BD, Tome II, Programme d’études historiques et archéologiques, par M. l’abbé Ulysse Chevalier., pages 10 à 20, La Diana, 1881.

 

Programme d’études historiques et archéologiques, par M. l’abbé Ulysse Chevalier.

M .le Président donne lecture d’un programme d’études historiques et archéologiques, publié par M. l’abbé Ulysse Chevalier, dans le premier numéro du Bulletin d’histoire ecclésiastique et d’archéologie religieuse du diocèse de Valence. Ce programme renferme d’excellents conseils qui ne sauraient être trop propagés.

En voici quelques extraits :

Sans vouloir tracer un plan complet et précis des travaux à exécuter, nous allons parcourir les diverses branches d’études dont les résultats doivent alimenter notre Bulletin, en indiquant les points sur lesquels elles paraissent devoir se porter plus utilement.

Sur l’histoire, quelques considérations générales ne seront pas inutiles. – Toute méthode d’enseignement scientifique a pour base l’expérience et l’analyse. La science historique, quoique fondée sur l’autorité des témoignages, n’échappe pas à cette loi ; et de même que l’objet de l’enseignement des sciences est l’investigation approfondie des phénomènes constatés, l’étude de l’histoire procède avant tout de la connaissance sérieuse du plus grand nombre de faits, révélés par les monuments et les textes. Cette loi de la suprématie de la méthode expérimentale s’impose plus encore de nos jours que jadis: une prétendue science s’est emparée de faits secondaires et isolés pour conclure du particulier au général et formuler, sur bien des points de l’histoire de l’Eglise, des arrêts qui ne sont pas heureusement sans appel. Notre but sera donc de fournir des notions exactes, à l’aide desquelles on pourra plus tard se hasarder sur le terrain d’investigations nouvelles. Il faudra dans nos recherches historiques nous attacher avant tout aux évènements et à leurs dates ; les considérations d’un autre ordre ne viendront qu’en seconde ligne : elles naîtront comme d’elles-mêmes des faits authentiquement établis. Souvent la découverte de certains détails, qualifiés de minuties par les esprits chagrins, permet à l’érudition, éclairée par la critique, de dissiper peu à peu les ténèbres du passé. Il convient de n’aborder les conclusions générales qu’avec une grande circonspection ; les véritables savants, après de longues années de travail, deviennent d’une excessive réserve dans leurs appréciations et ne cessent de multiplier les faits au détriment des hypothèses. En substituant trop tôt au récit scrupuleux des évènements, les systèmes et les théories sur lesquels la discussion est encore ouverte, on s’expose à encombrer le terrain scientifique de données fausses, dont il faudra un jour le débarrasser.

Au début de l’histoire ecclésiastique de chaque province, de chaque diocèse, se pose invariablement une double question : à quelle époque le Christianisme y a-t-il été introduit ? à quelle date y remonte l’érection d’évêchés fixes ? La science est loin d’avoir dit son dernier mot sur cette question, aussi complexe que délicate, et qui exige, pour être traitée avec compétence et impartialité, bien des qualités rarement réunies : à des connaissances sérieuses en paléographie et en épigraphie, il faut joindre un grand sens critique et l’étude préalable des nombreux ouvrages publiés dans des sens opposés depuis deux siècles. La Revue des Questions historiques donnait récemment un résumé des points débattus, dont il sera lion de tenir compte (1).

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(1) Livraison du 1er juillet 1880, t. XXVIII, p. 344-8.

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L’histoire de nos anciens évêchés, des abbayes, prieurés et paroisses qu’ils comprenaient, sans être complètement à faire, laisse encore beaucoup à désirer. D’un côté, les chartes très nombreuses qui ont vu le jour, surtout durant les quinze dernières années, sont loin d’avoir été suffisamment utilisées dans les travaux d’ensemble ; d’autre part, il reste beaucoup à explorer dans le champ des documents inédits, principalement pour la période moderne.

