Les remparts de la ville – la porte dite du Furan, BD, Tome LXVII, Montbrison, 2008.

 

 

On les voit ayant désormais abandonné toute prétention défensive, comme dans la reconnaissance ci-dessus analysée des de Bourdon. Obtenus du roi par les habitants, le seigneur entend bien n’y apporter de ce fait aucune réparation et l’important à Saint-Etienne est devenu pour longtemps les  affaires.
 La réponse faite au terrier par Christophe de Bourdon porte sur :
– deux constructions distinctes dans l’ancienne muraille de la ville fortifiée sur une même parcelle sise dans la rue tendant de la porte de Furan à celle de Roannelle (la rue de la Ville). Elles relevaient le 23 août 1480 de la réponse de défunt Jean Beschat (ancêtre de Claude Chamoncel dit Beschat qui a fait construire l’immeuble dit de François Ier) dont une maison haute moyenne et basse (deux étages sur rez-de-chaussée) relevant le 18 juillet 1480 de ce défunt Jean Beschat. Elles sont mitoyennes de celle de Pierre Gyrinieu et de celle de Jean Paulat et de Catherine Grégoire sa femme.
hors la ville (s’entend hors des fortifications réalisées sous Charles VII et déjà pour partie démolies ou aménagées en habitations ) un jardin avec un pré derrière appelé autrefois pré du cimetière de la Flache (?) et dit pré Jacquier, le dit jardin joignant le chemin tendant de la porte de Furan à celle de Roannelle, les fossés de vent, et les terrains relevant de la succession de défunt Marcelin Revolier.
– un grand jardin dans lequel est édifiée une tour (restant des anciens remparts), une grange étable chapé, sise aux fossés dudit Saint-Etienne joignant le chemin tendant de la porte de Furan (celle donnant sur le pré de la Foire) à la porte de Roannelle (au sommet de la place Boivin actuelle), cet immeuble se trouve mitoyen du vingtain (les anciens remparts) et du cimetière de Saint-Etienne le soir (à l’ouest au couchant).
Claude de Bourdon (f° 96) demeure à Saint-Etienne tout en exerçant la charge de Maître des Comptes pour le Roy à Bourg-en-Bresse, rappelant ainsi l’origine commune du Forez et des Dombes, biens confisqués au connétable Charles de Bourbon par François ler pour la trahison de ce grand chef militaire, lassé des tracasseries successorales incessantes dont l’abreuve Louise d’Angoulême sa cousine mère du roi, et gagné de ce fait au service de Charles Quint.
– Reste plus significative encore la réponse au terrier Sellion de Marguerite Molin veuve du notaire Antoine de Chazelles pour une chambre et tour estant sur la porte de la ville appelée de porte du Furan, joignant la grande rue publique de vent, le vingtain de la ville de soir et la maison de Claude Ducoin et Jeanne Saulnier , la tour étant au terrier Vitalis, de la réponse de défunte Marie Gardette le 20 mai 1468.

