M. Henri Matagrin, Origine de la paroisse des Halles-le-Fenoyl, démembrement de la paroisse de Haute-Rivoire Bulletin de La Diana, Tome VII, Montbrison, 1893, p.20 à 34.

Origine de la paroisse des Halles-le-Fenoyl, démembrement de la paroisse de Haute-Rivoire. — Communication de M. Henri Matagrin.

Située partie en Lyonnais et partie en Forez, la vaste paroisse de Haute-Rivoire se divisait en qua­tre parcelles distinctes au point de vue de la nomi­nation des consuls et de la répartition des impôts, dont trois dépendaient de l’élection de Forez, à Montbrison : le Clocher, Thoranche et la Menue ; et une de l’élection de Lyon, les Halles, d’autres fois appelée la Forest des Halles.

La parcelle du Clocher comprenait le bourg et la partie de la paroisse qui confine à Virigneux et à Saint-Martin-Lestra; primitivement sous la dépen­dance directe des comtes de Forez, puis réunie avec les autres domaines de cette maison à la couronne de France sous François Ier, elle faisait partie intégrante de la châtellenie royale de Donzy ou de Virigneux, laquelle fût plus tard réunie à la châtellenie royale de Feurs.

Thoranche était le siège d’un prieuré de Béné­dictins, qui, à l’époque dont nous parlons, n’exis­tait plus que de nom et était réuni à l’abbaye de Mazan, en Languedoc : il comportait une rente noble et des droits de haute, moyenne et basse justice sur son territoire sis à l’extrémité nord-est de la paroisse, entre celles de Saint-Clément-les­Places et de Saint-Laurent de Chamousset, près de l’ancienne voie romaine de Lyon à Bordeaux.

La Menue, seigneurie en toute justice entre les paroisses de Meys et de Souzy, appartint successi­vement à la famille de Saint-Symphorien-Chamous­set, et à celles des Jaquemetton de Montagny et des Terrasson de la Thomassière. Son château à demi ruiné, mais offrant encore certaines curiosités, est possédé actuellement par M. Peyrachon, de Sain- Bel.

Enfin, la parcelle des Halles, entre La Menue, Souzy, Saint-Laurent et le Clocher, se divisait en deux seigneuries, celle de la Forest des Halles, plus tard érigée d’abord en comté, puis en marquisat de Fenoyl, et celle de Tourville.

De la seigneurie des Halles, il sera plus particu­lièrement question ici ; quant à celle de Tourville, voici en deux mots son histoire.

D’abord, démembrement du prieuré de Thoranche, elle appartenait en 1481 à noble Lyonnet d’Affo; en 1517, à Jeanne d’Affo, épouse de Pierre de Torret; en 1536, à noble Georges d’Affau ; en 1622, à demoi­selle Jeanne de Fousac (1), veuve de noble Antoine de Villechaize. Elle fut réunie au comté de Fenoyl, vers la fin du XVIle siêcle, par l’acquisition qu’en fit le comte de Fenoyl de la famille de Villechaize du Pizay. Ses droits de justice furent l’objet de fréquents démêlés avec les seigneurs des Halles et paraissent douteux (2).

Quant à la seigneurie des Halles, plus tard, mar­quisat de Fenoyl, son histoire est intimément liée à celle de la paroisse de ce nom dont nous cher­chons ici à retracer les origines.

En 1391, Tachon et Jehan Arod frères firent hom­mage au siège archiépiscopal de Lyon pour leur maison forte de la Forest. Les descendants de Ta­chon ou Eustache Arod possédèrent cette seigneu­rie jusqu’à la fin du XVe siècle, où, très probable-. ment par suite d’une alliante, noble homme Jehan de Rostaing en était le seigneur, son fils Philippe n’eut, de son mariage avec Claude de Montdor, qu’une fille, Antoinette de Rostaing, qui épousa le 21 septembre 1542 Jean Charpin, écuyer, seigneur de Montellier, l’un des cent gentilshommes de la maison du roi.

La famille de Charpin posséda jusqu’en 1680 la seigneurie de la Forest des Halles ; le 23 décembre de cette année, suivant acte reçu Curnillon, notaire à Lyon, Jean, comte de Fenoyl-Turey, seigneur de Sérézin acquit de Balthazar et d’Hector de Charpin de la Forest, la seigneurie de la Forest des Halles, à laquelle ledit Balthazar de Charpin avait réuni la seigneurie de Souzy-l’Argentière par lui acquise en 1648 de Just-Henry Mitte de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, comte de Miolans et d’Anjou.

