M. A. Vachez., Le sceau des Baffle, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 311 à 325.

Le sceau des Baffle. — Don et communication de M. A. Vachez.

M. A. Vachez fait don au musée de la Diana d’un fragment. de sceau matrice en bronze qu’accompagne le mémoire suivant.

« Au mois de mai 1893, un cultivateur trouvait, en travaillant son champ, à 200 mètres à l’est du bourg de Riverie (Rhône), la matrice brisée d’un ancien sceau, mesurant 53 millimètres de diamètre et sur lequel était gravée en creux l’image d’un guer­rier à cheval, brandissant son épée de la main droite.

Le paysan qui avait fait cette découverte crut d’abord que ce sceau était en métal précieux, mais il eut bientôt reconnu qu’il était seulement en cuivre ou laiton, comme la plupart des sceaux du moyen âge. Il me l’apporta, et je lus sans peine autour du personnage dont il portait l’image le fragment d’inscription suivante :

MI. DOMINI• ,DE• BAFFI

Or, comme deux membres seulement de la famille de Baffle ont été possessionnés dans le Forez, où la seigneurie de Saint-Germain-Laval leur appartenait pour partie et que l’un et l’autre portaient le prénom de Guillaume (Willelmus), il était facile de complé­ter ainsi cet exergue :

Sigillum WillelMl DOMINI DE BAFFIa.

C’était bien ainsi le sceau des Baffle, qui venait d’être retrouvé.

Les Baffle n’appartenaient p0int, par leur 0rigine, à la n0blesse F0rézienne. C’était une ancienne fa­mille d’Auvergne, déjà puissante, dans le Livrad0is, au XIe siècle, et d0nt 0n place le berceau près de Viver0ls 0ù déjà, du temps de la Mure, il ne subsis­tait plus que des ruines du vieux château de Baffle, auquel elle avait emprunté s0n n0m (1).

Mais si le rôle qu’elle a j0ué dans l’hist0ire du pays de F0rez n’a pas été de bien l0ngue durée, ce rôle n’a pas été sans imp0rtance, car il arriva un j0ur, c0mme 0n le verra plus l0in, que les Baffle dispu­tèrent à la dynastie régnante de n0s c0mtes la p0sses­si0n même du c0mté de F0rez.

S0n plus ancien auteur c0nnu est Dalmas, sei­gneur de Baffle, chevalier, qui vivait en 960. Et au n0mbre de ses descendants, n0us dev0ns retenir n0­tamment le n0m de Guillaume de Baffle, chan0ine de l’église de Ly0n, qui fut évêque de Clerm0nt de 1096 à il 04 et qui d0nna, en ‘I0’, sa terre du Puy et l’église de Viver0ls à l’abbaye de Sauxillanges (2).

Mais ce n’est qu’au c0mmencement du XIIIe siècle que les Baffle paraissent s’être établis dans le F0rez. Une charte de l’abbaye de la Béniss0n-Dieu n0us apprend ainsi qu’en 1205, le c0mte Guy II, se tr0u­vant à Cleppé, « 0bligea, dit la Mure, un grand seigneur d’Auvergne, n0mmé Willelme de Baffle, de c0nfirmer les c0ncessi0ns que s0n aïeul, Willelme,

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(1) De la Mure, Histoire des ducs de Bourbon, I, 203.

  1. Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, I, 138. — De la Mure, Miroir historiai, chap. VI. — Crégut, Le Concile de Clermont de 1095, p. 90.

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avait fait à cette abbaye, de la liberté du pâturage pour son bétail dans ses terres » (1).

Quelques années plus tard, mais postérieurement à l’année 1210, ce même Guillaume de Baffle contracta mariage avec une fille du comte Guy III et de sa première femme, Ascuraa ou Asiuraa (2).

Le prénom de cette femme de Guillaume de Baf­fie, surnommé le Vieux, est demeuré inconnu jus­qu’à ce jour, comme le déclarait déjà Baluze (3), encore bien que de la Mure et Justel lui donnent, l’un et l’autre, celui d’Élé0n0re (4,). Mais de l’initiale qui figure dans une charte de 1242 (n. st.), il paraît résulter que, suivant toute vraisemblance, elle se nom­mait Sibylle (5).

(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 170 ; III, p. 39.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. zoo. — Chaverondier, Invent. des titres du Comté de Forer, p. 488.

