Aspect économique : les professions relevées au terrier Sellion, BD, Tome LXVII, Montbrison, 2008.

 

 

  1. Se brassent pêle-mêle dans ce document les professions alors exercées dans une ville déjà industrielle à la sortie du Moyen Age avec l’indication précise des créneaux économiques du temps. On y voit le témoignage de l’importance des affaires qui s’y traitent, on y retrouve encore la hiérarchie qui accompagne l’organisation administrative de la ville (les consuls qui administrent annuellement les intérêts locaux et le greffier qui enregistre les décisions prises) comme celle liée à la survivance des droits d’une ancienne féodalité jalouse de ses prérogatives.
  2.  

* On perçoit l’importance grandissante de la population avec les métiers de bouche les plus essentiels : la boucherie ! On voit dans ce terrier de 1570 quantité de bouchers installés dans la ville. Le seigneur en a la police et touche des taxes pour toute vente les jours de carême (droit de charnage) La boulangerie, encore assujettie aux fours banaux du temps, ou encore à la confection courante du pain à domicile, reste anonyme :
– Blaise Marrot (folio 62).
– Sébastien Harod (f° 64).
– Pierre Saulnier (f° 102).
– Claude Ducoin (f° 104).
– Nicolas Trillaud (f° 205).
– Pierre Montmain (f° 219).

  1. – Claude Montmain(f° 221).
  2. – Claude Ducoin époux de Claudine Saulnier .

– Jean Blancheton, boucher, dit le Prieur (f° 180).
– Mathieu Mathevon dit Chantron, boucher. Il sera la tige des Mathevon de Curnieu par le mariage de Pierre Mathevon né de son premier mariage. Le 2 décembre 1584 les notaires Barrieu et Fauchet passent le double contrat de mariage de Mathieu le père avec Jeanne Angénieur fille de Jacques marchand de Saint-Héand et de Pierre Mathevon avec Agathe Dixme16.

* La boulangerie n’est pas encore née en tant qu’activité libérale. Les fours banaux sont comptés mais surtout une confection par foyer est encore répandue (d’où ces donations de bichets de bleds ou seigle  ou froment  dans les apports des épouses du temps). On voit cependant des meuniers professionnels isolés, travaillant comme il se doit à la demande, en dépit du grand nombre de moulins recensés aux possibilités d’emplois aussi multiples (chanvre pour le tissage, fruits pour les eaux de vie) que les contentieux qui entourent les droits d’eaux qui les actionnent. Ces droits d’eaux relèvent encore de la seule propriété seigneuriale17.
– Pierre Jacod, meunier au moulin de la Chaléassière.
– Jean Grandgonnet monier (f° 22).

* Curieusement on compte un grand nombre de cordonniers :
– Catherine Meytare veuve de Jean Brunier, cordonnier.
– Mathieu Jacquier dit Catin à cause du patronyme de sa femme Jeanne Catin, cordonnier (f° 27). Les Catin ont compté un ecclésiastique dans l’église paroissiale locale.
– Jean Reynard époux d’Anne Girard (f° 32).
– François Molin (f° 33-34).
– Jean Sauveterre cordonnier (f° 76).
– Etienne Dumas de même profession (f° 87).
– Jean Ferriol dit la Gay époux de Gay (Marguerite) Galette, même profession (f° 88).
– Noël Chovin époux de Jeanne Dubois cordonnier (f° 101).
– Gabriel Merlon (f° 106).
– Pierre Frachette veuf de Jacquemette de Betz (f° 328).
– Jacques Guillaume (f° 363) cordonnier.
– Pierre Verney, cordonnier de la Marandinière, époux de Florie Pignol, pour sa belle-fille Monde Destra fille d’un premier mariage de sa femme (f°a460).
– Jean Chovin cordonnier époux d’Antoinette Chenevier, beau-frère de Rose, Sibylle et Agathe Chenevier (f° 475).

  1. – Claude Faure, cordonnier (époux de Claudine Javelle dont un enfant Grd’Eglise 14 février 1585).

– Noël Guillaume, cordonnier (époux de Louise Bronod dont un enfant Grd’Eg. 23 novembre 1584).

  1.  
  2. * Le métier de tailleur d’habits, plus tard très florissant, doit à l’époque du terrier Sellion être représenté par les couturiers.
  3. – François Paulat dit Mégal, couturier  (f° 10 à 12).
  4. – Jean Vannon, couturier (f°  38).
  5.  

