BD, Tome II, Programme du Congrès de la Sorbonne en 1883, pages 141 à 145, La Diana, 1882.

 

Programme du Congrès de la Sorbonne en 1883.

M. le Président donne lecture de la circulaire suivante de M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts :

Paris, le 27 juillet 1882.
Monsieur le Président,
Le 15 avril dernier, à la réunion générale de MM. les Délégués des Sociétés savantes, que j’avais l’honneur de présider, j’émettais le voeu que chaque société voulût bien, en vue du Congrès de 1883, me faire connaître les questions qu’elle jugerait dignes d’être signalées à l’attention des savants de France. Cet appel a été entendu et, de toutes parts, me sont arrivées des propositions qui viennent d’être soumises à l’examen du Comité des travaux historiques.
Cette haute assemblée, à laquelle j’avais réservé le droit d’indiquer elle-même certaines recherches intéressantes à faire en histoire, archéologie ou philologie, n’a point eu à user de ce privilège. Elle a borné son travail à un simple choix, choix souvent difficile en raison de l’intérêt des questions proposées ; elle a dû en réserver un grand nombre qui seront certainement à l’ordre du jour des prochains congrès, adopter de préférence celles qui lui ont paru présenter un intérêt plus immédiat, quelquefois en généraliser les termes, mais je suis heureux de constater ici que le programme rédigé par elle et que j’ai l’honneur de vous adresser est uniquement dû à l’initiative de vos compagnies.
J’ai, dès maintenant, la certitude que les différents points de ce programme seront, l’an prochain, l’objet de communications analogues ou contradictoires, que vos études préalables auront pour conséquence de faire naître des discussions au sein des séances, que l’intérêt des découvertes locales faites par les sociétés savantes sous l’unité d’impulsion qu’elles se donnent elles-mêmes se généralisera dans ces débats, et que le caractère et tous les avantages d’un véritable congrès seront dès lors acquis à votre réunion.
Vous remarquerez, Monsieur le Président, qu’aucune question ne figure encore à la section des sciences morales et politiques que j’ai promis de créer et de faire représenter à la Sorbonne en 1883. Cette partie du programme n’est pas prête, mais je n’ai pas voulu qu’elle fût une cause de retard dans l’envoi des questions intéressant les autres sections.
Permettez-moi d’espérer, Monsieur le Président, que vous voudrez bien donner à ces instructions et au programme qui les accompagne toute la publicité désirable, et en ordonner l’insertion au procès-verbal de votre prochaine réunion.
Recevez, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération très distinguée.
Le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts,
Signé : JULES FERRY.

PROGRAMME DU CONGRÈS DE LA SORBONNE EN 1883.

I. – Section d’histoire et de philologie.

1° Quelle méthode faut-il suivre pour rechercher l’origine des noms de lieu en France? – Quelle est la valeur des résultats déjà obtenus dans cette recherche ?

2° A quelles époques, dans quelles provinces et sous quelles influences les villes neuves et les bastides ont-elles été fondées ?

3° Histoire des milices communales au moyen âge. – Date de l’organisation des milices communales et de l’introduction du tiers état dans les armées royales. – Autorité des magistrats municipaux sur ces milices et conditions de leur recrutement. – Mode de convocation, nature et durée du service auquel elles étaient assujetties. – Transformation des milices communales au commencement du XVe siècle ; levées en masse ou appel de l’arrière ban; substitution de l’impôt à la prestation des sergents. – Origine et organisation des confréries d’archers et d’arbalétriers. – Institution, organisation, recrutement et rôle militaire des francs-archers de Charles VII à François 1er (1448-1521). – Faire connaître par les documents dans quelles conditions se firent la levée et l’organisation des milices provinciales à partir de 1668 et quel rôle ces milices eurent dans les guerres des règnes de Louis XIV et de Louis XV.

Pèlerinages. – Quelles routes suivaient ordinairement les pèlerins français qui se rendaient en Italie ou en Terre-Sainte ?

5° Signaler les documents antérieurs à la fin du XVe siècle qui peuvent faire connaître l’origine, le caractère, l’organisation et le but des confréries religieuses et des corporations industrielles.

Rédaction des coutumes. – Documents sur les assemblées qui ont procédé à cette rédaction, soit pour les coutumes générales, soit pour les coutumes locales, et sur les débats qui se sont élevés devant les Parlements à l’occasion de l’homologation desdites coutumes. – Rechercher dans les archives communales ou dans les greffes les coutumes locales qui sont restées inédites.

Etats provinciaux. – Documents inédits sur les élections des députés, l’étendue des mandats, les délibérations, les pouvoirs des députés et l’efficacité de leur action.

8° Conditions de l’éligibilité et de l’électorat dans les communes, les communautés et les paroisses, soit à l’occasion des offices municipaux, soit pour la nomination des délégués chargés des cahiers des doléances.

9° Quelles additions les recherches poursuivies dans les archives et dans les bibliothèques locales permettent-elles de faire aux ouvrages généraux qui ont été publiés sur les origines et le développement de l’art dramatique en France jusqu’au XVIe siècle inclusivement ?

10° Signaler les documents importants pour l’histoire que renferment les anciens greffes, les registres paroissiaux et les minutes de notaires.

11° Histoire des petites écoles avant 1789. Principales sources manuscrites ou imprimées de cette histoire. – Statistique des petites écoles aux différents siècles ; leur développement, leur nombre dans chaque paroisse. – Recrutement et honoraires des maîtres et des maîtres adjoints. – Conditions matérielles, discipline, programme et fréquentation des petites écoles. – Gratuité et fondations scolaires ; rapports entre la gratuité dans les petites écoles et la gratuité dans les universités. – Livres employés dans les petites écoles.

12° Quelles villes de France ont possédé des ateliers typographiques avant le milieu du XVIe siècle ? Dans quelles circonstances ces ateliers ont-ils été établis et ont-ils fonctionné ?

II. Section d’archéologie.

1° Signaler les documents épigraphiques de l’antiquité et du moyen âge, en France et en Algérie, qui ont été récemment découverts ou dont la lecture comporte des rectifications.

2° Quels sont les monuments qui, par l’authenticité de leur date, peuvent être considérés comme des types certains de l’architecture en France avant le milieu du Xlle siècle?

3° Étudier les caractères qui distinguent les diverses écoles d’architecture religieuse à l’époque romane, en s’attachant à mettre en relief les éléments constitutifs des monuments (plan, voûtes, etc).

4° Quels sont les monuments dont la date, attestée par des documents historiques, peut servir à déterminer l’état précis de l’architecture militaire en France aux différents siècles du moyen âge ?

5° Signaler les oeuvres de la sculpture française antérieures au XVIe siècle qui se recommandent, soit par la certitude de leur date, soit par des signatures d’artistes.

6° Signaler et décrire les peintures murales antérieures au XVIe siècle existant encore dans les édifices de la France.

7° Étudier les produits des principaux centres de fabrication de l’orfèvrerie en France pendant le moyen âge et signaler les caractères qui permettent de les distinguer.

8° Quels sont les monuments aujourd’hui connus de l’émaillerie française antérieurs au XIIIe siècle ?

III. Section des sciences morales et politiques

 

X