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Les Bulletins de la Diana 3906 résultats
Découvertes à Chaysieu et à Moind, Communication de M.le lieutenant Jannesson
Auteur : M.Jannesson
Référence : 5 P.184à194
Thème 1 : Inscription
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Chaysieu, Moingt
Découvertes à Chaysieu et à Moind. – Communication de M. le lieutenant Jannesson
Date : 1890

BD, Tome V, Découvertes à Chaysieu et à Moind. – Communication de M. le lieutenant Jannesson., page 184 à 194, La Diana, 1890.

 

Découvertes à Chaysieu et à Moind. – Communication de M. le lieutenant Jannesson.

 

M. le lieutenant Jeannesson fait hommage à la Société d’un fragment d’inscription romaine du IIe siècle, en marbre blanc, portant sur trois lignes les lettres suivantes,

A

CV

VS

de quatre centimètres de hauteur, qu’il a découvert dans le clos Duchez, au lieu dit la Reclava, commune de Moind.

Il y joint une certaine quantité de poteries et de fragments de poteries romaines, quelques-unes estampillées, enfin une portion de moule à empreintes décoratives, le tout recueilli depuis plus de deux ans à Moind et dans les environs, principalement à Chaysieu.

M. Jannesson produit une carte topographique où les gisements auxquels appartiennent ces débris céramiques sont exactement indiqués, et complète cette communication par les détails suivants :

« C’est au nord-ouest de la ferme de Chaysieu (voir la carte) le long de la voie du chemin de fer, qu’on a trouvé les plus grandes quantités de poteries gallo-romaines ; je ne suis pas éloigné de croire qu’il y en avait là un dépôt important, peut-être même une fabrique secondaire, car, entre plusieurs tessons qui n’avaient subi qu’un commencement de cuisson ou même n’étaient pas cuits, j’y ai recueilli un fragment de moule en terre blanche. Il paraît provenir des fabriques de Lezoux ; on y distingue un personnage dont la tête manque et un autre dont la pose penchée est celle d’un gladiateur ; comme ornements, des colonnes revêtues de bandelettes supportant un arc avec son carquois et la lyre d’Apollon ; des corbeilles de fruits ressemblant un peu à première vue à des couronnes héraldiques sont semées sur le fond.

J’ai trouvé au même endroit le corps d’une espèce d’ampulla en terre blanche avec guirlandes et cordons décoratifs d’un bel effet; un petit vase à boire en terre rosée, orné de stries faites à la roulette; enfin, une grande quantité de poteries rouges décorées de personnages. Je donne le dessin de quelques-uns des fragments les plus curieux.

Sur l’un d’eux la louve allaitant Romulus et Rémus; sur d’autres, des sujets de chasse ; il s’en trouve fréquemment avec des fleurs. J’ai très souvent rencontré un ornement présentant, avec de nombreuses variétés, l’apparence de notre fleur de lys héraldique (1).

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(1) M. Bertrand, de Moulins, a fait des constatations identiques. V. Bulletin de la Diana, t. IV, p. 271

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J’ai recueilli aussi quelques estampilles de potiers dont je parlerai plus loin.

Outre ces poteries de luxe, j’ai vu extraire du sol de Chaysieu aux endroits indiqués sur la carte une grande quantité de poteries grossières, des urnes cinéraires intactes et encore pleines d’une agglomération de cendres grasses mélangées de débris d’os.

Parmi les nombreuses monnaies romaines provenant du même lieu, j’en citerai une de la colonie Copia. Elle est partagée en deux : les Romains dédoublaient surtout ainsi les monnaies coloniales à deux effigies. J’ai rencontré beaucoup de monnaies du règne d’Auguste et des premiers Césars, comme à Moind beaucoup de monnaies des Antonins ; je n’en ai jamais vu de plus récentes.

La vigne d’un sieur Pinjeon a rendu un singulier bijou : c’est une bague de bronze dont le chaton porte une tête et au-dessous, à l’intérieur, un phallus en faible relief, mais d’un réalisme exempt d’équivoque. Il existait une légende de chaque côté, on n’en distingue plus que quelques lettres.

M. Rochigneux a recueilli en 1882-1883 à Chaysieu des monnaies gauloises dont plusieurs sont au musée de la Diana. C’est aussi dans cette région qu’il a signalé il y a quelques années deux tronçons de voies romaines indiqués sur le plan. L’une se dirigeait du nord-est au sud-ouest : c’est la voie Bolène conduisant de Forum Segusiavorum à Icidmagus ; il s’en détache du sud-est au nord-ouest un embranchement plus large, avec accotements, la reliant à Aquœ Segetœ (notre Moind actuel).

La carte de Peutinger ne porte nulle trace de cet embranchement et dirige la Bolène directement sur Moind ; la distance est de près de trois kilomètres. On peut, après cette constatation, discuter longtemps encore sur les distances fournies par la table.

Entre Chaysieu et Moind, au sud-ouest de Surizet et près du moulin de Saintinieu, on découvrit l’an dernier quelques poteries intactes : deux guttus de grandeur moyenne en terre ordinaire, deux autres plus petits en terre fine, enfin quelques fragments (1).

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(1) V. Bulletin de la Diana, t. V., p. 47.

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Nous arrivons à Moind ; je n’y ai guère trouvé d’entiers qu’un couvercle de pot en terre grossière un petit vase de forme très élégante, deux de ces petits vases appelés lacrymatoires, un antéfixe et une brique portant la marque ASSICI, offerts au musée de la Diana; mais par contre j’y ai recueilli une grande quantité de fragments de poteries fines et de vases ornés en terre rouge ; enfin, comme à Chaysieu, plusieurs estampilles de potiers, et c’est sur ces dernières que je veux principalement appeler votre attention aujourd’hui, car, selon moi, ces estampilles peuvent fournir à la chronologie de l’époque romaine des documents presque aussi sûrs que ceux que l’on puise dans la numismatique.

Je dois dire d’abord, et c’est un grand plaisir pour moi, que si j’ai trouvé quelque intérêt à étudier et classer ces estampilles et en général toute poterie ou fragment de poterie romaine, je le dois au savoir d’un homme dont la compétence s’impose en cette matière ; je veux parler de M. le docteur Plicque, qui a eu l’idée remarquable de classer les nombreuses couches de tessons abandonnés autour des poteries de Lezoux, comme les géologues classent les couches minéralogiques, pour y lire les âges des diverses formations.

Je vais donc examiner avec vous quelques-unes des marques de potiers trouvées à Moind et à Chaysieu.

1° OF MCCARI

Of(ficina M(a)ccari. – Maccarus vivait sous Trajan, sa spécialité était celle des poteries rouges lustrées ; on trouve fréquemment cette marque à Clermont rien de commun avec les poteries de Lezoux. On a trouvé cette marque à Mayence, à Vienne, à Londres, et enfin récemment dans les fouilles de Trion (1).

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(1) Allmer et Dissard : Fouilles de Trion. – Et. Allmer et Terrebasse : Inscriptions antiques de Vienne.

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2° OF CALVI

Of(ficina) Calvi. – L’époque est la même que pour le précédent, les deux officines étaient installées conjointement à Clermont et aux Martres de Veyre. M. le docteur Plicque n’a pas encore vu cette marque à Lezoux ; on l’a rencontrée sous cette variante OF CALVS à Moind même (Bulletin de la Diana, t. III, p. 312) ; on a trouvé OF CALV, OF CVLVI etc. à Autun, à Nîmes, à Colchester, à Londres, et dernièrement encore à Trion.

3° NIGRN

Les deux hastes du second N servent pour un 1, Nigrini. Nigrinus vivait à la même époque que les deux précédents. Il y a de nombreuses variantes de la même marque, OF NGR, OF NGRI, FNGI, NGRINI. On l’a trouvée à Lezoux, à Clermont, à Paris, à Givet et à Trion.

4e SENEX• F

Senex f(ecit). – Senex paraît avoir vécu d’Antonin à Marc-Aurèle.

On a fréquemment trouvé cette marque à Lezoux; la variété suivante, SIINIIXF, avait été précédemment trouvée à Moind (V. Bulletin de la Diana, t. III, p. 312). Jusqu’alors cette marque n’avait pas été signalée ailleurs qu’à Lezoux.

5° OF PRM

Of(ficina) Primi. – Primus paraît avoir vécu sous Adrien. Cette marque est très répandue, on l’a trouvée un peu partout avec de nombreuses variantes: OF PRM a été trouvé spécialement à Colchester et à Londres. Les seules fouilles de Trion ont fourni vingt-deux marques différentes de ce potier.

6° DIOFCI

On peut faire la lecture directe ou rétrograde grâce à la forme de 1’F (F): c’est-à-dire qu’une empreinte prise à la cire sera identique à la marque elle-même. Quelques fabricants se faisaient un jeu de distinguer leur marque par certaines bizarreries.

Telle qu’elle est, cette marque appartient forcément à l’un des potiers suivants: Dioratus, qui vivait sous Trajan et Adrien ; Diogenus, qui vivait à l’époque des Antonins; Divicatus, sous Marc-Aurèle; Divixtus, sous Marc-Aurèle ou Commode. De toute façon, cette marque dit encore l’âge du vase qui la portait: il a été fabriqué pendant le IIe siècle.

7° MVXTVLLI M

Muxtulli m(anu) – Muxtullus n’est pas postérieur à Commode; on rencontre ses produits dans l’Allier. Cette marque a été trouvée dans les fouilles de Trion; on l’a découverte aussi à Elonge (Belgique) dans un cimetière: les monnaies qui accompagnaient ces poteries n’étaient pas postérieures au règne de Commode. M. Dufour l’a également signalée à Amiens.

8° CELSIANI F

Celsiani f(ormœ) ou Celsiani f(iglince). – Les oeuvres de Celsianus se trouvent fréquemment à Lezoux ; on lui doit de nombreuses variétés de vases ornés; on en a trouvé à Londres. Le Celsianus de Lezoux vivait sous les empereurs Syriens; il paraît être mort vers l’an 250.

9° ATINI

Atini ou Atini(i) peut-être aussi pour ATI(lia)NI. – Si c’est ATINI sans abréviation, je crois que c’est la première fois qu’on trouve cette marque ; au-dessous, c’est-à-dire à l’extérieur du fond du vase se trouve le grafite AMB A : la cassure ne laisse deviner que la première lettre A du second mot.

Les empreintes suivantes appartiennent à des fabricants de moules.