Le comte Jean de Fenoyl, lieutenant-colonel de la milice du Lyonnais, obtint en 1681 des lettres de sa majesté, aux termes desquelles le nom de la terre des Halles fut changée en celui de Fenoyl.

Après avoir ainsi donné son nom à sa terre, il chercha inutilement à la voir ériger en paroisse indépendante; aux termes de son testament, il créa une pension annuelle de cent livres, qui devait être employée par ses héritiers, à entretenir un curé ou prêtre desserviteur, aux Halles. En attendant que ce désir puisse être réalisé, cette somme annuelle de cent livres devait être distribue aux pauvres dudit lieu.

Jean de Fenoyl eut un fils, illustre, haut et puis­sant seigneur, messire Guy de Fenoyl, chevalier, comte et seigneur dudit lieu, conseiller du roi en tous ses conseils, maître des requêtes honoraire, et premier président au parlement de Navarre, séant Pau, et une fille dame Marguerite Orianne de Fenoyl, épouse de messire Laurent de Gayardon de Gresolles, chevalier, seigneur de Tiranges et autres places.

Guy de Fenoyl étant mort sans enfants, laissant sa soeur et son neveu pour héritiers testamentaires, la terre de Fenoyl passa entre les mains de la fa­mille de Gayardon et fut érigée en marquisat en sa faveur, vers 1727.

Le fils de Marguerite-Orianne de Fenoyl, haut et puissant seigneur Mre Laurent-Charles de Gayardon (3), chevalier, marquis de Fenoyl, seigneur dudit lieu, Souzy, Tourville, Tiranges, Chaumont, Boisset, Montagnat et autres places fut le premier marquis de Fenoyl.

Son fils et donataire, Laurent-François de Gayardon, comte de Fenôyl, devait du vivant de son père fonder la paroisse des Halles-le-Fenoyl, de concert avec sa noble épouse Madame Suzanne-Andrée de Challion de Jonville (4), comtesse de Fenoyl.

Sur une requête présentée par Laurent-François de Gayardon à Mgr l’Intendant de la généralité de Lyon suivie d’une autorisation en date du 26 sep­tembre 1765, les habitants de la parcelle des Halles et de celle de la Menue furent assemblés au hameau des Halles pour délibérer, par convocation au prône de la messe paroissiale de Haute-Rivoire, pour le 29 du même mois, à 5 heures du soir.

Le procès-verbal en fut dressé par Me Noël Matagrin, notaire royal et apostolique aux sénéchaus­sées de Lyonnais et Forez, résidant à Saint-Laurent de Chamousset.

L’assemblée se composait:

Du seigneur comte de Fenoyl, colonel d’infanterie et lieutenant au régiment des gardes françaises, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis ;

De Me Jean-Claude Berger, notaire royal à Saint-Laurent, châtelain et lieutenant de juge de la ba­ronnie de Chamousset, du marquisat de Fenoyl, de la Menue, Thoranche et autres juridictions, Claude Blanc-Parron, de Saint-Clément, la veuve Merle, de Saint-Laurent, et Recicaud, de Saint-Martin-Lestra, tous quatre propriétaires d’un domaine aux Halles ;

Des nommés Broaillier, Rully, Claude et Jacques Nicolas, Bretagnon, Aimain, Chambe, Jacquemot, Denis, Dussud, de Benoîte Flachère veuve Denis, et de Jeanne Molière veuve Grange, tous habitants et composant la plus saine partie des habitants dudit lieu des Halles ;

De Pierre Thollet, habitant de la Menue, proprié­ taire d’un domaine aux Halles ;

De dame Aimée Carret, veuve d’Odet Gazanchon.

de Chavannes, seigneur haut-justicier de Chavannes et de Triamen, propriétaire de trois domaines dans les deux parcelles.

