LE COMTE OLIVIER DE SUGNY, Par le vicomte Maurice de Meaux, BD, Tome LXV, Montbrison, 2006, pages 336 à 340.

Au cours de sa séance du 19 juin 1965, le Conseil d’administration de notre association portait à la présidence le Comte Olivier de Sugny, en remplacement du baron de Rochetaillée, démissionnaire. Dans ses propos de remerciements, Olivier de Sugny notait : « La Diana n’est certes pas une inconnue pour moi puisque je lui appartiens depuis plus de trente ans. »  Si on ajoute 26 ans de présidence, on voit qu’Olivier de Sugny a appartenu à La Diana pendant  56 ans : c’est dire en un mot la place qu’il a occupée dans notre association et le vide que laisse sa disparition survenue le 10 février dernier, à l’âge de 101 ans, dix jours après celle de son épouse.

BDt6529-1

Né le premier août  1904 à D’Huison-Longueville (Essonne) , dans la propriété de ses grands-parents Jouvencel, il effectue sa scolarité classique à Paris, chez les Frères, puis au lycée Fontanes, alors dirigé par le père   du général de Gaulle.
C’est là qu’il passe son baccalauréat, puis s’inscrit à l’Institut Catholique pour y faire sa licence en droit, qu’il termine en juillet 1925.

Après l’intermède du service militaire, il prépare son doctorat qu’il passe brillamment en écrivant une thèse sur « le rôle des clercs en Forez au XIIIème siècle ». Sous ce titre, il étudie en réalité le fonctionnement administratif du comté, et la part prise par les clercs dans une administration qui, en cette période, est de plus en plus influencée par le droit romain, même si perdure une part de droit coutumier. Bien entendu, la publication, juste commencée, des Chartes du Forez, lui aura été d’une grande utilité, comme elle le sera pour tous les chercheurs par la suite, qui en seront reconnaissants à l’équipe productrice Guichard-Neufbourg-Gonon.
Voilà donc Olivier de Sugny prêt à entrer dans la vie professionnelle, et bien armé pour cela : de par sa famille, où régnait le respect des valeurs traditionnelles, et de par ses études sérieuses et approfondies.
Ses goûts et ses aptitudes l’orientaient vers le service de l’Etat. Il fit donc carrière à la Cour des Comptes, où il entra d’abord au Secrétariat du Procureur Général, pour accéder plus tard à la fonction prestigieuse de Conseiller Maître qu’il occupa jusqu’en 1975.
Officier de réserve, (il avait effectué plusieurs périodes militaires, et même un stage de Renseignements à Nancy en 1938), il fut mobilisé en 1939. Fait prisonnier le 17 juin 1940, il subit une longue et pénible captivité dans les camps de Lubeck, Fischbeck et Soest. Il ne parlait jamais de cette période douloureuse, si ce n’est une fois à la Diana, où il mentionna que « le spectre de la faim n’était pas un vain mot ».

Marié en 1946 avec Mademoiselle  Thérèse de Martignac, père de trois enfants, il consacrera sa vie, hors ses occupations professionnelles, à sa famille, à son domaine de Souternon, à son village du même nom où son rôle de conseiller municipal lui tenait à cœur, et enfin à La Diana. Il refusa plusieurs postes importants au sein de ministères ou à l’étranger, pour ne pas faillir à ses devoirs familiaux et locaux.
Son rôle à La Diana fut évidemment important. Je dois dire ici qu’ayant, à titre de vice-président à cette époque, beaucoup travaillé avec lui, j’ai eu tout loisir d’apprécier non seulement sa courtoisie, mais aussi sa bienveillance à mon égard, et souvent même son effacement volontaire. Il me répétait, lorsque je sollicitais son avis ( et c’était souvent), « vous êtes vice-président, faites ce que vous voulez ». C’est ainsi qu’il me laissa toute latitude pour négocier avec le Président du Conseil Général, -M. Neuwirth – et son équipe dirigée par M. Mandon, aidé de Mme Granouillet, les clauses du bail emphytéotique consenti au Conseil Général par La Diana sur La Bâtie d’Urfé, et la convention annexe permettant à notre association de rester animatrice du château.
Les débuts de la négociation furent assez difficiles : nous offrions pour ce bail une durée de 30 ans, alors que le Conseil Général voulait 99 ans !  L’on transigea à 50 ans.
De même Olivier de Sugny me laissa-t-il travailler avec le Docteur Poirieux et sa municipalité, à la fin des années 80, pour décider des travaux importants de transformation des locaux de La Diana.  En premier lieu il me confia la négociation d’un bail emphytéotique avec la ville, assorti d’une convention d’usage sur certains bâtiments. C’est un agréable souvenir que cette collaboration avec un président qui vous laisse toute latitude pour agir. En cela Olivier de Sugny se montra un chef attentionné, sachant déléguer efficacement.
Il quitta la présidence de La Diana avant la fin des travaux, et poussa la discrétion et la délicatesse envers son successeur jusqu’à s’abstenir de figurer à l’inauguration des nouveaux aménagements en septembre 1991.
Voilà qui dépeint bien Olivier de Sugny : grande modestie, attention aux autres, délicatesse envers eux, assorties d’un humour jamais méchant. Si l’on y ajoute la droiture et le courage, la personnalité d’Olivier de Sugny est certes des plus attachantes, et son souvenir perdurera à La Diana, qu’il a dirigée pendant 26 ans.
Oui, ses enfants peuvent être fiers de leur père, et nous leur renouvelons ici l’assurance de notre sympathie.

 

BDt6529-2
Comte et comtesse Olivier de Sugny

X