10° PARNI.

Paternus, maître fabricant de moules, vivait sous Adrien et sous Antonin ; il a été copié à outrance.

11° CINNAMVS

Cinnamus, en lettres de 0m,011de hauteur au milieu des ornements.

Ce maître fabricant de moules vivait à Lezoux d’Antonin à Commode. On a trouvé sa marque dans l’Allier, à Tongres, tout récemment à Trion.

Sur le fond de certains vases, j’ai trouvé des marques sans lettres, comme fleurs ou rosaces à quatre ou huit pétales, etc. : la marque de fabrique, telle qu’on l’a de nos jours, était inventée !

Quant aux innombrables fragments de poteries romaines sans marques, dont j’ai parlé plus haut et dont la nomenclature et les formes sont si variées, elles rentrent toutes dans la savante classification établie par M. le docteur Plicque (1), depuis la céramique de facture indigène, jusqu’aux poteries bronzées ou micacées (mica blanc ou jaune selon qu’on voulait imiter l’or ou l’argent) qui furent les dernières productions de Lezoux vers l’an 268.

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(1) Congrès archéologique de France, LIIe session tenue à Montbrison en 1885.

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Une conséquence me paraît se dégager de ce qui précède : c’est que Moind et Chaysieu furent détruits comme Lezoux peu après le milieu du Ille siècle. C’est la conclusion à laquelle j’étais déjà arrivé pour Moind dans la communication que j’ai eu l’honneur de vous faire le 17 janvier 1889. »

Découvertes à Moind. – Communication de M. le lieutenant Jannesson
Date : 1889

BD, Tome V, Découvertes à Moind. – Communication de M. le lieutenant Jannesson., pages 38 à 43, La Diana, 1889.

 

Découvertes à Moind. – Communication de M. le lieutenant Jannesson.

 

M le lieutenant Jannesson dépose sur le bureau et fait hommage à la Société de l’extrémité d’un tuyau de plomb avec rivets en fer, d’enduits et de moulures en stuc peint, et de deux fragments d’inscription sur plaques de marbre, le tout provenant de fouilles à Moind. Il fournit sur ces découvertes les indications suivantes :

« Dans le courant de l’année 1888, je faisais des études topographiques sur la commune de Moind. J’eus l’occasion de voir quelques substructions romaines dans différents terrains que l’on minait alors pour les préparer à recevoir de la vigne; j’ai pensé qu’il serait intéressant de relever sur un croquis l’emplacement exact, la direction et les dimensions des fondations romaines qu’il m’a été donné un instant d’entrevoir.

Le premier mur que j’observai est situé dans la propriété de M. Claude Duchez, nous l’avons désigné sur le plan par les lettres C D. Son épaisseur était de trois mètres environ ; la face exposée au midi était revêtue d’un enduit sur lequel étaient tracées des lignes en creux simulant de petites pierres de taille rectangulaires ; la base de ces petits rectangles était de 0m 15c, leur hauteur de 0m 07; la direction générale de ce mur était de l’est à l’ouest en formant une courbure à grand rayon dont la convexité regardait le midi.

Un autre mur F D beaucoup moins épais, 0m 80, venait couper le premier mur C D sous un angle très-aigu ; l’angle formé au point D était comblé en maçonnerie jusqu’au point F, la petite face F O, très régulièrement bâtie, limitait cette masse de maçonnerie pour ainsi dire coulée dans l’angle D. Nous avons trouvé dans cette partie du champ quelques fragments de marbre blanc, dont deux provenaient d’inscriptions en très belles lettres et paraissaient appartenir à la belle époque, au 1er ou au IIe siècle ; sur le plus grand fragment on peut reconstituer les lettres V M, sur le plus petit les lettres AV.

Nous avons remarqué dans la même propriété un autre mur H K d’une direction générale nordsud, épais d’environ 0m 80 ; au pied de ce mur les ouvriers ont trouvé la bouche d’un tuyau de plomb portant des rivets en fer, ainsi que des fragments de béton ayant formé apparemment le sol d’un appartement. Au point D nous avions déjà trouvé de larges tranches de béton très fin composé d’un ciment mêlé de brique pilée et de très petits fragments de marbre blanc; le dessus très poli produisait un bel effet de blanc et de rose mêlé. Au point S, la terre ramenée à la surface contenait une grande quantité de décombres provenant de l’intérieur des appartements et offrant une surface enduite d’un mortier très-fin et recouverte d’une couleur rouge, verte ou noire, quelques fois jaune; certains fragments portent l’empreinte de lignes noires découpant un fond rouge ou vert.

Dans ces derniers temps, il nous a été donné de voir dans la propriété de M. Poyet un énorme mur A B dirigé du nord-est au sud-ouest et mesurant quatre mètres d’épaisseur : il est construit en très-forte maçonnerie ; les pierres qui ont servi à le bâtir sont de même nature que celles que l’on retire encore aujourd’hui de la carrière qui se trouve au sud-ouest de Moind; de distance eu distance, à intervalles d’un mètre, se trouvent des trous rectangulaires ayant dix centimètres de hauteur sur huit de base et profonds de quatre-vingts centimètres. Comme ces trous sont disposés horizontalement, tout porte à croire qu’ils servaient à placer des bois d’échafaudage; la hauteur, plus grande que la largeur, indiquait suffisamment que ces pièces de bois étaient placées sur champ. Un déchaussement a permis de constater que les fondations de ce mur étaient à une grande profondeur.

En L M nous avons vu un petit canal dont les côtés sont en maçonnerie, le dessous étant recouvert avec des dalles plates et irrégulières; il parait avoir une profondeur de 0m 50 à 0m 60, sa largeur est de 0m 20.

La ligne N O désigne un mur d’une épaisseur de 0m 80; il est dirigé de l’est à l’ouest. En S se trouve un amoncellement de débris de murs d’appartements, des décombres peints en rouge ou en vert ; nous y avons trouvé un fragment de colonne en briques ayant la forme d’un quart de cercle assemblées à l’aide de ciment ; cette colonne était revêtue d’un enduit épais d’environ 0m 02 et peint en rouge avec des raies noires circulaires vers la base; son diamètre était de 0m 31.

Enfin, au point P, nous avons constaté qu’il existait un puits dont l’eau est minérale et gazeuse absolument comme celle que débite la source du nouvel établissement de Moind. Plusieurs témoins dignes de foi nous ont affirmé qu’au fond de ce puits ils avaient vu nue sorte de siège en marbre ; d’après la description qu’ils en ont faite, il nous a paru que ce serait quelque chose de ressemblant à la sella balnearis des Romains. Cette source minérale est-elle la même que celle dont parle Auguste Bernard dans son ouvrage sur le pays des Ségusiaves?

Les nombreuses substructions, la grande quantité de débris de marbre et autres que l’on trouve à Moind, les poteries, les monnaies que l’on y a rencontrées attestent que Moind était une station romaine importante; la présence de cette source minérale a fait dire avec juste raison à Auguste Bernard que c’était le Vichy du temps.

A quelle époque Moind était-il une station florissante? Jusqu’à présent aucune des inscriptions découvertes ne peut le déterminer ; seules les monnaies trouvées sur les lieux, ou plutôt l’ensemble de ces monnaies peuvent nous guider assez sûrement. Pour ma part, j’ai vu ou recueilli à Moind un grand nombre de monnaies de bronze; j’ai constaté que les monnaies d’Auguste, surtout celles au revers de l’autel de Lyon sont très abondantes:

Moind était donc occupé par les Romains au commencement du premier siècle. On n’en trouve presque pas des autres césars. Cela indiquerait que la prospérité de Moind subit presque un siècle d’accalmie. Les monnaies de Trajan, d’Hadrien et surtout des Antonins s’y sont trouvées en très grand nombre, pendant tout le deuxième siècle et le commencement du troisième ; il y a donc là, comme à Lyon, une recrudescence de la prospérité romaine, puisque toutes ces monnaies de bronze présentent un caractère d’usure irrégulière qui indique suffisamment qu’elles ont été longtemps en circulation dans le pays. Je parlerai enfin d’un trésor de douze à quinze ceints pièces d’argent trouvées chez M. Vissaguet, à Moind : celles-là vont de Trajan Dèce à Gallien, mais elles ne paraissent pas avoir beaucoup circulé, elles sont presque intactes ; cela ne nous mènerait pas bien au delà de la seconde moitié du troisième siècle; postérieurement à cette époque je n’ai vu qu’une seule monnaie, un petit bronze de Valens. Mais une seule pièce de monnaie ne dit rien, elle peut avoir été apportée là fortuitement. Tout me porte à croire que Moind a dû disparaître, ou du moins perdre toute son importance s’il n’a pas été détruit, vers le milieu du troisième siècle. »

A propos de la communication de M. le lieutenant Jannesson, M. Gonnard rappelle la trouvaille faite à Saintinieu, près de la rivière de Moind, dans le voisinage d’un ancien pont, d’un petit trésor composé d’environ 250 médailles antiques en bronze, dont il possède une partie (1).

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(1) La trouvaille dont il s’agit aurait été faite, d’après des renseignements recueillis par M. T. Rochigneux, vers 1869 par un sieur Bénévent, en plantant de la vigne dans une propriété lui appartenant et portant le n° 323, section B, du cadastre de Moind. Voir le plan de Saintinieu donné plus loin, page 48.

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M. Vincent Durand demande si le pont en question est voisin du lieu appelé Brioude, nom qui parait dériver (le celui de Briva signifiant pont en gaulois.

M. Rochigneux répond que le pont dont il s’agit n’est pas au territoire de Brioude, mais dans celui de Saintinieu qui en est à une distance notable.

Découvertes à Moind. Communication de M.le lieutenant Jannesson
Auteur : M.Le lieutenant Jannesson
Référence : 5 P.38à44
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Moingt
Découvertes archéologiques à Moind, communication de M. Rochigneux
Date : 1886

BD, Tome III, Découvertes archéo1ogiques à Moind, communication de M. Rochigneux, pages 308 à 317, Montbrison, 1886.

 

Découvertes archéo1ogiques à Moind, communication de M. Rochigneux.

 

Deux propriétaires, dit M. Rochigneux, ont fait récemment des découvertes archéologiques intéressantes sur l’emplacement et dans le voisinage de l’enceinte féodale de Moind.

