ASSEMBLEE TRIMESTRIELLE du 18 mars 2006,  Compte rendu par M. Philippe Pouzols-Napoléon, BD, Tome LXV, Montbrison, 2006, pages 89 à 98.

 

Les sociétaires se sont réunis pour leur assemblée de printemps au siège social à 14 heures 30, accueillis par M. Jean-François David de Sauzéa dont c’était la première présidence de séance. Celle-ci était ouverte avec le souvenir du comte et de la comtesse Olivier de Sugny, défunts, évoqués par le vice président Francisque Ferret, avant que le vicomte de Meaux fasse l’éloge de notre ancien président à l’assemblée de juin prochain.

Le président entamait ensuite sans distraction l’ordre du jour en raison d’un programme chargé, et commençant par le compte rendu des travaux du Conseil d’administration du matin même.

Monsieur Noël Gardon, ancien secrétaire, s’est retiré du Conseil pour se consacrer pleinement à l’étude des importantes archives arrivées récemment dans nos fonds. Déjà ses travaux remarquables sont consultables à la Diana et il s’est vu remettre par le président, à ce titre, un jeton de présence en argent de la Diana alloué par le Conseil d’administration. A été élue en remplacement Mademoiselle Yvonne Dupuy, qui compte 35 années de comptabilité professionnelle à son actif, auxquelles ont succédé 4 années de trésorerie à la Diana. Elle devrait être proposée comme future trésorière de la Diana au mois de juin prochain.

Deux autres jetons de présence ont été alloués par le conseil du matin, au vicomte Maurice de Meaux, président d’honneur de la société, et à Monsieur Ludovic Brassart.Madame Claude Beaudinat, jusqu’à présent conseillère auprès du Conseil, est nommée en remplacement du comte Olivier de Sugny, comme administrateur.

Enfin, M. Jean Julien-Laferrière, chargé par le président de Meaux de faire l’audit du patrimoine immobilier de la Diana, lequel est en cours, a été nommé conseiller en remplacement de Madame Beaudinat.

Puis, le président a fait cette allocution, résultante des travaux dudit Conseil d’administration :

Je voudrais profiter de cette assemblée, avant celle de juin, pour vous faire part des orientations étudiées avec le conseil d’administration aujourd’hui.

Partant du constat, que ce qui a été fait jusqu’alors a été bien fait, il faut désormais regarder le futur, pour faire aboutir nos projets et consolider de façon durable notre avenir.

Vous êtes des dianistes fidèles et nous sommes tous des passionnés.

Il faut saisir les opportunités pour obtenir ce qui nous permettra de faire vivre nos idées et notre patrimoine, c’est-à-dire assurer les moyens financiers avec ceux qui sont nos partenaires, les collectivités locales en particulier, surtout s’ils ont la conviction, en ce qui nous concerne, que la
culture passe par l’associatif.

Nous constatons, aujourd’hui à la Diana, que les subventions diminuent (CNASEA), ne sont pas renouvelées (FOL) ou nécessitent que notre quote-part soit trop importante (DRAC) ; que les charges fixes augmentent ; que les recettes diminuent, sans compter les contraintes juridiques et fiscales qui s’y ajoutent.

La dispersion géographique de notre patrimoine immobilier nécessite des déplacements lourds en temps et en coûts, qui grèvent notre budget, nous n’avons plus les moyens de faire face durablement à toutes ces dépenses.

Nous constatons que les budgets alloués à la culture sont en baisse : il est aléatoire, et dangereux pour la Diana, de dépendre de subventions, non contractuelles, ou d’aides ponctuelles, bienvenues certes, mais qui peuvent être diminuées, voire supprimées, sans préavis.

Nous avons besoin de visibilité et de sérénité à long terme, pour engager nos projets d’aménagement ou d’investissement et toutes autres dépenses nécessaires au fonctionnement des activités de la Diana.

Nous devons faire des choix. C’est au prix de certains sacrifices, sur le plan sentimental surtout.

Le Conseil d’administration a donc accepté de poursuivre les négociations engagées depuis bientôt un an, sous le mandat du président de Meaux, avec le Conseil général, en vue de lui remettre l’accueil du public du château de la Bastie d’Urfé, et de réviser les conditions du bail emphytéotique qui se termine en 2040.

