BD, Tome 63,DEUX TESTAMENTS DE JEAN MARIE DE LA MURE,Compte rendu par M. Philippe Pouzols-Napoléon, pages 228 à 240, La Diana, 2004.

 

DEUX TESTAMENTS DE JEAN MARIE DE LA MURE  

Communication de Mme Marie Grange

 

Compte rendu par M. Philippe Pouzols-Napoléon

_______________

 

La présente étude est une comparaison de deux testaments de Jean Marie de La Mure.

Le premier document fait le quatre septembre 1667, devant le notaire Chassain, est conservé dans les archives de la Société la Diana à Montbrison.

Le second testament, rédigé le 24 juin 1675 devant les notaire Batisse et Roger est conservé dans les archives de l’Hôtel Dieu de Roanne. Il a été publié, en 1861, par Auguste Chaverondier 1 , docteur en droit, membre de la Société française d’archéologie, sociétaire de la Diana.

 

Panorama d’une vie :

Jean Marie de la Mure est né à Roanne en 1616 de François de la Mure seigneur de Biénavant 2 et de Jeanne Gayardon de Grézolles mariés en 1609.

Il fit, sans doute, ses études au collège des Jésuites de Roanne, fondé en 1614, par Jacques

1 Auguste Chaverondier : Notes pour servir à la biographie de Jean Marie de la Mure , historien du Forez, suivies de son testament et de deux lettres à sa famille, le tout inédit. Roanne imprimerie Sauzon, 70 rue Impériale en 1861.

Frère Maxime : Monographie des communes de l’arrondissement de Montbrison. Editions de la Tour Gile.

2 Les noms de Bienavant, Chantois, Dancé, Changy, Cordelle, Bully, Luppé, Amions, Mardore, Saint Maurice etc… sont des lieux-dits ou des villages situés dans le Roannais où la famille de la Mure possédait des biens fonciers.

grand-oncle, frère du confesseur d’Henri IV et de Louis XIII. Son père décède en 1637. Son frère aîné, Pierre de la Mure , prend le titre de seigneur de Bienavant. Il devient aussi conseiller du Roi et président de l’Election de Roanne ; titres et charges déjà détenus par leur père.

Vers 1641 ou 1642, Jean Marie de la Mure est agrégé au chapitre de Notre Dame de Montbrison. Il retourne souvent en Roannais où de nombreuses attaches familiales l’attirent.

En février 1652, il prend solennellement possession de la prébende de Changy.

En 1668, il est également pourvu de la prébende ou commission de messes de Vinols dans la chapelle du château de Chantois. Il est aussi nommé sacristain de la collégiale Notre-Dame d’Espérance de Montbrison. Il a sa maison dans le cloître Notre-Dame. Cette maison appartient aujourd’hui à la société de la Diana. Le rez-de-chaussée y sert d’accueil pour les habitués sous le nom de « Jacassoir ». Les étages abritent les archives. Le chanoine de la Mure y avait installé son cabinet d’étude et de piété.

Les multiples occupations de Jean Marie de la Mure ne lui permettent pas d’assurer le service régulier que demandent les prébendes. Son frère Pierre de la Mure , en 1668, traite avec Messire Simon curé de Dancé, en son nom, afin que celui-ci s’engage à célébrer chaque mardi une messe en la chapelle de Chantois. La rémunération en est fixée, à la somme de dix huit livres par an.

Dés 1654, Jean Marie de la Mure a les qualités de Conseiller, Aumônier et Historiographe du roi, secrétaire chanoine de l’église royale de Montbrison, prieur es ordres militaires de Notre Dame et saint Lazare . Sa vie est entièrement occupée par son ministère et par l’édification de l’œuvre historique qu’il a entrepris d’élever à sa province.

La performance de ses travaux (théologie, histoire, écriture, recherches) va donner naissance à L’histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez et à L’histoire civile ecclésiastique du pays de Forez en deux parties. La seconde traite des noms des Doyens et chefs des églises cathédrales, abbés, abbesses, religieux illustres, sous le nom d’ Astrée sainte .

Si j’emploie le mot « performance », c’est que nous devons nous situer à l’époque où vit le chanoine de la Mure. Il a « seulement » sa plume pour consigner la somme de découvertes archéologiques, historiques, en langue antique, latine, ou usuelle de l’époque. Ses charges ecclésiastiques avec les nombreux offices célébrés et chantés, ses études (il est docteur en théologie en 1670), ses ouvrages de piété, vont faire de cet érudit le Premier historien du Forez.

