BD, Tome II, Anciennes cloches de Saint-Marcel et Saint-Romain-d’ Urfé., pages 45 à 48, La Diana, 1881.

 

Anciennes cloches de Saint-Marcel et Saint-Romain-d’Urfé.

 

M. Vincent Durand décrit deux cloches anciennes, qui fêlées récemment, ont dù être refondues.

La première meublait le clocher de Saint-Marcel d’Urfé, Elle était de grandeur médiocre, d’une bonne forme, et sa décoration, quoique simple, était assez élégante. Elle portait, sur une seule ligne entre deux filets doubles, cette inscription en lettres gothiques dont chacune se détachait sur un fond diapré :

Au dessous, venait une ligne de petits sujets : 1° sceau orbiculaire de la justice de Saint-Marcel ; – 2° saint-Michel terrassant le dragon, sous un dais ogival ; – 3° même sceau ; – 4° la Vierge tenant l’Enfant Jésus; – 5° même sceau ; – 6° saint Michel, répétition du n° 2 ; – 7° même sceau ; – 8° Christ en croix entre la Vierge et saint Jean, dans une niche ; – 9° marque du fondeur : une cloche dans un cadre ovale, plat, sur lequel était inscrit un nom à peu près illisible. Il semblait qu’on dis tinguât la finale OIEZ ou OIES, mais cette lecture n’est rien moins que certaine.

Plus bas encore, un Christ sur une croix accostée de deux fleurs de lys et élevée de trois degrés ; sur le degré supérieur l’inscription, ihs maria.

La décoration de la cloche était complétée par plusieurs filets et un listel chargé d’ornements courants d’un bon dessin.

La particularité la plus curieuse de cette cloche était, sans contredit, l’empreinte quatre fois répétée du sceau de la justice de Saint-Marcel. Ces empreintes étaient malheureusement mal venues à la fonte, et l’une d’elles avait presque disparu sous le marteau des carillonneurs. Toutefois, en comparant les estampages pris par M. Vincent Durand, il est possible de restituer le sceau dont il s’agit d’une manière assez complète ; en voici la description : Ecu penché, chargé d’un lion sur un semis de billettes, qui est Raybe de Galles, soutenu par deux lions et sommé d’un heaume à bavière très proéminente, orné d’un tortil et ayant pour cimier un serpent ailé. Les lambrequins se répandent en arabesques sur le fond. Légende :

Scel de la court de [S] marcel d’ulpheu.

La seconde partie de cette légende se lit avec difficulté. Diamètre, 47 millimètres.

La cloche de Saint-Romain d’Urfé était plus grosse et beaucoup plus belle que la précédente. Elle mesurait 1m 29 de diamètre sur 1m 05 de hauteur, et portait cette inscription :

+ CHRISTVS : VICIT : XPS : REGNAT : XPS : IMPERAT : XPS : AB : OMNI : MALO : NOS : DEFENDAT
1596 8BRE 1596
MA FAICT FRA MOSNIER AVLX FRAIS DE LA PERROISSE NOB GASPAR DE GENET CVRE P RODOMEL LVMINIER NOBLE MICHEL DE GENETINES SR DV LIEV VIVAT

Au-dessous de la première ligne ( en caractères d’une forme superbe ), et dans les intervalles des trois mots dont se compose la seconde, régnait une suite de cartouches rectangulaires contenant les sujets suivants : 1° L’Annonciation. Figures à mi-corps. La Vierge nimbée, à longue chevelure, tenant un livre entre ses mains ; l’ange Gabriel en chape, portant de la gauche un bâton fleurdelysé. Phylactère avec inscription peu lisible. En haut du cartouche, figure de Dieu le Père. – 2° Evêque debout, en aube, tunique et chasuble, crossé, mitré et bénissant. – 3° Sainte Barbe tenant de la main droite une palme et de la gauche un livre ouvert. A droite, tour ajourée et surmontée d’une girouette. – 4° Vierge à mi-corps, sur un croissant ; elle tient le divin Enfant dans ses bras. – 5° Monogramme IHS surmonté de deux étoiles. – 6° Saint Michel Archange en costume de chevalier, tenant l’épée haute de la main droite et de la gauche un écu crucifère ; il foule aux pieds le dragon. – 7° Saint Jean-Baptiste soutenant de la main gauche un agneau surmonté d’une croix.

Sur les deux faces principales de la cloche, grandes croix couvertes d’arabesques et fleurdelysées.

Sur les flancs, d’un côté, armes de France, dans un écusson ovale sur un cartouche entouré du cordon de Saint Michel ; du côté opposé, armes des Charpin de Genetines dans une couronne de feuillage.

M. Eleuthère Brassart a moulé avec soin, en gutta percha, les principaux reliefs de cette magnifique cloche avant qu’on la descendît du clocher.

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