M. de Fenoyl prit la parole pour leur exposer que l’éloignement de ces parcelles de l’église paroissialle de Haute-Rivoire privait souvent les habitants d’assister aux offices divins, surtout l’hiver, où lès neiges, le mauvais état des chemins et les crues d’eau assez fréquentes dans les ruisseaux de Com­bron et de Thorranche y formait obstacle, ce qui faisait risquer aux malades d’être privés des sacre­ments, qu’il serait très nécessaire pour éviter ces inconvénients de former des deux parcelles une paroisse au lieu des Halles, d’y construire une église avec clocher sur le choeur et d’y édifier un presbytère où serait logé un curé perpétuel, le tout sous le bon plaisir de monseigneur l’archevêque de Lyon.

Ledit M. de Fenoyl offrait de plus de prendre tous les frais de l’édification de cette église et du presbytère à sa charge, sous condition que lui, ses descendants et autres propriétaires du marquisat de Fenoyl auraient les droits honorifiques et de patronage sur l’église par eux fondée, ainsi que la nomination du curé.

Ces offres furent acceptées avec empressement par les habitants, qui chargèrent Me Berger (5), capitaine-châtelain du marquisat de Fenoyl, de faire d’accord avec M. le comte de Fenoyl toutes les di­ligences nécessaires pour obtenir l’érection de cette paroisse.

En revanche, le seigneur de la Menue ne voyait pas d’un fort bon oeil ces démarches ; l’influence prépondérante des de Fenoyl dont il était jaloux et son éloignement des Halles lui faisaient désirer de rester attaché avec ses emphytéotes à la paroisse de Haute-Rivoire.

Ce seigneur était alors messire Jacques-Claude de la Menue, chevalier, capitaine de cavalerie et mousquetaire ordinaire de la garde de sa Majesté, dont les protestations sont conçues en ces termes dans un acte écrit en entier de sa main et reçu par Me Berger, notaire à Saint-Laurent de Chamous­set, le 22 mars 1766 :

Quoyqu’il soit très persuadé que le seigneur comte de Fenoyl observera religieusement la parolle d’honneur qu’îl luy a donnée de se désister du projet qu’il avait formé de comprendre sa terre de la Menue dans la nouvelle paroisse qu’il se propose d’ériger aux Halles et qu’il soit d’ailleurs notoire que ledit seigneur de Lamenue et tous ses emphy­théotes veulent rester attachés à la paroisse d’Hauterrivoire par les refus qu’ils ont fait d’assister à l’assemblée quî s’est tenue aux Halles à ce sujet, de signer la requette desdits habittans des Halles et enfin de faire aucune formalité qui put tendre directement ou indirectement à faire présumer d’eux qu’ils désirent changer de paroisse, cependant ledit seigneur de Lamenue ayant appris par la voie publique que Monsieur l’abbé de la Croix, vicaire général, obéancier et baron de Saint-Just, commissaire nommé par Monseigneur l’archevesque, doit se transporter sur les lieux pour y faire sa visite et dresser son procès-verbal, a cru devoir dans cette occasîon pour la seureté et garantie de ses droits, manifester son intention, et ne pouvant pas le faire luy-même à cause des ordres qu’il a receus pour„ joindre son corps et faire son service ordinaire près la personne de Sa Majesté, il a en conséquence créé et constitué pour son procureur général et spécial Me Jean du Peuble, très digne prêtre et curé d’Hautterivoire, à qui il donne pouvoir de pour luy et en son nom déclarer formellement à mondit sieur abbé de la Croix que ledit seigneur de Lamenue, n’entend point que ny son château de Lamenue, ny aucun de ses domaines, ny aucune maison scituée dans l’étendue de sa juridiction géné­ralement quelconque et sans exception, soient comprîs dans la nouvelle paroisse que l’on se propose d’ériger aux Halles faisant à cet effet, etc.

Le comte de Fenoyl était trop galant homme pour ne pas tenir la promesse faite à son voisin : aussi la terre de la Menue resta-t-elle attachée à la paroisse de Haute-Rivoire.

Les démarches nécessaires à l’érection de la pa­roisse suivaient leur cours lorsque la mort de la jeune comtesse de Fenoyl, décédée à Paris, le 8 février 1768, vint attrister les habitants des Halles, que par sa bienveillance et sa charité, elle avait su charmer. Même après sa mort, elle se souvenait d’eux, puisque, par son testament, elle laissait une somme suffisante pour l’édification de l’église et du presbytère.

La première pierre fut posée le 15 avril 1768, par Maurice-Joseph Chavassieux, prêtre, prébendier du marquisat de Fenoyl, fondé de procuration du sei­gneur, comte dudit lieu.