Les historiens professionnels partagent les raisons de l’existence de la ville liée entre les carrières de pierres et celles de charbon. Il faut se rappeler que les couches carbonifères sont partagées par de larges séparations de grès houiller. L’exploitation conjointe de ces deux ressources a donc forcément été liée dès l’origine de ce qui au début n’est que la petite bourgade de Furania.  On dira longtemps peyrières (carrières )de Charbon de pierre.

* L’importance de l’exploitation des carrières de grès houiller se signale par un grand nombre de tailleurs de pierres notamment dans le quartier de Polignais.
– Jacques et Pierre Balley (f°  221), demeurant au faubourg de Polignais.
– Denis Bobrun (f° 357)
– les Ducoin dits Pirand (la deuxième partie du patronyme vient d’une dérivation de pierra la pierre) ; Jean Pirand signera les bas-reliefs du château de Vaugirard .
– les du Clapier.
– Jean Crupisson.
– Jean des Hayes, exerce cette même profession aux fauxbourgs de Saint-Etienne.
– André Bouchardon (f° 275), tailleur de pierres de Polignais.
– Jean Roux perrayeur (f° 274) (il tiendrait une carrière (perrière de pierres ou de charbons de pierres ?).
– Michel Michel (f° 275), tailleur de pierres de Polignais.
– Claude Poncet, dit Thomassy (f° 305).
– Genest Palla (f° 314) pour une maison voisine de la propriété de Pierre Revolier et Antoinette Bobrun sa femme.
– Jacques Trillaud (f° 315).
– Mathieu Piaud (f° 317).
– Benoît Chaize (f° 318 – pour une maison dont la réponse fut donnée en 1515 par Pierre Beschat et joignant les terrains de Nicolas Crozet et Denis Esgalon (De lesgallery) petits enfants de Claude Chamoncel dit Bechat.
Suivant l’ancien usage féodal l’exploitation de ces richesses minières est réservée primitivement à la noblesse. Celles du Treuil, d’un très beau grès bleuté appartenaient aux Rochefort-la Valette qui les vendirent à Marcelin Allard vers 1580. Celles de Polignais dépendent initialement de la Seigneurie du Clapier. Elles suivent la postérité des La Bessée, divisées dés lors, certaines relèvent de la branche des Fleureton, d’autres reviennent en même temps aux Solleysel, d’autres enfin à la branche des Allard. Elles assurent des revenus certains. Par donations successives, elles revinrent peu à peu en quasi totalité au patrimoine de l’Hôtel-Dieu et de la Charité (donation notamment du pharmacien de Vinols18– et de la postérité Gendre-Allard). La famille très fortunée des Deville possède aussi une majeure partie de celles de Polignais. Certaines dynasties de tailleurs de pierres purent en acquérir pour leur propre exploitation comme la famille des Ducoin dits Pirand. Celle des Beaumes derrière les capucins, (ancienne place des Carrières) en fin d’exploitation, fut donnée par Pierre Pirand pour servir de terrain d’entraînement aux jeux de tir à l’arc chers à une société qui organise d’elle-même ses loisirs. La Chavana donnée par Hugues Thibaud à Polignais.
Ce nombre de tailleurs de pierres significatif surpasse toute autre profession du temps de la Renaissance. Les derniers exploitants importants des carrières encore en exercice à Polignais au XIXe siècle s’appelleront Carrot et les frères Jacoton19. Mais l’exploitation minière va prendre dès lors la primauté dans ces exploitations souvent de surface encore.
Inlassablement exploités à des fins utilitaires (armes blanches, meulage des canons, coutellerie innombrable, meules à grains, à chanvre, à fruits, ces gisements servent encore dans un symbolisme émouvant à l’expression de la spiritualité du temps, époque romane et gothique (deuxième campagne de la collégiale de Montbrison). Le courant de la Renaissance, avec l’énorme chantier que constituent à l’époque les embellissements de la Bâtie d’Urfé, intensifie dès lors une production portée à son sommet par le souci pour toute demeure de s’inscrire dans le nouveau courant décoratif mis à la mode par les guerres d’Italie. Cette pierre, d’un grain facile à travailler et d’un joli bleuté, se prête admirablement aux décorations dans le goût Renaissance20.