Quelques erreurs subsistent cependant dans certaines descriptions. L’Histoire ne s’écrit-elle pas à force de cheminements et de tâtonnements laborieux. Les erreurs se corrigent au fur et à mesure de nos périgrinations.

En 1665, alors que la famille de la Mure jouit d’une haute considération, les épreuves surgissent. Trois neveux du chanoine, enfants d’une sœur établie en Beaujolais, sont imputés d’une grave accusation. Grâce à leur jeune âge et à l’influence des parents, ils s’en tirent heureusement. A cela s’ajoutent des revers de fortune.

 

Les deux testaments de Jean Marie de la Mure  :

Il existe souvent plusieurs testaments d’un même individu. Le dernier de ceux-ci étant le seul valable.

Le testament de 1667 conservé à la Diana est écrit à cette période de la vie de Jean Marie de la Mure. Sa mère est décédée. Son frère Pierre est vivant ainsi que le fils de celui-ci, filleul du chanoine et portant son prénom. Il fait de son frère l’héritier universel de ses biens immobiliers et de ses décisions testamentaires. En cas de décès de Pierre, son filleul doit devenir héritier universel, et, s’il n’y a pas de descendance masculine, un autre neveu doit avoir la charge de la succession.

Le testament de 1675 est rédigé peu de temps avant la mort de Jean Marie de la Mure. A cette date, Pierre et Jean Marie le filleul sont décédés. C’est donc Noël de la Mure qui devient l’exécuteur des volontés de son oncle. La trame du texte n’a pas changé par rapport au document antérieur. Des compléments plus descriptifs s’y ajoutent dans la donation des objets quotidiens de l’intérieur de la maison de Montbrison.

Jean Marie de la Mure s’affirme prêtre catholique, apostolique et romain exécrant toute appartenance à une quelconque hérésie. Nous sommes alors au lendemain des guerres de religion et le jansénisme apparaît dans la province forézienne.

Le testateur désire être inhumé aux côtés de sa mère, dans l’église Notre Dame de Montbrison dont il est chanoine-sacristain. Il ne veut aucun faste pour ses funérailles. Les dons qu’il fait, en objets précieux sont minutieusement décrits par un homme épris d’art et de raffinement. Nous citerons, à titre d’exemple, un objet qui est mentionné dans les deux testaments : donne led. Sieur testateur à l’église royale de Montbrison une ancienne paix d’Eglise curieusement travaillée sur une dent d’éléphant telle qu’il a dans son cabinet, ayant la principale représentation d’une Notre Dame du Rosaire, pour être portée aux messes solennelles et réservée le reste du temps comme une pièce destinée au thrésor de ladite sacristie.

Le testament de 1675 détaille abondamment ce que Jean Marie de la Mure lègue à sa sœur religieuse au couvent de la Visitation , à son fidèle ami Messire Anthoine Guillot, prêtre de Notre Dame, à Claudine Verdier, servante de sa mère, qu’il a gardée à son service comme gouvernante, à son laquais auquel il alloue une somme pour qu’il apprenne un métier. Il fait des dons : aux hôpitaux, aux couvents, au chapitre des Chanoines de Notre Dame. Il fonde des commissions de messes pour le repos de son âme et celles de tous les défunts de sa famille .

En cas de non descendance masculine de l’héritier universel, c’est l’hôpital de Roanne qui doit disposer de tous ses biens immobiliers. Jean Marie de la Mure ne souhaite ni inventaire, ni scellés sur sont testament.

Il s’en remet à l’intercession de la Vierge Marie et de Saint Jean l’apôtre dont il porte les patronymes, pour que Dieu, dans son infinie miséricorde, l’accueille dans son royaume céleste. C’est son unique désir. Il le souligne en spécifiant : par les mérites infinis du sang de son Fils Jésus Christ .

En 1667, il teste en présence d’artisans montbrisonnais : pharmacien, archer, joaillier, cordonnier, boulanger et potier d’étain.

En 1675, c’est en présence d’un prêtre, d’un écolier en philosophie, d’un orfèvre, d’un boulanger, d’un tanneur, cordonnier et peigneur de chanvre que le testament est établi.