Dans la parcelle, portant le n° 72 de la section A du plan cadastral, sur laquelle s’élevait jadis une partie de la courtine reliant la tour actuelle du beffroi à celle commandant au sud la place dite du Château, le creusement d’une cave a fait rencontrer des vestiges assez considérables de deux souterrains en partie obstrués, appartenant probablement au système défensif établi au moyen-âge.

L’une de ces galeries, qui servait de chemin de ronde, paraît avoir longé à l’intérieur le pied du rempart : elle est bâtie en excellents matériaux et mesure 1m 60 de largeur sur environ 2m de hauteur à la voûte, qui affecte la forme cintrée.

L’autre galerie, dont le plafond est effondré, forme un étroit couloir perpendiculaire au chemin de ronde : elle servait apparemment de passage secret et devait aboutir de la place dans le fossé ou peut-être dans la campagne. .Au point de jonction de ces deux ouvrages, on a trouvé parmi des ossements d’adulte, un chaton de bague en argent d’un faible intérêt artistique : il est huit pans et porte en guise de gemme une table de cristal biseautée.

Mais la découverte de beaucoup la plus importante, est celle faite au cours d’un défoncement de terrain exécuté, en vue d’une plantation de vigne, dans la vaste clôture de M.Vissaguet, figurant au plan cadastral sous les n° 370, 370 bis, 371 et 372 de la section A.

Cette propriété connue déjà, paraît-il, par des trouvailles monétaires antérieures, s’étend en glacis au nord et à l’est des fossés du château, peut-être creusés eux-mêmes sur l’emplacement de constructions antiques : elle est limitée au nord par l’ancien chemin dit de Saint-Maurice qui la sépare d’un terrain occupé autrefois par l’église et le cimetière du même nom, dont M. Durand vous a entretenus dans la dernière séance.

Le défoncement, très superficiel, a porté sur une aire d’environ douze mille mètres carrés : il a mis à jour sur presque toute cette étendue de vastes substructions gallo-romaines.

Les constructions des parties centrale et occidentale du champ, moins bien conservées ou peut-être sur certains points enfouies plus profondément, semblent d’après les restes trouvés épars entre leurs murailles, avoir possédé un pavement en mosaïque révélé par des cubes en basalte et d’autres en verre bleu de plusieurs nuances. Des débris d’enduit peint de diverses couleurs, des marbres moulurés, des briques d’hypocauste, de grandes tuiles, des fragments de poteries fines et de verroterie concourent à faire supposer que là s’élevaient des habitations d’un certain luxe.

Toutefois, le groupe constructions le pus digne de remarque est celui rencontré plus à l’est. D’après les sondages, elles s’étendraient sur une grande surface, dont environ quatre mille mètres carrés seulement ont été fouillés. Suivant nos constatations malheureusement trop sommaires, ce groupe affecterait la forme d’un vaste parallélogramme occupé à son centre par une grande cour , et sur trois côtés, par des salles carrées ou rectangulaires.

Les murailles intérieures de ce vaste édifice, d’une épaisseur d’environ cinquante centimètres, sont d’un travail peu soigné ; celle du pourtour, au contraire, sont d’une épaisseur parfois considérable et construites en moëllons de granit appareillés assez régulièrement.

A en juger par de très nombreux débris recueillis dans leur voisinage immédiat, la paroi intérieure de ces murs aurait été revêtue d’une couche de stuc peint, chargé de dessins de couleurs variées et parfaitement conservées malgré un séjour de plus de seize siècles dans un sol cultivé : quelques échantillons figurent des futs de colonnes, d’autres des tiges d’iris et de plantes palustres.

Des marbres de placage et à moulures entraient aussi dans la décoration murale, mais en proportion moindre, il faut le reconnaître que dans les autres édifices explorés jusqu’à ce jour.

L’aire des bâtiments était formée le plus généralement d’un pavement en opus signinum composé de chaux vive, granit et brique pilés ; cependant, dans quelques pièces, ce béton était mélangé, à la surface surtout, de fragments assez volumineux de plaques de marbre provenant peut-être d’un édifice plus ancien ; dans d’autres, il était recouvert d’un dallage en carreaux noirs, blancs ou couleur brique, de schiste ou de calcaire dit lithographique.

Les salles étaient chauffées par des tuyaux d’hypocauste dont on trouve de nombreux spécimens ; elles étaient assainies par un conduit-égout d’un parcours irrégulier, qui a été rencontré intact sur une certaine longueur.

Toutes ces constructions étaient recouvertes de tuiles à rebords de grandes dimensions ; les unes sont rectangulaires, les autres de forme franchement trapézoïdale, particularité rarement constatée en Forez.

On a trouvé tout autour des substructions une quantité assez considérable d’ossements d’animaux tels que chevaux, bœufs, sangliers, porcs et moutons appartenant, ce semble, pour la plupart, à des variétés qui ont disparu de nos pays ; on a recueilli surtout d’abondants débris de poteries de toute nature dont un certain nombre ont pu être reconstituées en partie : leurs fragments, grâce à une culture séculairement superficielle, n’ayant subi qu’un faible éparpillement. Cette double constatation tendrait à démontrer qu’il s’élevait sur cet emplacement, non point un édifice public dans le genre de ceux explorés au nord-ouest de Moind, mais une vaste habitation privée ou peut-être une hôtellerie.

Les spécimens de céramique comprennent notamment des fragments d’énormes vases à panse rebondie, de rares amphores, des coquelles à trois pieds, des vases en forme de buires au col étroit et aux lèvres curieusement plissées, dont un échantillon paraît avoir été muni d’un couvercle à charnière, des cruches aux anses couvertes de feuillages palmés ou pennés, de fleurs radiées, etc., imprimées à l’aide de poinçons, d’élégantes terrines, des urnes à couverte micacée, des coupes à reflet métallique ornées d’enroulements végétaux ou de dessins à la roulette. Les poteries dites samiennes y sont représentées par des bols, des tasses et des assiettes ; plusieurs sont décorées de sujets en relief, tels que personnages, rinceaux, chasses, etc.

Trois de ces terres sigillées portent les estampilles, OF CALVS (officinator Calvus), OF PRIMI (officina primi), SIINIIX F (Senex fecit) (1).

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(1) Au sujet de deux de ces estampilles, notre savant confrère M. le docteur Plicque a bien voulu écrire à M. Vincent Durand : « J’ai observé ici un grand nombre de SENEX-F et des analogues. Ce nom est absent des catalogues du Corpus I.L.. et de celui de Schuermans. Mais je ne connais pas la forme SIINIIX F. que vous me signalez. Mon SENEX est un habile potier tourneur. du temps d’Antonin-le-Pieux. qui faisait des céramiques d’un beau rouge cire à cacheter.
Schuermans cite OF CALVS, pour OF CALVVS sans doute, et, dans ce cas, OF correspondrait à officinator. Je possède aussi de nombreuses variétés des noms CATVSSA, et CARVSSÂ. Il est encore possible que CALVS soit une abréviation d’une forme analogue aux deux noms précédents. Le général Creuly dans sa liste de noms gaulois, cite CALVA fille de Cassilus, femme d’Annius, nière d’Andere (musée de Toulouse). Ce CALVS serait donc un nom gaulois n’ayant aucun rapport avec CALVVS (le Chauve), et comme ces noms, celtiques sont généralement composés et très longs, ce serait une probabilité de plus pour admettre que OF CALVS cache une abréviation, par exemple OF (ficina) CALVS(SAI).
 » Quoique CALVS ait été trouvé un peu partout. on ne sait où gît son officine. – Dans les fabriques de ma connaissance, l’abréviation OF précède le nom du fabricant jusqu’à la fin du règne de Trajan. Plus tard, elle le suit. C’est une règle qui jusqu’ici ne souffre pas d’exception. « 

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Un énorme vase de terre commune, espèce d’amphore à col et anses très courtes, présente la marque OIMN, qui doit peut-être se lire en la renversant, NVNIO.

Le graffite, IVLITTA, se lit sous le fond d’un vase en terre sigillée.

Parmi d’autres objets curieux, signalons encore une portion de grand vase couleur d’or, au bec latéral surmonté d’un poisson, une petite lampe en terre fine portant à la face supérieure la représentation en relief d’une barque montée et marquée en dessous de l’estampille, A, avec la barre pendante en forme de virgule entre les branches de la lettre, des fragments d’un superbe plateau mouluré en porphyre rose, des débris de très jolies ampulla en verre fort mince et des grains de collier également en verroterie.

Les plus intéressantes de ces reliques archéologiques ont été gracieusement cédées par M. .Vissaguet au musée de la Diana.

Le seul objet de métal qu’on ait découvert est un vase en bronze de forme élégante, primitivement pourvu de deux anses dont l’une est perdue (1) ;

il gisait dans les terres obstruant 1’égout d’assainissement où sans doute il avait été intentionnellement caché. Ce vase renfermait, outre une bague en or, d’un travail médiocre, ornée d’une petite intaille représentant un chien, la tête contournée (2),

1328 deniers romains d’argent, généralement d’une belle conservation, quoique recouverts d’une forte couche d’oxyde de cuivre : ces monnaies dont, grâce à la complaisance de M. Vissaguet, un inventaire complet a pu être dressé, datent toutes du IIIe siècle. Sauf quelques restitutions, elles portent l’effigie d’empereurs et impératrices appartenant à la suite des princes, le plus souvent éphémères, qui ont régné depuis Caracalla jusqu’à Gallien.

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(1) Les dimensions de ce vase, qui rappelle beaucoup celui de Limes (V. Bulletin, t.II, p.440), sont 0m 23 de hauteur, 0m 07 de diamètre à l’orifice, 0m 659 à la gorge, 0m 13 à la panse et 0m 06 à la base qui est évidée au tour en dessous,. Les anses, terminées en feuille d’eau, avaient 0m 105 de hauteur. La surface est revêtue d’une gangue épaisse qui n’a pas permis de reconnaître si elle porte des inscriptions.
(2) Cette intaille est figurée au double de sa grandeur réelle.

