VILLE DE BAIE D’URFE (Québec) Histoire de la relance d’un partenariat, Compte rendu de mission de M. Romain Arnal, BD, Tome LXV, Montbrison, 2006, pages 13 à 26.

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Cet article tient à exposer les liens historiques qui ont uni et qui continueront d’unir le pays du Forez et la province de Québec, au Canada. Un séjour à Montréal a été l’occasion de relancer le partenariat entre La Diana et la ville de Baie d’Urfé, située à l’ouest de l’Ile de Montréal. Ce partenariat revêt une importance particulière pour La Diana puisqu’il permet de resserrer des liens entre deux communautés par delà l’Atlantique, et de diversifier ses activités à une échelle internationale.
Des recherches ont été effectuées dans les archives de la Diana afin de mettre en lumière la personnalité de François Lascaris d’Urfé, missionnaire sulpicien en Nouvelle France. Une attention particulière a également été portée sur les échanges ayant eu lieu entre la Société historique et archéologique du Forez et Baie d’Urfé. Cette communication apporte ainsi un résumé et un complément d’information quant à la fondation de la paroisse de Saint-Louis du Haut de l’Île, à l’origine de l’actuelle ville de Baie d’Urfé. L’initiative cherche à développer des perspectives pour la mise en place d’un partenariat international sur la base d’une histoire partagée.

