BD, Tome II, Epitaphes du cardinal de Richelieu., pages 48 à 50, La Diana, 1881.

 

Epitaphes du cardinal de Richelieu.

M. Vincent Durand communique les vers suivants, qu’il a relevés sur les anciens registres paroissiaux de Saint-Marcel d’Urfé :

EPITAPHE DU FEU DUC CARDINAL DE RICHELIEU.

Cest aultre Josué, ceste pourpre guerriere
Du superbe croyssant arresta la carriere,
Fit renaistre le lys dans les plaines rebelles
Et à l’oyseau du nort elle couppa les esles.
Soigneuse, elle tondit la grand Toyson dorée
Esparse bien aduant dans les champs de Borée,
L’Vniuers ne pouuoit borner ceste puissance :
Cependant ce tumbeau contient son Eminence.

AULTRE.

Le chesne à trois cent ans, ferme demeurera
Et la fleur en apuril doucement esclorra.
Le courbe vigneron ne craindra plus l’orage
Qui abatoit son plan et vuidoit son cuuage.
Le laboureur son champ, joyeux, sillonnera ;
Du sergent et soldat tourmenté ne sera.
Le trident de Neptun aura la paix pour dame :
Car Eole grondant gist dessoubs ceste lame.

Ces vers sont écrits de la main de messire Etienne Gazel, curé de Saint-Marcel d’Urfé, qui en était probablement l’auteur, témoin cette variante finale :

Car Eole est fermé soubs ceste froide lame.

Ils sont d’ailleurs l’expression fidèle des sentiments professés par Etienne Gazel à l’endroit du grand Cardinal et consignés, en prose cette fois, sur les mèmes registres, à la fin de l’année 1642 :

En ceste année 1642, mourut le cardinal de Richelieu, qui gouuernoit la France : il auoit troublé toutte l’Europe et faict mourir beaucoupt de braues gens en France.

GAZEL.

Etienne Gazel devait être un homme lettré, car il avait été précepteur de Jean-Pierre d’Albon, fils du seigneur de Saint-Marcel, comme il a pris soin de nous l’apprendre dans l’intitulé du registre d’où ce qui précède est tiré :

Baptistere de l’esglize St-Marcel soubz Vrfé, estant curé Mre Estienne Gazel, bachelier en theologie, natif du village de la Chambas en St-Jehan Lauestre, precepteur de Mre Jehan-Pierre d’Albon, et du viuant de très illustre seigneur Mre Claude d’Albon son pere, seigneur de Cury, St-Marcel ; et ledict Gazel prist possession le dernier septembre 1630.

N’est-il pas permis de supposer que la fréquentation de la famille d’Albon a été pour quelque chose dans la verve satirique d’Etienne Gazel ? Le cardinal de Richelieu n’était pas tendre pour l’aristocratie féodale, qui le lui rendait bien.

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