Plusieurs contrées possèdent des bibliographies diplomatiques, ou générales, embrassant toute leur histoire, ou spéciales à quelques-uns de leurs souverains. Il n’y a lieu de citer, comme pouvant nous intéresser par leur proximité, que l’Inventaire des titres du comté de Forez et le Régeste Génevois. Notre pays de Dauphiné ne possède encore que des inventaires partiels, mais espérons que le secrétaire du comité pourra prochainement, grâce à une collaboration active, mettre au jour le Régeste Dauphinois dont il a colligé tous les éléments et qui renfermera environ 20.000 numéros.

Cette absence momentanée d’un répertoire général aura un double inconvénient : elle rendra moins faciles les travaux sur un ensemble de faits et laissera incertain sur le degré de publicité des documents qu’on rencontrera. Il est en effet indispensable, avant de copier ou de publier une pièce, de s’assurer autant que possible si elle n’est pas déjà connue et imprimée. Cette vérification ne doit pas toujours porter exclusivement sur les publications locales. – Pour les bulles des papes; il existe un monumental ouvrage publié par Phil. JAFFE et Aug. POTTHAST, sous le titre commun !de Regesta pontificum Romanorum ; on y trouve, outre l’itinéraire des souverains pontifes, très important pour la chronologie de certaines pièces, l’analyse de 37848 bulles et lettres des papes, de l’établissement de l’Eglise à Célestin III (1) et d’Innocent III à Benoît XI (2). – Les actes émanés des empereurs d’Allemagne sont indiqués dans les ouvrages suivants, qui correspondent à la période où le Dauphiné fut en rapports avec l’empire : BOEHMER, Regesta chronologico-diplomatica Karolorum (752-1032), Regesta-chronologico diplomatica regum atque imperatorum Romanorum (911-1313) (4), Regesta imperii (1198-1254) (5) (1246-1313) (6) et (1314-1347) (7); SICKEL, Regesten der Urkunden der ersten Karolinger (751-840) (8); STUMPF, Die Kaiserurkunden chronologisch verzeichnet (919-1197) (9). – Tous les diplômes, chartes, titres et actes concernant l’histoire de la France et de ses diverses provinces, de la fondation de la monarchie à l’année 1314, qui ont été imprimés aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, sont analysés dans la Table chronologique commencée par DE BREQUIGNY et continuée par MM. PARDESSUS et LABOULAYE (10).

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(1) Berolini, 1851, in-4° de xxiv-952 p. (11171 numéros).
(2). Berolini, 1874-5, 2 vol. in-4e de viij-2158 p. (26677 nos).
(3). Frankfurt am Main, 1833, in-4°.
(4). Ibid., 1831, in-4°.
(5). Stuttgart, 1849, in-4°.
(6). Ibid., 1844, in-4°.
(7). Frankfurt, 1839, in-4°.
(8). Wien, 1867-8, 2 vol. in-8°.
(9). Innsbruck, 1865-8, 3 part. in-8°.
(10). Paris, 1769-1876, 8 vol. in-folio.

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La lecture des documents n’est pas sans offrir de difficultés aux plus exercés ; n’eût-on que des prétentions modestes, il faut s’astreindre à un apprentissage, sous peine de ne pouvoir jamais répondre de l’exactitude d’une transcription. Voici l’indication des trois manuels les plus accessibles et les moins Coûteux:: QUANTIN, Dictionnaire raisonné de Diplomatique chrétienne (1), CHASSANT, Paléographie des chartes et des manuscrits du XIe au XVIIe siècle (2) ; DE VAINES et BONNETTY, Dictionnaire raisonné de Diplomatique, (3). On ne saurait donner une attention trop scrupuleuse à la copie exacte des documents : bien des points historiques, demeurés insolubles par suite de transcriptions fautives, n’ont été élucidés qu’à l’aide d’une confrontation patiente avec les originaux. Pour prévenir cet inconvénient, il convient le plus souvent, quand un passage présente une difficulté, de figurer les mots tels qu’ils sont dans la pièce, sans essayer de remplir les abréviations.