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Voici cet inventaire, tel qu’il a été établi par notre savant confrère, M. Philippe Testenoire :

 

Nombre de pièces

Caracalla, empereur (211-227)

3

Elagabale (218-222)

2

Julia Moesa, grand’mère d’Elagabale

2

Pupien (238)

1

Gordien III, empereur (238-244)

259

Philippe père (244-249)

204

Otacilie, femme de Philippe père

42

Philippe fils

44

Trajan Dèce (249-251)

81

Etruscille, femme de Trajan Dèce

28

Herennius Etruscus, César, fils de Dèce

14

Hostilien, César, fils de Dèce

4

Trébonien Galle (251-254)

70

Volusien, fils de Trébonien Galle

74

Emilien (253-254)

7

Valérien père (253-260)

101

Mariniane, supposée femme de Valérien

3

Gallien (253-268)

185

Salonine, femme de Gallien

80

Salonin, César (253-259)

56

Valérien jeune, frère de Gallien

40

Pièces de restitution frappées à l’époque de Gallien à l’effigie des empereurs suivants :

Vespasien

2

Titus

1

Trajan

1

Antonin le Pieux

1

Alexandre Sévère

2

Pièces représentées hors du classement, mais qui se répartissent dans les catégories

ci-dessus

19

Pièces restées adhérentes à l’urne

2

Total

1.328

Il y a tout lieu de croire que cette curieuse collection, qui rappelle la découverte monétaire faite à Boisset-les-Montrond en 1864 (1), a été enfouie précipitamment à l’approche d’un péril imminent, d’une invasion sans doute. La date connue de la première incursion des Barbares dans nos régions, celle qui eut lieu en 269, précisément vers .la fin du règne de Gallien auquel s’arrête la suite de nos pièces, permet de tenter avec ce fait historique un rapprochement que la présence de nombreux ossements humains, trouvés au dessous des débris sur le pavé même des salles, viendrait corroborer. Ces restes humains, en effet, étaient disposés indifféremment dans tous les sens et semblaient témoigner d’une mort violente suivie ou causée par la destruction de l’édifice lui-même, tandis que ceux rencontrés à l’ouest de 1a clôture, à une faible profondeur dans les terres, mais non sous les décombres, indiquent par leur orientation normale de véritables sépultures que I’on peut supposer chrétiennes.

Il est fort regrettable que la rapidité extrême des travaux de défoncement et l’exiguité des ressources de la Diana n’aient pas permis de procéder à des fouilles régulières. Dans ce sol à peine bouleversé, des découvertes d’un haut intérêt auraient certainement été faites. IL ressort toutefois de nos constatations que la station romaine sur les ruines de laquelle s’élève le bourg’ de Moind, s’étendait au sud-est beaucoup plus qu’on ne l’avait soupçonné jusqu’à ce jour ; de plus, la trouvaille monétaire apporte une contribution précieuse à I’histoire, en permettant de faire une hypothèse sur la cause et la date probables de la destruction de cette antique localité.

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(1) V. Revue Forézienne, t. 1er, p. 275

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Nous devons remercier, pour ces résultas historiques, les propriétaires des terrains explorés : MM. Chaux et Vissaguet, qui ont mis le plus grand empressement à nous montrer leurs moindres découvertes ; nous adressons particulièrement de notre gratitude à MM. Bufferne, instituteur, et Berger, entrepreneur de maçonnerie, pour le zèle désintéressé. qu’ils apportent à nous signaler toute fouille nouvelle : les uns et les autres ont bien mérité de l’archéologie.

Decouvertes archeologiques à Poncins
Auteur : C.Pionnier, A.Peyvel
Référence : 44 P.57à59
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Poncins
Découvertes archéologiques à Roanne
Auteur : M.J.Déchelette
Référence : 40:55,3
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Roanne
Découvertes archéologiques au pied du mont d’Isoure, emplacement présumé de Fluriacus et de Maceriae, communication de M. Vincent Durand
Date : 1886

BD, Tome III, Découvertes archéologiques au pied du mont d’Isoure, emplacement présumé de Fluriacus et de Maceriae, communication de M. Vincent Durand, page 317, Montbrison, 1886.

 

Découvertes archéologiques au pied du mont d’Isoure, emplacement présumé de Fluriacus et de Maceriae, communication de M. Vincent Durand.

 

M.Vincent Durand s’exprime ainsi :

Notre aimable et généreux confrère, M. de Saint-Pulgent, a offert il y a quelque temps au musée de la Diana un chapiteau du XIIe siècle en marbre blanc, d’un travail exquis, trouvé. dans le courant de l’année dernière à l’extrémité septentrionale du mont d’Isoure. Il a bien voulu me conduire récemment sur l’emplacement où l’inventeur, un maçon de Montverdun, dît l’avoir rencontré. Ce lieu est situé au pied même de la montagne, à 1720 mètres environ au S.E, du clocher de Montverdun, 43 mètres en S. du chemin de grande communication n° 6 de Boën à Montrond, et à 145 mètres à peu près, en soir déclinant midi, d’un remarquable carrefour où ce chemin se croise avec ceux de la Rive à Saint Clément et de Montverdun à Chambéon. Le chapiteau y gisait au milieu d’un amas de pierres qui avaient fait croire à une carrière et où sa présence a beaucoup surpris.

A 55 mètres environ au sud-est de ce point et dans la même pièce de terre, une seconde fouille a mis à découvert un autre amas de moëllons et de briques provenant d’une construction ruinée. Les dimensions et particulièrement l’épaisseur de quelques-unes de ces briques sont peu ordinaires. J’en ai mesuré un fragment qui n’avait pas moins de 35 centimètres de longueur, sur 21 de largeur et 14 d’épaisseur. Une autre brique de plus petit module mesurait encore 31 centimètres de long, 16 de large et 8 d’épaisseur. Elles sont du reste d’une fabrication extrêmement défectueuse et la terre en est fort mal cuite. Aucun objet appartenant à l’antiquité ne les accompagnait. Il se peut qu’elles remontent à une époque voisine de celle où a été sculpté le chapiteau. En effet, et infériorité de fabrication mise à part, ces briques rappellent par leurs proportions celles que l’on observe dans l’ancien cloître de Leignieu, monument qui parait dater de la fin du XIIe siècle.

Le territoire sur lequel a été faite la découverte porte sur le cadastre le nom de Queue du Bois ou de la Rive. Mais la véritable dénomination de ce quartier est Flurieu, ou par un accident de prononciation locale, Clurieu. La Croix de Flurieu, qui s’élevait à l’étoile de chemin dont j’ai parlé, est fréquemment citée dans lex titres du moyen-âge.

– Gras, dans son travail sur le Forez: avant l’an mil, publié dans la Revue Forézienne, t. IV, p. 299. a rapproché cette croix de Flurieu d’un lieu de Fluriacus cité dans une charte de Savigny de l’an 980 environ. Je suis porté à croire ce rapprochement fondé.

La charte alléguée est sous le n° 295 du cartulaire. C’est une donation faite à Savigny par un certain Acglerius d’une terre, vignes, champs et prés sis in pago Lugdunensi, in agro Forensi, in villa Macerias, infra fines de FLuriaco. L’acte porte. entre autres souscriptions, celles de Vualanus et de Bodo.

Ces indications seraient sans doute insuffisantes, si la villa Macerias dont le nom est lié à celui de Fluriacus, ne reparaissait point en d’autres titres du même cartulaire, qui permettent de fixer jusqu’à un certain point la région dans laquelle cette villa était située. Deux de ces chartes, nos 263 et 292, la placent. comme la précédente, dans l’ager Forensis ; mais la charte 568 la met dans l’ager de Solore : in agro Solobrensi, in fine de Maseriis. Cela prouve déjà qu’il s’agit d’une localité située sur. la limite occidentale de l’ager Forensis. La charte 303, de l’an 970 environ, intitulée, De curtilo in Isiouro, laisse soupçonner en outre que Macerioe était un lieu voisin d’Isoure : on y lit en effet : Ego, in Dei nomine, Adaltrudis foemina dono de rebus meis quoe sunt sitoe in pago Lugdunensi, in agro Forensi, in vilia Isiouro, in primis curtilum unum cum vinea simul tenente, et campum suum subtus viam, et pratum unum in ipso fine; et in alia villa que vocatur Macerias, quicquid in ipsa visa sum habere in vineis, campis, pratis, cum exitibus et regressibus. On retrouve aux souscriptions les noms de Vualunus et de Guido, (ce dernier personnage peut-être identique avec le Bodo de la charte 295) (1). De plus, les mêmes souscriptions de Vualanus et de Bodo reparaissent au bas d’un acte contemporain, (charte 277, de l’an 980 environ) contenant donation par Ansbertus de biens sis in pago Lugdunensï, in aqro Forensi, in villa quoe nuncupatur Liviniacus (var.. Luviniacus), qui parait être Lugnieu, commune de Marcilly, à fort peu de distance du Mont Isoure, c’est-à-dire dans la région où nous plaçons FIuriacus.

Mais si la croix de Flurieu marque la position de Fluriacus, où convient-il de placer Macerioe ? J’avoue que je n’ose être trop affirmatif à cet égard : néanmoins la croix de Flurieu est si près de Saint-Clément (8 à 900 mètres seulement du cimetière découvert l’année dernière), que je suis tenté de reconnaître Macerioe dans cette ancienne paroisse, dont Flurieu à très probablement dépendu. Le nom même de Maceriae, les Murailles, convenait assez bien à un lieu où l’antiquité a laissé tant de traces et où s’élevaient peut-être autrefois des ruines importantes (2).

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(1) Ch.186, octobre 980 : Ego in Dei nomine Vuido, cognomento Bodo.
(2) Gras avait interprété Maceriae par Miserieu (appelé Masziriacus dans la charte 564, des environs de l’an 1000), mais avec un signe de doute. Cette identification souffre en effet de sérieuses difficultés, soit philologiques, car Maceriae produirait Mesières, soit topographiques, car Miserieu ne peut guère être rattaché à l’ager Solobrensis, où la charte n0 568 place Maceriae.
On pourrait objecter que Gradiniacus, Grénieu, est placé dans cet ager par les chartes 101 et 273. Mais il n’est pas certain que ce nom s’applique à Grenieu, lieu de la commune de Nervieu si connu par ses foires : il existait en effet a Trelins un second Grénieu, identique peut-être au hameau actuel de Montaillard, ou du moins situé à proximité et voisin aussi du vallon de Concise, qui rappelle la silva Concisa de la charte 101.