  1. Ce rayonnement engendre une véritable école de sculpture qui couvre avec un talent insoupçonné la région toute entière. Devenues pour leur majeure partie patrimoine des établissements de bienfaisance stéphanois les carrières vont servir jusqu’à la Révolution aux travaux d’agrandissement de l’Hôtel Dieu et de la Charité stéphanoise comme à la rénovation de leur immense patrimoine immobilier (le plus bel exemple en reste, au plan des constructions même de ces établissements, le grand escalier de la Charité. Au plan du patrimoine immobilier nous reste l’immeuble de rapport du 5 rue Léon Nautin dont la reconstruction est confiée à Michel Ange Del Gabbio par les recteurs de la Charité 1770-1772 21).
  2. La croissance d’une ville en pleine expansion économique s’accompagne comme il se doit de constructions nouvelles (des places de maison disponibles22 sont recensées comme telles avec une modernité confondante au terrier – à l’intérieur des anciennes fortifications démantelées) ou par la reconstruction très fréquente du très modeste bâti existant.
  3. Notons ici la particularité d’un habitat local essentiellement composé de maisons hautes moyennes et basses, c’est à dire de deux étages sur rez-de-chaussée, avec jardin à l’arrière et dépendances… Certaines ne sont pas cavées.
  4.  
  5. – Pierre Boyron maçon (f° 216-217).
  6. – André Guyot de la même profession (f°  119).
  7. – François Dorelle maçon époux de Clauda Clermondon (f° 8).

* Les métiers d’équipement accompagnent la construction des habitations nouvelles :
– Didier ou Ordier Gendre, menuisier est sans doute à l’origine de la famille Gendre dont les armes parlantes portaient trois têtes de pucelles. Elle s’illustre chez nous par un graveur de la Monnaie de Lyon Clément Gendre23 puis par son alliance avec les Allard.

  1.  
  2. On voit très bien se dessiner la vocation déjà industrielle d’une ville
  3.  
  4. * Le tissage traditionnel (chanvre, toile, laine ?) s’inscrit ici à côté des encore modestes débuts de la soierie. Tixotiers de soies, teinturiers en soies apparaîtront moins d’un demi-siècle plus tard dans les registres de catholicité conservés à Saint-Etienne dès 1620.
  5. – Jean Cotail tisserand.
  6. – Jean Berthéas de même profession (f° 35).
  7.  
  8. * La métallurgie tient déjà une large place avec le métier global de faure sans spécificité annoncée :
  9. Sont ainsi faures de métier (héritage du latin faber forgeron) :
  10. – Antoine de la Grange (f°  4).
  11. – Bonnet Maigret faure fils de Michel et d’Antoinette Pasturel qui fait réponse commune avec Agathe et Françoise Pasturel ses tantes.
  12. – Denis Faure, dit Sceaulve époux d’Antoinette Dazot (f° 26) dans une maison qui fut de la réponse de Pierre Richerand en 1515.
  13. – Jean Manglot dit la Chaux.
  14. – Jean Jacob (f° 44).
  15. – Antoine Mathevon (f° 47).
  16. – Durand Pupil au faubourg de Roannelle (f° 170) sur la grande rue tendant de Saint-Etienne à Polignais (il sera la tige de la très fortunée famille des Pupil devenue Pupil de Craponne – nom d’épouse – et de Sablon – possession toute terrestre celle là !).
  17. – les Gailleton, François et Mathieu, belle-famille du précédent .

-Antoine Lardier (f° 218) – allié aux Pupil, auteur de la tribu bourgeoise des Lardillier.
– Antoine Bouqueton (f° 351).
– Mathieu Bouqueton au faubourg de Roannelle (f° 381) époux de Marguerite Jacquier, auteurs encore d’une tribu plus tard bien représentative du gratin stéphanois du négoce.
– François Queyrel faure à Polignais, époux de Benoîte Andrevas.
– Jean Marnas (f° 444).

  1. – Antoine Gabillot, faure.

– Jean Piotton,  dit Deguiot faure, au faubourg de Roannelle, pour des biens relevant de feu Jacques (de) Bourdon en 1515.
– Jean Garde, faure.

  1. – Antoine Ducoin, est qualifié corroyeur (f° 56/57) (activité liée au martelage des fers).

* La coutellerie florissante dans la vallée de l’Ondaine commence visiblement seulement à s’installer.
Il faudra l’activité insatiable des grossistes en tout genre pour centraliser cette profession à Saint-Etienne même un demi-siècle plus tard au bénéfice des grossistes :
– Pierre Trémoleyn coutelier tient boutique dans le faubourg de Roannelle ; sur des biens relevant en 1515 de Jehan Freycon et de Hugues Paulat, le feu notaire.
– Claude Pion, dit Gotier (f° 163).