Nos humbles documents de province renferment parfois des faits inconnus concernant les dignitaires de l’Église catholique, dont on a dressé des catalogues toujours susceptibles d’améliorations : sur les souverains pontifes avant leur promotion à la papauté, sur les cardinaux légats, sur les archevêques et évêques, abbés et prieurs, régionaux et étrangers. Les textes qui fourniraient des compléments ou des rectifications sur ces points pourront faire l’objet de communications séparées, mais après vérification, pour les évêques de tout l’univers, dans la Series episcoporum Ecclesiœ catholicae du P. GAMS (4), pour les prélats de la France dans la Gallia Christiana (5), ou dans les ouvrages spéciaux dont l’Introductio generalis in historiam ecclesiasticam critice tractandam du P. DE SMEDT (6) fournira l’indication méthodique.

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(1) Paris, 1846, in-4° de 1136 col. (Encyclop.théolog. de MIGNE, t. XLVII).
(2). 4e édition, Paris, 1852, pet. in-8°, 9 planches in-4°.
(3.) Paris, 1865, 2 vol. in-8° (Extrait des Annales de philos. Chrétienne).
(4.) Ratisbonœ, 1873, in-4° de xxiv-963. p.
(5). Parisiis, 1715-1865, 16 vol. in-folio.
(6). Gandavi, 1876, in-8° de xij-533 p.

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Nous ne saurions négliger de décrire aussi à l’occasion les manuscrits relatifs à l’histoire et à la littérature de la France, qui n’auraient pas encore été signalés ou dont il n’y aurait que des notices insuffisantes dans les catalogues ou les inventaires précédemment publiés. L’exploration des collections particulières, pour la plupart peu connues, sera ordinairement fructueuse ; les archives et bibliothèques publiques de Gap, Grenoble, Privas et Valence renferment encore une foule de documents et de manuscrits importants qui attendent une description détaillée. Il n’est pas inutile de prévenir qu’on pourra trouver, dans les gardes de reliures anciennes et dans les couvertures modernes, des fragments de chartes et des feuillets de manuscrits du plus haut intérêt. – Pour la bibliographie des chroniques du moyen âge (manuscrits, éditions, traductions) on devra recourir à la Bibliotheca historica medii oevi de POTTHAST (1), pour tout ce qui touche à notre pays à la Bibliothèque historique de la France de LELONG (2), enfin pour tous les personnages antérieurs à l’an 1500 au Répertoire des sources historiques du moyen-âge, (bio-bibliographie) de notre secrétaire (3).

L’histoire nous a un peu attardés ; les autres branches de nos études nous arrêteront moins longtemps. Passons à la géographie, où tout est à peu près à faire en Dauphiné. On connaît les vicissitudes de la province ecclésiastique de la Viennoise, exposées jadis par l’un d’entre nous (4) ; elles sont à reprendre et offrent une difficulté particulière, car elles ont en partie pour base une série de bulles, dont il faudra peut-être renoncer à soutenir l’authenticité : c’est un privilège, ou plutôt un malheur,, que l’église de Vienne ne partage heureusement avec aucune autre (5). Il y aurait donc lieu de publier plusieurs cartes géographiques de notre province, avec texte explicatif : 1° à l’époque de la constitution de la Viennoise (314) par le démembrement de la Narbonnaise : la Géographie historique et administrative de la Gaule romaine de M. Ern. DESJARDINS (6) fournirait à peu près tous les noms à y insérer, puisés dans les textes et les monuments ;

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(1). Berlin, 1862, gr. in-8° de viij-1012 p., Supplément, ibid., 1868, gr. in-8° de iv-456 p.
(2). Paris, 1768-78, 5 vol. in-folio.
(3). Paris, 187.7-80 in-4e, A-O.
(4). Bull. de la soc. d’archéologie et de statist de la Drôme, 1866, t. I. p. 224-30.
(5). JAFFÉ, Reg. pont. Rom., « literae spuriae « , p. 920-49.
(6). Paris, 1876-8, 2 vol. gr. in-8° de 475 et 754 p.. 25 planches.