Ces détails nous prouvent que dès le XVe siècle le système de fortification édifié un siècle plus tôt était abandonné. Il s’agissait bien d’un système défensif édifié en avancée avec deux tours d’angles protégeant la porte elle-même (le Boulivart hypothèse défendue par Noël Gardon38).
On devra à ce système l’appellation un temps donné à ce qui sera en d’autre temps la Place Marquise, c’est-à-dire à un espace un peu élargi par le seul fait du croisement de la rue de la Ville, de la rue Cité, de la rue tendant à mi-carême et passant devant la Grand’Eglise comme de celle tendant à la porte de Roannelle et le faubourg de Polignais. C’est ce système défensif avancé qui explique la présence des fossés de la ville à l’arrière au soir soit à l’ouest ou au couchant de la dite porte du Furan. Il s’agit bien ici de la tour qui sera reconstruite et qui existe encore. Elle fut cédée ensuite à un riche boucher de la ville Blaise Marrot consul de la cité. Celui-ci compromis dans la levée des tailles sera contraint de la céder le 24 novembre 1658 à M. de Chazelles conseiller du Roi. La vente porte sur une boutique, cour et bâtiments de trois étages sis entre les deux portes de la ville (celle de Furan et celle de Roannelle). Une seconde vente suit le 26 septembre 1673 par Blaise Marrot à Barthélemy Tendron marchand épicier . Tendron le 24 novembre 1659 sollicite l’autorisation de procéder aux réparations qui s’imposent à la maison et tour acquises de Blaise Marrot. Barthélemy Tendron passe ensuite les conventions nécessaires pour la reconstruction de la maison et tour avec les tailleurs de pierres Jean Rigaud (le 23 avril 1660 pour les travaux de réfection) et Pierre Dubois (11 octobre 1660 – fournitures de pierres de tailles). Actes du notaire de Peyssonneaux (A.D.L.). La tour prend dès lors la forme extérieure que nous lui connaissons. Après des procédures complexes de relasche elle s’en retourne au patrimoine de la famille de Chazelles jusqu’à la date du 3 janvier 1698 où les de Chazelles la cèdent à M. Louis Allard de Monteille après sommaire à prinse et expertise des réparations à y effectuer par Jean Matrat les 10 et 11 février l69839.
– La reconnaissance déclarée par Jean Cozon châtelain de la ville, très significative de la situation, est plus perplexe encore (folios 47 à 54). Jean Cozon tient de la réponse faite par Gabriel Cozon le 23 septembre 1510 devant Mes Richerand et Bory notaires d’un tènement qui va de la ville et hors d’ycelle (c’est à dire des fortifications) au long du vingtain avec à l’intérieur de la ville (dans l’enceinte) une maison haute moyenne et basse, grange et jardin, deux tours joignant la place publique (la Grenette) de bise et soir et le chemin tendant de la porte de Furan au lieu des Gauds de vent. C’est l’ensemble construit qui aboutissait aux deux tours accolées qui terminaient le système défensif dit boulivart placé au-devant même des fossés des murailles. On voit qu’en l510 les murailles étaient déjà cédées à des particuliers dans des conditions qui restent à expliquer… mais dont l’effet visible reste indéniable40 !
Pierre de Saint-Priest nous interpelle (pour les réponses des folios 281-283) pour des biens et droits relevant le 22 octobre 1460 de défunt Simon de Leyassery, de Barthélemy de Leyassery, de Georges Martourey et de Jean et Mathie de Bourgeat (en 1482).
Pierre de Saint-Priest intervient encore et cette fois comme mari et conjoint de Dame Louise Roissieu pour une maison (h.m.b) sise avec cour, grange étable au faubourg de Roannelle, sur le chemin tendant de la porte de la ville de Roannelle à Polignais (la rue Polignais) et jouxtant les confins de Pierre Thierry et Jean Grandgonnet dit Bidon .
Un mystère plane sur la naissance légitime ou non de ce fils d’Antoine de Saint-Priest. Ce dernier, fils aîné de Pierre de Saint-Priest et de Benoîte de Geyssand, aurait épousé le 27 mai 1537 une Claudine de Richerand avant de mourir assassiné en 1552 .
Antoine de Saint-Priest est mentionné dans le testament de son père le 15 mai 1538. Il décède, avant le testateur. Devenu de plus veuf  Pierre de Saint-Priest se voit amené dans son grand vieil âge à remanier ses volontés dernières le 6 août 1559. Antoine son fils aîné décédé, aurait eu deux fils nommés Pierre, l’un d’un mariage légitime, l’autre donné. En 1559, Pierre de Saint-Priest laisse alors 1000 livres à Pierre son petit-fils, fils légitime d’Antoine son fils prédécédé. Ce même Pierre de Saint-Priest curieusement renonce à ses droits sur la terre ancestrale de Saint-Priest, le 3 juillet 1558 pour 4.000 livres, après autorisation expresse de son grand’père le Baron Pierre de Saint-Priest . Ce dernier fait alors donation de la baronnie le 6 août 1568 à Jean le troisième des fils nés de son union avec Benoîte de Geyssand.
Cet héritier désigné, Jean de Saint-Priest, n’eut pas de descendance de sa femme Catherine Mitte de Chevrières avant de mourir prématurément avant 1576 .
– Le contrat de mariage de Pierre de Saint-Priest et de Louise de Roissieu fille de Gabriel de Roissieu escuyer fut passé à Valbenoîte le 3 novembre 1570 en présence de Pierre de Sarron seigneur de Forges, de deux Paulat, de François Dalmais (seigneur de Curnieu), de Jacques de la Rey seigneur du lieu, de Jean de la Bérardière seigneur du lieu, d’un Simon Chomat escuyer du fiancé .