  2. Baluze, Hist. généalogique de la maison d’Auvergne, I, p. 103.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. zoo. — Justel, Hist. généalogique de la maison d’Auvergne, p. 55.

  2. Dans une intéressante communication faite à la Société de la Diana, dans sa réunion du 7 novembre 1892, M. Vin­cent Durand avait dû se borner à émettre des doutes sur le véritable prénom de l’épouse de Guillaume de Baffle. Mais depuis cette époque, un nouvel examen, fait récemment, par M. Noël Thiollier aux Archives nationales, de la charte de 1242, reproduite par Aug. Chaverondier seulement d’après l’Histoire de la maison d’Auvergne de Baluze, et dans laquelle

ce prénom était omis, a démontré, comme l’avait, reconnu

déjà Aug. Bernard (copie mss à la Diana), que cette charte porte textuellement : matris meoe superius nominatce S. Or, le prénom de Sibylle est de beaucoup le plus commun de ceux commençant par cette initiale portés, à cette époque du moyen age et dans notre région, par les femmes. A. Bernard avait mal intérprété l’initiale S par Scuraa, confondant ainsi la fille avec la mère. (Communication de M. Vincent Durand. — Cf. Chaverondier, Inventaire des titres du comte de Forer, p. 488 ; — Bulletin de la Diana, t. VI, p. 352).

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Quoiqu’il en soit, à compter de cette époque, nous voyons les Baffle posséder, avec les Artaud de Saint- Germain, la seigneurie de Saint-Germain-Laval, dont le château leur appartenait même exclusivement.

Dès ce moment aussi, leur nom apparaît fréquem­ment dans l’histoire du pays de Forez. Ainsi Guil­laume de Baffle figure d’abord au nombre des ga­rants de la charte de franchises et de libertés com­munales, que le comte Guy IV accorda aux habitants de Montbrison et de sa banlieue, au mois de novem­bre 1223 (r).

Au mois de mai 1236, Guillaume de Baffle figure aussi, comme arbitre, avec Robert de Saint-Bonnet, dans l’accord intervenu entre le comte Guy IV et Girin, abbé d’Ainay, au sujet des droits de justice de Saint-Romain-le-Puy (2).

Mais après la mort du comte Guy IV, survenue en 1241, un grave différend s’éleva entre son succes­seur, Guy V, et Guillaume de Baffle, dit le Jeune, fils de Guillaume de Baffle, dit le Vieux, et de la fille du comte Guy III et de la comtesse Ascuraa.

Pour des causes, demeurées inconnues jusqu’à ce jour, cette dernière avait été répudiée par son mari. Puis, Guy III s’était remarié, du vivant de cette première épouse, avec Alix de Suilly, dont il eut trois enfants, au nombre desquels se trouvait le comte Guy IV.

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(1) Huillard-Bréholles, Inventaire des titres de la maison de Bourbon, no 104. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon,

I, p. 217.

(2) Grand Cartulaire d’Ainay, I, p. 261. Huillard-Bréholles, Inventaire, no 187. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 233.

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Or, au moment où le comte Guy V, fils de ce der­nier, entrait en possession de son héritage, le petit fils de la comtesse Ascuraa, Guillaume de Baffie, dit le Jeune, revendiqua, du chef de sa mère, déjà décé­dée à cette époque, non seulement les châteaux de Précieu, Jullieu, Villedieu, Cremeaux et la terre de Saint-Bonnet, qui faisaient partie des biens apparte nant en propre à son aïeule, mais même la possession du comté de Forez, en allant jusqu’à contester la légitimité des autres enfants de son aïeul, nés d’un mariage non approuvé par l’Église (1).

Se plaignant, en outre, d’injustes vexations, dont il aurait été victime de la part du comte Guy V, Guillaume de Baffle saisit du litige le roi saint Louis lui-même et s’en remit à sa décision pour prononcer sur le différend (mars 1242, n. st.) (2).

Grâce à l’autorité du saint roi et à l’intervention d’amis communs, un accord intervint entre les par­ties, en 1244. Par ce traité, Guillaume de Baffle renonça, avec le consentement de son père, à tous les droits qu’il prétendait avoir sur le comté de Forez, en retour de la remise des quatre châteaux de Pré­cieu, Jullieu, Villedieu et Cremeaux, pour lesquels il promit hommage lige au comte, de même que pour la terre de Saint-Bonnet (3). En outre, Guy V

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(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 245,- Aug. Bernard, Histoire du Forer, I, p. 243.

  1. Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Fore;, P. 488.