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2° au VIe siècle, après l’apparition des chroniques et des vies de saints dont Saint Grégoire de Tours est l’auteur principal : M. Aug. LONGNON rendrait le même service avec sa Géographie de la Gaule au VI° siècle (1) ; 3° à la disparition de la puissance impériale et à l’avènement de la puissance delphinale (XIe siècle) : les Cartulaires de Cluny, de Saint-André-le-Bas à Vienne, de Saint-Bernard de Romans, de Saint-Chaffre du Monastier, de Saint-Hugues de Grenoble, de Savigny et d’Ainay, et d’autres recueils de chartes moins spéciaux en fourniront tous les éléments ; 4° au XIIIe et 5° au XVe siècles. Pour ces deux derniers les documents abondent : ce sont d’abord les Cartulaires d’ Aimon de Chissé, de l’église et de la ville de Die, de Domène, des Ecouges, des dominicains et de la ville de Grenoble, des Hospitaliers et des Templiers en Dauphiné (St-Paul-lès-Romans et Roais), de Léoncel, de Montélimar, de St-Pierre du Bourg-lès-Valence, de Saint-Robert de Cornillon, de Saint-Vallier, les actes capitulaires de l’église de Vienne et le Choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné. A partir du XIVe siècle on possède, sous le nom de pouillés, des inventaires complets des bénéfices séculiers et réguliers de chaque diocèse, classés par archidiaconés, archiprêtrés ou doyennés ; s’il en reste d’inédits pour notre contrée, on peut affirmer que les plus anciens et les plus importants ont été publiés sur Die, Grenoble, Valence et Vienne. Plus intéressants encore, parce qu’ils touchent autant à l’histoire qu’à la statistique, sont les registres de visites pastorales : ils ont l’insigne mérite de nous faire pénétrer dans l’intimité de la vie ecclésiastique et de substituer une véracité absolue au décorum de commande des documents diplomatiques (2).

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(1) Paris, 1878, gr. in-8° de 653 p., 11 cartes.
(2) Elles offrent en outre de l’intérêt en ce qu’elles nous révèlent l’itinéraire des évêques à des dates précises et posent des jalons incontestables pour la chronologie de leur histoire. Pour prouver la haute importance des visites pastorales à ce point de vue, il suffira de rappeler que c’est à l’aide d’un document de ce genre que M. Rabanis a démontré absolument impossible la légendaire entrevue de St-Jean-d’Angély entre Philippe-le-Bel et Bertrant de Got. Notre Bulletin commencera prochainement la publication d’un itinéraire des dauphins de Viennois qui rectifiera la date de bien des évènements.

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Malheureusement on n’en trouve d’antérieurs au XVIe siècle que par exception et l’avantage de posséder, comme à l’évêché de Grenoble, une collection de visites presque ininterrompue depuis le XIVe siècle jusqu’à nos jours est peut-être unique en France (1)
Le dépouillement de tous ces recueils de documents fournirait une base solide à la rédaction des dictionnaires topographiques, dont nos départements dauphinois sont encore tous privés.

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(1) Visites pastorales et ordinations des évêques de Grenoble de la maison de Chissé (14e-15e s.), publiées d’après les registres originaux par l’abbé C. – U. – J. CHEVALIER (Montbéliard), 1814. in-8° de xxxvj-184 p.), p. viij-xxxiij.

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La science de nos antiquités est-elle plus avancée ? Pour répondre à cette question, il suffit de remarquer que la commission officielle des répertoires archéologiques n’a été saisie d’aucune demande d’impression concernant nos départements. Cette étude aussi variée que délicate exige, comme la paléographie, des connaissances techniques. Nous avons à rechercher l’origine et l’histoire des monuments religieux, églises, chapelles, oratoires. des anciennes sépultures, des objets nécessaires au culte, vêtements sacerdotaux, crosses, calices, ostensoirs, châsses, meubles, peintures et vitraux, etc. Les annales de Notre architecture locale restent encore à écrire ; une grande importance s’attache aux comptes de dépenses, marchés et devis, parce qu’ils indiquent le prix des matériaux et de la main d’oeuvre aux diverses époques, nous initient aux procédés jadis employés dans l’art de bâtir et surtout nous révèlent les noms des ouvriers qui ont concouru à l’érection des édifices : on y trouve souvent des éléments pour reconstituer la biographie d’anciens artistes peu connus et pour bien apprécier leur méthode.

