M. Charles Guilhaume, Notes sur le canton de Saint-Genest-Malifaux. — Le Bois Farost et la Font-Ria. — Un poème inédit de L. Jacquemin, Bulletin de La Diana, Tome VIII, Montbrison, 1895, pages 296 à 311.
Notes sur le canton de Saint-Genest-Malifaux. — Le Bois Farost et la Font-Ria. — Un poème inédit de L. Jacquemin. — Communication de M. Charles Guilhaume.
Le canton dé Saint-Genest-Malifaux paraît avoir été assez peu étudié jusqu’ici, et l’histoire des événements dont il fut le théâtre renferme des points encore bien obscurs.
On sait, en somme, fort peu de choses sur la bataille de 1465, entre la petite ‘armée du duc de Milan et les troupes Foréziennes (I), bataille qui au
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Chantelauze, Hist. des ducs de Bourbon, t. II, p. 270, émet des doutes sur l’authenticité de cette rencontre et la
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rait laissé à une parcelle de terrain le nom de Cimetière des Lombards. Le combat du Bessat, dont la date serait réellement 1562, est un peu plus connu, grâce à la Tour-Varan (1), qui a essayé de concilier les récits passablement divergents de nos vieux annalistes; mais, en jetant les yeux sur la carte de ce petit coin de terre, que penser des lieux dits que l’on voit surgir de toutes parts, nombreux, pressés, confus, presque contigus, parfois, les uns aux autres, et qui portent, depuis des temps bien antérieurs à ces peu importants faits d’armes, les noms éminemment suggestifs de la Batterie (2), les Fosses, les Citadelles, le Combat, les Tours, le Palais, le Batailler, le Plâtre du Camp, le Châtelard, la Fortinée, le Combeau, la Combelle, le More, Morianne, les Caves et la Roche des Sarrazins, le Bois et le Puy du Lombard, etc. ? Auquel des deux combats, de 1465 ou de 1562, .se rapportait l’armure dorée qui, vers 1601 , fut découverte, en ces parages, par un brave cultivateur, dans le creux d’un arbre qu’il venait d’abattre (3) ?
Son examen aurait probablement fourni des indications bien précieuses, et, qui sait ? tranché peut-
réduit, dans tous les cas, à un simple engagement d’arrièregarde.
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(1) Chronique des châteaux et des abbayes, t. I, p. 325.
(2) C’est près de ce hameau que les Communes du Puy défirent, le 2 mai 1365, les bandes de Seguin de Badefol, commandées par Loys Robaut ou Rambaut, son lieutenant, qui fut fait prisonnier dans cette rencontre. — Cf. Anatole de Gallier, Les Pagan et les Retourtour, dans les Mémoires de la Diana, t. II, p. 95 ; et P. Allut, Les Routiers au XIVe siècle, p. 140.
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Touchard-Lafosse, La Loire historique, t. I, p. 287.
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être, d’une manière décisive, cette question insoluble aujourd’hui.
Sur les confins de la Loire et de la Haute-Loire, à peu près à égale distance des communes de Jonzieu et de Saint-Didier-la-Séauve, il existe une vaste clairière que le paysan attardé ne traverse, le soir, qu’en se signant avec frayeur: c’est le Champ dolent.
Une sanglante bataille aurait eu lieu sur ce sol marécageux et infertile, et les feux follets qui voltigent à sa surface représentent encore, aux yeux des populations naïves de ces montagnes, les âmes errantes des combattants tombés dans la mêlée.
La tradition (1) n’est sûrement point mensongère, mais, pas plus nos voisins du Velay que nos propres chroniqueurs ne peuvent indiquer une date certaine, ni fournir des détails précis sur cette rencontre qui intéresse également l’histoire des deux provinces.