* La vocation de la métallurgie locale d’outillage diversifié se dessine :
– Pierre Thierry est faiseur d’enclumes.

* L’armement est représenté par de nombreuses spécialités :
– Benoît Roissieu, dit Regnard, est  faiseur d’arquebuses du faubourg de Polignais (f° 41).
– Antoine Chomat, dit Belle, se déclare mancheur d’arquebuses.
– Mathieu Boussu faiseur de canons époux de Françoise de Betz (f° 103).
– Jean Garnier fourbisseur (f° 449 à 452) pour la tutelle de Jean et Gabriel Garnier, enfants de Toussaint Garnir notaire décédé, avec une maison de la réponse de Pierre Beschat en 1468.
– Jean Girard, dit Picard faiseur de canons d’arquebuses, pour une maison haute moyenne et basse de la réponse de défunt Jean Deville, près du petit moulin joignant le bief des moulins de Jacquette Laurençon épouse Paulat et le jardin de feu Mathieu Hospital dit Poyade. Ce Jean Girard sera l’auteur de la dynastie armurière des Girard qui va connaître l’illustration locale avec la charge d’Entrepreneur du Roi en sa Manufacture, avec la possession du château de Roche-la-Molière suivie d’alliances nobles que cela suppose (de Saint-Peyrieu – Chapuis de Maubou).
– Denis Vallencier24,  fourbisseur époux de Marie Béraud, postérité en 1585 Grd’Eglise.

* La dorure sur armes annonce une spécialité locale très recherchée, représentée de façon significative à une époque de guerres bien sûr mais encore dans le goût du temps pour les tournois en honneur à la Cour de Valois, avec :
– Honorable Jean de Chazelles, doreur (on écrit doureur avec la phonétique locale), propriétaire indivis avec son frère le notaire, des biens immobiliers délaissés par leur frère décédé Me Antoine de Chazelles Lieutenant de la ville.
– Guyot Roussier, doreur, occupe avec son frère Pierre faure une molière à Pierre Bechat en 1468(f° 108).
– Antoine Deville, doreur (f° 111).
– Claude Deville, maître doreur, curateur de Denis Esgalon de l’Esgallery petit-fils de Claude Chamoncel25.
– Claude Javelle, doreur (f° 203).
– Jacques Jacod, doreur (f° 243).
– Pierre Valencier, doreur, (f°  394).

* La gravure sur métal accompagne armes blanches et de tirs :
– Pierre Jeury est faiseur de gardes d’épées (f°  142).
– Philippe Jacquemard faiseur de gardes (f° 154).
– Jean Jolivet est limeur de gardes (d’épées) (f° 237).
– Louis Valencier de Monthieu, faiseur de gardes d’épées.
– Jean Accarie graveur administre les biens des enfants de feu Jean Pomerol, Antoine, Gabrielle et Benoîte.
– Louis Berthéas, graveur (f° 146).

* Le métier bien spécifique et oublié d‘encorneurs relève sans doute alors de la décoration par incrustation d’ivoire et de corne des bois d’arbalètes (on verra plus tard intervenir le terme plus élégant de marqueteur l’encornure d’une arme en vieux français désigne la partie de la monture la plus large pour être décorée de marqueterie, d’incrustation de matières précieuses, cornes, ivoire, pierre fines26) – Cette appellation dérive de la fabrication des arcs disparus de l’armement en 1581 pour rester un jeu d’adresse (La coutellerie ne compte que deux tenanciers dans la ville).
– Pierre de Betz encorneur.
– Hugues Gaschat encorneur.
– Jean Thibaud encorneur (f°  15).
– Jean Jacod encorneur (f°  6).
– Christophe André encorneur de la rue neuve lèguera 5 écus d’or aux pauvres de l’Hôtel-Dieu le 1er octobre 1586, atteints de la peste.
L’assemblage de ces trois dernières spécialités de l’armurerie témoigne du raffinement d’une partie des équipements fabriqués ici avant l’ère industrielle. Nous n’en sommes plus aux faiseurs de Javelines (traits des archers) du terrier Paulat de 1515 (Genest Crozet). Dans une cité vouée à l’industrie, la cadence de la fabrication d’armes communes gomme sans retenue tout un art ancien oublié de l’histoire locale. La présence concomitante de graveurs, doreurs, « incrustateurs » de matières précieuses en signe le témoignage incontestable, encore que ne figurent là que ceux de ces artisans assez aisés pour détenir un bien immobilier27.