L’espoir de rencontrer dans nos bibliothèques publiques ou privées des manuscrits renfermant des traités de musique, plus ou moins complets, serait peut-être chimérique ; mais de simples fragments en ancienne notation ne sont pas rares : il y aura toujours utilité à les étudier sur de0s copies d’une rigoureuse exactitude.

Les notions que fournissent les inscriptions peuvent être incomplètes, mais ces monuments durables, généralement contemporains des évènements et des hommes dont ils ont perpétué la mémoire, exposés pendant dés siècles au milieu de populations qui pouvaient les contredire s’ils étaient mensongers, offrent un caractère d’authenticité et de certitude que ne possèdent pas toujours les relations des historiens. Le meilleur Manuel d’épigraphie chrétienne est assurément celui que M. Edm. LE BLANT a publié récemment « d’après les marbres de la Gaule  » (1) ; ils lui avaient fourni auparavant la matière de son magnifique recueil d’Inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIe siècle (2). Il serait trop long d’indiquer en détail tous les recueils qui offrent incidemment le texte d’inscriptions chrétiennes appartenant à l’ancien Dauphiné ; comme monographies à imiter il y a lieu de mentionner : Aug. PARADIS, Inscriptions chrétiennes du Vivarais. (3), et Alf. de TERREBASSE, Inscriptions du moyen âge de Vienne en Dauphiné (4). Plus que d’autres, les vénérables monuments de ce genre qui existent encore sont exposés à la destruction ; la rédaction d’un Corpus de nos inscriptions chrétiennes, qui se bornerait pour les pièces déjà publiées à des renvois aux ouvrages précédents, doit être mis d’urgence à l’ordre du jour. A défaut d’un seul travailleur assumant cette lourde charge, le comité en prendra l’initiative, centralisera et classera les communications qui lui seront faites à ce sujet ; et voici les recommandations que nous donnerons à nos correspondants (5) : recueillir toutes les inscriptions chrétiennes qui pourront être découvertes ; en prendre, toutes les fois qu’il sera possible, un estampage ou une photographie ; dans les cas ou ces moyens ne pourraient être employés, faire un fac-simile de l’inscription, en reproduisant la forme des lettres et tous les traits de l’original ; à défaut d’estampage ou de dessin, transcrire le texte ligne par ligne, distinguer les majuscules, figurer les abréviations sans compléter les mots ni les syllabes, figurer les sigles et les monogrammes, ainsi que les signes de ponctuation et d’accentuation : en un mot, ne rien omettre, ne rien suppléer ; employer pour les transcriptions autant de feuilles distinctes qu’il y aura de monuments : ceci, afin de faciliter le classement ; indiquer soigneusement la matière sur laquelle l’inscription est tracée, ses dimensions en mètres et subdivisions, la grandeur relative des lettres et tous les autres détails qui peuvent offrir quelque intérêt archéologique ; transmettre des indications circonstanciées sur le lieu où se trouve l’inscription, sur le diocèse et l’archiprêtré dans lesquels ce lieu était autrefois compris, sur le département et le canton dont il fait aujourd’hui partie; rechercher enfin si l’inscription a été publiée ou relevée antérieurement.

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(1) Paris, Didier, 1869, in-12 de 267 p.
(2). Paris, imp. impér. 1856-65, 2 vol. in-4°.
(3). Bibliothèque de l’école des Chartes, 1853, 3° série, t. IV, p. 592-608
(4). Vienne, 1875,2 vol. gr in-8° de xiv-xxxix-376 et 472 p., atlas.
(5). Elles reproduisent en partie celles du ministère de l’instruction publique à ses correspondants (circulaire du 6 janvier 1869).

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Nous ne dirons rien de la glyptique : l’étude des pierres gravées n’aura jamais qu’un emploi restreint et tout à fait accidentel dans notre province.