Le sept novembre suivant, daus le cours de sa visite pastorale, Monseigneur Antoine de Malvin de Montazet, archevêque et comte de Lyon, accom­pagné de Messieurs les abbés de la Goutte et Guy- guet, ses vicaires généraux, pouvait bénir la nouvelle église sous le vocable de sainte Suzanne, et, le 28

du même mois, l’abbé Chavassieux y célébrait pour la première fois la messe.

Voici d’après une note existant au presbytère des

Halles, la liste des dépenses faites pour la cons­truction de l’église:

Bois achepté pour la charpente, menui­serie, journées pour couper ledit, journées des sieurs de long, voitures payées dudit bois, non comprises celles qui ont été faites par les boeufs du château, ainsi que celles

qui ont été faites gratis, le tout montant à ………………………………….19531 178 3d
Pierre ou moilon 3.951 chars à 5 sols le char………………………………….987 15 »

Chaux 1.852 quintaux à 20 sols. . ……………………………………………1852 » »

Main d’oeuvre des maçons, distraction faite des

journées des taillieurs de pierre……………………………………………..3282 8 »

Main d’oeuvre des charpentiers . . ……………………………………………334 10 »

Main d’oeuvre du menuisier, distraction faite

des journées employées aux autels, fonds

baptismaux, confessional, bancs d’é­glise,

crédence, représentation pour les morts et

autres meubles d’église . . ……………………………………………………336 » »

Clouttier ……………………………………………………………………254 7 »

Serrurier et maréchal, ces ferrures ayant été fournies par l’un et par l’autre, comme toutes les serrures, pentures, gons, arcs boutans, clous à vis, ferrure des vitreaux, grillage desdits vitreaux, table de la com­munion, croix au dessus du clocher, fer­meture de la

chapelle, outils neuf et racommodage d’autres …………………………………….. 1444 3 »

Faux frais comme journées des manoeu­vres pour creuser les fondations, les caves et caveau de la chapelle, éteindre de la chaux, tirer du gord, charroyer du sable, aider à échafauder, niveler le terrain de l’église, presbitère, jardin, cour, place de­vant et derrière l’église, chemin de com­munication, creuser le puits et les latrines, nourriture des serruriers et autres ouvriers

nourris à l’auberge ……………………………………………………………. ..669 13 »

Plâtre, voiture, main d’oeuvre pour le cuire, le piler, le tamiser, main d’oeuvre des platriers et servants gui ont

employé Ie platre pour les voûtes de l’église . ……………………………………..1436 15 »

Pierre de taille pour les vitreaux, portes, croix de cimetière et autres, journées des manoeuvres pour la

tirer, journées pour la tailler, charrois …………………………………………….832 » »

Tuilles, briques et carreaux soit pour l’église, presbitère, voute, cheminées et moules…….1456 5 »

Tuilles vernissées pour le clocher et voiture comprise …………………………………193 1 6

Vitres, peinture, couleurs pour les portes, contrevents, planchers

et main-d’oeuvre …………………………………………………………………..456 » 6

Dépense concernant l’intérieur de l’église comme autels, dorure desdits autels, me­nuiserie du confessional, fonds baptîsmaux, banc, rideaux d’autel, bénitier, mosolé, ornements, vases, bassin, bannîère, écri­ture du mosolé et des tableaux, chandeliers et croix et généralement tout ce qui est dans l’église (excepté celles que M. le comte de Fenoyl a payé, qui seront

mar­quées cy-après), le tout montant à la somme de…………………………………….. 1671 16 »

Plus pour les ornements que M. le comte de Fenoyl avait achepté à Paris, les chandelliers d’argent haché, les vases sacrés, linges et autres faux frais de dé­cret, lettres et patentes et autres forma­lités, le tout montant à environ, y compris aussi les bois qu’on a pris dans

les différents domaines du chateau …………………………………………………… 2839 9 »

____________

20000 » »

CHAVASSIEU, Curé.

Enfin suivant décret de Monseigneur Malvin de Montazet, archevêque de Lyon, en date du 14 jan­vier 1769, l’église qui venais d’être construite au lieu et hameau des Halles de Fenoyl, fut créée et érigée en titre d’église paroissiale de Fenoyl, sous le vocable de sainte Suzanne, dont la fête patronale se trouvait le vingt du mois d’août.