Pour accompagner cette négociation, jusqu’à la prochaine assemblée statutaire de juin, nous avons besoin de votre avis aujourd’hui.

Ce qui est déjà proposé de part et d’autre, et doit faire l’objet d’un contrat à soumettre au vote statutaire des sociétaires de la Diana en juin prochain est :

1°) L’accord de notre part pour l’octroi du label « Musée de France » sur notre mobilier de la Bastie d’Urfé, ce qui lui permettra de recevoir d’autres musées des objets et meubles pour enrichir ses collections… déjà le musée de Grenoble a mis en dépôt des carreaux qu’il détenait provenant de la chapelle et qui y seront exposés après leur restauration, l’apport récent de mobilier Renaissance du château de Vizille complète cette nouvelle disposition ;

2°) Le Conseil d’administration a donné son accord de principe pour que l’accueil du public au château soit repris par le Conseil général, négociation engagée depuis 1 an avec Messieurs Cellier et Moullier, conseillers généraux, et poursuivie depuis avec Monsieur Bergeot, directeur de la Culture du Conseil général. Notez au passage une nouvelle contrainte
légale depuis juillet 2005 obligeant l’exploitant d’un site classé à proposer des guides diplômés pour faire visiter les Monuments historiques, ce qui n’est pas notre cas à la Bastie d’Urfé ;

3°) Convention à établir entre la Diana et le Conseil général sur notre mobilier de la Bastie, suivant classification proposée par Mademoiselle Anne Carcel, Conservateur des Antiquités et objets d’arts du Département de la Loire ;

4°) Enfin, problème crucial, qui a mis en effervescence les juristesdu Conseil général et notre secrétaire, Philippe Pouzols-Napoléon, assisté du CRIDON, soit : la possibilité ou non de récupérer la TVA sur les importants travaux à venir (notamment la Chapelle et la Salle de fraîcheur), prévus en 2007 par le Conseil général pour le IVe centenaire de la parution de l’Astrée;

C’est le point central de la négociation depuis ces derniers mois, et des dernières consultations il ressort que la TVA ne peut être récupérable par le Conseil général que s’il devient propriétaire à l’issue du bail, soit dans 34 ans.

Si tel était le cas, nous avons donné un accord de principe sur ce point, soumis, je vous le rappelle, à l’acceptation des sociétaires réunis en juin, MAIS, sous les conditions suivantes :

a) La Diana conserve l’usage des pièces du rez-de-chaussée et de la salle de justice mais également et surtout, le Conseil général accepte de payer un loyer, indexé, qui jusqu’alors était gratuit. Ce loyer remplacera en partie la subvention annuelle, qui ne couvrait plus d’ailleurs les charges de la Bastie qui n’incluent pas que des frais de personnels mais aussi des travaux (2005 et 2006 restauration de notre pavement en carreaux du 16e siècle de la Chapelle) ;

b) Le Conseil général entend renforcer son partenariat sur un ou plusieurs projets à lui soumettre, et que nous étudierons ensemble, sur une durée quinquennale, soit plus particulièrement :
-Poursuite des travaux engagés à Sail-sous-Couzan (je rappelle que les chantiers de jeunes n’auront pas lieu cette année faute de subvention) ; mise en sécurité de la Grotte préhistorique des Fées à Sail-sous-Couzan ;
-Travaux d’urgence à la chapelle de Baffie et au Pic de Saint-Romain-le-Puy. Toiture à reprendre et crépi à envisager pour la première ; consolidation des ruines pour le second site ; suivant les conclusions du rapport effectué par Monsieur Jean Julien-Laferrière sur ces deux bâtiments, et qui valide certains travaux projetés par l’Architecte des Bâtiments de France, Monsieur Gonzalès.
-Réhabilitation de la Chapelle de Saint-Jean-des-Prés et de son environnement (Ordre de Malte) : Terminer les fouilles archéologiques, intérieures de la chapelle engagées depuis un an ; restaurer la fresque de crucifixion ; poursuivre les travaux de démolition des intérieurs (galandages principalement du 19e siècle) pour lui redonner son volume et remettre en valeur de son architecture ; lui rendre son aspect originel ; enfin y fonder un site culturel en rapport avec son histoire et son architecture.
-Siège social :

Améliorer l’équipement des pièces qui conservent nos archives,pour accueillir celles qui nous sont confiées ou celles qui vont l’être,développer toutes les activités qui sont les nôtres pour la conservationde la mémoire de notre Forez en particulier ;Assistance aux propriétaires de sites historiques àsauvegarder, et mise en valeur.