Jean Marie de la Mure avait une santé fragile. Il vécu au temps des pestes où l’heure de la mort était incognue comme elle l’est pour nous, cet instant irrémédiable est regardé avec lucidité, en pleine connaissance de la fragilité de notre existence.

 

La bibliothèque de Jean Marie de la Mure  :

Une question surgit de nos pensées. Un auteur aussi prolifique et aussi brillant que Jean Marie de la Mure devait posséder une bibliothèque importante. Qu’est-elle devenue ?

Noël de la Mure ne fait pas beaucoup de cas de ce précieux héritage et s’en défait promptement. Il n’en est nullement question dans un testament qu’il fait rédiger, en juillet 1684, devant maître Antoine Deville notaire ne pouvant écrire de ma main, à cause des blessures que j’y ai reçues.

Auguste Bernard 3 a raconté la curieuse odyssée des manuscrits du chanoine de la Mure depuis le jour où ils furent cédés à Laurent Pianello de la Valette 4 président des Trésoriers de France, l’un des fondateurs de l’Académie de Lyon, jusqu’au retour des documents à Montbrison. Ce projet fut accompli grâce à des démarches auprès de François Guizot, alors ministre de l’Instruction publique.

Jean Marie de la Mure avait légué presque toutes les merveilles de son « cabinet » à ce même neveu. La majorité des livres fut dispersée. On peut néanmoins consulter une Description

3 Auguste Bernard, historien du montbrisonnais, issu d’une famille d’imprimeurs. Il est l’auteur de L’histoire du Forez (1835).

4 Notice historique sur la bibliothèque de la Valette. Lyon , 1854, in 8°.

sommaire de son cabinet d’estude et de piété parue à Lyon chez Gautherin en 1670.

Un exemplaire connu est conservé à la bibliothèque de Montbrison.

L’éditeur de l’ Histoire des ducs de Bourbons et des Comtes de Forez a eu l’heureuse idée de reproduire ce texte en tête de sa publication 5 .

 

 

 

 

Illustration : signature de Jean Marie de la Mure.

(Testament de 1667. Archives de La Diana )

 

ANNEXE :

Un testament de Noble Jean Marie de la Mure sacristain de Notre Dame au profit de Pierre de la Mure écuyer seigneur de Biennavant du quatre septembre mil six cent soixante sept 6

 

Au nom de Dieu amen Pardevant le notaire royal soubzsigné et présents les témoins soubsnommés a esté présent en personne Noble et Egregie messire Jean Marie de la Mure prebstre docteur en théologie conseilleier et Aumosnier ordinaire, Sacristain et Chanoine de l’Eglize royalle et collegiale de nostre dame de Montbrison et grand prieur esordres militaires de sainct Lazare et mont Carmel Lequel estant en paline santé et vigueur de corps et d’Esprit graces à Dieu, considérant neantmoins que

5 Jean Marie de la Mure  : Histoire des Ducs de Bourbons et des Comtes de Forez. Trois volumes publiés par Chantelauze à Paris chez Potier libraire à Lyon chez Brun, à Montbrison chez Lafond (1860).

6 Ce document a été trouvé dans les minutes notariales du notaire Chassaing déposées à la Diana. Il a précédé le testament écrit par Auguste Chaverondier datant du 24 juin 1675 et conservé dans les archives de l’Hôtel Dieu de Roanne. Le chanoine Jean Marie de la Mure a vécu longtemps dans une partie des locaux dépendant aujourd’hui de la Diana  ; c’est donc avec une joie manifeste que nous détenons le « brouillon » si l’on peut dire, de son testament définitif. Voici le texte précieux pour nos archives, de celui qui fut le premier Historien du Forez.