Un forézien au Québec, l’Abbé François Saturnin de Lascaris d’Urfé,

Né à Bâgé le Châtel en 1641, fils de Charles Emmanuel, comte d’Urfé et de Sommerive, marquis de Bâgé, et de Marguerite d’Allègre, François Saturnin Lascaris d’Urfé, prêtre sulpicien missionnaire est décédé le 30 juin 1701 dans son château de Bâgé. Petit neveu d’Honoré d’Urfé, il porte le nom des Lascaris de Constantinople par sa bisaïeule Renée de Savoie-Tende (fille de Claude de Savoie, amiral des mers du Levant).
Le 1er avril 1660, il entre au séminaire Saint-Sulpice de Paris et est ordonné prêtre en 1665. Selon son souhait, il est envoyé en mission au Canada dès l’automne 1668, où il rejoint son cousin et ami, Fénelon, frère de l’illustre archevêque de Cambrai, lequel officie déjà comme prêtre missionnaire. François Lascaris d’Urfé est affecté à la mission de Kenté, qui est un « camp volant » : les missionnaires doivent se déplacer souvent afin d’accompagner les Iroquois dans leurs expéditions de chasse. Au cours de ce séjour à Kenté, l’abbé d’Urfé y vécut quelques épisodes épiques, notamment un égarement d’une journée et une nuit dans la forêt au cours duquel il dut se nourrir de racines, ainsi que la tentative de sauvetage de deux nouveaux-nés Iroquois. La mère mourut en donnant naissance à des jumeaux, la coutume iroquoise voulait que les enfants fussent tués à leur tour, mais le prêtre ne voulant s’y plier, essaya de sauver les nouveaux-nés qui succombèrent cependant au bout de quelques jours.
En 1674, alors que son cousin Fénelon entrait en conflit avec le gouverneur Buade de Frontenac, il partit remplacer ce dernier à la mission de Gentilly (actuel Dorval). L’abbé d’Urfé était en bons rapports avec le gouverneur Frontenac, jusqu’à ce qu’il soit lui-même touché par les mauvais traitements infligés à son cousin.
Fénelon avait pris position pour défendre son ami, le gouverneur François Marie Perrot, emprisonné par Frontenac suite à un conflit d’intérêt dans la traite des fourrures. Perrot faisait arrêter sur son île les Amérindiens descendant le Saint-Laurent vers Montréal, afin d’acheter leurs fourrures au meilleur prix, qu’il payait souvent avec des liqueurs, outrepassant en cela l’interdiction du gouvernement. Pour le contrer, Frontenac fit installer un poste de traite des fourrures en amont de celui géré par Perrot. Il demanda également à ce dernier de se rendre à Québec afin de se défendre des accusations portées sur son commerce frauduleux. Les convocations demeurant sans effet, Frontenac écrivit à Fénelon, son ancien guide auprès des Amérindiens, afin qu’il convainque Perrot de se rendre à Québec. Perrot accepta mais fut emprisonné sitôt débarqué.
Fénelon s’en offusqua et tenta d’intercéder directement, mais sans succès. Lors d’un sermon donné pour la messe de Pâques, il dénonça l’injustice et les abus des autorités ; cependant, Cavelier de La Salle, un notable présent pendant cette diatribe, rapporta les propos au gouverneur Frontenac. La réaction du gouverneur de la Nouvelle France face à cet affront fut d’interdire à Fénelon de pénétrer chez les particuliers, le réduisant à être nourri seulement par la fenêtre des habitations. L’abbé d’Urfé tenta à son tour de protester contre ces mesures à Québec, mais il fut aussitôt renvoyé à Montréal sans obtenir gain de cause et en s’attirant lui-même la colère de Frontenac. Les deux guides qui l’accompagnaient furent d’ailleurs mis aux arrêts dès leur arrivée à Montréal, sur ordre du gouverneur.
Par la suite, M. Barrois, le secrétaire du gouverneur, écrivit un rapport sur François Lascaris d’Urfé et les propos qu’on lui prêtait, mais que l’intéressé contesta vivement. Le gouverneur Frontenac, en visite à Montréal, ne goûta guère les protestations de l’abbé d’Urfé qui insistait pour éclaircir l’affaire. Aussi s’emporta-t-il et, vociférant et brandissant sa canne, mit le sulpicien à la porte sans autre forme de procès. Les évènements empirèrent aussi pour Fénelon qui fut emprisonné sur parole à Québec. Un procès lui fut intenté, au cours duquel l’accusé en appela à la justice du Roi. Frontenac opta pour le rapatriement de Perrot et Fénelon en France, craignant que l’affaire ne tourne à son désavantage. L’abbé d’Urfé voulut accompagner son cousin, ce à quoi le gouverneur répondit favorablement tout en lui interdisant d’emmener son serviteur ; des gardes furent même placés sur le quai d’embarquement afin de s’assurer du respect des ordres. L’abbé se sentit blessé par cet ultime outrage, cela motiva d’autant plus sa volonté de dénoncer l’arbitraire des mesures imposées par le représentant du Roi.
S’inspirant des expériences de ses compagnons de voyage (MM. Fénelon, Perrot, Dollier de Casson), il écrivit la « Plainte de Monsieur l’Abbé d’Urfé à Monseigneur Colbert au sujet des mauvais traitements qu’il a souffert aux mains de Monsieur le Comte de Frontenac ». Le document a été remis en main propre au ministre, en raison du fait qu’il recevait aisément des personnes en retour de Nouvelle-France, mais surtout compte tenu du mariage de la cousine de François Lascaris d’Urfé, Mlle d’Allègre, avec le fils de Colbert.
Le Roi rendit son jugement, Perrot fut emprisonné, Fénelon renvoyé au Canada, et Frontenac reçut une lettre de remontrances datée du 22 avril 1675. Le 13 mai suivant, Colbert envoya également un pli à Frontenac, l’incitant à tempérer son attitude.
Toutefois, Frontenac se prit plus tard de querelle avec Mgr de Laval, l’intendant Duschenau et plusieurs membres du Conseil, et fut finalement rappelé en France en 1682 où il se passa 7 ans avant qu’il ne puisse retourner outre-atlantique. L’abbé d’Urfé obtint justice pour lui-même et permit à travers sa démarche auprès des autorités de faire la lumière sur le caractère arbitraire du gouvernement de Frontenac. Son rapport eut un impact certain sur la décision de rappeler Frontenac qui intervint quelques années plus tard.

  • Bien que le missionnaire manifesta un fort désir de retourner en Nouvelle France, il fut retenu plusieurs années sur le sol français par des soucis d’ordre financier. Néanmoins, une occasion favorable se présenta en 1685, lorsque l’évêque de Québec, M. de Saint-Vallier, se fit conseiller un prêtre qui soit au fait des coutumes amérindiennes. L’abbé d’Urfé devint alors chanoine du chapitre de Québec, mais la vie dans cette cité ne lui convenant pas, il chercha à se rapprocher de Montréal.