On manque de renseignements sur la commanderie ou maison secondaire de Templiers, dont le nom est resté au hameau du Temple, près de Marlhes (2), et, afin d’abréger cette nomenclature déjà longue, je me contente de citer rapidement, pour mémoire, les nombreux monuments mégalithiques qui couvrent toute cette contrée, depuis la Chambre des fées et l’ossuaire du Champ des Fust (bois Panère, forêt de Taillard (3) jusqu’aux énormes pierres à bassins de
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(1) La légende locale relative au Champ dolent a été rapportée par H. Malègue.
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Le Temple ou la Murette était un membre de la commanderie du Devesset-en-Velay, canton de Saint-Agrève (Ardèche).
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Ogier, La France par cantons, arrondissement de Saint- Etienne, p. 359. — La Tour-Varan, Chronique des châteaux et des abbayes, t. I, p. 265. — Forer pittoresque, p. 122.
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Chaussitre, où la croyance populaire vient encore vénérer les empreintes du grand thaumaturge Martin.
Le bourg de Saint-Genest-Malifaux est pittoresquement assis au milieu d’un cirque de bois et de montagnes, dans un frais vallon où serpente mollement la Semène, qui coule peu profonde entre deux rives de verdure.
Le chanoine de la Mure a rattaché l’étymologie du nom de Malifaux à la vieille légende de Pilate et des monts du Pilat, en y plaçant même le lieu du suicide du faible gouverneur de la Judée.
« Et il semble, dit-il, que nos anciens ont voulu en quelque manière appuyer cette tradition par ce nom extraordinaire qu’ils ont donné au lieu duquel nous avons dit que sortoit la rivière de Cemène dans le panchant de ce mont de Pila, appellant ce lieu du nom de Mallifaux, en latin de malis falcibus, comme s’ils vouloient indiquer, suivant l’ordinaire façon qu’on parle de la mort, qu’elle avoit usé én ce Mont de la plus cruelle de ses faux, qui sont les violentes rages d’un horrible désespoir, pour moissonner l’indigne et odieuse vie de celuy qui par l’injustice de sa complaisante sentence avoit esté le criminel autheur de la mort douloureuse du divin Autheur de la vie » (1).
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(1) Histoire civile et ecclésiastique du pays de Forer, livre V, chap. XV, p. 156. — M. Aug. Bernard n’a pas hésité à reproduire, dans son Histoire territoriale dû Lyonnais, la forme latine de malis falcibus, qu’on ne trouve, en réalité, sur aucun des pouilles de l’église de Lyon du XIIIe au XVIIe siècle.
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Testenoire-Lafayette et Gonnard qui dit publié les parties inédites de cet ouvrage (Mémoires de la Diana, t. V,
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La commune de Saint-Genest est bornée, .au nord, par de grandes étendues boisées, qui vont se raccorder, à l’est, avec l’immense forêt dénommée d’une façon générale les Grands Bois. Un tènement important de ces bois, celui que traverse précisément le chemin de grande communication qui relie le chef- lieu à la route nationale n° 82, porte le nom de Bois Farost.
Or, au milieu même de ce tènement, à quelques mètres de la jonction du nouveau chemin de la Ricamarie avec la route de Saint-Genest, se trouve une source appelée la Font-Ria, dont le nom est souvent prononcé dans les récits des longues veillées d’hiver, mais que, en réalité, peu de personnes de la contrée connaissent, à l’exception de quelques petits pâtres et de quelques bûcherons.
De chaque côté de cette source, se dressent deux
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p. 53, note), rejettent, au contraire, impitoyablement cette étymologie, qu’ils prétendent inventée de toutes pièces par le bon chanoine, et, se basant sur la proximité de la paroisse, de Marlhes, ils proposent le vocable Maroglivos, avec les transformations successives Marlivos, Marlifau, Malifau.
Ce rapprochement de noms avait déjà été établi par l’auteur du célèbre Mémoire pour les co-seigneurs de la baronnie de la Faye (ire proposition, p. 1o8 ; Paris, Saugrain, 1769) ; mais l’éminent feudiste était loin de considérer l’argumentation comme bien sérieuse, puisqu’il a soin de déclarer que c’est là une simple ressemblance, une pure conjecture, dont il se garderait de profiter.