C’est d’ailleurs ce que nous avons fait avec la Bastie, depuis bientôt 100 ans, mission accomplie, le Conseil général a les moyens de poursuivre la mise en valeur de ce Monument exceptionnel. Le souvenir de la Diana y restera présent et pérenne avec le mobilier qu’elle lui confie.

Si la solution de location est avalisée, incluant la cession à terme de la propriété, elle nous permettra de poursuivre nos passions et de renforcer la présence de la Diana pendant plus de 30 années. »

Un large débat s’ensuit qui n’est pas relaté ici puisque cette assemblée de mars n’a pas de pouvoir décisionnel. Il n’y a pas d’opposition dans l’assemblée à ce que les négociations se poursuivent. Le président confie aux sociétaires qu’il attend d’eux qu’ils y réfléchissent d’ici le mois de juin prochain, dont l’assemblée statutaire devra se prononcer sur le contrat qui sera proposé.

Sur ce, le président donne la parole au secrétaire qui nous fait part des 26 candidatures proposées et dont vous trouverez la liste en fin de ce bulletin, elles sont approuvées par l’assemblée. Le secrétaire donne ensuite des informations concernant la Diana.

Monsieur Edouard Crozier vient de terminer une exposition dans notre musée, où elle occupe deux vitrines, sur la sigillographie ou sphragistique, présentant un choix de sceaux matrices, empreintes ou cachets de toutes sortes, provenant de notre médaillier (plus de 3500 pièces).

Le secrétaire informe les sociétaires des dernières publications de la Diana : en premier lieu le volume d’hommage à Robert Périchon, recueil d’articles à vocation archéologique sous la coordination d’Isabelle Chol, co-publié avec les Presses Universitaires Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.

En deuxième lieu, la réédition avec les Presses Universitaires de Saint-Etienne et l’IERP, du « Dictionnaire topographique » de la Loire de Dufour, annoncé au tirage de 300 exemplaires seulement, disponible le 15 avril à l’Université.

Enfin, pour les Boënnales du livre du 14 mai 2006, nous présenterons le tome 2 des « Eglises du Forez au 19e siècle » cantons de Montbrison et Noirétable, attendu depuis maintenant 2 ans.

Vous retrouverez toutes les publications de la Diana sur le stand qu’elle tiendra au Forum Rhône-Alpes de la généalogie (où ne va-t-on pas !) à Saint-Just-Saint-Rambert les 14 et 15 octobre 2006.

Pour terminer, le secrétaire invitait Madame Joëlle Chalancon, qui représente la Diana au sein de l’association « Les Jardins de l’Alliance » dont nous parlera tout à l’heure M. Emmanuel Rony, qui s’est investie également dans l’association culturelle et patrimoniale « Chazeau : hier et aujourd’hui » :

« Chazeau est l’un des six quartiers de la ville de Firminy. Or, Chazeau a une histoire propre, un patrimoine propre, puisque ce village n’a été rattaché à la commune de Firminy qu’en 1959 ; l’aspect village est resté intact malgré la proximité du grand ensemble d’urbanisation des années soixante appelé Firminy Vert, et plus particulièrement de la cité Le Corbusier qui jouxte Chazeau. Aujourd’hui il est intéressant de voir comment cohabitent ces programmes architecturaux, ancestraux et modernes : le petit village encadré de monts verdoyants se peuple de pavillons fleuris et garde son authenticité alors que de l’autre côté de la colline l’oeuvre de Le Corbusier est illustrée par l’érection en phase finale de la fameuse église qui sera bientôt inaugurée de manière grandiose et mondiale (c’est le seul
monument historique classé avant d’avoir été construit).

Les habitants et amis de toujours de Chazeau ont décidé de fonder une association, type Loi 1901, à l’initiative de Monsieur Georges Dard, qui en est le premier président, avec la participation personnelle de Monsieur Dino Cinieri, député-maire de Firminy.