Pierre de Saint-Priest promettait à l’épousée 3.000 livres d’augment de sa dot (elle devait donc être estimée à 6.000 livres) et 1.000 livres de bagues et joyaux (insinuation du contrat retrouvé par M. de Châteauneuf). Pour ma part, la qualité des témoins, la présence de l’écuyer du fiancé qui dispose donc d’une maison, tout démontre bien qu’il s’agit là du fils légitime .
La noblesse avait moins d’égard en province pour les bâtards, ces donnés. Elle les reconnaît très fréquemment dans des volontés testamentaires d’une lucidité exemplaire et les élève.
Jean de Pion de Polignais (folio 294), se déclare archer de la Compagnie de Monsieur de Mandelot gouverneur de Lyonnais, Forez et Beaujolais, pour une maison de la réponse de Pierre Beaubrun en 1515. C’est Henri III qui ajoute aux charges de François de Mandelot le gouvernement du Forez. Il fut l’ennemi acharné de cette Ligue qui s’était montrée si ardente dans le reste du Forez .


38 Noël Gardon : Chroniques touristiques et anecdotiques de Saint-Etienne – 1995 – (publié par souscription) Notre précieux sociétaire et ami dénote cet agencement défensif particulier que Saint-Etienne persiste à ignorer dans l’attente d’une reconstitution par image virtuelle sur écran informatique si possible gratuite et disponible.

39 B.M.S.E manuscrits provenant du Fonds Chalayer.

40 Cette cession dut intervenir entre 1484 et 1487. Elle est consommée au terrier Paulat de 1515 .La royauté percevra une imposition spécifique sur les constructions réalisées sur les fortifications autorisées . Saint-Etienne sera du lot (B.M.S.E. Manuscrits).

Louis de Saint-Priest Seigneur et Marquis du lieu et de Saint-Etienne paraît simple répondant en l626 à la liève de Valbenoîte pour un jardin joignant le vingtain du Château dudit Seigneur.

Dictionnaire topographique du Forez – J.E. Dufour – Macon – Protat frères – 1946 – Fondation Georges Guichard – Leyasserie, devenu Layassière ou Léassière sur la paroisse de Saint-Genest-Lerpt (terrier de Curnieu folio l0)

Châteaux Historiques du Forez, E Salomon – Normand imp – Hennebont 1916. rubrique Saint-Priest – tome l : l’auteur, sans donner la moindre référence, précise que Pierre de Saint-Priest leur fils marié à cette Louise(de) Roissieu écrit à tort Boissieu  s’installerait en Vivarais où s’établirait dès lors une branche de la famille encore représentée.

Le Baron Pierre de Saint-Priest, homme d’autorité, décide l’entrée en religion de deux de ses filles : Jeannereligieuse de Sainte-Claire d’Annonay, Marguerite religieuse à la Seauve. Il oriente deux de ses fils dans la prêtrise. Louis sera pronotaire apostolique . Pierre sera curé de la Grand’Eglise comme il se doit de 1546 à 1554 (sa famille y nomme). Le ciel ne montrera pas  en réponse la même générosité quant à la descendance privilégiée du Baron à la tête de la première baronnie du Forez. L’Homme propose, Dieu dispose !

C. P Testenoire-Lafayette – Histoire… Op. Cit. Sa jeune veuve devait épouser Gaspard de Simiane – Voir A.D.L. dossier 526/29 J – Est-ce là le lien inexpliqué de la cession le 27 mars 1650 de « l’entier domaine de Cellarier à Burdignes à Denis de Colomb Seigneur de Hauteville par Claude Aimé de Simiane comte de Montchal, Jonage, la Roche Giron, conseiller du roi en ses conseils d’état, capitaine et (sic) Lieutenant de la Compagnie des Gens d’Armes de

 

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