  2. D’après de la Mure, il s’agirait là de la terre de Saint-Bonnet-les-Oules (I, p. 200). Mais le fait nous paraît douteux; les termes de la transaction de 1244 nous font penser, en effet, comme à M. Vincent Durand, qu’il s’agit là plutôt de

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assura à Guillaume une rente de 250 livres vien­noises. Et, en ce qui concerne la terre de Saint- Bonnet, il fut même spécialement convenu que s’il arrivait que Dauphine, fille de Josserand de Saint- Bonnet, vint à mourir sans enfants, la seigneurie d’Aurec (Daureu) (1) appartiendrait au comte, pen­dant que toutes les autres terres comprises dans la seigneurie de Saint-Bonnet seraient attribuées à Guillaume de Baffle, prévision qui ne se réalisa pas. Car Dauphine eut cinq maris et laissa de nombreux enfants (2).

Depuis cet accord, nous voyons Guillaume de Baffle, le Jeune, accorder, du consentement de Guil­laume de Baffle, son père, une charte de franchises et de libertés communales aux habitants de Saint­Germain-Laval (juin 1248) (3).

Au mois de juillet de la même année, nous le voyons encore figurer au nombre des pièges, ou ga 

la seigneurie de Saint-Bonnet-le-Château. Cela nous semble résulter notamment de ce que, en prévision du décès de Dauphine de Saint-B0 nnet sans postérité, les deux parties se partagent d’avance les terres dépendant de la seigneurie de Saint-Bonnet-le-Château.

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(1) Une autre version porte : Lureu, que les éditeurs de l’Histoire des ducs de Bourbon de la Mure ont traduit par Luriecq (1, p. 246), de même qu’Aug. Bernard dans son Histoire du Forez, I, p. 243. — V. Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Forez, p. 491 ; — Bulletin de la Diana, VI, p. 353 ; — Revue Forézienne, I, p. 252.

(2) Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Forez, nos 944 et 992 et p. 489. — Huillard-Bréholles, Inventaire, no 242. — De la Mure, I, 2oo. — Archives de la Loire, B. 1850.

  1. Huillard-Bréholles, Invent. des titres de la maison ducale de Bourbon, n° 288,

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rants, de l’exécution de la sentence arbitrale pro­noncée par Hugues, doyen de Montbrison, et Ray­mond de Barges, chevalier, sur le différend qui s’était élevé entre le comte de Forez et Omar, abbé de l’Ile Barbe, au sujet de la justice de Cleppé (1).

Au mois de janvier 1250 (n. st.), Guillaume de Baffle donna son assentiment à la concession de la charte consentie, à son tour, aux habitants de Saint­Germain-Laval, par son co-seigneur Artaud de Saint-Germain, chevalier (2).

Enfin, l’année suivante, il reçut en fief de Guy V, comte de Forez, divers cens, en deniers et en grains, à percevoir entre le village de Poncins et le Lignon, et il céda, en retour, au comte Zo sols de rente, qu’il percevait annuellement sur le prieuré de Montverdun, et r0 sols sur le prieuré de Chandieu (août 1251 ) (3).

Guillaume de Baffle, le Jeune, épousa Éléonore de Tournon, soeur d’Alix de Tournon, seconde femme de son père (4). Mais il mourut antérieure­ment au mois de mars 1274 (n. st.), sans laisser de postérité de son épouse, qui lui survécut (5).

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(1) De Charpin-Feugerolles, Cartulaire des Francs Fiefs du Forez, p. 126.

(2) Huillard-Bréholles, Inventaire, no 304.

  1. Cartul. des. Francs Fiefs du Forez, p. 135. — Huillard­Bréholles, Invent., n° 317. — Chaverondier, Inventaire des titres du comté de Forez, n° 302. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 250.

  2. Archives de la Loire, B. 1850.

  1. Baluze, Hist. généal. de la maison d’Auvergne, I, p. 703. — Justel, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, Preuves, p. zo5.

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Avec lui, s’éteignit la descendance mâle des sei­gneurs de Baffle. Sa soeur, Éléonore, mariée à Ro­bert VI, comte d’Auvergne, hérita de ses biens et légua ses terres Foréziennes à sa fille, Mathilde. Et c’est ainsi que cette dernière porta à son mari, Étienne de Mont-Saint-Jean, les terres et seigneu­ries de Jullieu, Précieu et Cremeaux (1).