quoy que la mort certaine, Dieu a voullu pourtantpour nostre bien que l’heure d’icelle nous soit incognue, Il a dict voulloir faire son testament nuncupatif et ordonnance de dernière volonté lequel il a requis estre redigé par Script par ledict notaire ce qui a esté faict en la présente forme ayant disposé ainsy que sensuict, Premier il a fait le signe de la Saincte croix disant au nom du père et du fils et du sainct Espri pour marque de sa protestation de vivre et mourir en la foy catholique et exécration de toutes hérésies et erreurs contraires aux sentiments de la Sainte Eglise romaine appres quoy il s’est recommandé a l’infinie bonté et miséricorde de Dieu affin qu’il luy plaise avoir pitié de sa pauvre ame et par les mérites inestimables du sang de son Fils la vouloir admettre apprès son tréppas en spn royaume céleste et pour ces fins a réclamé comme sa spécialle tutélaire et protectric près de luy, la très Saincte et Immaculée Vierge Marie qu’il a toujours cpnsidéré apprès led Sauveur comme l’anchre de son Espérance ; a invoqué de plus le glorieux saint Jean l’Evangéliste sacré fils adoptif de ceste Immaculée Vierge et son patron commun avecq elle et en général tous les saincts et sainctes de paradis affin quil leur plaise l’ayder près de son mesme Créateur de leurs sacrées intercessions et prières ; Ensuitte Ledict Sr testateur a esleu la sépulture de son corps enladicte Eglise collegialle et très devotte de nostre dame de Montbrison au service de laqlle il a pleu a Dieu lappeller dès sa jeunesse et ce au devan de la porte de la chappelle qui y est nommé de Nostre dame de la chanoinie en la tombe ou par l’octroy de ses vénérables confrères les doyens et chanoines de ladicte Eglize a esté inhumée feue de pieuse mémoire damoiselle Jeanne Gayardon de Grezolles, sa très bonne et très honorée Mère. Et quand a ses frais funéraires obsèques et aulmosnes ledict testateur sen remet et confie a l’affection et discretion de son héritier cy appres nommé luy deffendant tout faste et ostentation et recommandant ce quy pourra servir au soulagement de son ame et par expres il le charge de faire dire incontinant après son deceds et le plus diligemment qu’il luy sera possible cinq cents messes a basse voix de requiem ou aultres sy l’office le demande pour le repos de son âme en sorte qu’elles puissent toutes pour le plus tard, estre dictes un mois après son deceds et en aultre accord semblable quarante messes à basse voix qui seront dictes en lad Eglize de sa sépulture pendant les quarantes jours qui suivront son deceds.