Ce hameau ou parcelle des Halles et maisons circonvoisines ainsi désunis et démembrés de la parroisse de Haute-Rivoire formèrent cette nouvelle cure, conférée de plein droit, pour la première fois seulement, par Monseigneur l’archevêque de Lyon à messire Joseph Chavassieux, prêtre du diocèse de Vienne.

La présentation à cette cure devait appartenir en cas de vacance à M. le comte de Fenoyl, seigneur haut-justicier du marquisat de Fenoyl comme pa­tron et fondateur de ladite église et paroisse, et pour lui à ses héritiers ou avant cause.

Messire Chavassieux, en prit possession, le vingt- quatre janvier suivant, devant Me Berger, notaire royal et apostolique à Saint-Laurent de Chamousset.

Enfin, le vingt-huit du même mois, messire Cha­vassieux procédait au dénombrement des habitants de la nouvelle paroisse : ils s’élevaient au nombre de cent deux communiants et de soixante-douze enfants; la paroisse comprenait trente-quatre feux.

Le trente janvier, messire Chavassieux procédait à l’inhumation du coeur de la fondatrice de l’église ; voici le procès-verbal de cette inhumation :

Le trente janvier 1769, le précieux coeur de Haute et Puis­sante Dame Suzanne-Andrée de Chalion de Jonville, fonda­trice de cette église, épouse de haut et puissant seigneur Laurent-François de Gayardon, comte de Fenoyl, seigneur dudit lieu, Souzy, Tiranges, Chaumont, Montagnat, Valescour et antres places, colonel d’infanterie, lieutenant aux gardes françaises, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint- Louis, décédée à Paris, âgée d’environ 28 ans, le 8 février 1768, dans son hôtel, isle et parroisse de Saint-Louis, quay d’Anjou, qui m’a été remis par M. Guillaume Dusers, prêtre du diocèse de Rennes, abbé commandataire de l’abbaye royalle d’Aubasine (6), licencié de la faculté de théologie de Paris, y demeurant ordinairement rue et pavillon de Condé, parroisse de Saint-Sulpice, a été inhumé par moi curé soussi­gné dans l’église parroissiale de Sainte-Suzanne de Fenoyl, sous son mosolé, qui est à l’entrée et du côté droit de la chapelle dudit seignieur comte de Fenoyl, en présence de messire Jacques Souchay, curé de Saint-Genis-l’Argentière, messîre Guillaume Maréchal, curé de Souzy, et messire Jean-Baptiste Dubost, curé de Saint-Laurent de Chamousset,

qui ont signé (7).

A la même époque, le comte de Fenoyl obtenait du roi des lettres patentes, datées à Versailles de février 1769, signées Louis et plus bas, par le Roy, Bertin, visa, de Meaupeou, érigeant définitivement la paroisse des Halles.

Ces lettres furent enregistrées au parlement de Paris le 9 août 1769 et en la chambre civile du Conseil de l’élection de Lyon, le 15 septembre suivant. L’arrêt de la chambre civile de l’élection fut rendu par MM. Charézieu, de la Pessonnière, Verd, Ho- dieu, Brigaud et Blanchon.

Quelques mois auparavant, messire Edme-Nicolas d’Anstrude, ancien seigneur et prieur de Montrotier, fondé de procuration de son neveu, autre messire Edme-Nicolas d’Anstrude, grand vicaire de l’évêché de Langres, prieur et seigneur dudit prieuré, en cette qualité patron et collateur de la cure de Haute-Rivoire, avait donné son consente­ment à l’érection de la paroisse suivant acte reçu Berger, le 27 avril 1769.

M. de Fenoyl ne s’arrêta pas là : pour augmenter l’importance de la nouvelle paroisse, il céda gratui­temeut des terrains à bâtir, avec le droit de pren­dre dans ses domaines du bois et des matériaux (8). Aussi plusieurs maisons furent-elles construites par Madame de Chavannes, les notaires Berger et Mata­grin (9), les Pallandre, les Buffet, etc.

La grande route de Lyon à Bordeaux créée en 1777 vint enfin augmenter l’importance du village qu’elle traversait.

L’église primitive des Halles dont nous avons raconté la construction, existe toujours, mais elle a été remaniée notablement en 1862. Le vaisseau a été allongé du côté du midi et le clocher qui

e – 

était sur le- choeur a été transporté sur la façade.