Ne pourrait-on pas, tout en écartant la légende bien fantaisiste en effet de la Mure, admettre la forme étymologique Malis faucibus, mauvaises gorges, mauvais défilés, que le vieil historien aurait légèrement modifiée pour les besoins de sa version pieuse, et qui a l’incontestable avantage de s’appliquer Au nom lui-même et à la configuration topographique du pays.
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pierres aujourd’hui bien enfoncées dans le sol, et à peu près complètement envahies par la mousse qui a lentement recouvert une inscription dont la tradition a encore gardé la mémoire, tout en altérant absolument le texte (1). La voici telle que je l’ai relevée moi- même, il y a une vingtaine d’années :
(côté gauche) [J]EGLACEDE
PEVR
EN PERDANT MASŒVR
(côté droit) CARLON ME
CARESSE
LORSQVE[LLE] MELAISSE
Quel est le sens obscur de ces deux distiques ? Ce n’est pas ce que je me propose d’étudier aujour- d’hui (2), mais le mystère même attaché à cette fontaine, et surtout la persistance de son souvenir dans
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(1) Le paysan qui m’indiqua la source m’avait aussi parlé de l’inscription, qui était selon lui: Bois-moi et ne me repose pas.
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On peut très vraisemblablement conjecturer que cette inscription se rapporte au séjour plus ou moins prolonge que dut faire, en ces lieux, un moine de Valbenoîte, lors du sac de cette abbaye par les Huguenots, en mai 1570 « Au premier bruit de l’approche des Calvinistes, dit la Tour-Varan, (Chronique des châteaux et des abbayes. — Valbenoîte, p. 272) le plus grand nombre des moines s’étaient enfuis ; ils erraient dans les bois, au fond des gorges les plus obscures et les plus ignorées, où ils tenaient caché ce qu’ils avaient emporté de plus précieux, abandonnant le reste à la rapacité des nouveaux iconoclastes qui se ruèrent sur le monastère délaissé ». Le Bois-Farost offrait, certes, le plus proche et le plus sûr asile. C’était du reste une dépendance abénevisée de Valbenoîte et son nom revient très fréquemment dans les chartes de l’abbaye.
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la longue suite des traditions populaires, indiqueraient que nous sommes très probablement en présence d’une de ces sources sacrées, sur lesquelles l’attention des archéologues a été si vivement arrêtée par les remarquables travaux de notre éminent collègue, M. Bulliot, président de la Société Éduenne (i), mais dont l’étude, ou même la recherche, paraît bien en retard dans notre province.
Un document manuscrit fort curieux, qui provient de l’ancien fonds Nicolas, me semble fournir un excellent appui à cette hypothèse, et c’est à ce titre que j’en juge la publication tout à fait intéressante.
Cette pièce, datée de 1623 et signée « L. Jacquemin, prestre indigne », se compose de deux feuillets, écrits probablement de la main de l’auteur, et portant en tête, comme titre :
Antiquitez du lieu de Saint-Genez de Mallifaut et environs, prononcées sur un théâtre tragique audit lieu, par François Rousset, avec plusieurs écritures d’autres vers en faveur de la pureté. — L’an mil six cent vint et troys.
La lecture en est assez difficile, au point que l’un des possesseurs du manuscrit a cru devoir le faire suivre d’un essai de transcription, très peu fidèle d’ailleurs, et qui témoigne d’une médiocre sagacité paléographique. L’oeuvre forme un petit poème de 108 vers, composé tout entier dans le style burlesque, récemment importé d’Italie et si brusquement adopté
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(1) Le culte des eaux sur les plateaux Éduens, dans les Mémoires lus à la Sorbonne en 1867, p. II à 32. — Ex-voto de la Dea Bibracte, dans les Mémoires de la Société Éduenne, nouvelle série, t. III.