Item ledict sieur testateur donne et legue au royal chappitre de ladicte Eglise nostre dame de Montbrison dans la vénérable Société duquel il a passé la principalle partie de sa vie. Premier la somme de trois cents livres en principal pour l’augmentation des revenus de lad Eglise, et a cet effet veult que lad somme soit employée en un fonds ou pension assurée dont led chappitre puisse annuellement tirer le revenu de quinze livres et jusques audict employ de ladicte somme principalle qui soit agréée et receue par led chappitre. Veut led Sieur testateur que son dt héritier cy apprès nommé paye annuellement audict chapittre et continue de payer jusqu’au dt employ ladicte pention ou rente annuelle de quinze livres priant lesd Sieurs du chapitre de ratifier au proffit de son héritier le contract de vente par eulx à luy passé d’une rente se trouvant en la paroisse de Cordelle en Roannais de laquelle acquisition ledict sieur testateur leur a duement payé le prix et avecq employ par eulx agréé et accepté, au défaut de laquelle ratification, led sieur testateur revocque le prsent légat et veut qu’il demeure comme non faict, Veut de plus led Sr testateur et ordonne a son dict héritier Universel de payer encore annuellement aud chappitre la somme de quatorze livres soubs le sort principal de deux cents quatre vingt livres pour la fondation qu’il fait par ce présent testament en ladicte église collégiale dy estre dict et célébré par Lesd Prr du chapitre l’Office du très Sainct et très Auguste nom de Jésus ainsy que se font et célèbrent les authres offices solennels ou officient lesdits sieurs Vénérables chanoine de lad Eglise pour estre lesd quatorze livres de fondation annuellement distribuées pour led office ainsy que sensuit, Scavoir aux premières Vespres dud office vingt cinq sols, à matines dud office authres vingt cinq sols, en une Messe matinière qui sera célébrée apprès prime dud office par un des vénérables chanoines au grand hostel n l’honneur du Très Sainct nom de Marie quarante sols et pour la sonnerie de la cloche Sauveterre pour lad messe cinq sols, pour le célébrantibus dud jour trente sols, la grand messe qui sera célébrée dud jour trente sols, la grand messe qui sera célébrée par lesd Vénérables Mesme Officier vingt cinq sols, aux secondes Vespres dud office aultres vingt cinq sols, en la Salutation qui se dira apprès Complies en l’honneur dud très Auguste Nom vingt cinq sols aux litanies du mesme nom Sacro-Saint qui seront apprès lad salutation chantées par un enfant de cœur devant le grand autel et respondues par le cœur aultres vingt cinq sols pour la sacristie à cause de la luminaire dud office, mesmes salutation et litanies pareille somme de vingt cinq sols et au manilier pour la sonnerie de la grosse cloche et autres ainsy que dans les grandes et plus solenelles festes de la glorieuse Vierge outre ce que dessus la somme de trente sols ; toutes lesquelles sommes reviendront à la susd généralle et totalle dequatorzelivres dont led Sr testateur fait la fondation annuelle et perpétuelle pour led office qu’il desire estre célébré chascune année le dimanche qui suivra le quatorzième jour de janvier ainsy que cy devant il la faict célébrer par dévotion et l’a annuellement payé de ses deniers et encore que son héritier voullu rachepter lad somme principalle de deux cent quatre vingt livres dont est otté lad fondation ce sera soubs bon et utile employ approuvé et agréé desd Sieurs du Chappitre et Jusques à ce on payera lad pention annuelle de quatorze livres. Le premier payement commencera le premier jour que se célèbrera led office et sera lad fondation apprès le décès dud Sr testateur et continuant anneullement jusques aud employ si ce n’est que led Sr testateur se trouvant avoir payé et acquitté avant son déceds le principal de lad dondation, auquel cas il veut que le présent légat demeure non faict, De plus led Sr testateur donne et lègue à lad Eglise Collégialle où il occuppe la dignité de Sacristain et ce pour l’usage de la sacristie d’icelle son calice d’argent et ses burettes et ensemble ses chazubles et linges d’autel qui se trouveront à son déceds au coffre qu’il a a l’entrée de lad sacristie, et encore donne led Sr testateur à lad Eglise Royalle une ancienne paix d’Eglise curieusement travaillée sur une dent d’eléphant et qu’il a dans son cabinet ayant la principalle représentation de nostre dame du Rosaire pour estre portée aux Messes solenelles seulement et reservée le reste du temps comme une pièce destinée au thrésor de lad sacristie. Item led Sr testateur donne et lègue à l’ancien Hostel Dieu des malades de la ville de Montbrison, dans lequel il a faict avecq foys la fonction de prébendier et directeur desd malades la somme de quatre vingt livres pour une foys. Item il lègue à l’aultre hospital de lad ville appelé général, et a celuy du Pont du Rôsne de la ville de Lion a chascun de ces deux la somme de quarante livres aussy pour une foys payables lesd sommes léguées ausd hospitaux un an appres le deceds du Sr testateur par son héritier. Item voulant led Sr testateur laisser en sa famille une marque de recognoissance perpetuelle des biens qu’il a receu de Diau dans l’estat de l’Eglise pour l’augmentation du divin service, la benediction de sad famille la consolation des pauvres et en spécial pour le remède et repos de son âme, il fonde une prébende ou commission de messes a perpétuité dans l’église ou chappelle de l’hospital et maison des pauvres de la ville de Roanne sa chaire patrie et