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J’ai dit en commençant que la croix de Flurieu, entrecroisement remarquable de chemins, est assez souvent citée dans les titres du moyen-âge. C’était un des termes d’un péage dont la perception fut abénevisée le 14 mai 1408, par Jean de TaIaru, seigneur de Chalmazel et de Pralong. aux auteurs de Jean Durand alias de la Brandisse, qui en passa reconnaissance nouvelle au terrier Beauvojr de 1559. Ce péage, dit une notice faisant partie des archives de Goutelas, se lève « sur tous ceux qui menent fustes, quelques futes que ce soit, et moeules de pierre neuve, depuis le pont de TreIins (1) jusqu’à la Croix de Beaucieux, qu’on appelle à présent la Croix Bordelle (2), et aussy depuis ledit pont de Trelins jusqu’à la Croix apellée de Flurieu, qui est contre le bois d’Uzore, au departement et trevoux des chemins, l’un tirant à Chambeon, l’autre à Mornand, et 1’autre à Saint-Paul d’Uzore ;…… sçavoir : de chacune charretée posts ou fustes neuves , demy blanc, et autant d’une beste chargée, et pour chacune moeule deux sols six deniers tournois. »

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(1) Pont sur le Lignon , au dessous du bourg de Trelins.
(2) Bossieu, commune de Chalain d’Uzore, sur l’ Estra Français : « Terre assize vers la Croix de Beaucieu (George Bordel en porte la moitié)….jouxte..l’estra tendant de Marcilly à Montbrison de matin, le chemin tendant de Challain à Pralong de bize « (Arch. de Goutelas. Copie du terrier de Pralong reçu Beauvoir ; réponse de Marguerite Varenne, 30 mai 1559).

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La charte 292 de Savigny mentionne sur le territoire de Maceriae un autre lieu appelé Civiletus : in pago Lugdunensi, in agro forensi, in villa Mascerias, in loco qui vocatur Civileto. J’ai vainement recherché ce lieu, dont la détermination pourrait servir de pierre de touche aux identifications précédentes. Ce serait trop hasarder peut-être, que de la reconnaître dans le quartier de Guiolet à 1300 mètres au sud-ouest de la Croix de Flurieu, en un col du mont d’Isoure qui donne passage à plusieurs chemins (1). Le nom de Siaulet, ou la Sciolet, lieu habité à l’extrémité orientale de la commune de Poncins, rappellerait davantage celui de Civileto; mais, outre que je n’ai rencontré cet écart dans aucun titre ancien, il est bien rapproché de Feurs pour que la villa de Maceriae, dont il serait supposé avoir dépendu, ait été accidentellement rattachée à l’ager Solobrensis (2).

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(1) Partage entre Jean et Françoise de Combes, 1598, titre appartenant à M. de Saint-Pulgent. Le cadastre écrit Grillet.
(2) Siaulet figure dans la carte de Cassini ; je ne connais pas de document antérieur où il soit mentionné : ce qui est à vrai dire, un argument tout négatif. S’il était prouvé néanmoins qu’il représente Civiletus, la villa de Maceriae, en dépit de la difficulté que je viens d’indiquer, serait peut-être mieux placée à Sainte-Foy, et alors le Fluriacus du cartulaire pourrait être recherché dans le bois de Clurieu.
Découvertes archéologiques au pied du Mont d’Isoure.Emplacement présumé de Fluriacus et de Maceriae.Communication de M.V.Durand
Auteur : M.V.Durand
Référence : 3 P.317à322
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Mont d'uzore
Découvertes au pied du Mont d’Isoure.Communication de M.Thevenet
Auteur : M.Thevenet
Référence : 4 P.205à211
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Mont d'Uzore
Découvertes d’antiquités gallo romaines à Moind, ds le clos St Jullien
Auteur : abbé Bégonnet et Gab. Brassart
Référence : 50:55,2
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Moingt
Découvertes d’antiquités Gallo-Romaines à Goincel, commune de Poncins. Communication de M.Noël Thiollier
Auteur : M.Noël Thiollier
Référence : 6 P.271à274
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Poncins
Découvertes d’antiquités gallo-romaines à Moind ds le clos St Julien
Auteur : abbé Bégonnet, Gabriel Brassart
Référence : 50:55,4
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Moingt
Découvertes d’antiquités romaines au Couéra, commune de St Etienne le Molard. Communication de M.V.Durand
Auteur : M.V.Durand
Référence : 4 P.318à320
Thème 2 : Archéologie
Lieux : St Etienne le Molard
Découvertes d’objets antiques au territoire de Combe-Plaine, communes de Rive-de-Gier et de Saint-Joseph. – Communication de M. J.-B. Boiron
Date : 1889

BD, Tome V, Découvertes d’objets antiques au territoire de Combe-Plaine, communes de Rive-de-Gier et de Saint-Joseph. – Communication de M. J.-B. Boiron., pages 85 à 98, La Diana, 1889.

 

Découvertes d’objets antiques au territoire de Combe-Plaine, communes de Rive-de-Gier et de Saint-Joseph. – Communication de M. J.-B. Boiron.

 

M. Boiron fait l’historique des nombreuses découvertes d’objets antiques faites au territoire de Combe-Plaine et particulièrement dans sa propriété portant le n° 978 du plan cadastral de la commune de Rive-de-Gier.

Il rappelle qu’en 1786 la route nationale n° 88 de Lyon à Toulouse, bornant cette propriété au N.-O., fut redressée et portée de 5 à 15 mètres de largeur. La limite septentrionale des parcelles nos 158 et 168 du cadastre de la commune de Saint-Joseph doit indiquer son ancien tracé. Les travaux de déblai exécutés à cette époque dans la parcelle 978 ramenèrent au jour, entre autres antiquités, des « compartiments de mosaïque » (1).

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(1) Voir J.-B. Chambeyron, Histoire de Rive-de-Gier, pages 1 et de 8 à 12.

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Vers 1834, M. Mathieu Alliman, maître de verreries à Combe-Plaine, faisant clore de murs la mème parcelle, qu’il avait acquise en 1824 des consorts Dumaine, de la Madeleine, mit à découvert un puits antique (n° 2 du plan de détail). Ce puits a 3m 50 de diamètre dans oeuvre et 5m 00 de profondeur. Les trois premiers mètres sont revêtus de maçonnerie en grand appareil et le reste est creusé dans le rocher. Il s’est conservé le souvenir de poids comme ceux de nos horloges retirés du fonds de ce puits. La source en est à peut près intarissable.

Divers autres objets trouvés en ce lieu à la même époque ont été décrits par J.-B. Chambeyron dans son histoire de Rive-de-Gier; ils furent exhumés en creusant les fondations des murs de clôture et en faisant les plantations d’arbres; mais les fouilles ne portèrent que sur quelques points.

En 1855, le propriétaire d’alors, M. Philippe Aroud, faisant défoncer à 0m 45 de profondeur la partie S.-O. de la clôture, rencontra six médailles antiques, dont une de Claude, et une statuette en bronze représentant, dit-on, un empereur romain. Les monnaies ont été données à un ingénieur habitant le département de la Haute – Loire, et la statuette serait allée enrichir le musée de Clermont.

Pendant l’hiver de 1861 à 1862, M. Boiron père, nouveau propriétaire de la parcelle n° 978, dont la superficie est de 10500 mètres, la fit défoncer presque en entier. Ces défoncements atteignirent dans la partie S.-O. 0m 65 de profondeur et 0m 55 dans la partie N.-E.

Dans la première de ces régions, contenant beaucoup de tuiles (imbrex et tegula) plus ou moins brisées, le sol primitif a été reconnu à 0m 80 de profondeur; dans l’autre, la terre meuble avait une puissance d’un mètre environ. Des fondations y ont été rencontrées au point n° 10 du plan de détail, mais leur direction et leur épaisseur n’ont pas été constatées.

Au point n° 4 on releva une dalle brute mesurant 1m 50 de long sur 0m 80 de large ; elle reposait sur quatre gros cailloux. Un coup de pioche donné par un ouvrier au milieu de l’empreinte en fit sortir un petit vase de bronze contenant sept petits bronzes de Tétricus.

Dans le rectangle coté n° 5 sur le plan de détail on rencontra à 0m 50 de profondeur une aire en béton de chaux et de briques concassées (opus signinum) Au milieu une ouverture ronde avait été pratiquée à une époque inconnue.

Les travaux de défoncement ramenèrent encore à la surface du terrain de nombreux objets disséminés dans toute son étendue et dont ou ne prit pas la peine de préciser le gisement. Un certain nombre sont conservés dans la collection de M. Boiron, ce sont:

De grands carreaux d’hypocauste mesurant 0m 42 de côté; ils portent pour marque un angle aigu dans lequel sont inscrits deux cercles concentriques; cette marque paraît avoir été tracée à main levée avec une baguette à bout arrondi.

D’autres carreaux en terre cuite de 0m 32 et de 0m 20 de coté.

Deux tuyaux de chaleur mesurant l’un 0m 32 et l’autre 0m 35 de longueur, et munis de trous de scellement.

Des tuiles à rebords (tegula) de 0m 45 de long, sur 0m 32 de large du grand côté et 0m 29 du petit côté;

Une plaque de bronze, de 0m 075 sur 0m 055, contenant l’angle gauche supérieur d’une inscription, on y lit :

PON

IiiI

Ce fragment a été détaché au ciseau de la table inscrite à laquelle il appartenait et dont malheureusement le reste n’a pas été retrouvé. Le titre de quatuorvir donné au personnage honoré rend plus vifs les regrets qu’inspire cette perte.

L’angle gauche supérieur d’une table de marbre ornée d’un encadrement de 0m 06 de large formé d’une plate-bande et d’une doucine. Sur cette table de marbre était incrustée une inscription en lettres de métal. On ne voit plus que le creux, avec trous de scellement, occupé par la première lettre, un O ou un Q.

Un poids en plomb, ayant la forme d’une pyramide tronquée, percé d’un trou transversal de suspension ; hauteur 0m 09, poids 550 grammes.

Cet objet jouait probablement le même rôle que les pesons en terre cuite de même forme que l’on rencontre fréquemment et que l’on suppose avoir servi de contrepoids dans des métiers à tisser.

Un fragment de statuette en bronze dont il ne reste plus que le buste et dont la tète est surmontée d’un petit tube brisé et ouvert. Cette figure faisait partie très probablement d’une ornementation.

La coupe d’une patère de bronze en fort mauvais état, le manche a disparu.

Un manche de patère ou de casserole en bronze.

Un petit plat creux argenté, de 0m 12 de diamètre.

Quatre fibules en bronze de différentes formes, dont quelques unes argentées.

Poignée d’une clef dont le panneton est brisé ; elle se termine par un anneau-cachet portant gravée en creux une croix de saint André inscrite dans un cercle.