La chapelle de Saint-Louis du Haut de l’Ile

Baie d’Urfé tient son nom du fondateur de la première paroisse de l’ouest de l’Ile de Montréal. La mission sulpicienne d’évangélisation de Saint-Louis du Haut de l’Île fut établie au cours de l’été 1685. L’Ordre des Sulpiciens acquit la seigneurie de l’Ile de Montréal en 1663, prenant en charge les responsabilités civiles, religieuses, mais aussi éducatives. Ils cédèrent des bandes de terres (les « rangs ») à des fins de colonisation et de protection dans l’ouest de l’Ile. La Pointe Saint-Louis, située dans la concession octroyée à Jean de La Londe dit Lespérance, premier colon du secteur et marguillier de la paroisse, fut choisie comme emplacement de la nouvelle église. Le 20 septembre de la même année, l’évêque de Québec M. de Saint-Vallier en définit ses limites, « commençant à la Pointe Claire inclusivement et finissant par delà la Pointe du Bout de l’Isle » .
François Saturnin Lascaris d’Urfé fut affecté à cette paroisse, ayant lui-même parcouru la région en tant que prêtre missionnaire. Il y édifia une chapelle en bois afin de veiller aux actes de mariage, baptêmes et sépultures des pionniers installés dans ce secteur stratégique. En effet, la rivière Outaouais se jetant à cet endroit dans le fleuve Saint-Laurent, le lieu était donc propice au troc de la fourrure ; d’autre part les pionniers, en défrichant la terre, permettaient la colonisation progressive vers l’ouest. L’abbé d’Urfé avait également pour mission de convertir les Iroquois dans un contexte de résistance des nations indiennes à la colonisation de leurs territoires. Son rôle était de baptiser les autochtones et de leur apprendre la prière et les chants, alors que ceux-ci refusaient souvent l’évangélisation.
Le registre paroissial fut ouvert par l’abbé d’Urfé le 29 novembre 1686 pour la célébration du mariage de Jean Baptiste Celoron, Sieur de Blainville, avec Hélène Picoté de Bélestre. Cependant, les attaques répétées des Iroquois qui se déroulèrent du 21 septembre  au 18 novembre 1687 (date du dernier acte noté sur les registres), entraînèrent la mort de huit hommes (deux soldats et six résidents), ce qui poussa les colons à se retirer. Le 30 septembre 1687, l’abbé d’Urfé échappa de peu à une attaque qui provoqua la mort de Jean de La Londe ; celui-ci fut inhumé le jour suivant dans l’enceinte de l’église Saint-Louis. Le registre de la paroisse et l’administration furent peu après rapatriés à Lachine. Certaines des familles restèrent sur place mais la plupart partirent alors s’installer à Lachine ou à Ville Marie (ancien nom de Montréal). La guerre opposant les colons français aux Iroquois dura entre 1687 et 1698, et la mission de Saint-Louis du Haut de l’Île fut abandonnée jusqu’en 1703, avant la reprise du registre de la paroisse. L’église fut toutefois déplacée et reconstruite près du fort Senneville.
L’abbé d’Urfé, en ce qui le concerne, quitta le Canada à l’automne 1688. Il fut nommé doyen de la cathédrale du Puy avec obligation d’y résider. En 1694, il reçut comme nouveau bénéfice l’abbaye de Saramont dans le diocèse d’Auch, qu’il quitta pour l’abbaye bénédictine d’Uzerche dans le diocèse de Limoges à compter du 3 avril 1695. Trois ans plus tard, il choisit de se retirer dans son château de Bâgé, à proximité de Mâcon, et c’est dans ces terres héritées des Lascaris d’Urfé qu’il mourut le 30 juin 1701 à l’âge de 60 ans.