lieu de naissance, laquelle prébende il désdie soubs le vocable de l’adorable et divin Enfant Jésus et veut y être appelée la prébande de la Mure et désire que ce servive In divinis se fasse au grand Autel delad Eglise en la forme que s’ensuict, scavoir que le prébandier sera tenu tenu de célébrer ou faire célébrer la messe à basse voix aud autel tous les jours de dimanche et tous les jours de fête de lannée de l’office desd jours à l’heure commode pour estre ouye par les pauvres et aultres dud hostel Dieu à scavoir depuis pasques jusques à toussaint à sept heures du matin et despuis tousssaint jusques a pasques à huict heures es quelles messes il appliquera son intention pour le repos de l’ame du fondateur au memento des trepassés et a la fin d’icelles dira aussy à son Intention le psaume De profundis avecq l’oraison pour un pbre deffunt, laquelle prebande ou commission de messes ainsy fondée led Sr testateur dote ses vignes, terres et autres fonds a luy appartenant au village de Sermaize icelluy village situé en la parr de Cordelle en Roannais et par ces fonds par luy acquis de Jean Barragot, André Duport et Claude Deflaudron comme aussy de la pention annuelle et foncière de douze livres ha luy deub par Anthoine Felix laboureur de lad paroisse pour l’effet de quoy led Sr testateur ordonne qu’extrait des contrats d’acquisition desd fonds et de lad pension foncière sont ravis et baillés par son héritier tant au premier prébandier d’icelle prébande qu’a Messieurs les recteurs dud hostel Dieu pour servir de titres en leurs archives déclarant pour principal jour du voacble d’icelle prébande le premier jour de l’An consacré à la circoncision de l’Adorable Enfant et Imposition de son auguste nom Jésus. Or, veut et entend led Sr fondateur que le droit de patronage et de collation de lad prébande appartienne à son cher frère Pierre de la Mure escuyer seigneur de Bienavant, Changy, Villemontais, consllr du Roy et ancien président de l’élection de Roanne et apprsè luy à Jean-Marie de la Mure filleul dud Sr testateur et fils dudict Sgr de Bienavant, et apprès led Jean Marie de la Mure son filleul, en cas qu’il meure sans enfant male à Noël de la Mure autre fils de sond frère et à deffaut d’enfants masles dudit Noël et de postérité masculine légitimement descendante des susdits père et enfants, veut led fondateur que le droict de patronage ou collation d’icelle prébende soit dévolu et demeure auxd Sieurs recteurs et administrateurs dud hostel Dieu et de plus entend et ordonne que lad prébende soit tousjours conférée à un prbre et qu’elle soit sacerdotalle, comme aussy lègue d’habondant led Sr testateur au msme hostel Dieu de la ville de Roanne la somme de soixante livres pour une foys payable l’an révolu de son deceds à la charge et condition et en conséquence de lad fondation savoir : droict de sepulture dans icelle Eglize dud hostel Dieu de Roanne pour sondict frère, sa famille et leurs successeurs audevant de la porte du cœur ou autre lieu le plus honorable et commode ainsy qu’il sera advisé entre les SSrs recteurs dud Hostel Dieu et son héritier aussy précisé. Donne encore et lègue led Sr testateur à la confrérie des porteurs du St Sacrement de la ville de Roanne de laquelle il est ancien confrère la somme de vingt livres t. pour une foys payable un an apprès son déceds. Item donne et lègue led Sr testateur au couvent des Révérebds pères Capucins de la ville de Montbrison t pour les nécessités plus urgentes que jugera leur Père temporel la somme de soixante livres tournois pour une foys payable aussy un an apprès son deceds, comme aussy deux tableaux du glorieux St François estant dans son cabinet qui leur seront délivrés apprès son dict deceds plus fonde led Sr testateur dans la chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste située dans le cimetière de l’église paroissiale de Cordelle en Roannais une procession publique qui sera faite par le Sr Curé et prestre en lad chapelle annuellement au jour et feste dud glorieux St Jean-Baptiste vingt quatriesme juin appres vespres en laquelle sera chanté solennellement l’hymne : U t queant laxis r esonare fibris 7 tout entier ainsy qu’il est dans le Breviaire à l’usage de ce Diocèse de Lion avecq le verset et oraison du Sainct et ensuitte dict un De Profundis et l’oraison pour un pbre deffunt et le lendemain 25 e juin aussy annuellement et perpetuellement sera dicte et célébrée une grande Messe des morts avecq le Libera me à la fin et l’oraison pour un pbre deffunt n lad chappelle de St Jean en l’autel de St Pancrace, tant à l’intention dud testateur que de ses parents trespassés et pour icelle fondation il donne et lègue aud Sr curé et prestre de lad eglize dix sols pour la procession et vingt sols pour ladicte messe pour acquitement de quoy il leur donne une pension foncière annuelle et perpétuelle à luy deue de trente sols par les héritiers de André Chape dit gay laboureur de lad paroisse, de laquelle pention il ordonne que les contracts leur soit remis par son héritier apprès son déceds. Item donne et lègue led Sr testateur à dis-crette personne messire Anthoine Huillot pbre de lad Eglise collégialle de nostre dame de Montb son bon et fidelle amy son benistier d’argent ayant une placque ou est représenté une nostre Dame, son crucifix d yvoire son bréviaire et ses surplis et toutes les œuvres de Grenade contenues en deux grands volums estant en son cabinet, le priant accepter ces choses comme marque de sa bienveillance. Item donne et lègue led Sr testateur