Une serpette à tailler la vigne ; longueur dans l’état actuel 0m 205, largeur de la lame 0m 075.

Un couperet en fer jadis muni d’un manche en bois dont on voit des traces dans la douille ; longueur totale 0m 31.

Un pic plat et pointu d’un côté, avec tranchant en forme de hache de l’autre ; longueur totale 0m 34 (n° 1). I1 est identique au pie à défoncer ou marre, employé encore de nos jours par les cultivateurs foréziens.

Une petite pioche pointue des deux côtés, de 0m 21 de longueur (n° 2).

Une grande pioche de vigneron à deux dents, longue de 0m 31; l’oeil du manche a une inclinaison très prononcée et le manche lui-même devait être à environ 0m 20 des pointes. Des pioches absolument semblables sont encore en usage en Bourgogne pour le binage de la vigne.

Plus, de nombreux débris céramiques, la plupart appartenant à des poteries grossières, et quelques rares et petits fragments de vases sigillés sur lesquels on n’a jusqu’à présent relevé aucune estampille.

On a ramassé aussi des fragments de moulures et des plaques de revêtement fort minces en marbre blanc et vert.

M. Boiron conserve une assez grande quantité de médailles trouvées disséminées dans le sol et dont voici l’inventaire dressé par notre confrère, M. Philippe Testenoire-Lafayette :

Auguste ou Tibère,

Vespasien,

Domitien,

Trajan,

Hadrien,

Antonin-le-Pieux,

Faustine mère,

Marc-Aurèle,

Gordien III,

Gallien II,

Tetricus,

Claude II le Gothique,

Carin,

Galère Maximien,

Constance-Chlore,

Constantin I,

Magnence,

Valérien,

Maximin 1,

Domitien II,

Un seul objet important recueilli à cette époque a disparu. C’était, au dire de l’abbé J. Chavanne (1), un cheval couché sur ses quatre jambes, portant une courunne sur la tète et la queue retroussée sur le dos comme celle du lion.

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(1) Abbé Chavanne, Notice historique sur Trèves, 2° édition, in-8°, page 8 et Supplément, page 106.

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En 1877, M. J.-B. Boiron fit pratiquer des fouilles au point no 6 du plan de détail. On ouvrit à cette occasion une tranchée de 4m de longueur sur 0m 60 de profondeur. On rencontra dans le sens du fossé une rangée de carreaux de 0m 52 de côté sur 0m 06 d’épaisseur posés à plat ; de chaque côté étaient des briques creuses ayant la forme de nos plotets modernes, mais un peu plus épaisses ; elles étaient transpercées de un, deux et même trois trous carrés placés les uns à la suite des autres, le creux rempli de terre, peut-être à dessein, pour supporter la charge. Au dessous, une aire formée de tuiles à rebords retournées ; plus bas que cette espèce de dallage quelques carreaux de diverses grandeurs, puis la terre vierge.

En 1888, M. Boiron craignant que la fouille n’eût pas été poussée assez loin, rouvrit et prolongea la même tranchée et la fit descendre jusqu’à un mètre de profondeur ; mais cette fouille ne produisit que quelques fragments de tuiles à rebords et des morceaux de placage en marbre. On était sur le point d’abandonner le travail, quand on rencontra à 0m 80 de profondeur un mur (n° 7) presque perpendiculaire à la tranchée. Ce mur avait 0m 60 d’épaisseur et du côté E. Il limitait un carrelage en carreaux de terre cuite de 0m 12 de côté. Il a été, extrait une sixaine de ces carreaux, mesurant 0m 06 d’épaisseur et qui reposaient sur un lit de béton de brique de 0m 20 de puissance.

A la même date, un défoncement fit trouver à 0m 60 du sol un autre mur (n » 8) se dirigeant du N. au S.; il avait encore 0m 30 d’élévation sur 1m 40 d’épaisseur, il fut suivi sur une longueur d’environ 20m sans qu’on en rencontrât l’extrémité. A côté s’est trouvée la partie supérieure d’une cruche en terre ordinaire.

M. J.-B. Boiron avait conservé le souvenir de constructions (n° 9) rencontrées en 1872 en pratiquant un fossé de 1m 50 de profondeur pour un conduit d’écoulement d’eau. Toujours en 1888, il en entreprit la recherche; il se trouva, à 1m de profondeur, en présence d’une piscine à deux compartiments mesurant chacun 3m 40 de long sur 1m de large dans oeuvre ; les murs extérieurs ont 0m 50 d’épaisseur et le mur de refend 0m 40. Ils sont enduits d’un ciment très fin qui a partiellement disparu. Les murs, qui descendent dans le sol à la profondeur d’environ 2m, ne s’élèvent plus aujourd’hui que de 0m 35 au dessus du fond des piscines. Ce fond en béton forme en dessous une voûte très surbaissée, épaisse de 0m 20 au milieu et de 0m 30 sur les bords. Sa surface est un peu inclinée pour faciliter l’écoulement de l’eau, elle est raccordée aux parois verticales par un bourrelet en quart de rond. La voûte formée par le fond de chaque piscine recouvre un hypocauste servant à chauffer l’eau des bains. Ce double hypocauste contenait encore des cendres et du charbon au moment de la découverte. Le bas des murs est raccordé au sol comme dessus par des bourrelets de ciment.

D’autres parties du territoire de Combe-Plaine ont fourni des débris antiques ; on peut citer dans la commune de Rive-de-Gier les parcelles nos 972 et 974, défoncées en 1864, et les parcelles 970 et 971 défoncées en 1885, qui ont donné les unes et les autres des tuiles à rebords.

Un amas considérable de tuiles à rebords a été aussi rencontré dans une prairie portant le n° 162 du cadastre de Saint-Joseph, et quelques unes dans la vigne n° 142.

Découvertes d’antiquités romaines au Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard. Communication de M. Vincent Durand
Date : 1887

BD, Tome IV, Découvertes d’antiquités romaines au Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard. Communication de M. Vincent Durand, pages 318 à 320, Montbrison, 1887.

 

Découvertes d’antiquités romaines au Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard. Communication de M. Vincent Durand

 

M. Jeannez, au nom de M. Vincent Durand, lit la note suivante :

« Des substructions romaines d’une étendue considérable ont été mises au jour dans le courant de l’année passée au lieu du Couéra, commune de Saint-Etienne-le-Molard, dans des terres dites les Varennes et portant les numéros B. 1035, 1036 et 1036 bis du cadastre, à 650 mètres à l’ouest très peu nord du clocher de Saint-Etienne. Les personnes qui connaissent l’ancien cuvage du château de la Bastie, célèbre par son magnifique écho, se feront une idée exacte du site de ce territoire, quand J’aurai dit qu’il est placé à 300 mètres au nord-est, au delà du chemin conduisant de Saint-Etienne à Sainte-Agathe.

Un défoncement exécuté par le sieur Latour, propriétaire, en vue de la création d’une vigne, a amené la découverte des antiquités dont il s’agit. Malheureusement, M. Latour n’a attaché aucune espèce d’importance à ce qu’il rencontrait. Non seulement il n’a pas été relevé do plan des substructions, mais les objets trouvés ont été brisés, abandonnés sur place, ou livrés aux enfants, qui les ont perdus.

J’ai visité les lieux au mois de janvier dernier, en compagnie de nos confrères MM. l’abbé Peyron et Brassart. Le sol, sur une étendue de plusieurs milliers de mètres carrés, était encore jonché de débris de toute sorte. Au milieu d’une grande quantité de tuiles à rebords, nous avons remarqué :

Des blocs de maçonnerie provenant des substructions détruites, quelques-uns ayant conservé leur parement appareillé assez grossièrement en petits matériaux. Le mortier nous a paru renfermer une certaine proportion de brique pilée. Le blocage intérieur renfermait des morceaux de tuiles à rebords et de briques arrondies provenant de colonnes. On pourrait inférer de cette circonstance qu’il y aurait eu, dans l’antiquité, reconstruction sur ce point de tout ou partie d’un établissement antérieur.

Des briques en moitié et en quart de rond, ayant servi à monter des colonnes, et correspondant à des diamètres de 0m 215, 0m 26, 0m 27 et 0m 36.

Des morceaux de grands carreaux d’hypocauste, épais de 0m 07.

Des carreaux de 0m 20 de côté, sur 0m 04 d’épaisseur, employés probablement à construire les piliers sur lesquels ces grands carreaux s’assemblaient quatre à quatre par leurs angles.

Des portions de briques épaisses de 0m 03, à la tranche façonnée on arc de cercle concave d’un assez grand diamètre, comme si elles avaient épousé la courbure d’une cavité cylindrique.

Des morceaux de calcaire blanc coquillier.

Des portions d’enduits peints en rouge.

Une très grande quantité de débris de vases tant fins que grossiers, parmi lesquels des poteries guillochées, des bols ornés de zones rouges et blanches, et des vases de formes diverses en terre rouge sigillée, quelques-uns décorés de reliefs, cordons d’oves, oiseaux, personnages, etc., d’un style assez médiocre. Il a été trouvé des vases entiers ; on les a mis en pièces.

Au nombre des objets les plus intéressants ramenés par la pioche, figurent quatre fers de javelot, dont un seul a pu être sauvé par M. Coiffet, négociant à Leignieu. Cette arme, bien conservée, a dans son état actuel 0m 225 de long et ne devait guère avoir plus de 0m 23 dans son état primitif. La lame, en feuille de saule, avait 0m 12 de longueur sur 0m 026 de large, et 0m 007 d’épaisseur à l’arête médiane.

La douille, percée d’un trou latéral donnant passage au clou qui la fixait au bois, n’a que 0m 019 de diamètre. Cela prouve qu’il s’agit bien d’une arme de jet et non d’une lance, car, dans cette dernière hypothèse, la force du bois eût été complètement insuffisante.

M.Coiffet conserve aussi un peson de terre cuite en forme de pyramide, à usage de tisserand, qu’il a trouvé sur place.

Il y a quelque raison de supposer que les fouilles n’ont pas atteint le fond de la couche archéologique. Mais la plantation de vigne étant aujourd’hui chose faite, on ne pourra de longtemps porter de nouvelles recherches dans le terrain défoncé. »

La séance est levée à 4 h. 40.

Les Présidents de la séance,

Cte DE PONCINS, JEANNEZ.

Le membre faisant fonction de secrétaire,

PAUL JOULIN.