Des fouilles archéologiques sur le site de Pointe-Caron

Le cadastre de Baie d’Urfé comporte deux inscriptions concernant la chapelle du Haut de l’Isle, aujourd’hui Pointe Caron. Le numéro 111 énonce : « Jadis, ce terrain désigné comme site de l’église Sainte-Anne était compris dans la concession faite au dit Lalonde par les Seigneurs, tout en se réservant une superficie de six arpents, deux par trois ou trois par deux à leur gré. Ce signe indique la terre réservée appelée Baie D’Urfé du nom de l’Abbé D’Urfé, qui a bâti la première chapelle de Sainte-Anne sur cette emplacement » . Le numéro 112 détaille : « Cette marque nous montre l’endroit où se dressait autrefois la première chapelle Sainte-Anne habitée et desservie par l’Abbé D’Urfé qui lui a donné son nom ».
De ce premier édifice, il reste aujourd’hui quelques vestiges découverts lors de fouilles exploratoires effectuées en 1989 par Françoise Duguay, archéologue mandatée par le ministère québécois de la Culture et des Communications. La Pointe Caron s’appelait autrefois Pointe Saint-Louis, mais elle fut renommée du patronyme Caron, fermier ayant habité l’endroit et dont la famille en a conservé la propriété de 1832 à 1906. Sur la carte sulpicienne de 1702 exposée dans l’hôtel de ville de Baie d’Urfé, Pointe Caron figure sous le nom de « Pointe d’Urfé » et le symbole Ave Maria (A superposé au M), utilisé par les sulpiciens, marque le site de la chapelle.
En 1865, au cours de la construction d’une résidence sur Pointe Caron, un cimetière fut découvert. Les ossements de 23 personnes ont été exhumés, de même que divers objets : un crucifix sur socle d’ébène, des perles noires, une médaille en métal, une cuillère en étain et un tomahawk.
En 1989, un résident du site découvrit quelques pierres et mortiers en effectuant des travaux sur son terrain ; une exploration archéologique a alors été planifiée dans l’espoir de prouver que le site était lié à la mission sulpicienne du 17e siècle. Les margelles découvertes constituaient une fondation de pierre, construite vers la fin du 17e siècle. La fondation avait été recouverte avec de la terre pour sa  protection contre le gel et les inondations, le reste de l’édifice était constitué de bois. Mme Françoise Duguay, présidente de l’association des archéologues du Québec et directrice du chantier, émit l’hypothèse que l’édifice devait servir à plusieurs fins dont les activités religieuses, et qu’il était occupé par différents groupes, notamment des Amérindiens et des colons français (d’après la diversité des objets découverts).
L’excavation permit aussi de prouver l’existence de résidents préhistoriques sur le site : des éclats de pierre ont été trouvés, résultant de la fabrication d’outils tels que grattoirs et flèches. Dans son rapport, elle nota que «La grande majorité de la collection est d’origine euroquébécoise mais un éclat de chert et quelques fragments de cuivre découpés, des objets artisanaux recueillis dans un des sondages du dépotoir, pourraient être associés à une présence amérindienne sur le site » .
Au début 2004, Mme Duguay et son équipe entreprirent d’autres recherches sur le site, où ils ont retrouvé les restes d’un édifice datant de la fin du 19e siècle ainsi que des objets d’art datant de cette époque et du 17e siècle. Peu d’objets artisanaux ont été retrouvés, ce qui étaye l’hypothèse de la présence d’un ancien cimetière sur ces lieux.

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Centre d’histoire de Montréal (cliché R. Arnal)

Historique des relations entre la Société La Diana et la communauté de Baie d’Urfé sur l’Île de Montréal.
En 1960, Monsieur Thomas Lee, maire de Baie d’Urfé et passionné d’histoire, entreprit des recherches sur les origines de la communauté qu’il administre. Baie d’Urfé est située près de l’extrémité ouest de l’Île de Montréal, le long de la rive nord du lac Saint-Louis. Cette zone résidentielle s’étend sur 6700 km² et regroupe près de 4 000 résidents, en majorité anglophones. L’année 1961 était l’occasion de fêter les 275 ans de la création de la paroisse Saint-Louis du Haut de l’Île, fondée par François Saturnin Lascaris d’Urfé.
Louis Carrier, un historien résidant à Sainte-Anne de Bellevue (une municipalité voisine), informa M. Lee de la présence d’une coupe d’argent ayant appartenu à l’abbé d’Urfé dans les collections du Musée Notre Dame à Montréal. En observant l’objet relique, le maire découvrit la gravure des armoiries de l’abbé d’Urfé sous la coupe et décida alors de les adopter pour représenter la communauté de Baie d’Urfé.
Lors d’une visite du Général de Gaulle au Québec, M. Lee présenta une requête au président de la République Française : il souhaitait obtenir des pierres issues du lieu d’origine du fondateur de sa ville afin de bâtir un monument commémoratif. La demande fut ensuite transférée à M. Collaveri, préfet de la Loire, qui organisa alors avec les membres de La Diana les préparatifs à l’envoi de ce colis original.
MM Delomier, Bruel et Collaveri préparèrent ainsi les documents et les objets demandés. Il s’agissait notamment de deux pierres (dimension 45×30 cm de face et 15 cm d’épaisseur) récupérées l’une dans les ruines du château des Cornes d’Urfé à Champoly l’autre à la Bastie d’Urfé, par les soins de MM Bruel et Ferret. Les documents joints étaient un album de photographies de la cour d’honneur et du château de la Bastie, des textes de M de Soultrait, des gravures de Felix Thiollier, un ouvrage du chanoine Reure sur Honoré d’Urfé ainsi que l’exemplaire d’un ouvrage sur la Bastie d’Urfé édité au 19e siècle.
Les pierres transmises par l’intermédiaire du préfet Collaveri ont été scellées dans le monument inauguré lors du 275e anniversaire de la fondation de Baie d’Urfé et les photographies exposées dans la salle principale de la mairie. M. Collaveri était présent aux commémorations et son discours louant les rapports fraternels entre la France et le Canada a été retranscrit dans un article conservé dans les archives de La Diana. La ville de Baie d’Urfé envoya en remerciement un plan de la ville sous verre ; par ailleurs, M. Lee assista à la cérémonie du centenaire de La Diana au cours de laquelle il salua le temps, les efforts et les présents offerts par les membres de la société d’histoire et d’archéologie. En témoignage de la gratitude de sa communauté envers La Diana, il offrit deux presse-livres en bronze lors de sa visite.