De nos jours, le nom de Baffle, que portent encore un modeste hameau de Saint-Germain-Laval et un vieux pont jeté sur la rivière d’Aix, est le dernier souvenir qui rappelle, dans le Forez, cette ancienne et puissante famille, disparue depuis six siècles.

Après cet exposé sommaire des faits historiques auxquels ont été mêlés les Baffle, deux questions demeurent à résoudre.

D’abord, comment le sceau des Baffle nous est-il parvenu dans l’état où il se trouve aujourd’hui ? La réponse à cette question ne présente aucune difficulté. On sait, en effet, qu’il était d’usage, quand un prince, un prélat, ou un chevalier mourait, de briser son sceau, à moins qu’il ne fût déposé dans son cercueil, pour éviter que l’on pût s’en servir pour antidater des actes ou des 0bligations à la charge de ses héri­tiers (2). Le bris 0fficiel des sceaux était même effec­tué, à cette occasion, avec une certaine solennité, en

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(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 200. – Justel, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, p. 55, et Preuves, p. 59. — Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, I, p. 117. — Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, I, p. 138.

  1. Chassant et Delbarre, Dictionnaire de Sigillographie, vo Sceaux anéantis. — Lecoy de la Marche, Les Sceaux, p. 5o. — Alfred Maury, La Sigillographie (Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1874, p. 903).

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présence de témoins et constaté par un procès-verbal régulier. Quand il s’agissait d’un personnage revêtu d’une fonction, comme un évêque, le sceau brisé était même conservé aveç soin et c’est ainsi qu’au com­mencement du XVIe siècle, le chapitre de l’église de Vienne possédait encore toute une collection des sceaux brisés ou cisaillés des archevêques de cette église, comme nous l’apprend le procès-verbal dressé, en l’année 1556, pour la rupture du sceau de la cour de l’officialité de Vienne de la rive gauche de la Galaure, après la mort de l’archevêque, Pierre Pal­mier (1).

La seconde question est moins facile à résoudre, bien qu’elle ne nous paraisse pas absolument inso­luble.

Comment le sceau des Baffle a-t-il pu être retrouvé, de nos jours, dans un champ situé sous les murs de l’ancien bourg fortifié de Riverie ? Sans d0ute l’explication la plus simple consisterait à dire que Guillaume de Baffle a pu mourir à Riverie. Mais cette hypothèse ne repose sur aucune donnée cer­taine. Toutefois, ce n’est pas par un si,mple effet du hasard, que ce sceau a été transporté dans cette l0­calité. A l’époque où vivait le dernier des Baffle, c’est-à-dire au milieu du XIIIe siècle, la seigneurie de Riverie appartenait à Artaud de Roussillon, qua­trième du nom, qui la posséda de 1228 à 1270. Or, Artaud de Roussillon entretenait des relations étroi 

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  1. Quamdam parvam boytam nemoream, quam apperuerunt et in qua reperta fuerunt pluria sigilla archiepiscopalia fracta seu sizalhata… (V. Bulletin de la Société départementale d’ar­chéologie et de statistique de la Drôme, 108e livraison, t. XXVIII, p. 32)

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tes avec les Baffle. Ainsi figure-t-il, comme arbitre, dans le traité de 1244, par lequel Guillaume de Baffle renonça à la possession du comté de Forez, et, comme garant, dans la charte de franchises accordée par ce dernier aux habitants de Saint-Germain-La­val, au mois de juin 1248 (1).

Ces relations d’amitié suffisent, ce nous semble, pour nous faire comprendre comment le sceau brisé du dernier des Baffle, mort sans postérité, a pu pas­ser, sinon aux mains d’Artaud de Roussillon, qui mourut en 1270, mais du moins en celles de son fils, Guillaume de Roussillon.

A défaut de cette solution, on peut encore présu­mer que ce sceau a pu être conservé par les comtes de Forez, quand ils rentrèrent en possession de la terre de Villedieu, qui paraît leur avoir fait retour, lors de l’extinction de la descendance mâle des sei­gneurs de Baffle (2). Et alors deux hypothèses se présentent encore : d’une part, Aymar de Roussil­lon, seignçur de Riverie, épousa, en 1318, Jeanne de Forez, fille du comte Jean ; et, d’autre part, les ducs de Bourbon, comtes de Forez, ont possédé Ri­verie, depuis 1443 jusqu’en 1512, en vertu du testa­ment d’Isabeau d’Harcourt.