Découvertes de puits antiques à Chalain d’Uzore et à Bussy Albieu
Auteur : M.E.Brassart
Référence : 15 P.131à138
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Chalain d'Uzore, Bussy Albieu
Découvertes de sillex sur les communes de Poncins, Ste Foy, Cléppé…
Auteur : M.Charles Beauverie
Référence : 16 P.60à63
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Poncins, Ste Foy, Cléppé...
Découvertes faites à Montbrison dans le lit du Vizézy
Auteur : M.Miolane
Référence : 3 P.182-183
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Montbrison
Découvertes gallo-romaines ds la ville de Roanne
Auteur : M.J.déchelette
Référence : 13 P.46à55
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Roanne
Découvertesd’objets antiques au territoire de Combe-Plaine, communes de Rive de Gier et de St Joseph. Communication de M.J-B Boiron
Auteur : M.J-B Boiron
Référence : 5 P.85à98
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Rive de Gier et St Joseph
Découvetre d’objet s antiques en bronze ds la commune de Bard. Communication de M.E.Brassart
Auteur : M.E.Brassart
Référence : 6 P.358-359
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Bard
Décret du président de la république autorisant La Diana à accepter le don de Notre Dame de Laval
Auteur : M.e président de la république française
Référence : 7 P.339-340
Date : 1894
Thème 2 : Vie de la société
Lieux : St Germain Laval
Décuoverte au village des Bessets, commune d’Arthun, des travaux ancienx d’adduction d’eau
Auteur : M.L'abbé Gouttefangeas
Référence : 42:55,2
Thème 1 : Fouilles
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Arthun
Demande d’une allocation et d’ouvrages pour la bibliothèque, adressée à m. le ministre de l’instruction public
Auteur : M. le Président
Référence : 1,p.11
Date : 1876
Thème 2 : Vie de la société
Demande de classement de monuments historiques
Auteur : M.Jeannez
Référence : 30:55,3
Thème 1 : destruction
Thème 2 : Architecture
Lieux : Verrières, St Romain le Puy, St Bonnet le Château, St Rambert sur Loire
Demande de classement des mnts mégalithiques du Forez
Auteur : M.V.Durand
Référence : 10 P.112à117
Thème 1 : protection
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Forez
Demande de M.de Neufbourg
Auteur : M.de Neufbourg
Référence : 48:55,3
Date : 1923
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : Forez, Beaujolais, Lyonnais
Demande de M.Neufbourg
Auteur : M.de Neufbourg
Référence : 48:55,9
Thème 1 : impôt
Thème 2 : Archives
Démarches faites en vue d’obtenir la tenue d’un congrès archéologique à Montbrison
Auteur : M.Le Président
Référence : 3 P.11-12
Date : 1884
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Montbrison
Démissions
Référence : 29 P.304-307
Date : 1946
Thème 2 : Vie de la société
Denis de Royssieu
Auteur : M.F.Micolon
Référence : 42 P.241à267
Thème 1 : hommage, biographie
Thème 2 : Bibliothèque
Dénombrement des possessions du prieuré de Montverdun fourni par le prieur François de Nectaire le 8 mars 1540
Auteur : M.l'abbé Merle
Référence : 25 P.68à74
Thème 2 : Archives
Lieux : Montverdun
Dépouillement des archives de la Diana. – Communication de M. Vincent Durand
Date : 1892

BD, Tome VI, Dépouillement des archives de la Diana. – Communication de M. Vincent Durand., page 363, La Diana, 1892.

Dépouillement des archives de la Diana. – Communication de M. Vincent Durand.

Sur l’invitation de M. le Président, le Secrétaire donne communication à la Société du projet qu’il a préparé pour le dépouillement méthodique des archives de la Diana, qui seront prochainement transportées dans le nouveau local aménagé pour elles dans les bâtiments du musée (2).

La séance est levée.

Le Président,

C te DE PONCINS.

Le membre faisant fonction de secrétaire,

Éleuthère BPASSART.

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(1) Lettre à M. le comte de Poncins, août 1892.

(2) Voir ci-après, p. 364, le texte complet de ce projet.

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Dépouillement des archives de La Diana. Communication de M.V.Durand
Auteur : M.V.Durand
Référence : 33:55,4
Date : 1892
Thème 2 : Archives
Depuis 15 ans la demographie ds la Loire
Auteur : Philippe Pouzols
Référence : 52 P.819à827
Thème 1 : démographie
Lieux : Loire
Des bibliothèques privées aux biblioth. publiques sous la révolution
Auteur : M.Gérard Aventurier, Melle Fabienne Aventurier
Référence : 53 P.467à490
Thème 2 : Bibliothèque
Des blasons peints (XVIIIè s.) ds la décoration intérieure de la maisonTréméolles à St Héand
Auteur : M.de Neufbourg
Référence : 20 P.60à75
Thème 1 : héraldique
Lieux : St Héand
Des chgts réels ou apparents, survenus depuis le Xè siècle ds le vocable de certaines églises du Forez
Auteur : M.V.Durand
Référence : 9 P.173à179
Thème 2 : Architecture
Lieux : Forez
Des découvertes archéologiques et géologiques dues aux travaux de construction de la ligne de Roanne à Paray le Monial
Auteur : Communication de M.le docteur Léon Perdu
Référence : 8 P.23à34
Thème 1 : géologie
Thème 2 : Archéologie
Lieux : Paray le Monial
Des fresques au jour à Saint-Cyr de Favières
Référence : 60, p. 360
Date : 2001
Des gravures enigmatiques sur Roche à St Martin la Plaine
Auteur : M.Antoine Hamm
Référence : 44 P.65à68
Thème 1 : gravures
Thème 2 : Archéologie
Lieux : St Martin la Plaine
Des incoherences de la cinquième partie de l’Astrée au point de vue symbolisme
Auteur : M.Jacques Bonnet
Référence : 46 P.369-370
Thème 2 : Bibliothèque
Lieux : La Bastie
Des matériaux employés, aux diverses époques du moyen-âge, dans la construction des édifices publics de la région Montbrisonnaise. — Communication de M. Rochigneux
Date : 1890

BD, Tome V, Des matériaux employés, aux diverses époques du moyen-âge, dans la construction des édifices publics de la région Montbrisonnaise. — Communication de M. Rochigneux., pages 165 à 172, La Diana, 1890.

 

Des matériaux employés, aux diverses époques du moyen-âge, dans

la construction des édifices publics

de la région Montbrisonnaise. – Communication de M. Rochigneux.

 

M. Rochigneux s’exprime ainsi :

La communication faite à la dernière séance par M. Brassart, sur les antiquités découvertes à Ruflieu, me fournit une entrée en matière toute naturelle pour vous entretenir des anciennes carrières de ce nom d’où furent extraits, au moyen-âge, une notable partie des matériaux entrés dans la construction des monuments publics de la région Montbrisonnaise.

Quand on examine attentivement, la structure de ces édifices, tant religieux que civils ou militaires, on est frappé de la différence de nature et d’origine des matériaux mis en oeuvre, en même temps que du changement de l’appareil adopté à chacune des deux grandes périodes architectoniques du moyen-âge.

A l’époque romane, le granit, le plus souvent de grand appareil, figure exclusivement dans nos monuments (1) ; il est fait seulement exception à cette règle, dans le gros oeuvre du moins, pour les constructions élevées dans le voisinage immédiat des buttes basaltiques lesquelles leur ont fourni un certain appoint de matériaux (2).

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(1) Notamment une partie de l’église et du prieuré de Chandieu, la nef de la Commanderie de Saint-Jean-des-Prés, à Montbrison, et le choeur de Saint-Thomas-la-Garde. Les matériaux du clocher de Moind, édifice qu’on peut ajouter à cette liste, sont empruntés en partie aux monuments antiques de la localité.
(2) Saint-Romain-le-Puy, Montverdun, Chalain d’Isoure et Saint-Paul d’Isoure

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A l’époque ogivale au contraire, mais plus spécialement aux XIIle et XIVe siècles, le granit est en sensible défaveur (1), tandis que le calcaire, généralement de moyen appareil, domine dans les revêtements des murailles, dans les détails saillants et souvent les sculptures : l’on reconnait à ces particularités que la révolution qui s’était accomplie vers le commencement du XIIIe siècle avait, chez nous, également porté sur la nature des matériaux employés.

On s’est demandé longtemps d’où provenait le calcaire mis en oeuvre à cette époque, toute trace, à ciel ouvert, de carrières autres que celles de granit, ayant disparu depuis longtemps et nos pays ne paraissant pas, à première vue, recéler de roche calcaire propre à la construction. Aujourd’hui toute incertitude semble avoir disparu. Les constatations de l’avocat Antoine Granjon (3), la comparaison d’échantillons pris sur les lieux d’origine avec les pierres de nos édifices, enfin les traditions locales fixent de la manière la plus péremptoire l’emplacement précis de la carrière d’où ce calcaire a été extrait.

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(1) Le granit employé au moyen-âge dans les constructions de la région qui nous occupe, a été tiré des carrières encore exploitées de la vallée de l’Escotayet, à Moind, de celle abandonnée aujourd’hui de la Fontfort, située dans la propriété de Madame Dusser, quai des Eaux minérales, à Montbrison, de celles des gorges de la Rullia, à l’ouest de Chandieu, enfin des carrières de Saint-Thomas-la-Garde et de Marcilly.
(3) V. Granjon (Antoine) : Statistique du département de la Loire, manuscrit inédit de la bibliothèque de la Diana, p. 287 et 347.

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Cette carrière n’est autre que celle de Ruffieu dont la colline, selon Grüner, est formée par un relèvement septentrional du banc de Sury, qui étend lui-même des ramifications sur Grézieu et Chalain-le-Comtal (1). Les premières tentatives d’exploitation du gisement de Ruffieu, aujourd’hui complètement dissimulé sous les cultures, paraissent remonter à l’époque romane elle-même. On constate en effet la présence de nombreux blocs de cette provenance à la base des murailles du choeur de l’église de Précieu, la plus voisine de la carrière. La jolie chapelle de Notre-Dame de Chalain, que notre zélé confrère M. Henri Forissier relève en ce moment de ses ruines, était également bâtie toute entière en moëlIons taillés, extraits du même banc ou de son prolongement oriental.

Mais ces essais d’exploitation étaient faits sur une très petite échelle et s’expliquaient seulement par la proximité immédiate des carrières et l’éloignement trop considérable des gisements granitiques.