  1. * Force motrice du temps, le cheval accuse une préoccupation majeure : d’où l’importance de fabrication des mors de brides et d’éperons :
  2. – Marin Faure, faiseur de mords de chevaux (f° 92).
  3. – Claude Faure, faiseur de mords de bride et Laurence Joly sa femme (f° 125).
  4. – Simon Gyrine, éperonnier (f°  241) pour des biens venant de la succession d’Hugues Paulat ancien notaire.
  5. – Bernard du Treuil  mareschal…
  6.  
  7. * La cité se dévoile déjà rompue à l’exportation des produits qui s’y fabriquent par les merciers dans le sens ancien de grossistes en tous genres Cette appellation professionnelle très longtemps maintenue et soutenue à Paris par une réglementation aussi rigoureuse que des obligations impérieuses sera très vite abandonnée chez nous. Il y règne pour de longs siècles à venir la sous-traitance libérale la plus brouillonne au plan économique. Ce système va entraîner d’énormes fortunes chez les grossistes en tout genre (Dupré en 1660 : armes, coutellerie ; quincaille, Alléon en 1702 : quincaille, armes blanches et de tir, rubanerie, draps et tissus, papeterie comprise, Duon28 (une aisance gagnée dans la quincaille locale le conduit à l’acquisition de la charge de Conseiller du Roi en l’Election puis à l’achat de la terre de Roche-la-Molière).
  8. – Pierre Deville de Chavassieu mercier, pour une maison haute moyenne et basse sise à Polignais de la réponse de Jean Freycon le 8 octobre 1515 (terrier Paulat) et donnant sur la rue tendant de Saint-Etienne à Firminy.

– Michel Pelisson se déclare mercier (f°  85).

* Pour de nombreux marchands n’est pas spécifié le type du négoce pratiqué. Il n’est pas inavouable mais il doit le plus souvent s’ouvrir sur un éventail varié :
– Marcelin Allard est déclaré marchand (non gazetier !) dans la reconnaissance qui vise la maison acquise par son père Pierre Allard, sur la place du pré de la foire. Elle limite la maison des Richerand. Il détient une autre maison haute moyenne et basse en tout début de la rue du Chambon (à l’emplacement de la première chapelle latérale à gauche en montant du couvent des Minimes édifié en l608) et un domaine rural placé encore sous l’emprise du Seigneur.
– Antoine de La Forge (f° 9) – Descendance fortunée alliée aux Jacquier de Cornillon par la suite.
– Jacques Ravel, marchand (f° 17).
– Honorable Claude Michalet marchand (sa soeur Louise a épousé Roch Revolier, Châtelain de Saint-Jean Bonnefonds).
– Philibert Pacot du Fay (f° 100) annonce une tribu alliée encore aux Jacquier et aux Tardy du Bois qui comptera aussi des commissaires de l’Artillerie de France.
– Antoine Fuvel, dit Saint-Paul marchand (f° 108) (Quel fut son chemin de Damas ?).
– Bonnet Massard est encore marchand, (f° 222) pour des biens qui furent du notaire Hugues Paulat, le fondateur de la Chapelle des Paulat à la Grand’Eglise.
– Laurent Tardy marchand (f° 69 et 70) pour les constructions, cours et jardin, de la réponse en 1515 de défunt Jacques de Bourdon, ensemble qui deviendra l’Hôtel de Villeneuve et un jardin acquis de Christophe de Bourdon. Sa postérité alliée aux Allard donnera son nom au quartier de Tardy où elle fait édifier la maison neuve.
– Jacques Paulat marchand et sa femme Anne Négron (f° 229 à 238).
– Gabriel Bronod marchand détient une maison de l’héritage des Paulat en 1515 (f° 233).
– Michel Hospital marchand encore (f° 356).
– Léonard Besset marchand (f° 529)pour des moulins et bâtiments, étable, écluse au faubourg près du pré de la Foire. Installé à Lyon il sera la tige des Besset. Son fils Jean Besset, Secrétaire du Roi, acquiert le 24 février 1622 le château de la Valette d’Anne de Rochefort- la-Valette épouse de Claude de Fontanes (descendance Palluat de Besset).
– Jean Réal marchand (f°  297).
– Vital Forissier, marchand du lieu de Poncenod à Saint-Genest-Lerpt.
Honneste Jean Crozet, marchand (f° 391) fils de feu Jean Crozet, procédant de l’autorité et consentement de son aïeule paternelle Louise Barrailhon, veuve de Claude Crozet ayeulle, tutrice et curatrice des enfants de Jean Crozet et Françoise Chamoncel, et à cause de l’hérédité de leur dite mère, héritiers pour moitié des biens de Claude Chamoncel leur aïeul maternel avec Denis Esgalon (de l’Esgallerye), autre petit-fils en présence de Claude Deville, doreur, son curateur.
– Jean Jacquier marchand époux de Catherine Gérentel 20 novembre 1584 Grand ‘Eglise.
– Louis Allard marchand de la Grange de l’œuvre.
– Georges Chapuis, marchand marié à Catherine Fromage-Richerand fille du notaire de Roche-la-Molière. Leur fille Françoise Chapuis deviendra la femme de Mathieu de Solleysel Gentilhomme de la Chambre du Roi et Capitaine de la Garde Ecossaise29.