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par la mode, qu’il était devenu plus que de l’engouement, mais presque de la fureur (1).
Ce sont précisément les jeux de mots, à propos de tout et hors de tout propos, dont le texte est émaillé, qui en compliquent singulièrement l’interprétation, et le rendraient presque incompréhensible sans une connaissance approfondie de la région.
J’ai tâché, par quelques notes très sommaires, de faciliter l’intelligence de la pièce, sans prétendre toutefois y avoir complètement réussi (2).
ANTIQUITEZ
DU LIEU DE SAINT-GENEZ DE MALLIFAUT ET ENVIRONS,
PRONONCÉES SUR UN THÉATRE TRAGIQUE, AUDIT
LIEU, PAR FRANÇOIS ROUSSET, AVEC PLUSIEURS
ÉCRITURES D’AUTRES VERS EN FAVEUR
DE LA PURETÉ, L’AN MIL SIX CENT
VINT ET TROYS.
Il me souvient d’un jour qu’en Farao le boys Estant près Font-Roy (3), une nimphalle voix
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On alla si loin dans cette voie, que, suivant le témoignage de Pellisson, Histoire de l’Académie Française, un libraire du Palais osa publier une Passion de Notre-Seigneur J.-C. en vers burlesques.
Il convient d’ajouter, cependant, qu’en réalité cet ouvrage n’avait de burlesque que le titre.
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Je n’ai pas cru devoir, conformément au texte du manuscrit, conserver scrupuleusement l’emploi des minuscules en tête des vers. Un essai de rénovation de cet usage très ancien, a été tenté de nos jours, sans beaucoup de succès, par le poète Théodore Massiac.
J’ai fait ressortir, en italiques, les noms donnant lieu aux jeux de mots, qui sont indiqués par de petites croix dans la pièce originale.
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Font-Ria, Fons regia.
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Me vint dire ces motz, d’une plaintive audace : Comment ozez-tu bien occuper ceste place ? C’est la place aux poètes et tu ne chantes pas
Des muses les louanges et n’en faictz point de cas ; Elles t’ont faict Bouter du brevage des dieux
Et, ingrat, de leurs dons tu deviens oblieux: Quite, quite ce lieu, ou chante par tes vers, Leur los et ton païs à tout cest univers,
Ton païs, ta patrie, que l’oblieux silence
A caché, jusqu’icy, aux peuples de la France. Je te feray scavant de ses antiquitez;
Je te veux faire voir toutes ses raretez.
Le vaillant Hercules, ce grand domteur de monstres, Qui, dedans l’Océan, de ses valeurs fit montres,
Qui chassa les volleurs de la mer, de la terre,
Depuis les bordz du Nil jusqu’aux bordz d’Angleterre. Il donna, dans ces boys, une asile parfaicte ;
Les larrons d’alentour avoient faict leur retraicte,
Ce n’estoyent pas des boys comme ils sont à présant, La Tesbaïde d’Egipte ils aloyent surpassant
Sans nimphes, sans échos, grandz, désertz et toufus, Pleins d’espines, de ronces et de buissons confus. Ce fut au boys Terné (1) où se ternit leur gloire,
(2)
Car là on commença à gaigner la victoire,
La plus grand part pourtant s’enfuirent eschapez
Jusqu’au boys de la Trappe (2) où ils fur’ attrapez.
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(1) Le bois Ternay, entre Saint-Genest-Malifaux et SaintRomain-les-Atheux.
(2) Ici se trouvent deux vers bâtonnés :
Ce fut au Blet Harné où, sur leurs foybles armes, Hivert leur fit sentir ses plus chaudes alarmes.
Le lieu dit Blet Harné ne figure sur aucune carte, et personne n’a pu me donner, à son égard, le moindre renseignement. On pourrait, peut-être, y voir une corruption de Beu Tarné, nom patois du bois Ternay.