Dans bien des circonstances, te sceau a pu ainsi être transporté dans l’ancien château de Riverie. Et,

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(1) Huillard-Bréholles, Inventaire, no 288. — De la Mure,

Hist. des ducs de Bourbon, III, p. 68.

  1. Villedieu, commune de Sainte-Foy-Saint-Sulpice (Loire). Cette terre appartenait aux comtes de Forez, notamment en 1334 et 1347 (Huillard-Bréholles, Inventaire, nos 2055, 2075 et 2749. — Chaverondier, Inventaire, nos 882 à 886).

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dès lors, sa découverte dans un champ voisin de ses murs n’a rien de bien surprenant. Car on sait que ce château fut rasé complètement, en 1590, pen­dant les guerres de la Ligue, sur les ordres du Con­sulat Lyonnais. Plusieurs documents des archives de la ville de Lyon nous apprennent ainsi, d’une manière précise, qu’après l’occupation de Riverie par les troupes de Jacques Mitte de Chevrières, la journée entière du 24 août 1590 fut employée à la démolition de cette ancienne forteresse féodale et qu’il fut dépensé, pour ce travail, la somme de 47 écus et 48 sous tournois, que reçurent les maçons, terrassiers, charpentiers et autres ouvriers, chargés de cette oeuvre de destruction (1).

Dès lors, tout s’expliquerait assez facilement. Si les pierres des monuments détruits demeurent sur place, pour être employées à de nouvelles construc­tions, il en est autrement des simples décombres, qui sont ordinairement transportés dans les champs livrés à la culture. Tel fut sans doute le sort du sceau brisé des Baffe. Mêlé aux décombres du château où il était conservé, il est demeuré, depuis trois siècles, enfoui et ignoré, jusqu’au jour où un heureux hasard l’a fait retrouver, loin des terres seigneuriales que les Baffle ont possédées dans le pays de Forez.

Dans tous les cas, ce sceau nous a paru présenter un intérêt historique assez grand, pour qu’il méritât d’être conservé dans les collections archéologiques de la Diana et c’est pour cela que nous nous sommes empressé de lui en faire hommage.

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  1. Archives de la ville de Lyon, AA. log ; BB. 125.

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APPENDICE.
GÉNÉALOGIE DES BAFFIE (1).

  1. — Guillaume de Baffle, donateur primitif des droits de pâturage à l’abbaye de la Bénisson-Dieu ; aïeul de Guillaume de Baffle dit le Vieux, qui suit (avus suus home memorioe) (2) ; vivait apparem­ment au milieu du Xlle siècle. M. Vincent Durand pense que les terres sur lesquelles existaient les droits concédés, étaient situées dans le pays de la haute montagne et dépendaient peut-être de Valci­vières, que possédèrent les Baffie. Il eut pour fils :

II— N. de Baffle; probablement Dalmace, si, comme il y a lieu de le supposer, ce personnage est identique à Dalmace de Baffle, fils de Guillaume, tous deux vivants vers 1172 d’après un titre du Cartulaire des Hospitaliers du Velay, qui nous a été signalé par M. Vincent Durand (3). Il fut père de :

1° Guillaume le Vieux, qui suit,

2° Éléonore. Son existence nous est clairement révélée par le testament d’Éléonore, comtesse d’Au­vergne, sa nièce et sans doute son héritière, qui nous apprend qu’elle était tenue d’acquitter les dettes et les legs d’Éléonore sa tante paternelle (amitoe suce) (4).

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(1) Ce fragment de la généalogie des Baffle n’est que le développement d’un essai plus succinct, qui nous a été com­muniqué obligeamment par M. Vincent Durand.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, III, p. 39.

  2. Aug. Chassaing, Cartul. des Hospitaliers du Velay, ch. 25.

(4) Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, II, p. 119. — Justel, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, Preuves, p. 59.

