneur Malvin de Montazet ordonna en 1783 « que les reliques de saint Porchaire ne seraient plus exposées à la vénération des fidèles «. (Décision prise en suite de la visite pastorale faite à l’église de Montverdun, le 21 mai 1783, par messire Antoine-François de Malvin de Montazet, vicaire général de Lyon. Archives de l’archevêché de Lyon. Extraordinaire, 1783-1785).

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Et pour ce qu’il y a aussi d’autres reliques d’autres saints en cette église, tenant en des coffrets reliquaires, nous avons ordonné aux paroissiens de faire faire une autre châsse qui en mesme temps sera exposée sur ledit autel et les reliques encloses dedans; pour la translation desquelles nous avons délégué les mesures commissaires, et afin qu’elle se fasse avec le plus de respect et de solennité qu’il sera possible, nous avons ordonné aux circonvoisins d’assister à ladite translation des unes et des autres reliques.

Et pour les réparations des toits cy-dessus avons donné prix fait à 480 livres sur les lieux.

Et donné ordre à Mre Portier, notre aulmosnier, de faire faire deux ornements complets pour le service de l’église, incessamment et un ciboire d’argent pour ladite paroisse. (Archives de l’archevêché de Lyon).