LA 1687e CHARTE DU FOREZ, Communication de MM. Noël Gardon et Philippe Pouzols-Napoléon , BD, Tome LXV, Montbrison, 2006, pages 99 à 102.

 

 

           Le hasard du récolement des archives de la Diana, en vue de la préparation d’une publication de leur inventaire sommaire et numérique1, a voulu qu’entre deux notes manuscrites du 19e
siècle apparaisse un petit bout de parchemin, coincé par un trombone hors d’âge.

C’est dans la série 1E1 constituée de pièces d’archives provenant de diverses seigneuries, et particulièrement sous la cote 76 dédiée à Couzan, que se trouvait cette pièce portant la date de 1226.

L’équipe des chartistes foréziens qui a publié de 1933 à 1980 « Les Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle » soit 1686 pièces en tout2, est passée à côté de ce document, comme

M. Etienne Fournial, à qui l’on doit la réorganisation de nos archives privées. Très vite nous nous sommes aperçus que ce petit document devenait à la lecture de sa date, la 1687e Charte du Forez, et qu’il résout un détail généalogique de la maison de Damas non sans importance. Mais il pose une question nouvelle : les Colombettes seraient-ils à un moment ou à un
autre des Damas-Couzan ?

Ne précipitant pas notre analyse, nous vous en donnons ci-dessous le résumé de texte, la transcription, la traduction et la reproduction, sans doute comme les chartistes l’auraient fait.

 

Pour pacifier leur différend 4, Renaud Damas ratifie l’achat, moyennant trente livres reddituelles et dix autres livres, qu’ont fait son frère Hugon Damas et Dalmas fils de ce dernier de Colombettes 5. Il garantit leurs droits envers tous, et lesdits Hugon Dalmas et son fils promettent de respecter cet accord. Béatrix, comtesse de Châlon, pour consolider cette transaction y fait apposer son sceau.

A – Original perdu
B – Copie [?] contemporaine sur parchemin non scellée et coupée au format du texte ; hauteur 7 cm, largeur 12 cm.
Archives de la Diana 1E1-76bis.
Transcription de la fin du 19e siècle non signée dans les archives de la Diana 1E1-76. Traduction de Noël Gardon, notes de Philippe Pouzols-Napoléon.

Notum sit universis presentes litteras inspecturis Quod Hugo Dalmasius6 et Dalmasius7 filius eius et Rainaldus Dalmasius8 frator dicti Hugonis Dalmasii venerunt ad pacem et ad finem de omnibus discordiis et querelis, ita quod dictus Rainaldus assedit predicto Hugoni et suis emptionem suam de Columbes pro triginta libris reddituum, et alibi decem libris. Hoc autem tenetur prefatus Rainaldus guarantire quantum est de jure predicto Hugonis Dalmasii et suis erga ommes. Ipse vero Hugo Dalmasius et Dalmasius filius ejus pro se et pro suis heredibus concordiam tenentur integre observare et guarantire. Hoc totum pars utraque juravit tenere. Quod ut ratum et stabile permanent, ego Beatrix comitissa Cabilonensis9 ad [pre]ce[m ?] utruisque partis in testimonium veritatis presentes litteras sigilli mei munimine roboravi, et de mandato utruisque partis teneor quod faciam prenominatam concordiam tenere. Actum anno Gratie.M°.CC°.vicesimo sexto.

Traduction proposée :

« Soit notoire à tous ceux qui ces présentes lettres inspecteront que Hugues Dalmas et Dalmas son fils et Renaud Dalmas frère dudit Hugues Dalmas vinrent à paix et à terme de toutes leurs discordes et querelles, c’est que ledit Renaud ratifie audit Hugues et aux siens leur achat de Colombettes pour trente livres reddituelles et dix autres livres. D’autre part ledit Renaud garantit en tant que de besoin ledit Hugues Dalmas et les siens contre tous. De même Hugues Dalmas et Dalmas son fils pour eux et leurs successeurs promettent de respecter, observer et garantir cet accord. Les deux parties ont juré de respecter le tout. Pour ratifier et conforter le présent accord entre les parties et par mandat des deux parties qui ont fait le présent accord et en témoignage de vérité des présentes lettres moi Béatrice comtesse de Chalon j’ai fait apposer mon sceau l’an de grâce mil deux cent vingt six. »


BDt6511

Traité de paix entre Renaud et Hugues Damas (1226)
Archives Diana 1E1 -76bis

1 L’ébauche de cet inventaire de 800 pages environ est téléchargeable par les sociétaires abonnés à la base « Persigny ».


2 Formant un corpus de 24 volumes, consultable à la Diana.


3 La charte ne donne que l’année, mais l’intitulé « l’an de grâce » peut laisser penser que nous sommes au tout début de l’année.


4 Les Damas sont des hommes de guerre, ainsi que l’a démontré M. le professeur Edouard Perroy dans un article publié dans le Bulletin de la Diana, tome 37 pages 204-216.


5 Le hameau de Colombettes se situe sur Saint-Just-en-Bas, dans les « hautes chaumes proches deChorsin » (Edouard Perroy : Les familles nobles du Forez au 13° siècle, tome 1, page 245 – ouvrage paru en deux tomes en 1976 et 1977 sous les auspices de la Diana et du Centre d’Etudes Foréziennes, auquel il faut rajouter le 3e tome contenant les tables des noms publié par la Diana en 1991). Cette charte semble nous convaincre que Pons de Colombettes, chevalier, de l’entourage des sires de Damas en 1190, bien qu’ayant deux fils, n’aurait pas eu d’héritier dans son fief. S’il a été vendu, Alice, veuve Colombettes, remariée à Bertrand Chal avant 1279, serait plutôt parente à ces Damas.

6 Cet Hugues frère de Renaud n’est pas à confondre avec un autre Hugues à la génération suivante, frère de Guy, qui réalise un achat à réméré en 1234, avec son fils Hugues et sa femme pour 30 l. forts (Edouard Perroy : Les familles nobles du Forez au 13° siècle, tome 1, page 270).


7 Selon une tradition forézienne le fils aîné de la maison est appelé dans sa propre famille du nom de famille. Seuls les cadets et autres puînés sont appelés par leur prénom.


8 Sur ce personnage qui paraît dans la documentation trois fois en 1227, 1229 et 1234 et maintenant quatre, se reporter à la charte de Forez n°1402 [368].


9 Béatrice de Thiers (1174+1227), fille de Guillaume II, comte de Châlon et de Béatrice de Souabe, femme d’Etienne III, comte d’Auxonne.

 

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