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  1. — Guillaume de Baffle, dit le Vieux (vetulus vel senior) (i), confirma, en 1205, la donation faite par son aïeul à l’abbaye de la Bénisson-Dieu (2); fut caution de la charte communale concédée à Mont­brison par le comte Guy III, en 1223 (3), et négocia­teur, avec Robert de Saint-Bonnet, du traité inter­venu, en 1236, entre Guy IV, comte de Forez, et l’abbé d’Ainay, au sujet des droits de justice de Saint-Romain-le-Puy (4); approuva le traité consenti, en 1244, entre le comte Guy V et son fils, Guillaume de Baffie, dit le Jeune, ainsi que la concession de la charte de franchises accordée par ce dernier aux habi­tants de Saint-Germain-Laval (5). Il épousa 1° S. (probablement Sibylle, nom très en faveur à cette époque), fille de Guy III, comte de Forez et de sa première femme Ascuraa ; 2° Alix de Tournon, qui survécut à son mari et mourut vers 1275. Par son testament, cette dernière légua notamment aux Frères Mineurs de Montbrison 30 sous viennois de rente, sur les revenus de Précieu et de Villedieu, qu’elle avait achetés avec sa soeur Éléonore, de Messire Guy Delmas (6). Guillaume de Baffle mourut vers 1250, en laissant les enfants qui suivent, de sa première femme :

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(1) De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, 202. – Ar­chives de la Loire, B. 1850.

  1. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 170; III, p. 39.

  2. De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, p. 217. — Huillard-Bréholles, Inventaire, no 104.

4)Grand Cartulaire d’Ainay, I, p. 261. — Huillard-Bré­holles, no 187.

5)Huillard-Bréholles, no 288.

  1. Archives de la Loire, B. 1850.

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I° Guillaume de Baffle, dit le Jeune, qui suit.

2° Eléonore, épouse de Robert VI, comte d’Au­vergne qui fut l’héritière de son frère Guillaume. De son mariage naquirent quatre fils et deux filles. Elle testa, en 1285, en instituant pour héritier uni­versel, son fils aîné, Robert, et en léguant à sa fille, Mathilde, ses châteaux et les terres féodales qu’elle possédait dans le Forez (facio heredem in castris meis et tota terra mea de Foriio) (1). C’est ainsi que Mathilde apporta à son mari, Étienne III de Mont- Saint-Jean, les seigneuries de Jullieu, Précieu et Cremeaux en Forez, qui provenaient de l’héritage de la comtesse Ascuraa, pendant que les comtes de Forez rentraient en possession de la terre de Ville- dieu (2).

3° Matheline, épouse de Gaudemar de Jarez, qui testa en 1242 (3).

4° Béatrix, qui épousa Agnon II, fils d’Yseult dame d’Oliergues, et seigneur d’Oliergues de 1234 à 1249, auquel elle apporta la seigneurie de Maymont. Elle était déja décédée, en 1249, comme nous l’ap­prend le testament d’Yseult, dame d’Oliergues. Elle eut pour fils Agnon de Maymont, seigneur d’Olier 

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(1) Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, Preuves,

p. 59. — Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, II, p. 1. — Chabrol, Coutumes d’Auvergne, IV, p. 51, 81, 600. — Archives de la Loire : Mémoire pour l’abbesse de Bonlieu, XVIIe siècle.

(2) Huillard-Bréholles, Inventaire, nos 2055, 2075, 2749. — Chaverondier, Inventaire, no 882.

  1. De Boissieu, Maison de Saint-Chamond (Mémoires de la Diana, IX, p. 10). — Chaverondier, Rapport au Préfet, 1885, p. 9.

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gues, qui la nomme dans son testament du mois de mars 1274 (n. st.) et fixe son anniversaire au 4 avril (pridie nonas aprilis) (1).

IV. — Guillaume de Baffle, le Jeune, dont les ac­tes sont rapportés ci-dessus, était déja mort au mois de mars 1274 (n. st.), comme nous le voyons dans le testament d’Agnon de Maymont (Domini Guillelmi quondam Domini de Baffia junioris). Il épousa Éléo­nore de Tournon, soeur d’Alix, seconde femme de son père, dont il ne laissa pas de postérité. Eléonore survécut à son mari, et mourut vers 1286 (2).

Armes : D’or à trois molettes d’éperon de sable ». Des remerciements sont votés à M. A. Vachez.

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(1) Baluze, Hist. généalog. de la maison d’Auvergne, II, p. 370, 703, 704. — Chabrol, IV, p. 797. — De la Mure, Hist. des ducs de Bourbon, I, 27o n. — M. Vincent Durand fait observer, avec raison, au sujet de Béatrix de Baffle, que c’est à tort que Baluze et Chabrol la donnent comme fille d’un pré­tendu Guillaume, frère de Guillaume le Vieux. Les termes du testament d’Agnon d’Oliergues ne permettent pasz en effet, une semblable interprétation. (V. Justel, Preuves, p. 205. — Ba­luze, 703).

  1. Archives de la Loire, B. 1850. — Baluze, II, 703.