BD, Tome II, Visite au théâtre de Moind., pages 102 à 104, La Diana, 1882.

 

Visite au théâtre de Moind.

Ainsi qu’il a été décidé au commencement de la séance, la Société se transporte à Moind pour examiner les fouilles pratiquées dans le théâtre antique, sous la direction de M. Girardon et la surveillance immédiate de M. Rochigneux, conducteur des ponts et chaussées.

On sait que le théâtre de Moind est adossé aux premières pentes de la colline qui s’élève au couchant du bourg. Les spectateurs regardaient le matin.

L’exploration a commencé par l’aile nord de la partie centrale des bâtiments de la scène. On a retrouvé, parallèlement au grand diamètre de l’hémicycle, mais en arrière, un grand mur qui vient se rattacher à ce diamètre par deux murs en retour, déterminant ainsi un vaste espace rectangulaire, de 22 mètres de longueur et de 7 de profondeur, ouvert d’un seul côté, celui faisant face aux spectateurs. Cet espace était probablement occupé par une estrade en charpente, peut-être en saillie sur l’orchestre, et qui servait au jeu des acteurs. Sur la face extérieure de ce grand mur, et de part et d’autre d’un pilier ou contrefort central, s’appuient à angle droit deux murs d’une moindre épaisseur, s’avançant d’environ 3 mètres et réunis par tin troisième mur long de 4m 30: le tout peut, représenter les fondations d’un perron conduisant à une porte ou servant à exhausser le piédestal d’une statue. L’espace occupé par les spectateurs n’embrassait pas la totalité de l’hémicycle, mais affectait la figure d’un éventail très ouvert, et les segments retranchés à chaque extrémité étaient affectés à des bâtiments de service. Ceux de l’aile nord ont conservé une portion de leurs murs sur une hauteur assez considérable. On remarque, à l’angle extrême, un mur de refend établi en dîagonale, qui détermine en ce point une espèce de réduit triangulaire. Des sondages plus profonds seront nécessaires pour vérifier si cette partie des ruines possède ou non un étage inférieur.

Des tranchées ont été entreprises dans l’orchestre et la cavea, pour rechercher le podium ou mur semi-circulaire les séparant, et reconnaître si les spectateurs étaient assis sur des gradins fixes en maçonnerie ou sur des échafaudages en charpente. Ces tranchées ont mis au jour divers petits murs dont il est encore difficile de saisir les rapports et la destination précise.

Les fouilles pratiquées vers la scène ont rendu une assez grande quantité de tuiles à rebords et quelques débris de poteries antiques, mais aucun autre objet particulièrement intéressant.

Au fur et à mesure de l’avancement des travaux, le service des ponts et chaussées reporte ce qu’ils font découvrir sur un plan à grande échelle, qui sera complété par un nivellement.

M. le Président exprime de nouveau à M. l’ingénieur Girardon et à son intelligent auxiliaire M. Rochigneux, les sentiments de gratitude de la Société.

Un habitant de Moind présente un vase ancien muni d’une anse, bien conservé, trouvé dans une fouille, à Surizet, commune de Moind.

Ce vase, d’une terre grise un peu grossière, mais bien cuite, et d’un galbe assez élégant, n’est pas jugé antique par les membres de la Société qui l’examinent; mais il pourrait être du haut moyen-âge, car sa forme se ressent encore de la tradition romaine.

La séance est levée.

Le président,

Cte de PONCINS.

Le secrétaire,

V. DURAND.

 

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