Les grands travaux d’extraction du banc de Ruffieu ne datent guère, semble-t-il, que du premier quart du XIIIe siècle.

Les blocs qui en sortent d’abord servent tous à la construction de Notre-Dame de Montbrison, la plus ancienne de nos églises ogivales foréziennes (2).

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(1) V. Grüner. Description géologique et minéralogique du département de la Loire, p. 616 et 617, 644 à 648, 660.
(2) Les moellons calcaires employés dans cette partie de Notre-Dame, notamment les claveaux extradossés des voûtains extérieurs de l’abside et le revêtement de la maçonnerie qui les surmonte, sont d’une taille parfaite.

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Tout le choeur et la première travée adjacente de la nef, quelque peu postérieure, sont en effet presque exclusivement édifiés en matériaux calcaires. On en fait usage aussi pour une partie du gros oeuvre des Cordeliers et spécialement pour les archivoltes des oratoires, les baies latérales de la nef et les colonnettes du portail.

Au XIVe siècle, l’exploitation du calcaire de Ruffieu est plus considérable, mais déjà les procédés de taille et de construction sont moins parfaits : souvent tout est utilisé pour les parements : pierres taillées et blocs informes. On l’emploie notamment pour plusieurs travées de Notre-Dame (1); les ouvertures méridionales de la Diana (2) ;les nefs, transept et clocher de Savignieu (3);

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(1) Il est à remarquer que l’appareil adopté à cette époque pour Notre-Dame est, à l’extérieur du moins, très irrégulier et la construction fort défectueuse. La troisième travée, en allant du couchant au levant, présente dans ses hautes eeuvres de nombreux blocs de granit rose, dont nous ignorons la provenance.
(2) Ces ouvertures s’abritent sous une archivolte ogivale saillante qui inscrit elle-même un arc trilobé. Le reste de la bâtisse ancienne est en pisé, genre de construction commun également au château de Poncins, au moins son contemporain, à celui de Vaugirard (fin XVIe siècle), à l’église de Magneux (XVIIe) , à la nef des Pénitents de Montbrison (XVIIIe) , et à l’église de l’Hôpital-le-Grand, d’une date indéterminée.
(3) La remarquable église de Savignieu, démolie vers 1820 par M. Zanoli, entrepreneur de bâtisses, a fourni des matériaux à bon nombre de constructions rurales et de maisons de notre ville. Citons parmi celles dont nous avons connaissance : les nos 4 de la rue des Moulins, 12, 14 et 16 du quai des Eaux minérales, 33 et 35 du boulevard Lachèze, 17 et 19 de la rue Saint-Jean etc. Quelques pierres laissent voir des traces de moulures, des marques de tâcherons et des figures humaines en fort relief. On remarque aussi, dans le voisinage de l’ancienne église, des moëllons réguliers, des claveaux d’archivoltes et une assise de portail, en calcaire.

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la majeure partie de Sainte-Eugénie de Moind, bâtie pourtant au pied de carrières granitiques connues dès l’époque romaine (1) ; le portail de l’église de Précieu (2) ; une portion du château de nos comtes (3) ; les chapelles ogivales de Saint-André de Montbrison (4) ; quelques-unes des arcades mâchicoulis du prieuré de Chandieu (5) ; une des portes du château de Chalain d’Isoure (6) ; enfin pour la nouvelle abside de la Commanderie de Saint-Jean-des-Prés (7).

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(1) La façade seule est entièrement en blocs d’appareil, granit et surtout calcaire. Les grandes lancettes et les contreforts de la face nord sont presque exclusivement en calcaire de taille très-soignée, le reste est un grossier blocage, granit et calcaire. La muraille sud faisait primitivement partie des Thermes romains.
(2) Ce portail a été réédifié pierre à pierre en 1827, lors de la reconstruction de la nef.
(3) Les ruines du château de Montbrison, ainsi que les matériaux des parties démolies mis en oeuvre dans les constructions élevées sur leur emplacement, présentent un mélange de granit de diverses carrières, avec de nombreux blocs de calcaire appareillé et de grès houiller parfois mouluré ou sculpté.
(4) La face latérale nord, la seule à demi respectée, est bâtie en calcaire et granit d’appareil et de blocage mélangés.
(5) Plusieurs de ces arcades se trouvent au midi de l’église; une autre, au nord, commande la porte principale du prieuré.
(6) Il s’agit de la grande porte, transformée partiellement au XVIe siècle, qui précède la salle des fêtes. Au dessus du riche entablement de la Renaissance, on voit encore une portion de muraille en calcaire d’appareil sur laquelle se détache une archivolte ogivale encadrant le blason en relief d’Anne Dauphine. On remarque que les anciennes baies de la Diana et les portes de Précieu et de Chalain, quoique d’âge un peu différent, ont entre elles comme un air de famille.
(7) Le choeur carré de la Commanderie de Saint-Jean-des-Prés est bâti, à la base, en matériaux granitiques taillés provenant de l’abside primitive; pour le surplus, il est en calcaire, appareil et blocage mélangés.

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Au siècle suivant, soit que le gisement de Ruffieu devînt de moins bonne qualité ou diminuât de puissance, soit que l’expérience des siècles précédents eût démontré la trop faible résistance de cette pierre aux intempéries, on voit le granit reprendre vivement faveur au détriment du calcaire qui n’est plus guère exploité que pour une infime partie des dernières travées et des tours de Notre-Dame (1). Au XVIe siècle enfin, c’est-à-dire vers l’époque de la réunion du Forez à la couronne, la carrière est définitivement abandonnée après avoir fourni encore quelques blocs aux églises paroissiales de Grézieu et de Chalain-le-Comtal, qui empruntèrent également d’autres matériaux aux carrières calcaires du voisinage immédiat (2). L’exploitation de la pierre de Ruffleu, pour les parties massives des édifices publics de notre région , aurait donc été échelonnée sur une période de trois siècles environ (3).

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(1) Auguste Bernard (Histoire du Forez, tome I, p. 203), avance sous forme dubitative, il est vrai, qu’à Notre-Dame, le clocher notamment, est édifié en matériaux provenant des carrières de Vignis, près de Roanne, où la pierre aurait été appelée marbre de Montbrison. Or, il est indiscutable que le calcaire et surtout le granit indigènes ont seuls fait les frais de cette construction.
Les carrières de Vignis sont inconnues en Roannais. Peutêtre y a-t-il erreur typographique dans le texte de Bernard et faut-il lire Régny, où il existait une carrière dite de marbre ? (Note de M. Monery.) Nous n’en voyons aucun échantillon à Notre-Dame.
L’avocat Granjon (Statistique, p. 287) insinue également, mais à tort, que les bases des colonnes de Notre-Dame sont en calcaire du Jura. Ces bases sont en calcaire blanc de Ruffieu.
(2) Quelques rares échantillons s’en voient aussi dans les murailles de l’ancien château de Montverdun. On en remarque encore dans la maçonnerie extérieure des chapelles de Notre-Dame de Montbrison, ajoutées après coup vers le commencement du XVIe siècle, mais ces matériaux proviennent vraisemblablement de la percée des murs correspondants des collatéraux.
(3) Le calcaire de Rufiieu était également utilisé comme pierre à chaux au milieu du XVe siècle (V. l’abbé Renon. Chronique de Notre-Danse d’Espérance, p. 167). Une nouvelle exploitation eut lieu au commencement de ce siècle, mais elle fut promptement abandonnée.
Il ne semble pas, d’après nos constatations du moins, que le calcaire de la colline de Ruffieu, laquelle faisait jadis partie du domaine particulier de nos comtes, ait servi au moyen-âge pour des constructions privées. Chaque pierre de cette provenance égarée à distance de son lieu d’origine, chaque moellon ancien réemployé dans de nouvelles bâtisses, constitue donc, en réalité, un véritable document de l’histoire particulière de notre province, à l’époque féodale.

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L’emploi du calcaire pour les profils et les rares sculptures de nos monuments avait toutefois cessé longtemps auparavant. En effet nous voyons, au deuxième tiers du XIIIe siècle, les colonnettes, en calcaire blanc de Ruffieu, du portail des Cordeliers de Montbrison, coiffées de chapiteaux en calcaire jaune tiré, croyons-nous, du Roannais ; ces chapiteaux eux-mêmes sont surmontés d’entablements et de voussures en grès houiller de Saint-Etienne. Au XIVe siècle, le même grès houiller, plus friable que notre calcaire, est employé concurremment avec lui au portail de Sainte-Eugénie de Moind. Au commencement du XVe siècle, le granit à grain fin remplace presque totalement le calcaire dans les moulures de Notre-Dame. Vers le milieu du même siècle, le granit à grain fin et le grès houiller servent uniquement à l’édification du beau portail de Notre-Dame. Enfin, vers le commencement du XVIe siècle, on emploie encore le grès pour quelques fenêtres du prieuré de Cliandieu et trois chapelles de Notre-Dame, mais depuis cette époque, le granit commun, mieux apprécié, a repris dans nos grandes constructions publiques, sinon dans les édifices privés pour lesquels le grès resta longtemps en faveur, la place prédominante et même exclusive qui aurait du toujours lui appartenir (1).

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(1) Cette sorte de réhabilitation du granit est justifiée par sa résistance absolue aux influences climatériques et par l’excellent parti qu’on a su en tirer pour les constructions de nos montagnes où il a été, de tous temps, employé à l’exclusion de tous autres matériaux.

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Je termine ces remarques sur la carrière de Ruffieu en signalant l’intérêt que peut présenter l’étude des matériaux de construction, spécialement pour les édificés ou les ruines qui ne présentent pas de
caractère architectonique tranché. L’archéologue qui, en s’aidant des textes connus ou inédits, se livrerait à ce travail en apparence ardu, qui emploierait parallèlement ses loisirs à rechercher les carrières abandonnées du moyen-âge, à déterminer leurs débouchés et à examiner les conditions spéciales d’extraction et de transport de leurs matériaux à cette époque souvent troublée, serait, j’en ai la certitude, amplement dédommagé de ses labeurs par les découvertes historiques intéressantes qu’il ne manquerait point de faire. Puisse donc cette étude exercer un jour la sagacité de quelques-uns de nos collègues !

Des mets et des mots
Auteur : Melle Marguerite Gonon
Référence : 53 P.191à197
Thème 1 : language
Thème 2 : gatronomique, bibliothèque
Lieux : Forez