On trouve ici l’annonce de la plupart des fortunes qui vont s’inscrire de façon durable ou éphémère sur les pages stéphanoises des siècles suivants30.

* Se matérialise déjà l’organisation d’une profession qui va connaître une rapide extension avec  les premiers voituriers chargés de l’exportation des produits fabriqués :
– Jean Denis dit le coignard époux de Philippa Paulat fille d’Hugues Paulat est le plus possessionné (f° 73).
– Denis Jolivet, voiturier (f°  143).
– Jean Montmain, dit Mialon (f° 56).

* La ville du négoce accueille sa clientèle :
– André Rivoire  hoste à Polignais (f°  34).
– comme Clauda Catin veuve d’Antoine Grandgonnet et tutrice de leurs quatre enfants.
– Benoîte Perrelon se déclare hôtesse du lieu de Saint-Priest (f° 47).
Il restera longtemps d’usage tant pour une veuve chargée d’enfants, que pour un artisan fatigué par le dur travail d’une profession éprouvante, de convertir sa maison en logis (auberge) .

* Une main d’oeuvre sans qualification31 reste à disposition (sans être pour autant dépourvue de biens) comme l’indique la présence des patronymes qui suivent pour des possessions foncières :
– François Horier manouvrier (f° 266).
– Georges Chavanel manouvrier (f° 443) .
– Georges Chavanne manoeuvrier (f° 444).
– Claude Chalancon de même état, dit l’arrogant…

*  Reste bien sûr une population vouée à l’agriculture (encore que les étables sises dans la ville sont à usage des chevaux qui charroient hommes et marchandises). Il s’agit ici encore de gens possessionnés dont sont écartés les loueurs à bail ou à grangeage des nombreux biens ruraux détenus par des bourgeois32 :
– Roland Desjoyors laboureur à Montmain (f° 59).
– Claude Montmain dit Pascal au même lieu .
– Jean Cizeron laboureur (f° 284) à Montaud.
– Jean Bernier l’aîné laboureur à Villebeouf (f° 334).
– Jacques Noary (f° 479).
– François Clément (f° 481) ces deux derniers dans le quartier de la Gaschetière.