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Le bois de la Trappe, tènement du bois des Gauds, entre Saint-Genest et Joubert.
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Ils gaignent Chaut-daré (1) la prouchaine fondrière : Fuyons, dit l’un à l’autre, il faict trop chaut derrière. Leur chef sur Mont-Bouffict, (2) tout boufy d’arogance,
Bien qu’il perdît des siens, ne pert pas l’espérance, Se jete en Mont-reveil (3), où plusieurs ses amys Au doux zéphir du boys s’estoyent là endormys.
Il les réveille tous, au combat les exorte :
Il faut mourir ou vaincre, ainsi l’honneur s’emporte ; Puis les ayant rangé, gaignent vers le grand boys. Mais Hercules premier y avoyt ses Gauloys,
Qui là, en enbuscade, avoit faict une pause (4), .Ruze qui de la mort de ces tirans fut cause. Là, le combat fut grand, disputant la victoire, A qui des deux partis emportera la gloire.
Une forte tempeste n’eslance tant de gresle,
Que l’on voit, parmy l’air, des flesches pesle mesle. Qui a veu l’entre-choc de Thétis en cholère,
Qui va, qui vient, qui tome, qui s’entre-rompt contraire,
A veu le patron vray de ce mortel combat, Qui fuit, qui suit, qui tue, qui abat, qui débat.
Les Gauloys surpassoit en grandeur de courage,
Mais ces larrons murtriers estoyent faictz au carnage Et plus de dix contr’un ; mais Hercules arrive
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(1) Chaud-Daré est un petit hameau situé entre les Communes et Chaussitre, au bord du bois.
Est-il nécessaire de faire remarquer que c’est la forme patoise de Chaud-derrière ?
(2) Toutes mes recherches, concernant la situation précise de ce lieu dit, sont restées infructueuses. Il est fort probable que c’est le Monsbolferius que l’on trouve cité dans une charte de Saint-Sauveur, in parrochia Sancti Genesii, Pontius Monetarius dedit mansum de Montebolferii (Cartulaire du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue, no LVII, p. 23).
MM. de Charpin-Feugerolles et Guigue (table générale, verbo: Montebolferii) ont donné hypothétiquement la traduction Montgolfier, qui paraît bien moins exacte.
(3) Montravel, hameau situé au-dessus de la scierie du Mas, sur le chemin d’intérêt commun no 37.
(4) La Pauze, village et scierie à l’entrée du bois de Merlon, entre le Seuve et les Tours.
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Avec ses esquadrons, près du ruisseau la rive. Là, il se fourre au flanc d’une telle furie, Qu’on n’avoit jamais veu une telle tuerie.
Le ruisseau de Semène fut tout semé de corps
Et leur sang frais versé fit tout rougir ses bordz ; Les fuards ramassez font un gros en Morianne (1) Où les soldatz vaincueurs, d’arc et de pertuisanne Les pamairent de vie, et Morianne, pour lors,
Fut toute ensanglantée et couverte de Mort,
Les chevaux délaissez pour leurs playes mortelles Furent mangez des loups, n’en restant que les selles (2), Auprès de Farao, où quelques uns cachez
De la main d’Hercules furent tost dépeschez.
On tient que quelques uns s’encainèrent en terre Pour éviter le choc de ceste grande guerre,
Et que là, du depuis, l’esprit pur de leurs corps Pâtit, vaguabondant, auprès de leurs trésors, Puis, selon ses victoires, aux lieux donna le nom, Afin qu’a toujours mais, on cogneut son renom, Et ce nom Farao fut donné à ce boys,
Qui avoit honnoré en Egipte les roys ;
Un des siens, que le ciel avoit tant fortunné Qu’il estoit plain de biens avant que d’estre nay, Premier bastit Pléné (3) et les champs d’alentour Lors luy furent donnez pour estre son séjour.