Les projets sont multiples, il s’agit de ressusciter le patrimoine de Chazeau, autour du monastère, de l’église Saint-Jean, des traditions, coutumes, artisanat et anciens établissements commerciaux. La participation de l’école est déjà assurée, les enfants sont associés au projet et montrent déjà un grand intérêt à ce qui doit devenir leur livre d’histoire vivant…

La Diana accueillera prochainement les membres de cette association, qui se rendront également au Monastère Sainte Claire de Montbrison, en souvenir de l’Ordre choisi par Luce de Beaudiner, baronne de Cornillon, qui fonda le monastère de Chazeau en 1332 sous l’autorité du couvent des Frères Mineurs de Montbrison… l’histoire serait trop longue pour être contée aujourd’hui, nous vous remercions pour l’intérêt que vous porterez aux travaux de cette association qui projette l’édition d’un bulletin annuel. »

Le président avant de continuer donne deux autres informations. Le colloque du 1er avril « Jacques Joseph Duguet, vie chrétienne et vie morale », dont une publicité a été faite dans le précédent bulletin, aura lieu le 1er avril également le matin et ce dès 10 heures, au siège de la Diana. Le président en remercie les organisateurs et l’Institut Claude-Longeon.

Il donne la parole à Monsieur Philippe d’Assier pour une information concernant la forteresse de Couzan. Cette année, faute de subvention, le 11e camp international de jeunes n’aura pas lieu. Monsieur d’Assier a formé une équipe de bénévoles, recruté un groupe d’insertion, d’une part pour ouvrir le site les fins de semaine au public, et d’autre part pour effectuer la fin de la 1ere tranche de travaux de la tour remontée en partie l’an dernier. Il lance un appel aux sociétaires, ou même à leurs enfants, qui voudraient se joindre à son équipe.

Madame Claude Beaudinat est invitée à présenter les acquisitions de notre bibliothèque, qui s’est enrichie d’une centaine d’ouvrages depuis notre dernière assemblée et dont
vous trouverez la liste en fin du présent bulletin. Ce sont deux ouvrages qui ont attiré plus particulièrement son attention : l’étude d’un livre d’Heures concernant notamment Catherine d’Urfé, et la publication de notre collègue Henri Gerest « Ainsi coule le sang de la terre… Les hommes et la terre en Forez 18e20e siècles ».

Le programme des communications était lancé avec Mademoiselle Sidonie Bündgen, venue de Suisse pour présenter l’analyse du matériel trouvé dans une tombe à incinération sur la commune de Saint-Sixte (IIe siècle). Elle n’oubliait pas de remercier pour sa participation, M. Essertel, maire de la commune concernée, présent dans l’assemblée, propriétaire du matériel trouvé.

MM. Noël Gardon et Philippe Pouzols-Napoléon étaient invités à présenter ce qu’ils appellent la 1687e « Charte du Forez », dont le récit fut court et précis.

M. Emmanuel Rony présentait son projet des « Jardins de l’Alliance » autour du château de La Fayolle à Saint-Martind’Estreaux, dont l’association est présidée par Madame le Professeur Jacqueline Bayon, présente à l’assemblée avec M. Depeyre, et qui concluait son intervention. Les sociétaires auront apprécié l’intérêt pour le sauvetage du patrimoine de pouvoir compter sur un site école destiné à former les candidats aux métiers du bâtiment d’autrefois sur un site réel à restaurer. M. Alain Collet intervenait dans un cadre moins régional, mais ouvrant la curiosité des dianistes au cours du périple d’un supposé forézien « aux Amériques » à la fin du 19e siècle. M. Alain Sarry présentait la synthèse de documents retrouvés sur un curé de campagne à Arcinges, à la limite de trois anciennes provinces, dont il s’est employé à reconstituer les activités surtout juridiques et la vie privée. M. Jean-Yves Roncin enfonçait encore un peu plus le clou sur l’origine des familles Calemard, et vous en aurez les
justificatifs dans ce bulletin : point d’origine espagnole mais bien auvergnate !

Enfin, M. Stéphane Prajalas, communiquait sur les assemblées communautaires dans la Haute vallée du Lignon dans le dernier siècle de l’Ancien régime. Nous avons pu avoir par cette intervention des aspects non négligeables de la vie communautaire dans les campagnes reculées indépendamment de la vie religieuse.

Le président invitait les sociétaires à un vin d’honneur dans la salle héraldique, bien mérité puisqu’il était presque dix-huit heures.