* Les professions juridiques se présentent avec une surabondance qui surprend au premier regard :
J. B Galley comptera 18 notaires en exercice le temps de la rédaction du terrier 1570-1582 (en exercice ou mentionnés ?). Cela fait beaucoup pour gérer la misère noire légendaire du coin entretenue par le tourisme industriel.
– Mathieu du Molin est déclaré notaire (f° 15 à 17).
– tout comme le défunt Antoine de Chazelles dont la veuve est née Marguerite Molin. Ce notaire cumule cette charge avec la fonction de châtelain de la ville.
– Vital Réal exerce la même profession (f°  83)
– Jean de Chazelles l’aîné praticien et notaire (f° 89).
– Gabriel Queyrel notaire (f° 97) pour un bien relevant de défunt Jean Deville en 1515.
– Guillaume de Savoye notaire (f° 201).
– Denis de la Roère (f° 202) notaire royal châtelain de Roche-la-Molière pour des biens dépendant précédemment de Jacques Barrelon joignant le pré de Christophe de Bourdon Seigneur de Malleval.
– Jean Perret notaire, (f° 369 à 371) pour une maison dépendant avant de Jean Paulat, notaire, et une terre de Pierre Beschat aux appeaux , une autre maison Place du pré de la Foire joignant de matin celle de Marcelin Allard et de soir celle d’Antoinette Richerand.
– Antoinette Richerand veuve du notaire Nicolas Fromage (de Roche la Molière) pour une très vaste maison du pré de la Foire mitoyenne de celle acquise par Pierre Allard le père de Marcelin, venue de sa famille paternellea? C’est dans cet hôtel que dut séjourner vraisemblablement l’amiral Coligny lors de son passage et de sa maladie à Saint-Etienne33. Leur fille Catherine Fromage est l’épouse de Georges Chapuis, descendance de Solleysel par leur fille Françoise Chapuis.
– Maître André Morandin34 greffier (f° 79 à 82) est en 1581 propriétaire d’une maison sur le pré de la foire haute moyenne et basse, joignant le bief des moulins de Jacquette Laurençon veuve de Jean Paulat (capitaine châtelain de la Tour en Jarez) et la maison de Pierre Molinost de bise.
Notre greffier (il fait office de secrétaire de la municipalité) détient une maison de même composition sise aux fossés de la ville, joignant de soir (ouest) le chemin tendant de la porte de Roannelle à la porte de Furan et de vent la maison de Marguerite Deville dite la guignode. L’ensemble était de la réponse de Pierre Beschat (de la famille de ce Claude Chamoncel alias Beschat déjà nommé) le 20 novembre 1461. Il détient encore une terre sise aux appeaux -souvenir de chasses – de 18 métérées.
– Pierre Bontemps est praticien (f° 347).
– Jean Cozon (f°  506) est dit (capitaine) châtelain de Saint-Etienne représentant ici de la justice, royale ou seigneuriale ? très vraisemblablement la seigneuriale vue la rivalité permanente et les sanglants règlements de comptes qui opposeront longtemps cette turbulente tribu avec les Seigneurs de Saint-Priest. Très nombreuse, elle affiche une morgue incroyable vis à vis de ces concitoyens. Le meurtre gratuit (pour un partage de violons un soir de bal) du jeune fils Hospital causera sa ruine. (Elle sera contrainte de céder son hôtel particulier Place Grenette35 à la famille de sa victime).
L’immeuble 1900 reconstruit devait utiliser sur place les pierres de réemploi dont les orgueilleuse armes des Cozon aux trois croissants d’argent entrecroisés sur un fond d’azur, proches cousines du blason de la sublime Diane de Poitiers, Grande Sénéchale de Normandie et maîtresse d’Henri II36. Ces pierres de réemploi, dont une vaste devise et un cul de lampe de tourelle ouvragé, sont malheureusement situées dans une cour intérieure inaccessible où elles se délitent à l’allure de l’indifférence locale…

* Les ecclésiastiques du temps sont aussi présents :
– Jean Gras prébendier de la Prébende de Saint-Denis en l’Eglise paroissiale (f° 19).
– Jean Chapelon, prêtre, pour une maison (h. m. b) relevant de défunt Jean Jacquier prêtre (f° 253).

* Surprennent encore les derniers témoignages des privilèges hauts en couleurs de la féodalité :

– Edmond Goirand (?) fauconnier du Marquis de Saint-Priest (f°  425).
– Gabriel Cret palefrenier de Saint-Priest (f° 439).

* Curieux constat : point de médecine, ni de pharmacie (apothicaire, marchand), encore moins de membre enseignant d’une discipline quelconque. Un demi-siècle plus tard ces deux premières professions vont foisonner à l’allure des notaires… Les actes des seconds suivent les activités des premiers…


16 A.D.L. dossier 649/29 J  – Les épouses y reçoivent chacune 400 écus d’or (soit 1.200 livres) dans Abbé Paul Pinton : Le Cornouiller en fleurs – Imp. Cerisier Montbrison décembre 1982. Ouvrage publié sous les auspices de la Diana. Le dossier 519/29 J contient encore deux pièces précisant les rapports entre Jean Mathevon et les Marquis de Saint-Priest.

17 A.D.L. dossier 29 J 520 – Saint-Priest-en-Jarez Le roi Henri IV, la vingtième année de son règne devra prendre ni plus ni moins qu’un arrêté exceptionnel pour maintenir en possession des eaux du bief des Moulins de Jean Picon, pour le pré de la Roche en possession d’Antoine d’Hostun Seigneur de

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