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La Mairie de Baie d’Urfé, modèle des presse-livres en bronze se trouvant à la Diana (cliché R. Arnal).

Des contacts avec des d’Urfé en Amérique du nord ?

De manière anecdotique, des « parents » des d’Urfé vivant en Amérique du nord ont pris contact avec La Diana au milieu des années 1970, tels M. Durfey de Toronto (province canadienne de l’Ontario) et Mlle Caroline Durfee résidant dans le Massachussets aux Etats-Unis. Mlle Durfee a communiqué à La Diana un ex-libris de son frère Nelson Randall Durfee, formé des armoiries de la famille d’Urfé, ainsi qu’une carte postale ancienne représentant une maison ayant abrité La Fayette pendant une nuit au cours de la guerre d’indépendance. Cette maison appartenait à son arrière-grand-père Thomas Durfee, colonel sous le commandement de La Fayette. Mlle Durfee ajoute que l’aide de camp de La Fayette était un La Rochefoucauld, marié avec une d’Urfé en France.
Cependant, aucune preuve n’a pu être fournie sur la généalogie des Durfee jusqu’à ce jour, malgré des recherches de M. Bruel, ancien secrétaire de La Diana, auprès des archives du Commonwealth au Massachussets. De plus le membre de la famille La Rochefoucauld marié à une d’Urfé est connu comme étant Jean François de La Rochefoucauld-Langeac, qui épousa Françoise Marie d’Urfé le 13 novembre 1652, trisaïeule d’Achille François du Châtelet d’Urfé (1759-1794), lequel vint en Amérique à la suite de La Fayette. La personne mentionnée par Mlle Durfee aurait ainsi vécue trois générations auparavant. Enfin, le blason du frère de Mlle Durfee ne peut être considéré comme une preuve de la communauté d’origine des deux familles, puisqu’il est possible de reproduire les armoiries connues comme celles des d’Urfé.
Roger Forissier tente d’apporter une explication à la présence de descendants d’Urfé en Ontario, à travers une histoire relatée par Ch. de La Roncière dans Une épopée canadienne. Il est précisé que le 12 juillet 1673, les abbés Fénelon et d’Urfé, tous deux missionnaires conduisant des chefs iroquois, leur permirent de rencontrer les escadres de Trois-Rivières et des Hurons accompagnant Louis de Buade de Frontenac. De cette rencontre résulta la construction du fort de Frontenac, ouvrage de défense à l’origine de l’implantation de la ville de Kingston (Ontario).