Ces sauvages chassés, pour rendre grâce aux dieux, On ‘dressa un autel au milieu de ces lieux.
Ce lieu s’appelloit lors Malliatrop (4), par mistère, A cause des grands maux que l’on y souloit faire ;
Mais lon changea son nom, son malheur en bonheur, L’appellant Mallifaut (5), privé de tout malheur,
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Morianne ou Maurianne, hameau situé au-dessous de Pérusel, près du village de la Combe.
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Les Selles, pacage du Bois-Farost, près du château de Pérusel.
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Pléney (plain-nay), village important entre Saint-Genest et la Ricamarie, sur le chemin d’intérêt commun no 33.
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Mal il y a trop.
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Mal y faut.
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Puis, peupla de soldatz, des premiers de ses troupes, Les plaines d’alentour, les vallons et les crouppes, Et là, ses sacrifices agréables aux dieux
Firent que les dieux mêmes descendirent des cieux Pour chacun faire un don selon sa calité,
Pour rendre ce païs plain de félicité :
Jupiter de sa paix, Junon de ses richesses, Cérès de ses espis et de ses blondes tresses, Et Vénus de beauté, Minerve de science,
Mars enfla leur courage pour servir de défence Contre leurs enemys ; puis les nimphes des boys
De ces lieux, sur tous autres, vindrent faire le choys. Puis Jupiter jura qu’il en auroit le soin,
Qu’il les protégeroit toujours en leur besoin. Voyla, en deux paroles, le vray de ceste histoire Que tu doys, par tes vers, en publier la gloire. Ceste nimphe s’enfuit, me privant de sa voix Bien que je l’apellaisse par troys ou quatre foys.
Nimphe, je te prometz du Rhin jusques au Gange, Publier de tes soeurs et de toy la louange,
Et si aut je diray des muses les chançons,
Que jusques en Parnasse on entendra les sons. Je veux encor chanter mil autre raretez D’auprès de Mallifaut, et toutes ses beautez,
Et le los de son peuple je veux graver aux marbres Et, en mille façons,, en l’escorce des arbres.
FIN
PAR L. JACQUEMIN, PRESTRE INDIGNE.
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Voici un nom qui était parfaitement inconnu, même de nos plus infatigables chercheurs, quand, il y a une huitaine d’années, parut à Lyon une petite plaquette intitulée : Un Forézien digne de mémoire, Louis Jacquemin, prêtre, poète et historien de Saint-Genest-Malifaux, par un de ses compatriotes (I),
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Lyon, Mougin-Rusand, 1887, in-8o, 53 p.
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titre qu’excuse pleinement le doux orgueil du sol natal, mais qui semble un peu ambitieux lorsqu’on a examiné l’oeuvre du modeste dramaturge montagnard.
Dans cet opuscule, qui aurait, je crois, gagné en intérêt à être publié dans la Loire, l’auteur, M. l’abbé J.-B. Vanel, donne d’abord l’analyse très substantielle d’une pièce rarissime de L. Jacquemin, imprimée à Lyon sous ce titre : Le triomphe des Bergers, par Louis Jacquemin Donnet, prestre de Saint – Geneyst de Malifaut en Forest (1), et dont il n’a retrouvé qu’un seul exemplaire, interfolié dans un volume de pièces théâtrales faisant partie du tome XXIII d’un recueil factice, provenant du collège des Jésuites de Lyon.