Actuellement l’édifice se compose d’une seule nef voutée en berceau. Du côté de l’évangile, la chapelle funéraire des de Fenoyl, fort petite, est exhaussée au niveau du choeur.’ On y lit sur deux mausolées de marbre blanc les ‘épitaphes suivantes.

A droite :

CY GIT LE CŒUR DE HAUTE ET PUISSANTE DAME
SUZANNE-ANDRÉE CHAILLION DE JONVILLE,
COMTESSE DE FENOYL, FONDATRICE DE CETTE
ÉGLISE, DÉCÉDÉE A PARIS, LE VIII FÉVRIER
MDCCLXVIII.

TA VIE ET MON BONHEUR N’ONT DURÉ Q’UNE AURORE;
AVEC LES TIENS, HÉLAS 1 MES BEAUX JOURS SONT FINIS :
PAR LES NŒUDS LES PLUS SAINTS, NOS CŒURS FURENT

[UNIS,

SOUS CETTE TOMBE, UN JOUR, ILS LE SERONT ENCORE.

MENS UNA, CINIS UNUS.

CY GIT LE CŒUR DE HAUT ET PUISSANT SEIGNEUR

[MESSIRE LAURENT

FRANÇOIS DE GAYARDON, CHEVALIER, (10) …. DE FENOYL,

MARÉCHAL DE CAMP DES ARMÉES DU ROY, DÉCÉDÉ A

PARIS, LE III MARS MDCCLXXXV.

A gauche:

CY GIT
LE CŒUR DE HAUT ET PUISSANT SEIGNEUR

MESSIRE LAURENT-CHARLE-MARIE DE GAYAR 

[DON,

CHEVALIER, MARQUIS DE FENOYL, DÉCÉDÉ

EN SON CHATEAU DE FENOYL

LE 23 JUILLET 1783.

REQUIESCAT IN PACE.

CY GIT
LE CŒUR DE HAUT ET PUISSANT SEIGNEUR
LAURENT-CHARLE-MARIE DE GAYARDON,
CHEVALIER, MARQUIS DE FENOYL,
DÉCÉDÉ DANS SON CHÂTEAU DE FENOYL,
LA 39e ANNÉE DE SON AGE,
LE 7 AVRIL 1803.
REQUIESCAT IN PACE.

(1)Appelée dans un autre acte de 1619 Jeanne d’Affo.

(2)Ces renseignements et ceux qui suivent sont tirés des archives de la famille de Fenoyl, et des minutes de Mres Matagrin, Berger et Daller aujourd’hui déposées en l’étude de Me Matagrin notaire à Saint-Laurent de Chamousset.

(3) Les de Gayardon, marquis de Fenoyl portent écartelé, 1 et 4 d’azur lion d’or couronné, lampassé et armé de , accompagné de 3 besans d’argent, qui est de Gayardon; au et 3, d’azur au furieux d’or, empêché ‘un chevron de

gueules, qui est de Fenoyl. Couronne de marquîs. ― Tenants deux sauvages. ― Devise : Ecce leo vicit de tribu Juda.

  1. Les de Challion de Jonville ont pour armoiries : ‘azur chevron, accompagné en chef de deux abeilles et en pointe d’un , -le tout d’or.

(5) Le cachet de Me Jean-Claude Berger, notaire royal à Saint-Laurent (1743-1770) porte de gueules à deux houlettes ‘or croisées surmontées d’un agneau d’argent, au chef d’azur é d’une étoile d’or. Il fut châtelain du marquisat de de 1752 à 1770.

(6) Aubasine, canton de Beynac (Corrèze).

(7) Registre de catholicité de la paroisse des Halles-le Fenoyl.

(8) Actes reçus par Me Richard, notaîre à Haute-Rivoire, en 1770 et 1771, aujourd’hui en l’étude de Me Matagrin, notaire à Saint-Laurent de Chamousset.

  1. Me Noël Matagrin qui succéda à Claude Berger comme capitaine-châtelain, du marquisat de Fenoyl et fut notaire de 1761 à 1806, avait pour armes : d’azur au chevron d’or accompagné en chef de trois roses du même et en pointe d’un coeur d’argent enflammé de gueules.

(10) Par suite des mutilations subies à l’époque révolution­naire le mot comte ou marquis a disparu. Les inscriptions gravées dans le marbre, avaient été complètement dissimulées

sous du ciment.