A l’étude des chartes se trouve intimement liée celle des sceaux. La sigillographie ou sphragistique fournit à l’histoire les plus curieux éclaircissements ; outre qu’elle nous fait connaître les armoiries des anciennes familles, elle donne sur les. usages et les costumes du moyen âge (1), les généalogies et l’hagiographie des détails caractéristiques qu’on ne trouve point toujours ailleurs. MM. Alph. CHASSANT et P.-J. DELBARRE ont donné récemment un Dictionnaire de sigillographie pratique (2), qui peut dispenser de tout autre manuel. Comme modèle de reproduction et d’interprétation, il faudra longtemps citer la Collection des sceaux des archives nationales, par M. DOUET D’ARCQ (3), ouvrage dont bon nombre de numéros concernent le Dauphiné. Notre pays s’est enrichi presque simultanément de quatre ouvrages sur ce sujet restreint : Sigillographie du diocèse de Gap, par M. Jos. ROMAN ; Sigillographie du diocèse d’Embrun, par le même ; Etude sur la sigillographie du Dauphiné, par M. Em.. PILOT DE THOREY ; Inventaire des sceaux relatifs au Dauphiné conservés dans les archives départementales de l’Isère, par le même. Il ne reste plus qu’à inventorier les sceaux des archives de la Drôme et de l’Ardèche et des cabinets particuliers pour avoir épuisé le sujet.

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(1) Voir Le costume au moyen-âge d’après les sceaux, par G. DEMAY ; Paris, 1880, gr. in-8° de 496 p.
(2). Paris, Dumoulin, 1860, in-12 de viij-264 p. et 16 planches.
(3). Paris, 1863-72, 3. vol. in-4°.

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Un mot sur la numismatique, et nous aurons terminé ce coup d’oeil sur les diverses branches d’études, que nous offrons au zèle de nos collaborateurs et à la sympathie de nos lecteurs. La nécessité d’adjoindre des planches à tout manuel de numismatique en augmente forcément le prix. Au point de vue qui nous occupe, le Dictionnaire de numismatique et de sigillographie religieuses, publié par l’abbé MIGNE (1), rendra plus de services que tout autre. Les monnaies du Dauphiné sont comprises dans les ouvrages généraux de TOBIESEN DUBY, Traités des monnoies des barons (2) et de POEY D’AVANT, Monnaies féodales de France (3) et dans la Revue de numismatique française ; comme monographies on possède un essai du marquis de PINA sur les monnaies des évêques de Valence (4), la Numismatique féodale du Dauphiné de M. H. MORIN-PONS, qui comprend les archevêques de Vienne et les évêques de Grenoble (5), les Observations de M. Lud. VALLENTIN et les Réflexions de M. J. ROMAN sur les monnaies anonymes des évêques de Valence (6).

Tel est le cadre que nous proposons à nos collaborateurs ; il dépendra de leur activité et de leur dévouement qu’il soit rempli d’une manière satisfaisante. Nous réclamons le concours de nos lecteurs eux-mêmes, car, au début surtout, nous aurons besoin d’indulgence; ceux qui ne pourraient nous envoyer des articles trouveront facilement l’occasion de nous transmettre des notes et, le cas échéant, des rectifications. Nous espérons, Dieu bénissant les efforts de ses serviteurs, faire oeuvre durable, utile à la religion et à la science.

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(1) Paris, 1852, in-40 de 1432 col. (Nouv. encycl. théolog., t. XXXII).
(2). Paris, 1790, 2 vol. gr. in-4°, 122 pl.
(3). Fontenay-le-Comte et Paris, 1858-62, 3 vol. in-4°, fig.
(4). Revue de numismat., 1837, t. II, p. 99. pl. ;
(5) Revue du Dauphiné, 1838, t. III, p. 58-64, pl.
(6). Paris, 1854, in-4°, pp. 1-38 et 39-52, pll. 4 et 5. – 7. Bull. de la soc. d’archéologie de la Dr6me, 1871, t. VI, p. 428-43 ; 1873, t. VII, p, 113-9 et 120-33.
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