Circonstances de la relance du partenariat et perspectives de développement

En février 2005, la Société historique et archéologique du Forez, La Diana, représentée par son secrétaire Monsieur Philippe Pouzols-Napoléon, m’a chargé de relancer le partenariat avec la ville de Baie d’Urfé. Il apparaissait intéressant de mettre à profit ma présence à Montréal afin de tisser des liens forts avec cette communauté de l’ouest de l’île.
L’objectif de cette démarche était de sensibiliser l’actuelle municipalité de Baie d’Urfé et de promouvoir la Bastie d’Urfé afin de renouveler le partenariat avec La Diana.
Je suis parti à Montréal pour effectuer une mission de quatre mois au sein du Centre d’histoire de cette ville, au cours de laquelle j’ai réalisé une étude de faisabilité pour un circuit d’interprétation du paysage des places publiques, parcs et espaces verts de Montréal, en intégrant les dimensions naturelles, archéologiques et historiques de ces lieux.
J’ai eu l’occasion de rencontrer Madame le maire de Baie d’Urfé à plusieurs reprises, à qui j’ai remis une série de documents, livres et prospectus concernant la famille d’Urfé et la Bastie d’Urfé. Ils ont trouvé place au sein de la bibliothèque municipale et des services de la municipalité. Le Président de la bibliothèque associative a d’ailleurs en projet de réaliser une exposition sur l’histoire de la ville de Baie d’Urfé en utilisant les informations contenues dans ces divers documents.
Une partie des prospectus a également été mise à disposition du Centre d’Histoire de Montréal et de ses partenaires (services culturels, musées et associations de protection du patrimoine) afin de sensibiliser les acteurs culturels de la ville de Montréal par rapport au château de la Bastie d’Urfé ainsi que sur les activités de la Société archéologique et historique du Forez.
Les démarches auprès de la mairie de Baie d’Urfé ont été réalisées dans un contexte politique particulier. En effet, après avoir intégré la Communauté Urbaine de Montréal en 2000, Baie d’Urfé est devenue, avec la ville limitrophe de Beaconsfield, un arrondissement. Or, suite à la volonté des élus locaux et de la population, ces municipalités se reconstitueront dès janvier 2006 en se séparant de la métropole. La période de transition actuelle a pour conséquence une stagnation dans la conduite de projets et dans la prise de décisions.
Les élections municipales ont eu lieu le dimanche 6 novembre, sans la participation de Madame Myles, maire délégué jusques alors. Le maire, élu par proclamation de Baie d’Urfé, ville reconstituée, a pris ses fonctions début novembre, il s’agit de Madame Maria Tutino.
Madame Myles, relayée par Richard White, directeur général des services de la ville de Baie d’Urfé, se charge de la transmission du projet à la nouvelle équipe municipale, laquelle est entrée en fonction le 1er janvier. Histoire à suivre…
De part et d’autre, nous pouvons observer une réelle volonté de resserrer les liens qui ont pu exister. Cela pourrait être l’occasion de mettre en place un partenariat autour d’un passé commun, qui concernerait le territoire forézien.
Il pourrait servir de base à d’autres actions, notamment au titre de la francophonie et sur le plan historique, avec la société d’histoire de Beaurepaire – Beaconsfield – Baie d’Urfé. Des publications conjointes, des correspondances régulières pourraient être facilement envisageables. Un jumelage entre la municipalité de Baie d’Urfé et une collectivité locale ou territoriale du Forez pourrait également constituer le point d’orgue du partenariat entre nos deux communautés, et englober par là même le développement d’activités éducatives avec le milieu scolaire.

Bibliographie

Baie d’Urfé 1686-1986, Town of Baie d’Urfé, June 1986.
Allocution de M. Lee lors du centenaire de La Diana, Bulletin de la Diana tome 37, n°8, 1961-1962.
Jean Bruel, L’abbé d’Urfé et son souvenir au Canada, Bulletin de la Diana tome 37, 1961-1962.
Roger Forissier, Les d’Urfé en Amérique, Bulletin de La Diana tome 44, 1975-1976.
Sandy Knoepfel-Paquay, Pointe Caron, 1ère et 2ème parties, in News and Views, Baie d’Urfé, novembre 2004.
Sandy Knoepfel-Paquay, Abbé d’Urfé, in News and Views, Baie d’Urfé, avril 2005.
Archives de la Diana : 2E-1774 n°24 à 33, 2E-1774 n°54-55, 2E-1774 n°65, 2E-1849 n°1
Jean Bruel, Les Durfee d’Amérique, Archives fonds thématique Bruel et généalogique d’Urfé Jacques II.
Abbé Armand Yon, A victim of Frontenac : abbé François Lascaris d’Urfé, sulpicien (1641-1701), 25 septembre 1945, Société canadienne d’histoire de l’église catholique, Canada, archives de La Diana 2E – 1774 n°54.

La Chapelle Saint-Louis, Désirée Guirouard, site internet généalogie famille Lalonde

Extrait du cadastre de Baie d’Urfé, cité par Eric Lalonde, site internet généalogie famille Lalonde

Chert : concrétion siliceuse opaque, foncée, souvent noire (calcédoine), qui s’est formée au sein des calcaires carbonifères et dans les sables du Crétacé inférieur.

Travaux archéologiques sur le site de Pointe Caron, Conseil du Patrimoine de Montréal, site internet Ville de Montréal.

 

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