7 Guy d’Arezzo vers l’an 1000 choisit les premières syllabes des hémistiches de l’hymne de St Jean Baptiste pour donner le nom des notes de la gamme : ut, ré, mi, fa, sol, la, si.

à devotte Sœur Marie Elisabeth de Ponchon religieuse professe du dévot monastère des Religieuses de la Visitation Ste Marie dud Montbrison sa bonne et très chère nièpce et en sa personne aud dévot couvent représentant la très Saincte Vierge avecq son poupon endormy et deux anges dont elle est couronnée, et de plus son grang Crucifix marqué par les armes des Nerestang à luy donné par les libéralités de lad maison. Item donne et lègue led Sr testateur à dévote fille Claudine Verdier natifve de Bully en Roannais ancienne servante de sa defuncte mère et a présent la servante, par charité et recognoissance de sa fidelité t vertueux service, oultre ses gaiges au dus desquels elle sera crue a son serment la jouissance sa vie durant en demeurant fille de sa petite maison appellée chez Charles joignant et tenant au reste de la grande maison et bastiment du domaine dud Sr testateur située au bourg de Cordelle et à présent loué par led Sr Philippe Cartier marchand, avecq le jardin, petit chenevier, cour, et autres aysances de lad petite maison, donne aveq icelle jouira lad Claudine, comme aussy lègue le dict Sr par mesme charité à lad Claudine sa vie durant en demeurant fille l’usufruit et concurrament de deux rentes constituées deues aud Sr testateur : l’une de sept livres dix sols par Claude Gaillet de Cheninel et l’aultre de trois livres dix sols par Claude Martinet de Presles dont extraits de contracts luy sera fourny pour ses aydes par sond héritier qui en cas de rachapt desd rentes luy parfournira led contract voulant qu’apprès la mort de lad Claudine Verdier ou cas advenant qu’elle contracte mariage lesdits maison, fonds et ecrits concernant la possession de sond heritier comme le reste de ses biens avecq les mesmes substitutions cy bas apposées ; telle estant la volonté dud Sr testateur et ne faisant ce légat que par cahrité ; Item donne et lègue led Sieur à Pierre Chezaule de Cordelle à présent son laquais, outre les habits et linges qu’il luy a faict faire la somme de soixante quinze livres pour apprendre un mestier dont il charge son héritier de prendre soing le plus tôt que faire se pourra apprès son deceds. Item led Sr testateur donne et lègue et par droit d’institution delaisse à tous et chascun ses parents et prétendants droits en ses biens et hoiries à chascun d’eux la somme de cinq sols et au résidu de tout et un chascun ses biens, meubles, immeubles, droicts, noms et actions présents et advenir qu’il conquiers. Led Sr testateur a faict, institué et nommé de sa propre bouche son héritier universel led Pierre de la Mure escuyer Seigneur de Bienavant, Changy et Villemontais, Ancien président en l’Election de Roanne son très cher et bien aymé frère auquel il veut que tout sesd biens adviennent et appartiennent de plein droict incontinent apprès son deceds à la charge de payer et acquiter ses debtes legats et frais funéraires, auquel héritier led Sr testateur substitue led Jean Marie de la Mure son cher filleul et fils aisné dud Sr de Bienavant et au cas qu’il viendrait à mourir sans enfant il luy substitue Noël de la Mure son frère puysné sans touttes foys aulcunement comprendre en lad substitution les meubles denrées et autres facultés mobiliaires du sr testateur priant et requérant pour conclure tous officiers de justice de s’abstenir d’en faire aucun inventaire et d’y apposer aulcun scellé. Et ainsy a disposé led Sr testateur quy a revocqué toutes aultres dispositions qu’il se trouverait avoir cy devant faict, et a voullu que si la présente ne vallait par droit de testament, elle soit vallable par droit de codicille, lequel present son testament luy a esté leu et releu et il y a percisté. Fait aud Montbrison maison canonialle dud Sr testateur au cloistre de ladite Eglise Collégialle le quatrième jour du mois de septembre mil six cens soixante sept apprès Midi, en présance des sieurs Jean Dumas pharmacien de Jean Mathon archer en la Maréchaussée de Forestz, Jean Luzes Maître tailleur habits, Simon Goulioud maitre boulanger, Jean Farges maître cordonnier, Pierre Raymond Cirier et Pierre Couavoux potier d’estain tous habitants de ladite ville de Montbrison tesmoins requis qui ont signé avec led Sr testateur. A la reserve dud Couavoux quy n’a su signer de ce enquis.

Dumas Mathon Luzes De la Mure

Sieur testateur

Raymond Goulioud Farges

Chassain Nore Royal

 

X