Malgré une indulgence facile à comprendre, et qu’il ne cherche d’ailleurs, en aucune façon, à dissimuler, l’abbé Vanel ne s’abuse point sur la valeur littéraire de son compatriote. « Dix ans après le Cid, dit-il, cette pastorale sent tout à fait sa province ; les lois de la versification n’y sont pas plus respectées que la règle des trois unités, si chère à Boileau, les hiatus abondent, le noble alexandrin y marche quelquefois sur plus de douze pieds ; nos Parnassiens s’étonneraient de certains enjambements par trop hardis. Nous passerions » cependant condamnation sur ces fautes, si graves soient-elles, si notre poète avait été aussi entreprenant dans l’invention qu’il se montre audacieux vis-à-vis de la grammaire et de l’histoire. Nous l’aurions volontiers loué d’habiller ses Romains
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Lyon, pour la vefve de Louis Muguet, en rüe Neuve, proche le collège de la Très-Saincte Trinité, MDCXLVI, petit in-4o de 103 p.
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et ses Juifs à la mode de son temps et de sa montagne, au lieu de leur conserver le type légendaire dont il ne s’est guère écarté: Son oeuvre, médiocre au point de vue dramatique, serait pour nous un document précieux. Mais, trop soucieux de la vrai semblance, il n’a que rarement laissé échapper quelques-uns de ces traits qui trahissent le milieu où l’on vit, les moeurs et les passions qui s’agitent autour de l’écrivain. Ses personnages sont trop de convention, sa poésie trop impersonnelle : l’action n’y gagne pas beaucoup ; l’intérêt historique y perd » (1).
J’ai tenu à reproduire en entier cette appréciation, qui me dispensait, à mon tour, de toute critique. Je me permets, toutefois, d’y ajouter une simple conclusion : c’est que la comparaison de la pastorale analysée par l’abbé Vanel avec la pièce inédite dont je viens de donner communication, ne fait ressortir, en faveur de l’oeuvre imprimée, aucune supériorité réelle, n’accuse aucun progrès vraiment sérieux, bien que sa devancière lui soit antérieure de vingt-trois années et n’ait probablement pas été destinée à l’impression.
La seconde partie de la notice consacrée à Louis Jacquemin, contient la reproduction intégrale d’un fragment du journal inédit de ce prêtre, relatif à la peste de 1628, d’après une copie exécutée un siècle plus tard, mais dont l’éditeur nous affirme la parfaite authenticité.
La valeur historique de ce document est assez restreinte, et son intérêt me paraît résider surtout dans les citations de noms de lieux et de personnes.
C’est ainsi que, grâce à ce mémoire, j’ai pu obte
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Un Forézien digne de mémoire, p. 22.
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nir quelques renseignements sur François Rousset, celui qui eut l’honneur de lire en public l’oeuvre poétique de Jacquemin. Il était fils de Me Jean Rousset, notaire royal à Saint-Genest, et un passage du journal nous apprend qu’il avait porté les armes contre les Huguenots, et qu’il mourut jeune encore, le 20 août 1629, victime de son dévouement à soigne sa famille atteinte de la peste.
Quant à notre poète lui-même, l’abbé Vanel avoue que, malgré toutes ses recherches, il n’a pu lui constituer une biographie bien précise, se trouvant réduit à de simples conjectures, même relativement aux dates de sa naissance et de sa mort.
Il a été plus heureux en ce qui concerne la famille des Jacquemin et il rattache à son glorieux compatriote toute une lignée d’ancêtres assez nombreuse, quoique peu suivie.
Comme je l’ai fait remarquer plus haut, un intervalle de vingt-trois années s’est écoulé entre l’oeuvre inédite de Jacquemin et sa pastorale imprimée à Lyon.
Ce long espace de temps n’a certainement pas été, au point de vue de la production littéraire du vieil auteur, uniquement rempli par son journal, dont le court fragment publié ne comprend que les années 1628 à 1631, et, de même que rien n’indique un début dans’ le poème héroïque, rien ne prouve également que le Triomphe des Bergers marque absolument une dernière étape.
Il nous est donc permis de compter encore sur l’avenir, qui nous réserve, peut-être, de nouvelles découvertes de nature à mettre en relief cette figure, jusqu’ici bien ignorée, d’un écrivain dont l’oeuvre ajoute, sinon un vif éclat, du moins de curieux éléments à notre littérature forézienne.